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Orage du Silence

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Orage du Silence
Je regroupe ici tous les petits textes que j'écris.
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Défi
Orage du Silence
Parce qu'un jour, ce sera à moi de répondre à ces questions.
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Défi
Orage du Silence

Cher moi-même,
Bon alors, je sais, je suis insupportable. Mais ça m’étonnerait d’apprendre que ça a changé et que tu l’es moins à présent. Je pense plutôt que s’il faut venir me parler de toi, ce sera pour se plaindre, me demander de l’aide, pour te supporter, parce que moi, tu me parles tout le temps, faut bien que je te supporte et j’y arrive (oh miracle !). Et pourtant, les gens qui se plaignent, je les aime pas, et je crois que ça risque d’empirer, alors bon courage ma petite !
Bref, en réalité, les gens que tu vas croiser je m’en moque un peu. Un peu beaucoup. Tu sais bien. A part les trois quatre que t’as pas le droit de perdre, et t’as intérêt d’être moins chiante que moi avec eux (c’est pas difficile t’en fais pas), le reste, les autres, on s’en fout !
Non, c’est à toi que je veux parler et je veux que tu m’écoutes. Juste quelques instants. T’as même le droit de relire si tu comprends rien ou de déchirer à la fin si je suis trop casse-pied mais tu dois lire jusqu’au bout. C’est un ordre. Un de mes premiers. J’te préviens, j’ai pas fini. A peine commencé.
On va reprendre depuis le début.
Tu sais, ma, enfin, notre naissance. Tu sais, le moment où on a dit qu’on en avait pas terminé avec la vie et que la terre, elle allait devoir s’y habituer. Tu te rappelles ? Quand on a dit qu’on se battrait quoi qu’il se passe et que le diable, il avait qu’à bien se tenir. Qu’on était meilleures que lui et qu’on savait pas s’arrêter tant qu’on avait pas eu ce qu’on voulait ? Ouais, bah je sais toujours pas. Alors, moi, je remplis chaque jour ma part du contrat pour te filer les rênes avec pas trop de regrets et pas trop de bêtises graves à réparer. Pas trop de dégâts quoi ! Donc, tu feras un effort, merci.
Il y en a, des bêtises, pas des regrets, enfin, si. Un. Parce que les bêtises en découlent. Mais tu les répareras pas, (ouais parce que les “t’as fait une bêtise tu répares !” ça passe à trois ans quand t’as juste cassé un verre moche, pas quand t’as été voir le mec le plus con du monde et que t’as cru qu’il allait te faire oublier ton ex) alors j’ai appris à vivre avec elles et même à les aimer. Il y en a deux. Une des deux, tu l’oublieras, petite, tu sais, c’est une bêtise comme on en fait toutes, et on en ressort avec notre meilleur ami qui nous dit “Assume.” Et on écoute, parce qu’au fond il a raison. La deuxième, personne la connaît, et pourtant, j’en ai toujours les traces au fond du coeur et tu les garderas encore parce que ce jour-là, mon coeur était parti un peu loin vers le reste du corps, et il y a laissé des cicatrices cet abruti. Il a intérêt à en avoir moins sur lui maintenant, à moins ressembler à un gruyère.
Bref, pas de regrets, quelques bêtises, (qui n’en fait pas) et des milliards de rires. Des putains d’éclats de rire à en avoir mal au ventre. Des milliards de sourires distribués sans compter depuis le jour où j’ai compris, et j’te jure que t’as intérêt à jamais l’oublier ça, depuis le jour, donc, où j’ai compris que c’était juste le premier sourire qu’était pas simple, qu’après nos lèvres elles s’habituaient et que ça faisait même du bien au coeur. Si, si, j’te promets, sourire, ça fait du bien au coeur. Et en plus, t’es plus belle. Tout benef . Alors, arrête de me dire que faire la gueule c’est moins fatiguant, c’est plus moche aussi. Donc, cherche même pas, c’est nul comme excuse nulle. Et puis, c’est même pas vrai d’abord.
Et puis même, on m’a dit “faut souffrir pour être belle”. Mais toi, t’as même pas besoin de souffrir. T’enlèves les deux f de ce foutu mot, tu les jettes à la poubelle, tu tasses bien, avec un peu de beurre, ah, non, lui tu le mets déjà pas sur tes phrases pour qu’elles fassent moins mal ( “parce que c’est du gâchis” ), tu le manges et tant pis pour les phrases…. Bref, on s’en fout de tes fléchettes qui te font limite plus mal à toi qu’aux gens qui les reçoivent. Je le sais parce que je sais bien comment je suis et à quel point je m’arrange pas, alors, je veux juste te prévenir, pour pas que t’inventes un “oui mais je savais pas aussi, on me dit rien”, là tu sais, faudra pas venir pleurer. Bref, j’avais dit, “on s’en fout de tes fléchettes”, je te disais de mettre les deux f de souffrir à la poubelle. Tu verras, ça fait “sourir”, tu rajoutes un e en douce, ça passe crème et tu comprends là ? C’est bon, ai-je été assez claire ? SOURIRE. “Faut sourire pour être belle”, c’est tout. Ca va pas chercher plus loin.
Ah, et je te parlais de tes fléchettes. En vrai, on en a quelques chose à faire d’elles. Parce que tu vois, c’est toi qu’elles tuent, une fois que ceux qui les ont reçues ont réussi à les enlever. Je le sais, parce que ça fait presque un an que c’est moi qu’elles tuent, limite en mode boomerang, mais pas trop. Parce que c’est quand il est parti, quand il a réussi à les enlever mes foutues fléchettes, que là, j’ai commencé à comprendre. J’allais souffrir, et les deux f, ils étaient du genre tenaces. Mais bon, moi, pis toi bientôt, quand je te passerai les rênes, on est encore plus fortes hein ? Tu promets ? Sinon, je vais devoir aller faire un tour dans le futur pour venir t’expliquer ma façon de penser. Et cherche pas à me dire que j’avais les âges les plus faciles, j’ai tout plein d’arguments pour démonter tous les tiens, un à un. Tranquillement. Genre “ado, un âge facile ? t’as quatre heures !” Et rien que ces quatres heures de dissert’, promis, c’est torture. Et c’est pas le pire ! Loin de là. Le pire, c’est les débuts. Les débuts de la vie et parce que l’école, un c’est pas la vie, et deux ça t’apprend pas la vie, t’arrives là, t’es paumée. Et toi ? Toi t’y seras encore plus que les autres parce que moi j’ai toujours pas compris pour les fléchettes, comment on fait pour pas crever quand celui qu’on aime, il se tire, et qu’il nous laisse là, avec un tas de souvenirs super lourd à porter toute seule alors qu’avant, il le portait avec nous et que c’était tout léger. Et tu comprendras pas non plus, alors cherche pas.
T’as juste la chance d’éviter LA perte de temps par excellence. Ouais, parce que j’ai compris, et que je vais te l’expliquer. Cours PAS après le temps. Un, tu cours pas vite, marche, t’iras plus vite, deux, même si t’étais la meuf la plus rapide de l’univers (c’que t’es pas, rêve pas), le temps, il est quand même plus rapide, trois, quand tu marches, tu t’arrêtes et tu prends des photos magnifiques et quatre, pourquoi courir ? Tu sais ce qu’il y a au bout ! Tu veux y aller plus vite c’est ça le truc ? Eh, toi, là, tu vas profiter de la vie et sourire à des gens. Comme ça, tu transpires moins, tu perds pas de temps, t’es belle. Et en plus, les gens, quand tu leur souris, ils te le rendent. Et ça, c’est beau. Perfect combo.
Dernier truc, après je te laisse, promis. Le matin, lève-toi avec envie. Parce que les matins les moins pourris révèlent les plus belles surprises, exemple, ton meilleur ami à côté de toi dans le bus un jour où c’est pas habituel.
Voilà, je sais, t’en peux plus de mes conseils pourris mais un jour tu comprendras.
Du coup, fais pas n’importe quoi, si tu veux pas que je vienne t’embêter !
Ecoute ton coeur, j’y suis toujours.
Je t’aime, (comme ça, je suis au moins une à t’aimer)
Lili
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Défi
Orage du Silence

Tu te souviens de moi ? Suis-je bête, je n'existais pas encore de ton temps. Je n'existais pas il y a un an. Alors je vais te dire qui je suis. Je suis la jeune fille paumée à qui tu as écrit il y a un an pour lui filer les rênes de notre vie. J'ai encore tes deux lettres. Je les relis parfois. Maintenant, elles me font sourire. Au début, ça faisait souffrir. Mais bon, les deux f, le e qui passe crème, tout ça, ça m'a fait sourire.
Tu m'avais parlé des cicatrices du coeur, qu'étaient parties faire un tour jusque sur mon corps. Tu m'avais dit que je les garderai toute ma vie. Je les ai souvent regardées tu sais. J'ai souvent regardé tes bêtises pour me rendre compte que je pensais de moins en moins à pourquoi tu avais fait ça. Je les regarde toujours aujourd'hui, mais elles ont disparu. Elles ont disparu, laissé place à des sourires. Aux sourires de ma princesse, qui dort la tête dans le creux de mon bras. Elles ne me font plus souffrir. Elles font sourire. Les deux f, le e qui passe crème, tout ça...
Elle est dans le creux de mon bras, elle dort là. Je sais qu'elle ne dort pas. Elle regarde ce que j'écris. Et pour la première fois, j'accepte que quelqu'un lise mes ratures, mes mots à peine écrits, mes phrases incomplètes. Elle est dans le creux de mon bras, parce qu'on vit ensemble à présent, six mois après avoir ramé pendant deux heures, ou quelques mois je sais plus. J'ai pas trop envie de te réexpliquer que je l'ai aidée à rester avec son ex alors que je l'aimais, que je les ai soutenues toutes les deux, l'autre qui était jalouse et elle qui me voyait pas.... Ou qui me le disait pas. Enfin bref.

Là, tu te demandes comment je peux avoir ma femme dans mes bras, en octobre, alors que je devrais étre en cours. J'ai arrêté. Arrêté mes études, je reprendrai plus tard. Pour aujourd'hui, j'essaie juste d'oublier les mots de l'année passée. Depuis ta lettre, et depuis que tu as eu la bonne idée de faire ton coming out. Bordel qu'il est nul ce mot. D'où on doit dire "papa j'aime les filles" quand on est lesbienne ? Ça change quoi que ce soit une fille ? Oui OK, elle a une chatte à la place de la bite mais bordel ce qu'elle est belle ma femme si tu savais tu.... Sais très bien de qui je parle t'étais déjà amoureuse d'elle quand tu m'as écrit ta deuxième lettre il y a un an. Bref, si t'étais là, tu me ferais écrire à papa, t'écrirais toi-même tout ce que je te raconte pour lui dire parce que t'en as marre de moi et de ma peur, et de ma soumission, et ça t'es pas la seule.
Il faudra bien que je lui écrive un jour à papa. Si tu savais tous les mots qui me font mal. Tous les mots dont je me souviens, tous ceux qui tournent en boucle. Je les entends encore parfois. "Donc c'est une fille", toutes les fois où il fait exprès de parler de quand j'aurai un mari, quand il s'amuse à parler de PMA et à faire l'avocat du diable, quand il pense ouvertement que je vais sortir avec Bastian ! Tu aurais été capable de lui dire que t'étais pas assez certaine qu'il avait une chatte pour prendre le risque de sortir avec ? Moi non, mais je l'écrirai peut-être. Quand j'aurais plus rien à perdre. Demain peut-être.

J'aimerai que tu sois encore là.
Lili de maintenant.
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Orage du Silence

Une vague de sentiments m'a envahie. La haine. La peur. La douleur. La peine.
La haine d'un monde qui n'est pas comme je le voyais quand j'étais petite.
La peur que ça ne s'arrête jamais et que mes enfants ne connaissent que cela.
La douleur, je sais pas pourquoi, peut-être parce qu'elle est vicieuse et qu'elle s'invite dès qu'elle le peut.
La peine, parce qu'aucun de mes états d'âme ne vient jamais sans elle.
J'ai joué dans une bulle d'amour et de bienveillance.
Et puis, j'ai grandi. Ma bulle s'est fragilisée et j'ai vu le vrai monde. Le pote de ma mère qui se fait contrôler tous les jours et moi, qui ne pense jamais à prendre mes papiers sur moi, parce qu'on me l'a même pas appris.
J'ai vu le monde. Et je m'en suis coupée. On n'a jamais regardé les Journaux Télévisés chez moi, et je ne le fais pas depuis que je vis avec ma compagne. Elle n'aime pas, et moi, ça m'angoisse. Les sujets qui m'importent ne sont jamais traités et les autres me foutent seulement la gerbe.
J'ai appris hier. Seulement hier. Et j'ai pleuré. J'ai pleuré pour ce monde qui n'est pas celui que j'imaginais. J'ai pleuré mon enfance insouciante qui ne reviendra jamais. J'ai pleuré mes enfants que je n'ai pas encore mais qui ne connaîtront que cela. J'ai pleuré leur enfance qui ne sera pas la mienne.
J'ai hurlé. Ma haine d'un monde où les gens sont traités différemment selon des critères pourris.
Je ne comprendrai jamais. Ce que c'est d'être noir dans un monde de blancs. Un monde fait par des blancs pour des blancs. C'est horrible de dire ça. Et de se rendre compte en le disant que c'est la réalité. Que certains ont certainement peur de sortir de chez eux parce qu'ils n'ont pas "la bonne couleur de peau", celle qui protège. C'est horrible et je voudrais tellement avoir tort. Que le monde entier me dise que j'ai tort, que ça change rien et que tous les êtres humains sont traités de la même façon.
Mon monde s'est écroulé. Et j'ai l'impression que le monde de tellement d'autres personnes s'est écroulé aussi. Que plein de petits mondes se sont écroulés.
Merde. Moi, je rêvais d'un monde fait par des êtres vivants pour les êtres vivants.
Je voudrais voir juste des humains. Des humains qui se tiennent par la main.

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Que George Floyd repose en paix.
Soyons dignes. De lui. De sa mort. J'espère que le monde deviendra celui que j'imaginais petite. Un monde où tout le monde à ses chances. Les mêmes. Un monde où la couleur de peau n'est qu'une différence physique au même titre que la couleur des yeux et que chaque personne puisse vivre sa vie avec les mêmes libertés que son voisin. Que sa mort nous fasse réfléchir et agir et qu'il ne soit pas mort pour rien. Paix à son âme.
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Orage du Silence


La mer a un goût amer aujourd'hui. Elle a le goût salé de mes larmes et je crois qu'elle a peur. La mère des poissons a le goût salé de leurs larmes. Elle respire au CO2 et protège l'air des humains irrespectueux
La mer frappe les brise-larmes lorsque son cœur à marée haute voudrait exploser sa peine. Je sais qu'elle a peur, ses larmes forment un nuage blanc qui perle sur ses joues mouillées. Pleure-t-elle l'avenir de ses protégés ? Le plastique envahissant son monde, pendant que certains disent que les cotons tiges ne lui font pas si mal que ça ? Le manque de considération de ceux qui n'ont pas compris que chaque geste a un impact ?
La mer a un goût amer aujourd'hui. Elle a le goût salé des larmes. Pleure-t-elle un autre animal étouffé par le coton tige "pas si grave" ou empoisonné par le mégot trop loin des poubelles ? Nul ne le saura. Mais la mer pleure. Elle a le goût salé des larmes sur ses joues mouillées. Elle se confronte aux brise-larmes comme un enfant puni injustement.
La mer a un goût amer. Elle a le goût salé des larmes et le cœur rempli de microplastiques en guise d'amour à offrir.
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Orage du Silence
Un deuil, parfois, c'est un papa ou une maman qui fait le deuil de projections sur les enfants. J'ai tenté de me mettre dans la peau de mon père qui a dû déconstruire ses projections lorsque j'ai grandi.
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Orage du Silence

Elle est tout de cette maison. Elle est l'entrée par le jardin pour certains, le départ vers le garde manger pour d'autres, et le retour vers le frigo pour tous. Elle connait tout de la vie dans cette maison. Son passé, son présent. Porte à deux battants dont on ouvre le haut si souvent, que peut-être attend-elle seulement d'être fermée, pour unir ses deux moités.
Elle est tout de cette maison. Elle est la bienveillance d'une mère avec les petits compagnons, qui si pressés de sortir le matin, lui sautent sur le flanc, à peine séparée de sa moitié. Elle les porte sans se plaindre le temps d'admirer le monde extérieur et les laisse s'en aller. C'est elle qui les récupère lorsqu'ils sautent du toit, toujours à sa place lorsqu'ils ont besoin d'elle. Et lorsqu'ils miaulent pour que l'on ouvre, je suis sûre que c'est elle qui leur donne l'autorisation de sauter, et la confiance nécessaire. Elle accepte sans se plaindre, que la petite Plume ait encore du mal et s'aggripe à elle comme un enfant s'aggripe aux jambes de ses parents. Elle a donné à Simba la force d'explorer le toit et la sécurité d'une étape à la descente. Je sais qu'elle voit leur petit air satifait à ces deux-là, lorsqu'ils se posent sur elle, ravis d'être montés sans mon aide.
Elle est tout de cette maison. Elle est entre le frigo et la gamelle des petits compagnons. Elle seule sait à quelle heure de la nuit la gamelle est entièrement vidée. Elle connaît part coeur les odeurs de notre nourriture et sait ce qu'il se passe lorsqu'elle me voit sortir, une passoire à la main. Elle connait aussi bien que moi l'odeur de la lessive au lière et sait mieux que moi la vie dans la maison.

Elle est tout de cette maison. Elle n'est pas très belle mais elle nous accompagne dans notre quotidien sans bruit. Le soir, lorsque tous sont rentrés, on appuie sur le bouton du volet roulant pour l'accompagner du regard, comme on borderait un enfant. Et lorsque tard, un des petits compagnons n'est pas rentré, c'est elle qui me supplie de remonter le volet, comme un enfant dirait qu'il a soif, n'a pas été aux toilettes, n'a pas eu assez d'histoires, veut encore un câlin, pour retarder la nuit.

Elle est tout de certe maison.
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Défi
Orage du Silence

J'ai pris cette photo il y a plusieurs années. C'étaient mes brouillons, certains parmis d'autres. Quelques uns au hasard. Ceux qui trainaient sur mon bureau ce soir-là, après que j'ai eu fini d'écrire. Cette photo, c'était parce que je les garde tous, tous mes brouillons sont rangés chez moi. Je ne saurai jamais m'en séparer. Ils sont le reflet de mes ratures, de mes essais, de mes changements d'idées, de mes phrases jamais terminées. Ils sont le reflet de ma vie, immense brouillon, immense avancée à l'aveugle, sans savoir ce qu'il y a après, comme les mots sur ma feuille. Ils sont ce qui reste de ce qui marque, de mes peines, de mes joies, de mes amours passées...
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Orage du Silence

Angélique, demi belle soeur

Je sais, tu ne supportes pas que l'on te rappelle que tu es sa demi soeur, et pas sa soeur tout court.
Et je sais. Tu ne m'aimes pas. Tu n'as pas aimé que j'arrive dans sa vie.
Tu lui as pourtant soufflé l'idée que l'on pouvait vivre ensemble elle et moi. Puis, lorsque ça a été le cas, c'était devenu une erreur, trop rapide. Et puis, je ne pouvais pas savoir gérer une maison, ni m'occuper d'un chat. Tu m'en as reproché des choses, sans savoir. Je te l'ai bien rendu. Je t'en ai reproché aussi. Mais, j'ai attendu de te connaître pour cela.
Cette lettre, c'est mon dernier espoir. Ma dernière chance. Après j'arrête. J'obéirai à ta mère qui te protège encore tant. J'abandonnerai jusqu'à ma femme, que tu as toi-même abandonné depuis longtemps. J'abandonnerai. Si, si, promis. C'est pas dans ma nature pourtant. Mais je n'ai pas envie de m'acharner sur la soeur de ma compagne, aussi insupportable soit-elle. Je n'ai pas le coeur à te faire du mal. Je n'ai pas le coeur à priver ta soeur de te voir. Ou plus exactement, je n'ai pas le coeur à la priver de voir les animaux qui vivent chez toi. Surtout Taiko. Je ne peux pas la priver de voir ton chien.
Je ne vais rien te reprocher cette fois. Il ne me reste pas longtemps avant de te laisser et de toute manière, tu sais déjà ce que je pense de toi. Je te l'ai déjà dit, écrit, crié à la figure... J'ai déjà tout fait pour que tu comprennes que ton comportement n'est pas un comportement de grande soeur.
Attends, il y a une chose que tu ne sais pas. Tu as déçu ta soeur. C'est votre mère qui nous a dit que tu avais reçu la lettre. A ton âge, c'est encore dans les jupons de ta mère que tu vas pleurer quand ta soeur et sa compagne t'expliquent pour la troisième fois que t'as toujours pas compris ce qui ne va pas chez toi. On en est à un point où si ma femme pense qu'elle est moche c'est parce que TOI tu le lui a martelé toute son adolescence et que tu le lui dis encore.

Je te laissse, je dois m'occuper de ta soeur brisée par ta haine.
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Orage du Silence

Lorsque j'arrive devant chez sa grand-mère, Lili est déjà assise à la table de la véranda. Dos à la fenêtre. Je ne vois que ses longs cheveux chatains clairs.
J'entre et m'assieds en face d'elle.
- Bonjour Lili, comment vas-tu ?
- Bonjour, ça va et toi ? Tu as trouvé facilement ?
- Eh, ça va hein, c'est quand même chez ma grand-mère moi aussi, je n'ai pas écriit l'histoire dans ce village pour rien ! Ça te fait quel âge ?
- Presque 17 ans, maintenant. Un an après toute cette histoire.
- C'était il y a un an, c'est vrai. Tu avais presque 16 ans donc. A cet âge-là, l'amour commence à ensorceler...
- Anna. C'est elle qui est venue et qui a supporté cette semaine compliquée. Elle est tout tu sais.
- Oui je me doute, j'ai la même à la maison.
- Tu étais déjà avec elle quand tu nous a imaginé ?
-Même pas. Ça lui a fait peur d'ailleurs. De se reconnaitre en Anna à ce point. Mais bon. Revenons en à toi.
Un éclat de soleil change la couleur de ses yeux. Une pointe de gris se dessine dans le vert de ses yeux.
- Parle moi de ta couleur préférée.
- Facile. Celle de la maison abandonnée au bout de la rue. C'est ce vert jaune marron indescriptible que j'aime. Elle semble porter en elles toutes les saisons tout le temps. Comme si... le temps s'arrêtait là-bas.
- Tu aimes ce lieu...
- Autant que toi je suppose.
- Oui, je crois. Bien plus que Vernouillet pour ma part.
- Bien plus que Landru pour moi.
Je souris intérieurement. Si elle savait que c'était une seule et même ville.
- Tu n'y es pas attachée ?
- Si, parce qu'il y a Gaëlle, et Marion. Gaëlle me supporte depuis 10 ans et Marion, je l'ai rencontré parce qu'elle était dans ma classe en seconde.
- Et ta famille ?
- Mes parents, sur Paris. Et tout le monde, ici.
- Même ceux que tu as envoyé en pris....
- Je ne veux plus en entendre parler, me coupe-t-elle.
- Et l'école ça va ?
- Boaf, me suis trompée de filière depuis tout ça. Mais c'est pas ta faute.

Décidément elle me ressemble. Lili. Si, c'est ma faute, me suis trompée aussi.



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Défi
Orage du Silence

C'est pas que je ne voulais pas. C'est que je ne pouvais pas. J'avais 17 ans, je découvrais l'amour dans une première relation longue (enfin pas trop courte), et longue distance (bien 500 kilomètres). J'étais amoureuse et jalouse, la distance n'aide pas à la confiance absolue. Regarder les contacts et amis de sa copine sur les réseaux sociaux n'est jamais une bonne idée pour être moins jalouse. Et encore moins pour rester fidèle...
C'est comme ça que j'ai rencontré celle dont je suis amoureuse. Un poil con que de tomber amoureuse au moment où la jalousie me poussait à espionner les contacts de ma copine. Un poil innocent que de penser réussir à oublier un coup de foudre. Un poil dangereux aussi, aime-t-elle les filles elle aussi ? Je me souviens ne pas lui avoir laisser le choix dans mes rêves.
C'est à elle que j'ai demandé des nouvelles de ma copine quand elle a disparu des réseaux du jour au lendemain. Mais elle était l'autre. L'autre copine, l'autre vie, l'autre aimante, pas forcément l'autre aimée. Enfin, si, mais de moi.
Elle me connaissait déjà et je la connaissais déjà. Elle avait écrit toutes les réponses à mes textes d'amour, les pensant écrits pour elle. Je l'avais déjà séduite, par personne interposée. J'étais tombée amoureuse. Cela faisait des mois, et je la rencontrais seulement.
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