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Au bout des doigts sur un vélin.
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Role Play de Piastre de Machaut et Charlyne de Villesiscle dicte Chataigne. Les deux protagonistes évoluent dans une France de 1468 à Saintes, ville du Poitou, alors Province du Royaume de France dans la diégèse des Royaumes Renaissants, un MMORPG.
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[La Synthèse]



Quartier général du bon goût et repaire des plus beaux spécimens humains des Royaumes, la taverne du De Machaut avait repris vie depuis la fin des travaux. Nouvelles couleurs, nouveaux meubles, nouveau décor en somme. Là où jadis une simple table en bois et deux chaises garnissaient le coin de prédilection de la Blanche, désormais c'était un petit nid douillet qu'une table ronde entourée d'un banc circulaire coiffé de coussin et d'un dossier rendait scandaleusement confortable. Profitant à outrance de son coin nominatif, il n'était pas surprenant de retrouver la jeune femme affalée, verre en main ou porté aux lèvres. Pourtant ce soir, elle n'y était pas, ou pas encore, et le faux-vieux à la grinche passée prenait toute la place. L’œil était lointain, le regard perdu, l'esprit enivré autant que le foie par une gorgée de vodka. Ses réflexions fusaient montées sur des vaisseaux volants vers les astres nocturnes dont l’œil n'a pas idée. Sans avoir donné rendez-vous, il savait que l'heure venue, l'hybride franchirait le seuil de la Synthèse et le rejoindrait dans ses pérégrinations de l'esprit. Il pouvait sentir dans l'air la venue de la Blanche, prédire avec une exacte précision son arrivée et parfois même deviner son humeur. Avec le renouveau de l'établissement, Piastre avait bien failli s'attirer les foudres de la gerce, occupante de la chambre 23, mais il avait veillé à ce que rien n'y sois changé, connaissant trop bien le goût de la slave pour l'ordre dans le désordre.

Soirée calme. Les rues de la Rochelle étaient désertes et bien moins de voyageurs s'y arrêtaient, sans doute lassés par l'air marin. Peut-être la mode parisienne n'était-elle plus à l'exotisme de la province. Aucune ombre ne défilait devant les fenêtres de la taverne. Parfois, la vie à La Rochelle s'avouait décevante, ennuyante. Loin des premiers émois des années passées, le calme avait pris le pas sur l'agitation, le monde s'était enfui et ne demeuraient en vie que quelques irréductibles poitevins convaincus de l'endroit. Souvent ses pas menaient Piastre en dehors des murs de la cité portuaire, vers le reste du Poitou et parfois plus loin mais à aucun moment il n'avait envisagé quitter la ville définitivement. Aurait-il croisé le chemin de la slave s'il l'eut fait ? Rien n'est moins sur et rien que pour cette raison, il ne regrettait pas son choix. Un sourire anima ses traits que le temps n'épargnait pas mais que le Divin avait rendu exceptionnels. Elle était là. La porte s'ouvrit lentement. Les gonds grincèrent en tournant. La silhouette se profila dans l'ouverture et s'avança en laissant la porte se refermer. Aussitôt, le regard tourné vers elle, Piastre lança d'une voix impérieuse.


- Approchez ! Jouons !
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Cet oeuvre est un RP écrit par deux joueurs dont moi et dont les chapitres représentent les post. Chaque chapitre portera le nom du personnage que le joueur incarne pour mieux distinguer les différentes plumes. C'est donc une oeuvre écrite à deux avec l'accord du joueur pour qu'elle soit mise en ligne sur ce support. Bonne lecture!
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Du bout des doigts, je te caresse l'âme.
En toi je viens glisser ma verve,
Je t'agite l'esprit et sonde tes larmes,
De joie et de plaisir, je cherche tes lèvres.

Tu gemis de mes mots, et mes maux te prennent,
A la gorge je t'assaille et de l'aine tréssaille.
Tu miaules pour recevoir encore cette peine,
Que je te donne sans honte qui vaille.

Je sais que tu aimes mais tu aimes le dire,
Quand mes mots vibrent en toi sans même les lire,
Tu n'es que désir et desire de n'être,
Que le réceptacle de mes envolées de l'être.

Alors sans peine je continue au plaisir qui est tien,
De clamer à l'écrit combien j'aime cet écrin,
Dans lequel je nous place à la force de mes mots,
Et qui, par tes cris, devient mon seul vaisseau.
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"On peut imaginer le futur, l'écrire cent fois, sans pour autant qu'un jour il ne se réalise."

Dans un futur proche.

  Le souffle régulier du sommeil agitait la poitrine de Jeanne, dans cette froide nuit d'hiver. Bercée par ses illusions de jeune fille qui ne trouvaient plus échos en elle que pendant ses absences nocturnes, elle rêvait à un monde meilleur. Peut-être était-ce du à la lune qui cette nuit brillait pleine d'un reflet orangé que son sommeil était aussi calme. Apaisée par l'astre influent aux marées, l'océan en son cœur s'était assagi le temps d'une nuit, d'un rêve, d'un songe. Un rai de lumière traversa la pièce qui baignait dans l'obscurité pour éclairer brièvement les traits délicats de la blonde aux yeux d'or. Un maigre sourire s'était immiscé sur ses lèvres comme pour affirmer un peu plus son état d'esprit. A l'autre bout du monde en cet instant paisible, une étoile filante traversait le ciel et un inconnu priait un autre Dieu que le sien. Mais ici en ce moment, rien n'avait plus d'importance, nulle tristesse, nulle douleur ne subsistait encore. Il ne demeurait dans l'air qu'un parfum de bonheur, aux touches subtils et florales.
  Ce parfum si agréable était pourtant amené à disparaître, emporté par les effluves grossières d'une toute autre nature. Le sommeil si paisible de Jeanne n'était déjà plus si plaisant et les premières rides apparaissaient sur les sourcils froncés de la jouvencelle. Loin dans son esprit, un serpent s'était insinué pour nuire à son sommeil si sain et sincère. Il s'était infiltré dans son rêve pour le pervertir et le détruire de l'intérieur. Ni la lune, ni le calme de la nuit n'y pouvait rien changer, car dès lors que le serpent était entré, le rêve se transformait en cauchemar, et le visage si délicat de Jeanne devenait faciès horrible crispé d'agitation. Les doigts agrippaient l'édredon le serrant dans une vaine tentative pour se rattraper, ne pas tomber. Il est bien su pourtant que toujours un cauchemar se termine, que toujours l'on tombe et que fatalement l'on fini par se réveiller.
  Dès lors, ce n'était plus qu'une question de temps avant que Jeanne n'émerge du sommeil et ouvre les yeux pour se retrouver dans cette piaule mal famée où le silence combat la gêne. L'air est lourd de poussière qu'un ménage n'a pas nettoyé depuis trop longtemps. Les draps sentent le moisi à force de n'être que trop peu lavés. De larges auréoles jaunâtres tachent les oreillers écrasés. Le rai de lumière qui s'abat sur son visage plissé par le dégoût n'est du qu'a une latte de volet manquante. Rien dans cette pièce ne respire plus le calme que le repos amenait. Le cauchemar prend fin pour ramener Jeanne à la réalité.

- Ephi ?
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Aux grands maux les grands remèdes,
Aux grands mots les vieux aèdes.
Et simple, comme bonjour ce matin,
Le Saint plait, d'atour et de teint.
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Nuit de Printemps 1466.
J’ai pour habitude de me retrouver seule lorsque l’Obscurité tombe, vaquant à mes occupations, me fondant dans la masse, n’étant qu’une Ombre furtive. Auch m’est encore assez inconnue, les bas-fonds de la ville n’ont pas été traversés de part et d’autre, n’y mettant les pieds que la Nuit, faisant bonne figure la journée. Après tout, qui se douterait à me voir ainsi que je comble les insomnies par du sang ou de l’argent.
Errant, cette nuit encore, je reste aux aguets au moindre bruit et le pas léger je passe de ruelle en ruelle. L’Esprit est ailleurs. Soirée animée par l’alcool, et une scène Piastrenne.
Sans avoir le temps de m’en rendre compte, je me retrouve rapidement coincée contre le mur où je prends un coup de tête. Mon nez explose et je perds connaissance. Coup sûr. Coup dur. Vulnérable et alcoolisée, je n’ai le temps de sortir la dague pour me défendre comme il se devrait. Je sens qu’on me traîne par les pieds, je suis « groggy », incapable de résister, mais je commence tout de même à me débattre, à lancer des jurons en ma langue natale, incompréhensible à quiconque. Il ne sert à rien de crier. Ici, les cris sont courants même lorsque la Lune éclaire, et peu sont alertés de ce qu’il se passe. Cela ne sert à rien, alors je continue à maudire le malotru qui ose s’en prendre à moi.

- Attends que j’me relève, et j’te fais ton compte, goujat !
- T’aurais déjà du mieux te défendre. Tu avais la garde baissée la Blanche.

Je prends alors de grandes claques dans la figure, des coups de pieds et de poings pour me faire taire. La saleté. Il ose s’en prendre à moi, ce qui me met alors dans une rage folle.

Règle numéro une : On ne me touche pas.Pourtant j’entends l’homme rire de me voir me débattre. Je ne parviens à l’atteindre qu’une fois, ce qui double sa haine à lui, et ce n’est qu’en levant les yeux sur lui, croisant son regard lugubre que je comprends. La nuit va être très longue, tout mon esprit est tendu vers le seul but de me sortir de là le moins amochée possible. Il faut que je réfléchisse vite, que je prenne les bonnes décisions.
Encore sonnée par les coups, je continue de le maudire et de lui promettre vengeance, ce qui accroît la fureur de mon agresseur qui me frappe à nouveau et me porte la main au cou, serrant si fort que l’air me manque. Me maintenant ainsi afin de garder ce pouvoir sur moi, il arrache de sa main libre la cape, et déchire le décolleté de la robe et jette plus loin ma lame, avant de remonter le tissu en haut de la cuisse.

Et merde.Y aurait-il alors une justice pour le bien ou le mal que nous faisons ? Peinant à prendre la respiration, je n’ai force de me débattre, ayant jusque-là trop gesticulé. Le temps me paraît long, et chaque mot que je pense finalement crier n’est que chuchoter. Le badaud me tripote, visiblement heureux de sa prise du soir. Les doigts courent sur ma peau, avant de venir trouver l’intimité, lui affichant un sale sourire.
Azurs paniqués, me voilà pour la première fois terrorisée imaginant la tournure que prendraient les choses. Il en est hors de question, alors je tente de me relever, et il projette ma tête contre le mur de la bâtisse contre laquelle nous nous trouvons. L’enflure. Est-il de ceux que j’ai pillés et qui vient à se venger, voulant me faire peur ?
Ses intentions semblent être autres lorsque de sa main libre, il insère ses doigts sales à l’endroit qui est interdit. Je suis épuisée, je n’ai plus d’idées, et surtout pour la première fois, j’ai peur. Je m’absente, il ne reste que mon enveloppe. Je ne suis plus là, je n’existe plus. Je ne sens pas son souffle. Je n’entends pas sa voix. Il ne m’arrive rien. Je suis en mille morceaux. Et pourtant chaque parcelle de mon corps me brûle sous les caresses malsaines et les vas et viens de l’homme qui y trouve son compte.
Il finit par râler de plaisir, et comme si je n’étais pas assez salie jusque-là, il déverse sa semence sur mes cuisses et le tissu. Un haut le cœur me prend lorsqu’il se retire. Tête tournée, je vomis la haine et le dégoût. Lui, rieur, se relève me laissant là comme un pantin désarticulé et amoché, le visage tuméfié et ensanglanté. Disparaissant comme il est apparu, je peine à me relever et récupérer mes biens.

Faible.Pour la première fois de mon existence, j’ai été faible et n’ai su réagir. Si je quittais la taverne avec l’apparence bourgeoise, me voilà au lever du soleil comme une pouilleuse, sale, habits déchirés et ne ressemblant plus à rien.
Je ne parviens pas à m'expliquer les longues heures de la nuit, l'Avocate ne comprends pas non plus.. Ne comprends toujours pas ce qui s’est passé, ou ne souhaite plutôt le reconnaître.
Je parcours la ville en boitant, le corps douloureux dans son entièreté.
Je ne suis pas à ma place et mon corps me fait mal. Personne ne réagit, alors que j’en ai croisé, des visages.

Le nez cassé.
La mâchoire fracturée.
Des ecchymoses partout.
Je suis en bouillie.

Ça me met en colère ces fractures, ces traces, ces marques, il n’avait pas le droit de laisser des empreintes que je peux voir, que les autres peuvent voir, des empreintes qui disent que j’ai été violée.
Je suis morte cette nuit-là. Il a tué le peu d’estime que je pouvais avoir de l’être humain. Le peu de tendresse qu’il y avait en moi.
Je choisis finalement de me laisser glisser contre le mur de la taverne municipale, tentant à trouver réconfort dans l’alcool. Regard perdu dans le vide, j'essaie encore de comprendre. Pourquoi. Comment. Qui.
Si je tuais, et voulais tuer. Cette nuit-là, j’ai souhaité ma propre mort.
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J'ouvre les yeux et contemple le plafond de ma chambre. De part et d'autres de moi, des barreaux de bois s'élèvent pour me cerner, me protéger. Mais je ne me sens pas à l'abri. J'ai dans le nez une forte odeur de brûlé, une vilaine fumée qui m’empêche de respirer correctement. Je tousse, je crache, ma gorge me fait mal. Je ne comprends ce qui m'arrive. Pourquoi l'air est-il si dense ? Pourquoi fait-il si chaud ? J'entends hurler maman. C'est un cri strident qui perce le silence et semble me foudroyer. Peur. J'ai tellement peur soudaine que je me met à pleurer. C'est difficile, je manque de m'étouffer à chaque fois que je respire et les larmes qui me coulent au visage me brûlent. La chaleur est suffocante, elle semble se rapprocher. Je n'entends plus maman mais désormais, j'entends un crépitement. Il fait sombre dans ma chambre et la fumée n'aide pas. Les yeux fermés, je pleure encore, j'ai peur.
La porte s'ouvre alors et mon père entre en courant vers moi. Il a le visage tout barbouillé, les yeux qui pleurent et les mains sales, mais il me prend dans ses bras et me colle le visage contre son torse. Contre lui, j'ai un peu moins peur, mais je me demande sans comprendre ce qu'il se passe. Où est maman ? Un rire gras et tonitruant émerge du silence pesant, et un fracas résonne. Du verre s'est brisé, du bois a craqué. Papa s'enfuit aussitôt, quittant la chambre pour chercher la sortie. Je vois des flammes monter le long des murs. Un feu ! Notre maison est en feu. Le rire se rapproche avec les bruits de casse. J’aperçois une silhouette dans le feu. Un homme très grand avec une épée courte et un bouclier. L'ombre s'approche de nous et Papa courre dans la direction opposée. La fumée me brûle la gorge, j'ai de plus en plus de mal à respirer. Nous débouchons sur le jardin derrière la maison et je sens l'air frais sur ma peau. Mais la douleur ne disparaît pas. Je ne peux plus ouvrir les yeux, seulement entendre le souffle rapide de mon père, sentir ses bras qui me serrent et sa course effrénée. Il me dépose dans l'herbe à une distance raisonnable et je sens ses lèvres se poser sur son front. Les mots ne sont pas utiles, il a peur, tout comme moi. Si je pouvais parler, je lui dirais que je ne lui en veux pas, que je comprends. Mais je ne peux lui parler, je ne peux le rassurer, et je ne comprends rien. Soudain, je me retrouve seul. Papa est parti. Je peux ouvrir les yeux et je discerne la maison en proie aux flammes. Elles lèchent les murs, éclatent les vitres les unes après les autres et font craquer le bois. Il ne restera bientôt plus rien de notre maison. Papa s'engouffre par le même chemin que nous avons emprunté pour sortir. La maison brûle. J'ai du mal à respirer, ma vision se trouble. Les bruits se font plus lointain, comme assourdis par la fumée. Je n'arrive même plus à pleurer. Je n'arrive plus à ouvrir les yeux. Je me sens si faible.
Le décor disparaît. Je sens que le temps est passé, mes cheveux ont poussés, mon corps a grandi. Je n'ai plus besoin de barreaux à mon lit depuis longtemps et papa n'est jamais revenu. La chaleur a disparu elle aussi. Le feu s'est éteins sans se rallumer vraiment. Le bois de ma maison s'est transformé en pierre froide et insensible. Je suis à l'hospice de la Rue du Préau. Je sors de ma chambre lentement, en effleurant la pierre qui me laisse de marbre. Plus loin, j'entends le bruit d'une discussion. Je reconnais la voix du Grand Prieur, mais l'autre m'est inconnue. Je m'avance le plus discrètement possible, je me faufile pour entendre mieux.
- J'ai besoin d'un enfant.
- Nous n'offrons pas ce genre de service. Ce n'est pas un hostel de vente ici !
- Tais-toi. J'ai de quoi payer. Le petit DeMachaut, dis moi ton prix.
- Mais ! Voyons ! Il suffit ! Je..
- Deux cents écus pour ce gosse. Alors ?
- Je.. Non.. Enfin..
J'en ai suffisamment entendu. Je comprends sans mal que l’étranger va m'acheter. Je m'enfuis alors, retroussant chemin, mais avant cela, je jette un coup d’œil. Je dois savoir qui il est. Mon visage dépasse à peine du mur et j’aperçois la silhouette. Si je ne peux voir ses traits, je reconnais la carrure. J'ai déjà vu cet homme, mais je n'arrive pas à me souvenir où. C'est vraiment étrange.
- Soeur Augustine. Allez me chercher le petit DeMachaut.
Ni une, ni deux, je disparais. Je ne retourne pas dans ma chambre, ce serait idiot. Non, je connais un endroit mieux caché, plus secret. Personne ne m'y trouvera. J'y resterais un long moment, peut-etre plusieurs jours et lorsque je serais sur que je ne crains plus rien, je m'en irais. Je me met à courir le plus vite possible. Si l'on m'attrape avant que je n'atteigne ma cachette qui sait ce qu'il adviendra de moi ! A l'angle d'un couloir, soudainement une grande personne me surprend, stoppant ma course. Je regarde vers le haut horrifié. J'ai peur, c'en est fini de moi !

La chambre de la Synthèse se rappelle à Piastre dans un sursaut de peur. Il se redresse, le torse en sueur, les cheveux trempés et collés. Le souffle est rapide, presque perdu et les yeux hagards de celui qui ne sait plus où il est. Ses yeux se portent sur la pièce autour de lui. La fenêtre est entre ouverte et la nuit berce encore la ville. Le matin ne saurait tarder, pourtant c'est au seul éclairage d'un feu dans l'âtre que Piastre peut discerner ce qui cloche. Le feu est trop puissant. Il a brûlé une bûche si rapidement que de la fumée a envahit la chambre. La fumée. Il se souvient de son rêve à présent. Avant qu'il ne s’efface à jamais, il tente de retracer le fil onirique et de comprendre son sens. Il était bébé. Était-ce un souvenir ? Ou bien son imagination qui lui joue des tours ? Il ne se souvient de rien avant trois ans. La suite du rêve est dérangeante. Son cœur bat encore trop vide, son souffle est saccadé tant la peur était puissante dans son rêve. Il se lève lentement pour venir apaiser le feu qui brûle l'âtre. Du tisonnier il réduit les flammes et sépare les bûches. Il vient ensuite ouvrir davantage la fenetre pour laisser la fumée s’échapper et l'air plus frais entrer.

- Foutre Dieu.. c'était quoi ça...

          L'air plus frais qui entre par la fenêtre du dernier étage de la Synthèse laisse au DeMachaut un court répit. Le torse en sueur accuse encore le cauchemar qu'il vient de vivre. À son age, les mauvais rêves sont fréquents et il a vécu suffisamment pour en alimenter jusqu'à sa mort, pourtant celui-ci semblait différent. Ce n'était pas un souvenir, pas vraiment un rêve, plutôt un mélange des deux qui se brouillent maintenant qu'il essaye d'y repenser. Le visage tourné vers la Rochelle, Piastre reste songeur sans y comprendre grand chose. Une odeur le dérange. La fumée s'est échappée de sa chambre mais l'odeur de brûlé demeure. Un regard alentour lui permet de s'assurer que cela ne vient pas d'ici. Mais d'où en ce cas ? Les deux larges mains viennent s'appuyer sur le rebord pour se pencher et regarder au dehors, à droite à gauche. Ses yeux soudaine s'écarquillent de voir dans le quartier des artisans un horrible spectacle. D'immenses flammes lèchent les habitations et se sont déjà emparées de plusieurs ateliers. Son cabinet de médecin s'y trouve mais c'est bien le moindre de ses soucis. Tout juste étudiant, c'est par curiosité qu'il en a fait construire un, pour se familiariser avec les outils. Cependant il ne peut rester la. La ville semble encore dormir sans s'être rendu compte de l'incendie qui se propage. Il sait quoi faire. Enfilant une chemise, le vieil homme qui soudainement n'en était plus un boucla son ceinturon pour y accrocher son épée à une main dans son fourreau. Il s'empara de sa canne et sortit en trombe de la chambre. Yulhia dormait sans doute dans la 23 mais il n'avait pas l'intention de la réveiller. Elle était à l'abri ici et ne risquait rien ce qui rassurait le DeMachaut. Il dévala les escaliers en essayant de ne pas se viander et quitta la Synthèse dans un élan romanesque. Ses pas le portaient facilement. La douleur à sa cuisse le lancinait mais trop peu pour l’empêcher d'accomplir sa tache. Prévenir.

          Canne en main, ses pas résonnaient sur les pavés des ruelles de la cité portuaire et l'air marin ne se faisait déjà plus qu'un vague souvenir tant l'odeur du feu qui brûle bois et chaume imprégnait l'air. Il devait se hâter, courir à en perdre haleine. Son objectif lui apparu lorsqu'il tourna au coin de la Grande Rue. Le clocher de l'église piquait vers les cieux, rappel d'une direction où tourner le regard que le DeMachaut avait depuis longtemps négligé. Pourtant en cette nuit, il allait demander de l'aide au Divin et Celui-ci dans Sa grâce divine allait la lui donner, qu'Il le veuille ou non. Piastre ne s'arrêta pas de courir alors qu'il traversait les étals vidés du marché pour se diriger vers la grand porte de l'église. Sans doute celle-ci était-elle fermée aussi s'assurant de placer correctement son épaule et son bras plié le long de son torse, il accéléra et vint frapper de tout son poids le bois épais. Un bruit sourd résonna et la serrure céda sous la force de l'homme mûr. La porte s'ouvrir à la volée allant claquer contre la pierre et l'obscurité le gagna. Les candélabres et bougies qui la journée éclairaient la nef étaient toutes éteintes. Sans doute le bruit allait-il réveiller le curé s'il dormait dans le presbytère mais il était plus probable que ce dernier soit chez lui, au chaud dans son lit douillet, loin de se préoccuper de l'instant. Piastre ne perdit pas une seule seconde. Le choc l'avait légèrement étourdi mais l'épaule avait tenu bon. Il trouva son chemin sans difficulté. Une nouvelle porte lui barrait le chemin, mais celle-ci n'était pas verrouillée aussi put-il simplement la franchir pour débarquer dans la base du clocher. Une longue corde tressée pendait en son centre, qui montait vers le sommet, accrochée à la grosse cloche. Piastre laisse sa canne sur le sol pour s'emparer à deux mains de la corde et tira dessus de toutes ses forces. La cloche vacilla d'un côté, puis revint de l'autre. Le vieil homme tira à nouveau pour donner une nouvelle impulsion et alors retentit la puissante alarme de fortune.

DONG ! DONG ! DONG !
DONG ! DONG ! DONG !

          En pleine nuit, l'écho se répercuta dans toute la ville et lui revint comme une réponse sourde. Le feu gagnait sans doute en ampleur en ce moment même mais il continua à tirer sur la corde pour que la cloche ne cesse de cogner ainsi. Il était sûr et certain de la sorte que toute la ville se réveille. La plupart des habitants sortiraient la tête par la fenêtre, sans comprendre et aviseraient bien vite des flammes brûlant la cité. Le bruit en tout cas avait ameuté un jeune diacre en formation qui dormait sans doute tout près de l'église. Le jeune homme arriva par la même porte que Piastre et réclama explication.

- CONTINUEZ DE SONNER LA CLOCHE ! IL Y A LE FEU EN VILLE ! REVEILLEZ TOUT LE MONDE !

          L'ordre était vociféré pour couvrir le hurlement de la cloche et le jeune homme ne contesta pas l'autorité, prenant alors la place de Piastre pour tirer sur la corde. Récupérant alors sa canne, le DeMachaut laissa là son remplaçant pour regagner la rue. Un brouhaha s'élevait déjà, des têtes aux fenêtres regardaient vers l'église. Piastre reprit sa course, l'haleine revenue, pour se diriger vers l'incendie. Comme les visages hagards ne semblaient s'être rendus compte de rien, l'Éclopé beugla en leur direction sans cesser sa course.

- AU FEU ! AU FEU ! AU FEU !

          Il répéta son alerte tout en filant à toute allure, dépassant les rues de La Rochelle sans s'arrêter. Il ne pouvait être plus clair et son cri combiné au tocsin ne pouvait plus laisser de doute. Lorsque il arriva enfin au quartier des artisans. Son front suait à grosse goutte de la course effrénée. Il constata que son appel avait été entendu et que nombre de ses concitoyens avaient déjà mis en place un système de relais d'eau, à grand renfort de seaux et de bras. Penché en deux, les mains sur ses genoux, Piastre crachait ses poumons en regardant la scène. A mesure que les seaux passaient de mains en mains, de nouveaux bras s'ajoutaient, de nouveaux rochellais arrivaient paniqués. Au loin, le tocsin continuait son office. La fumée montait si haut dans le ciel nuageux qu'on eut dit qu'il allait recouvrir la ville d'un épais manteau gris. Les cendres ne tarderaient pas à tomber comme une neige d'hiver noire. Tout à son répit, le regard du quadra fut attiré par un fait insolite. Des silhouettes se faufilaient, non pas pour venir aider, mais bien pour fuir l'endroit. Il ne vit aucun visage car d'épaisses capuches les cachaient mais de longues épées miroitaient parfois au reflet de la lune quand les capes se soulevaient. Piastre en compta cinq. Le souffle retrouvé, il parti alors en leur direction, pour les contourner. C'était sa ville, il en connaissait chaque recoin, chaque ruelle et savait déjà qu'ils essayaient de gagner discrètement le port. Le pas se fit rapide, tout en conservant son souffle cette fois, ils allaient lentement pour ne pas se faire voir. Lui en revanche n'en avait pas besoin. Il parvint donc facilement à les devancer et revint sur ses pas pour les surprendre. Canne en main, il arqua le dos, se penchant légèrement et repris une posture moins effrayante. C'était là sa meilleure arme, l'effet de surprise. Il ne ressemblait qu'à un vieillard perdu. C'est ce que se dirent sans doutes les silhouettes car lorsqu'ils tombèrent nez à nez, ils ne semblèrent pas effrayés. L'instant se figea dans la petite Rue du Port et les cinq individus le dévisagèrent, tandis qu'il relevait le regard vers eux.
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Qui n'a pas rêvé de trouver en un autre que soi l'achevement d'une quête personnelle au bonheur? Nous avons tous été bercé d'illusion par l'hégémonie artistique, qu'elle fut cinématographique ou théatrale voir poétique. Cette image récurrente nous enfume l'esprit et nous fait croire à défaut que lorsque nous rencontrons enfin cet autre que nous passons une vie, ou plusieures, à chercher et qui nous complète, le temps s'arrête, se fige, pour laisser place à l'éternité d'un regard. Ce sont de belles sornettes destinées à panser la plaie d'une vérité indésirable : l'amour ne tombe pas du ciel. L'amour ne vient pas frapper à la porte de l'âme pour s'infiltrer soudainement dans les moindres recoins. Il se découvre et s'apprivoise, se doit d'être compris et accepté pour mieux se voir apprécié à sa juste valeur. Il est le fruit d'une volonté commune, d'un projet partagé à deux au minimum. L'amour se fraye d'un chemin semé d'embuche, se relève de ses propres trébuchements ou se couche irrémédiablement. Certains pensent que l'amour a sa volonté propre et qu'il résiste au temps et à l'endroit mais c'est bien trop loin de la vérité. Nous donnons à l'amour la force de résister. Nous lui donnons la chance de mûrir ou le brisons pour le laisser mourir. C'est à ce chemin emprunté que j'étire mes doigts pour en retracer l'histoire. Peut-etre ne cherches-je là que ton assentiment, ton regard sur mes mots et ton avis sur mon opinion. Peut-etre ais-je simplement besoin de coucher de la sorte ce qui me vient à l'esprit quand je pense à toi. Vous qui lirez serez témoin alors d'une parcelle de mon âme que je vous livre sans état.

Pour mieux saisir l'impact, il faut en connaitre l'origine. Remontons en ce cas à la première fois. Ma mémoire me joue toujours des tours et j'aurais peine à vous raconter en détail ce moment. Pourtant je puis volontiers vous raconter ce qui m'apparait être le début de l'histoire. C'est en septembre 2015, à l'ombre grandissante d'un stagnement total dans ma vie que j'embrasse pour la première fois tes lèvres. Ce n'est pas moi pourtant et à l'époque je n'ai pas réalisé que je t'embrassais, ce n'était que des mots portés sur un clavier pour un jeu, un stupide jeu. Nous nous cachions derrière de fausses apparences désireux tout deux en l'instant d'échapper à l'enfer terrien. Ce que nous fîmes sans ménagement alors que nous nous embrassions. Je ne savais rien de toi. Tu ne me connaissais pas. Sans le savoir, nous entrions à bras ouverts dans une relation difficile encore à ce jour interminée. La plaie de ce siècle est l'avènement du numérique. Que n'aurais-je donné pour vivre cent ou deux cents ans plus tôt, dans le giron d'une révolution ou d'une autre. Aujourd'hui, je me réjouis de connaitre ce siècle car sans lui, je ne t'aurais jamais connue. Nous ne nous serions jamais parlé, nous n'aurions jamais eu conscience l'un de l'autre et serions alors passé à côté de nous sans le savoir, ni le regretter. Peut-on parler d'une rencontre lorsqu'il ne s'agit pas d'un contact physique? Je suis persuadé que oui et qu'une rencontre peut être pluriele. Tout comme deux corps se rencontrent et s'attirent par le mystère universel qu'est la gravité, deux âmes se rencontrent, se frolent et se touchent par la magie binaire.
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Offberg
La fin d'une année est aussi le commencement d'une autre et c'est par le début de cette année que commence cette histoire, mon histoire, la votre, celle de tout le monde, avec les hauts et les bas, les joies et les pleurs que nous traversons tous dans notre histoire de vie.
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Défi
Offberg

Dans la chambre, tout est calme. Tout le monde dort apparement. Mais la porte déjà s'entrouvre. Deux ombres se profilent, petites, menues. Elles avancent lentement vers le lit où deux formes plus grandes sont immobiles, sous les couvertures. L'instant est important, l'instant est insignifiant. Mais personne n'en a conscience, personne ne le savoure dûment. Les ombres avancent sans que l'on en discerne autre chose que des cheveux. Blonds.
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Offberg

Au tout départ, premier jour,
Quand je t'ai vue, Toi, ton être,
En l'instant, mué de ferveur,
J'ai trouvé là une lumière.
Entre mes mains, elle fut mienne,
Entre tes mains, je fus tien.

Je l'ai serré, près du tien,
Cet amour né qui vit le jour.
Tu as serré aussi la mienne,
Ma main, caresse de l'être
Et j'ai cherché ta lumière
Pour que ne meure ma ferveur.

Tu avais dompté ta ferveur
Déjà, pour me faire tien,
Et me piéger dans ta lumière.
As-tu gagné, au point du jour?
Vaincu mon coeur, vaincu mon être?
Avoue! Avoue! Tu es mienne.

Ton audace je fais mienne,
La chéris à nulle ferveur
Et prends bien soin de ton être.
Mais alors si je suis tien
En ce second et nouveau jour
Ne vois-tu pas cette lumière?

Ne sens-tu pas cette lumière?
Qui frôle ta peau, la mienne,
Vit en l'espoir d'un autre jour,
Où rimeraient lors de ferveur,
Mon coeur ancré avec le tien.
Que ne pourrions nous être?

Nul ne pourrait briser l'être,
Notre fusion dans la lumière,
Où tout mon coeur qui est tien,
Et ta flamme qui est mienne,
Se rejoignent avec ferveur,
Et font naitre un nouveau jour.

Je suis tien, tu es mienne,
Pour qu'un jour cette ferveur,
Puisse être notre lumière.

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