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Rine Kamose

Rine Kamose
Ils croyaient partager ce genre d'amitié indéfectible. Ils se croyaient tous invincibles. Et puis tout a basculé.

Rosalie, Emma, Gabriel, Maximilien et Charles se connaissaient depuis le jardin d'enfants. Et rien, jusqu'alors, ne les avait séparés. Ils croyaient leur amitié indéfectible. Ils s'imaginaient invincibles. Après autant d'années, ils n'envisageaient pas ce qui allait arriver.


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Le titre n'est pas fixe, et l'oeuvre est encore en cours d'écriture... je partage néanmoins pour recevoir vos remarques, commentaires, et conseils !
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Rine Kamose

Babillages intérieurs, questionnements personnels et réflexions intimes.
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Rine Kamose

Je suis épuisée.
Jour après jour, je désespère un peu plus de me libérer des mécanismes malsains que je reproduis depuis tellement d’années.
Je suis fatiguée de cette lutte acharnée. Pourrais-je jamais l’emporter ?

***

Je ne sais pas vraiment comment cela a commencé. Je crois que ce n’était pas grand chose, au début. Juste un petit doute. Une remise en question de rien du tout. Et puis, progressivement, la machine s’est emballée. Et l’enfer de la dépréciation est finalement devenue mon quotidien. Sans même m’en apercevoir, j’ai commencé à vivre selon les exigences de chacun et à vouloir plaire à tout le monde, j’ai finis par m’oublier. Aujourd’hui, je tente tant bien que mal de me retrouver.
Je vais vous raconter mon combat.
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Défi
Rine Kamose

Tu te souviens de ce samedi matin pluvieux où nous nous sommes croisés ?

A peine étais-je entrée dans ce petit salon de coiffure que je regrettais déjà d'en avoir franchit le seuil, parce que tu te tenais là, dans un fauteuil, ton casque de moto sous le bras. Tu étais aussi beau que dans mon souvenir. J'avais cherché à m'enfuir, mais tu m'avais déjà piégée. Tes grands yeux marrons s'étaient posés sur moi et je ne pouvais pas leur échapper. Alors, à défaut de m'échapper, je m'étais installée à tes côtés et nous avions parlé. De tout, de rien... et nous avions convenu d'un rendez-vous afin de rattraper le temps perdu. Et puis tu t'en étais allé. Et je t'avais détesté.
Je t'avais détesté pour tout un tas de raisons.
Tout d'abord, parce que tu ne semblais pas autant affecté que moi par nos retrouvailles. Pour toi, ça semblait affreusement normal, alors que moi ça me dérangeait terriblement. Je t'ai aussi détesté de me parler de ta petite-copine si parfaite, que je jalousais en secret depuis des années. Je t'ai détesté de me faire ressentir cela, alors que j'étais moi-même en couple depuis un an et que je pensais avoir laissé tout cela derrière moi. Et puis surtout, je t'ai détesté de me ramener à l'année de mes quinze ans, ou un seul regard de toi suffisait à me faire fondre. Et enfin, je t'ai détesté parce que je savais que cette entrevue signait la fin de la vie que je m'étais construite.

Et j'avais raison.

On s'était revu. Une fois, puis deux, puis trois... et puis j'avais arrêté de compter. Au final, on s'était embrassé, plusieurs fois. Et pour la deuxième fois de mon existence, tu avais bouleversé ma vie. A quinze ans, tu avais déjà laissé une empreinte indélébile dans ma vie... et ce jour-là, tel un tsunami, tu déferlais de nouveau sur moi.
Parce que tu avais ce pouvoir, en toi. Celui de me faire vivre à cent à l'heure, un peu comme dans un film américain. Avec toi, tout était décuplé.
On dit que l'amour dure trois ans... le nôtre n'a pas survécu au cap de la première année. Au bout de trois mois, on s'aimait autant qu'un couple vieux de plusieurs années. On vivait nos sentiments à fond, on les bouffait, on s'en goinfrait.
Et quelque part, au milieu de cet effusion de sentiments, les choses ont changées. Après un an, notre chute débutait. Pendant cette période, on a tout essayé. Mais je crois qu'à part se blesser l'un l'autre, nous n'avons pas franchement sû arranger les choses. On s'est entêté à sauver des pots déjà bien trop cassés, à chercher des solutions tout en créant toujours plus de problèmes, à récupérer une histoire perdue d'avance.

Dans le fond, je pense que toi aussi, tu savais. Nous n'étions tout simplement pas fait pour être ensemble. Parce que moi je n'étais pas faite pour l'intensité des films américains, alors que toi, tu t'en abreuvais sans arrêt. Parce que moi, je devais parfois souffler quand toi, tu ne faisais jamais qu'accélérer.

Avec le temps, on s'est éloigné. Et tu as fini par commettre l'irréparable. Et si je dois être honnête, je te dirai que j'avais toujours su que ce jour arriverait. Parce que moi, je savais que je n'étais pas une fille pour toi.
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Défi
Rine Kamose

A cinq ans, j'étais folle amoureuse de mon grand cousin. Je crois qu'à cette époque, il avait une quinzaine d'années, et le fait qu'il soit beaucoup plus âgé que moi ne m'avait absolument pas freiné. En fait, je crois qu'à cet âge-là, on n'a pas vraiment le sens des convenances. On s'en fiche un peu. En tout cas, moi, je m'en fichais.

J'imagine que je lui serai éternellement reconnaissante d'avoir bien voulu jouer le jeu, parce que je pense qu'à son âge, je n'en aurai pas fait autant. Qui voudrait, à quinze ans, d'une morveuse accrochée sans arrêt à ses basques ?! A réclamer des bisous, des câlins avec autant d'empressement que lorsqu'elle réclame un gâteau parce qu'elle a "trèèèèès faim" ?

Mais d'aussi loin que je me souvienne, il n'a jamais été désobligeant. Je me rappelle très bien ce regard bienveillant, pétillant d'amusement. Il riait souvent, quand je m'adressais à lui. Oh ça oui. Mais je crois que le plus beau de tous, était probablement celui-là...

Ce jour-là, ses parents nous avaient invité à passer le week-end chez eux, et j'étais excitée comme une puce à l'idée de passer deux jours entiers avec mon cousin préféré — mon chéri. Le matin de notre départ, j'avais réclamé à ma maman de me donner mon ensemble blanc tout neuf. Au début, elle n'avait pas voulu. Les vêtements étaient neufs et destinés au mariage de quelqu'un de la famille, dont je ne me souviens plus vraiment aujourd'hui. Mais à force de persuasions, j'avais obtenu gain de cause... et elle m'avait fait enfiler ce petit top blanc immaculé, assorti de sa jupe patineuse. Je l'adorai, parce que quand je tournai sur moi-même, elle voletait tout autour de moi, comme une princesse. Quand, après plusieurs heures de trajet, nous étions arrivés à bon port, je m'étais dépêché de descendre de la voiture et m'étais précipité dans les bras chaleureux de mon cousin. Il m'avait accueillis avec son éternel sourire, et m'avait enlacé de bon coeur en faisant claquer un bisou sur ma joue. Moi, je l'avais embrassé sur la bouche. Comme les grands. Parce que j'étais une grande fille. Il avait rigolé, et il m'avait reposé au sol. Là, j'avais tourné sur moi-même avec un grand sourire.

— Tu as vu, elle est belle ma jupe, hein ?
— Très ! Tu es très belle dedans.
— C'est vrai ?
— Bien sûr. On dirait une princesse.

J'avais adoré qu'il fasse la remarque, et mon sourire avait redoublé d'intensité. Et j'avais aussitôt repris :

— Et tu as vu, elle est blanche ? C'est pour notre mariage !

C'est à ce moment-là qu'il avait explosé de rire. En fait, tout le monde autour de nous avait explosé de rire. Et moi, je les avais dévisagé sans comprendre pourquoi ils riaient tous si fort. Au bout de quelques secondes, cela achevait de m'agacer et je croisais les bras sur ma poitrine, l'air contrarié. Mon cousin ne s'était pas départi de son sourire bienveillant en s'agenouillant devant moi.

— Alors j'aurai la plus belle des mariées.

Ou comment en mettre plein les yeux d'une fillette de cinq ans.


Aujourd'hui, nous nous sommes perdus de vue mais j'espère que peu importe où tu es, tu es aussi heureux que tu mérites de l'être. Tu as été le cousin le plus génial de tout l'univers...

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Rine Kamose

Qu'est-ce que la beauté ?

Est-ce un caractère physique, une capacité intellectuelle, ou une qualité morale ?

Malheureusement, de nos jours, la société ne nous vend plus que le côté esthétique de la beauté. Attendons-nous réellement d'un top model qu'elle soit intelligente, ou dotée de qualités morales telles que la bienveillance, la générosité, la bonté, le don de soi... ? On se fiche bien de qui sont ces personnes, pourvues qu'elles soient agréables à regarder. Alors on fait de ces mêmes personnes des égéries physiques — un modèle auquel il faut absolument ressembler pour s'intégrer dans une société de consommation toujours plus pervertie.

Au premier rendez-vous, n'attendons-nous pas de l'autre qu'il soit beau ? Qu'il nous plaise, physiquement ? Est-ce qu'on ne place pas, à chaque fois, les aspects moraux et éthiques après le côté esthétique ?

Pourtant, la beauté n'est pas qu'affaire de plastique.

Non.

Je fais partie de ces personnes qui croient que la beauté d'une personne ne se mesure pas à son esthétique, à son allure ou à son physique. En réalité, je suis persuadée qu'il existe autant de définitions de la beauté qu'il existe de personnes sur cette planète. Je suis même convaincue que la beauté extérieure n'est pas signe de beauté intérieure.

Je pense qu'une personne peut être belle de bien des façons, qui n'appartiennent qu'à elle et qui ne sont pas celles de notre société.
En fait, je crois que la beauté physique ne compte pas. Parce que ne dit-on pas qu'il en faut pour tous les goûts ? Qu'importe notre physique, on trouvera toujours quelqu'un pour l'apprécier.

N'avez-vous jamais croisé des couples "mal-assortis" aux yeux de la société ? Vous savez, ce genre de couple ou l'un est l'incarnation parfaite de l'idéal esthétique moderne tandis que l'autre s'en éloigne largement ? Ce genre de couple qui suscite les murmures et les questions sur leur passage...
— Elle est tellement belle... qu'est-ce qu'elle peut bien lui trouver ?
— Il mérite tellement mieux que cette bécasse...
— Elle n'en a forcément qu'après son argent...
— Je crois qu'il fait dans le social... tu as vu sa copine ? Plus grosse, tu meurs...
Et j'en passe...

La vérité, c'est que la beauté physique n'est pas universelle. Qu'importe ce qu'en disent les magazines, il faut de tout pour faire un monde. Et le physique est subjectif.Ce que je trouve beau et attirant n'est peut-être pas ce que mon voisin qualifierait lui-même de beau et attirant.
En revanche, la beauté morale, intellectuelle, intérieure... elle est universelle. Et je crois que c'est de cette beauté là, qu'il faut parler. Je crois que c'est cette beauté là, la plus importante.

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Rine Kamose

Tu m'as brisé.
J'ai été terrassée par tes paroles assassines. Détruite par ton indifférence. Annihilée par chacune de tes actions à mon encontre.
Tu m'as trahie, poignardée dans le dos à d'innombrables reprises avant de m'abandonner là, sur le bord de ta route, sans jamais regarder en arrière. Tu es la déception d'une vie à toi seul. Un meilleur ami déchu, un amour désillusionné, un pilier dysfonctionnel, une confiance désenchantée.
Les séquelles de ton infidélité ont rongé jusqu'à la moelle de mes os. Telles des griffes acérées, les conséquences de ta perfidie ont meurtri chacune de mes journées.
Il m'a fallu ré-apprendre à connaître celle que je croisais dans le miroir chaque matin. J'ai dû faire la part des choses entre toutes les idées malsaines que tu avais implantées en moi, et ce que j'étais réellement. J'ai reconstruit l'image que j'avais de moi-même. J'ai appris à aimer qui j'étais; à identifier mes qualités et à assumer mes défauts.
Aujourd'hui, je peux fièrement affirmer que tes mains destructrices n'étreignent plus mon quotidien. Ne manipulent plus mes pensées. N'affectent plus mon comportement.
Aujourd'hui, je décide que tu n'auras plus la moindre incidence sur ma vie.
Aujourd'hui, je sais que je suis une personne formidable. Digne d'intérêt et d'amour. Intelligente et intéressante. Belle et sexy. Que je ne vaut pas moins que qui ce soit sur cette planète, et que je mérite toutes les choses positives qui m'arrivent. Que je n'ai jamais, jamais, fait quoi que ce soit qui justifierait l'enfer que tu m'as fait traversé.
Aujourd'hui, je renais. Et je t'emmerde.
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Rine Kamose

       Dès le début, nous étions voués à l'échec. Notre relation n'avait aucune chance de durer. Aussi passionnelle, foudroyante, fulgurante et explosive fut elle, elle était surtout malsaine. Au fil du temps, Mathieu et moi nous étions aimé au moins aussi fort que nous nous étions détesté. Entre nous, la demie mesure n'avait jamais existé. De l'amour à la haine, il n'y avait qu'un pas et nous l'avions franchis à de trop nombreuses reprises au cours des dix dernières années.
Nos mondes étaient entrés en collision le jour de notre rencontre et depuis, ils n'avaient jamais cessés de s'entrechoquer. Les phases de confrontation laissaient parfois place à une période d'accalmie, mais celle-ci ne durait jamais bien longtemps et tôt ou tard, nos deux univers se percutaient de nouveau et causaient de nouvelles explosions, de nouvelles disputes et de nouvelles blessures. Au fil des années, nous étions devenus les meilleurs au jeu du blesse-moi-et-je-te-blesserai-encore-plus.
       J'ai aimé Mathieu de tout mon être. A une époque, chaque cellule de mon corps vibrait d'amour pour lui. Et pour être tout à fait honnête, il a longtemps été le centre de mon univers. Tout me ramenait toujours à lui, et je ramenais toujours tout à lui aussi. Et c'est probablement ce qui démontre le mieux à quel point notre relation était mauvaise.
Il savait réveiller mes plus bas instincts, me repoussant sans cesse dans mes retranchements et m'obligeant à riposter avec toujours plus de méchanceté. A ses côtés, je ne répondais plus de rien : j'étais capable du meilleur comme du pire, susceptible de passer de l'amour transit à la haine en un claquement de doigt. Mais j'imagine qu'il pouvait en dire autant de moi. Je connaissais par cœur les milles et une façons de déclencher sa colère, d'attiser sa haine et sa rancœur tout en sachant parfaitement quoi faire et quoi dire pour tout faire disparaître en l'espace d'une seconde.
Certains cherchent inlassablement celui ou celle qui saurait les comprendre et les apprendre. Quant à nous, c'est probablement ce qui avait causé notre perte. On se connaissait trop bien, et on était trop égoïste pour s'imposer une quelconque limite dans ce qu'on était capable de susciter chez l'autre. Tout semblait bon à prendre : l'amour, la haine, la colère, la peine, la jalousie, l'amitié, la déception, la trahison... on s'est abreuvés de toutes ces émotions qu'on savait si bien attiser chez l'autre, et on s'est auto-détruit.
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Rine Kamose

Parfois, après une mauvaise expérience, on souhaiterait tout oublier. Qui n'a jamais souhaité effacer tout ce qui ternissait notre vie ? On ferme les yeux et on espère pouvoir tout recommencer. Repartir à zéro en faisant table rase du passé. On voudrait que tout cela n'est jamais existé. On aimerait rayer de notre vie ces instants horribles — ces souvenirs imparfaits et exécrables.

Il y a deux ans, le petit nuage sur lequel je m'étais hissé s'est brutalement écrasé. Mon prince charmant s'est fait la malle avec sa poufiasse peinturlurée, laissant derrière lui la sensation amer de l'adultère. Au début, j'ai feint l'indifférence. J'ai gardé la tête haute, fait mine d'être forte, et j'ai ravalé la bile qui brûlait mon coeur. Et puis j'ai commencé à rongé mon frein. J'ai commencé à maudire chaque instant que nous avions passé ensemble. Jusqu'à souhaiter que tout cela n'est jamais existé. Le bon, comme le mauvais. J'ai voulu tout effacer. 
Mais il y a peu, lorsque je me suis penchée sur mon histoire, je l'ai finalement réalisé. Aussi douloureux soit le souvenir, la leçon n'en est que plus grande. Le fait est que notre passé détermine qui nous sommes au présent. Et que notre présent détermine qui nous serons, au futur. Supprimer nos mauvais souvenirs pour la simple et bonne raison qu'ils ne sont pas agréables reviendrait à supprimer une partie de notre identité.
La déception amoureuse qui a fait suite à cette tromperie scandaleuse m'a fait grandir. Grâce à elle j'ai évolué : j'ai appris à me connaître, et à m'accepter. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, c'est dans la trahison que j'ai découvert ma confiance en moi. C'est en ayant été cocu que j'ai appris à m'aimer et à me trouver belle. 
L'erreur de jugement pour laquelle je me suis tant blâmer des mois durant est finalement ce qui m'a rendu plus forte. Plus courageuse. Plus sûre de moi. Plus déterminée. Et au milieu de tout cela, j'ai également apprit à pardonner. A me pardonner. A accepter l'échec. A mettre mon coeur à nu et à accepter le risque que cela représente. 
Et le plus important, c'est au travers de cette épreuve personnelle que j'ai appris à rebondir. A tirer leçon de mes erreurs. A trouver le bon dans le mauvais. A être positive et optimiste.

Rien n'est jamais tout blanc ou tout noir. Bon ou mauvais. L'étiquette que nous attribuons à chacun de nos souvenir n'est finalement qu'une vue de l'esprit : ce n'est que le reflet de ce que nous désirons garder de chacun de ces instants.
Les mauvais souvenirs n'existent pas. Il n'y a que de "mauvaises" expériences, dont il faut savoir oublier le goût amer pour ne se focaliser que sur le positif qui en a, tôt ou tard, découlé.

On peut choisir de ne garder en mémoire que le négatif. Le décès d'un proche, la tromperie, la déception, l'échec... ou on peut décider de ne regarder que le positif. Le souvenir joyeux de l'être disparu, la beauté des sentiments que nous avons éprouvés, et les efforts fournis. Ce n'est qu'une vue de l'esprit.
Pour ma part, je choisis d'être heureuse. Je choisis de transformer chaque déception en force. Chaque larme en rire. Alors non, je ne changerai rien, même si je le pouvais. Parce que si toutes ces années m'ont bien appris une chose, c'est qu'il faut tout vivre pleinement — la tristesse, comme la joie. Il faut tout savourer. Tout ressentir. Tout respirer. Tout consummer. Parce que ce n'est que comme ça que les regrets ne nous atteindrons pas. On aura fait des erreurs, oui. Mais on aura vécu. On aura appris. On aura évolué. On aura fait de notre mieux. Et on aura été heureux.
Parce que si nous effacions notre malheur, comment pourrions-nous réellement apprécier notre bonheur ?

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Rine Kamose

Autour de lui, la nature s'éveillait doucement. Léonard se trouvait là depuis plusieurs heures déjà : il avait toujours aimé profiter de lever de soleil, sur les berges du petit lac qui l'avait vu grandir. Il trouvait cela poétique. Au petit matin, haut dans les arbres, les oisillons commençaient à chanter et les premiers rayons de soleil faisait scintiller la rosée qui enveloppait les roseaux. C'était un superbe spectacle. Une brise légère venait faire frémir les hautes herbes qui l'entouraient, et il fermait les yeux pour en profiter pleinement.
Quand il les rouvrit, il l'apperçut. Belle comme une déesse. Il ne l'avait jamais vu ici : il s'en souviendrait. Elle nageait et pourtant, elle semblait glisser sur l'eau avec une grâce hors du commun. Il entreouvrit la bouche, subjugué par pareille splendeur. C'est alors qu'elle posa son regard de biche sur lui. En une fraction de seconde, il sentit son être tout entier s'embraser pour elle. Au fond de sa poitrine, son coeur tambourinnait et son corps était parcouru par une frisson électrique. Sans même s'en rendre compte, il se mit en mouvement. Petit à petit, il avançait dans sa direction. Avant qu'il ne puisse réagir, il nageait vers elle. A la hâte, épris d'amour pour celle dont il ignorait tout. Quand elle lui adressa un sourire, il fut irrémédiablement séduit. 
Arrivé à sa hauteur, il demeura muet l'espace de quelques minutes. Son sourire s'élargit; elle était visiblement amusée par son mutisme et sa timidité. Il toussa un peu, avant d'oser prendre la parole.

— Je m'appelle Léonard, je..

Mais elle ne le laissait pas terminer sa phrase, et l'embrassa tendrement. Léonard se figea, et son coeur explosa de joie, avant de fondre comme neige au soleil. Et ils restèrent là longtemps, à se bécoter, à se sourire et à rire bêtement. Ils étaient beaux, touchants.

Et puis une branche craqua. La magie cessa. Léonard ouvrit grands les yeux, à la recherche d'un intru tandis que sa belle prenait peur. Quand elle s'éleva dans les airs, il n'eut pas le temps de la prévenir. Une détonation retentit puis un silence lourd comme une enclume s'abattit sur le petit lac. Sur la berge, il la voyait s'effondrer mollement sur le sol. Et alors que son coeur se brisait en milles morceaux, il regardait le meurtrier soulever son corps sans vie et le fourrer dans un sac en tissu, avant de disparaître.

Le fait est qu'on a pas le temps pour les histoires d'amour, quand on est un canard. Parce qu'on en oublit qu'il s'agit surtout de survivre...
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Rine Kamose

Dimitri,
Seulement deux ans se sont écoulés. Pourtant, j'ai l'impression que notre histoire remonte à une dizaine d'années. Ce n'est presque qu'un souvenir lointain et parfois, j'avoue avoir du mal à me remémorer ce que c'était, d'être avec toi.
Je ne saurai pas vraiment t'expliquer ce qui me pousse à t'écrire ces quelques mots. Je ne suis d'ailleurs même pas certaine que tu les liras un jour. Mais je crois que le moi d'aujourd'hui avait simplement besoin de coucher sur papier le chemin qu'il a parcouru, durant ces derniers mois.
Parfois, je repense à tout ce que j'ai ressenti, le jour où j'ai découvert le pot aux roses. Et puis je réalise que cela n'avait rien de si surprenant. Tu étais un menteur né, et ton besoin de plaire surpassait de loin tous tes principes moraux. Je n'aurais pas dû tomber de si haut, en apprenant ta trahison. J'aurais dû le voir venir, cela paraissait évident. Nous allions si mal.. Rien ne pouvait t'en empêcher : ni l'affection que tu me portais, ni même le respect ou la loyauté. On ne faisait que se déchirer. Nous ne parvenions même plus à parler calmement : tout se terminait toujours en cris. Au fil des jours, nous nous blessions un peu plus encore. Finalement, ce n'était là que le bouquet final de notre combat acharné. Tu sais, je n'ai jamais pensé que tu ne pourrais jamais me tromper. Au final, je ne t'en voulais pas plus que ça : de nous deux, il était évident que ce serait toi qui finirait par fauter. Tu étais celui qui manquait le plus d'attention. En revanche, je ne m'attendais pas à ce que tu parviennes à me le cacher si longtemps. Et finalement, c'est cette trahison-là, qui m'a le plus blessé : le mensonge, quotidien, perpétuel. La trahison morale n'était rien, face à la trahison psychologique que tu m'avais infligé. Non seulement tu me mentais mais en plus, tu me répétais à longueur de journée que j'inventais tout. Qu'il n'y avait rien entre elle et toi, et qu'il n'y aurait jamais rien. C'est cette trahison-là, qui m'a brisée. Tu avais osé me faire croire que j'étais parano, quand tu allais te glisser dans ses draps dès que j'avais le dos tourné. Pire encore, tu parvenais à me toucher, à m'embrasser et à me faire l'amour comme si de rien était. Je crois que c'est en réalisant tout cela, que j'ai touché le fond. Parce que tout le mal qu'on s'était infligé n'était rien, en comparaison. Tu comprends ? Certes, notre histoire avait tourné au fiasco mais je me consolais en pensant que les bases de notre relation demeuraient intactes : confiance, intégrité, loyauté, sincérité. Et que notre amitié pouvait survivre à tout ce que nous avions traversé. C'est ainsi que je me réconfortais et que je pansais les blessures que tes mots assassins avaient causées. Mais en réalisant que tu avais bafoué toutes mes certitudes, brutalement, plus rien n'avait de sens.
J'ai essayé de m'accrocher. J'ai essayé de sauver notre amitié. J'ai essayé de cloisonner mes sentiments, mais c'était au-dessus de mes forces. Je te détestais pour ce que tu m'avais fait, et je ne parvenais pas à me reconstruire en ta présence. Chaque instant passé avec toi, à rire ou simplement à discuter avec toi, ne faisait que me ramener à l'échec absolu de notre relation. Dans tous les sens du terme. À mon erreur de jugement à ton égard. À ma part de responsabilité dans ce fiasco. Et à l'inutilité de tout ce que j'avais enduré pour toi, pour en arriver là.
C'est à ce moment-là que j'ai compris à quel point notre histoire m'avait bousillée; que j'étais au fond du gouffre et que je ne saurai pas remonter seule. C'est donc aussi ce jour-là, que j'ai débuté une thérapie. Je n'aurais jamais soupçonné tout ce qu'elle allait m'apporter. Le jour de la première séance, je pensais simplement me rendre au psy pour parler de mon manque de confiance en moi maladif et de tout le stress et l'anxiété que cela générait. En l'espace d'une heure, j'ai compris que le problème était mille fois plus profond que ça et que je ne pourrais pas remonter la pente si tu faisais toujours partie de ma vie. J'ai réalisé que m'attacher à toi revenait à m'attacher à une image de moi qui n'était plus en accord avec ce que j'étais devenue, et que cela générait, au moins en partie, mon mal-être.
Te rayer de ma vie a été la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de toute ma vie. Par fierté, je n'ai jamais voulu admettre à quel point cela avait été dur. Combien de fois j'ai pleuré, seule, chez moi, avec l'irrépressible envie de t'appeler. Au fil des années, tu étais devenu le pilier le plus solide et le plus stable de ma vie : l'éternelle épaule sur laquelle me reposer. Et puis soudain, je devais me passer de toi. Pour mon bien. Et c'était affreusement dur de penser sur du long terme, quand le court terme me semblait déjà être une éternité.
Et puis finalement, le manque s'est estompé. Au fil des jours, des semaines, des mois… ton absence pesait de moins en moins lourd dans la balance. Jusqu'à ne plus se faire ressentir du tout. Et c'est ainsi que j'ai réalisé que je n'avais pas besoin de toi pour exister. J'ai commencé à m'aimer pour ce que j'étais et à m'épanouir auprès de celles et ceux qui m'entouraient, et m'aimaient également pour ce que j'étais et non pour ce que j'avais été, par le passé.
Tu sais, je crois que j'ai plus appris sur moi-même au cours des derniers mois que durant ces vingt dernières années. J'ai découvert que j'étais étonnament fêtarde et extravertie, quand l'essentiel de mon existence se résumait à camper sur mon canapé pendant mon temps libre. J'ai également appris que ce que je prenais pour des défauts n'étaient autre que des traits de caractères on ne peut plus sains. Moi qui refusais en bloc d'être taxée d'égoïste, accepte aujourd'hui cet aspect de ma personnalité avec fierté. L'égoïsme est naturel, raisonnable et équilibré car il permet de se préserver — que sans lui, on avance de blessure en blessure car on demeure incapable de faire passer son bien-être avant celui de qui que ce soit. J'ai ainsi pris conscience que je confondais trop souvent altruisme et sacrifice personnel et que le bonheur d'autrui ne devait jamais engendrer mon malheur.
Mais le plus important dans tout cela, c'est que j'ai appris à m'aimer. Physiquement, moralement et psychologiquement. Chaque jour, mon reflet dans le miroir me satisfaisait un peu plus. Avec un peu de temps, j'ai appris à aimer mon corps et à en être fière, à aimer mon cœur et à en être fière, à aimer mon âme et à en être fière. J'ai appris à assumer mes défauts et à valoriser mes qualités. Je pense que tu serais heureux de savoir que le doute, l'anxiété et mes questionnements existentiels ne me tiennent plus éveillée la nuit. Finalement, j'ai appris à être plus sereine. Mieux encore, j'ai appris à gérer moi-même mon anxiété. À me rassurer seule. À prendre suffisamment de recul pour relativiser. Et je crois que cet aspect de mon travail sur moi est ma plus grande fierté.
Ça, mais également une autre leçon de vie importante : je n'ai besoin de personne pour exister. Si ma thérapie m'a appris une chose essentielle, c'est bien cella-là. Exister pour soi, et non pas pour quelqu'un d'autre, et encore moins à travers quelqu'un d'autre. Et c'est de là, que naît le second axe de mon travail sur moi.
Ces derniers mois, je pensais avoir déjà traité ce problème. Mais il s'avère que je l'ai si bien traité, que j'ai basculé dans le parfait opposé : j'ai fini par refuser en bloc que qui que ce soit prenne trop d'importance dans ma vie. Et je sais désormais sur quoi me concentrer.
Tu vois, cela fait maintenant deux ans (approximativement) que nos chemins se sont séparés en tant que couple. Tout juste un an, en tant qu'amis (ou quoi que ce soit d'autre). Pourtant, je n'ai pas pansé le tiers des blessures que notre histoire m'a infligées. Que ce soit par ta négligence, ton indifférence ou tes mots parfois assassins. Sache que je n'ai même pas pris le temps de lister les mécanismes de défense que tu as déclenché chez moi et que je m'évertue de combattre aujourd'hui. Je travailles encore sur moi; petit à petit je me reconstruis. Mais je ne baisse pas les bras. Un jour, je ne ressentirai plus l'impact que tu as eu dans ma vie.
Ne te méprends pas : je n'oublie rien de ce que nous avons vécu ; le mal et encore moins le bien. Et je ne dénigre pas la beauté et la puissance de nos sentiments. Je crois juste qu'avec le temps, j'ai appris à poser un regard plus pragmatique sur notre histoire : elle était vouée à l'échec, dès le début. À l'instant même où nos regards se sont croisés, ce jour de rentrée scolaire en seconde, nous étions voués à l'échec. Parce que je suis tombée amoureuse du regard que tu posais sur moi avant de tomber amoureuse de toi. Et que tu es tombé amoureux de l'image du futur toi auprès de moi, avant de tomber amoureux de moi. D'aussi loin que je me souvienne, au lycée, tu n'avais de cesse de m'admirer. Tu me voyais comme la solution à tous tes maux : comme ta chance d'accéder à une vie meilleure. Quant à moi, je me délectais de ton admiration. Pour une fois dans ma vie, j'étais le centre d'un univers. Tu n'avais d'yeux que pour moi, et c'était une sensation grisante. Et avec un peu de recul, je crois que c'est ce qui a causé notre perte.
Une fois de plus, ne te méprends pas. Je t'ai aimé. Bon sang, oui, je t'ai aimé. Si fort que j'aurais pu mourir pour toi. Si passionnément que je voyais ma vie à tes côtés. Et je crois même, en toute honnêteté, qu'une part de moi ne cessera jamais de t'aimer. D'aduler ce que fût notre relation, et de fantasmer sur tout ce que nous aurions pu bâtir. Et je ne remet pas une seule seconde en doute la sincérité de tes sentiments non plus. On s'est aimé. Intensément. Follement. Passionnément. Mais terriblement mal. Pas comme il fallait, et pas pour les bonnes raisons. Nous ne nous sommes jamais aimé pour ce que nous étions : tu m'aimais pour ce que tu croyais que j'étais, je t'aimais pour ce que je croyais que tu étais. Tu m'aimais car tu pensais que je t'offrirais un avenir plus doux que celui que tu te croyais prédit, et je t'aimais car je pensais qu'il n'y avait qu'avec toi que je serais si spéciale.
Pardonne cette longue lettre, je crois que j'avais simplement besoin de coucher mon parcours sur papier. Et de te montrer, aussi, que ma vie ne s'est pas arrêtée le jour où tu en es sorti. Bien au contraire, sans chercher à te blesser. Je suis plus qu'heureuse de dire que ma vie est plus belle aujourd'hui qu'elle ne l'a jamais été.
Je ne sais pas si un jour, cette lettre te parviendra. Mais si c'est le cas, je te demanderai de ne pas y répondre. Vois cela comme une confession, et non pas pour une invitation à renouer. Le fait est que malgré tout ce qu'il me reste à reconstruire, je te souhaite sincèrement le meilleur. Mais je ne souhaite pas connaître les détails de ta vie pour autant. Il n'y a rien de méchant, ni de mesquin là-dedans. Simplement, je n'en ressens ni le besoin, ni l'envie. J'espère que tes projets se concrétisent, que tu es heureux et qu'aucune ombre ne vient ternir ton horizon. Mais je ne me sens tout simplement plus concernée par ton quotidien, tout comme je ne t'estime plus concerné par le mien. J'espère que tu le comprendras.
Je te souhaite de mener une belle vie, et d'être heureux. J'espère que tu auras su vaincre tes propres démons, et que tu seras parvenu à panser les blessures que je t'ai causées.
Affectueusement,
Rine
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Rine Kamose

Finalement, on se connaissait peu.
Souvent, on ne partageait pas plus que quelques banalités d'usage au détour d'un couloir.
Mais parfois, on discutait plus longtemps. Plus profondément, aussi.

Sache que ces instants restent tous gravés dans ma mémoire.
Tu dispensais toujours de belles paroles : sages, bienveillantes, avisées mais toujours amusantes.
Un large sourire barrait toujours ton visage et tu riais si fort dans les couloirs que personne ne pouvait ignorer ta présence.
Et puis... combien de fois as-tu remonter le moral des doctorants, moi y compris ?

Tu étais un être lumineux - un être rare dans le monde de la recherche.
Aujourd'hui, je ne peux qu'oser imaginer la douleur et la peine que sont celles de ta femme et ta petite fille. Une belle vie s'offrait enfin à vous, et c'est le coeur brisé que je constate que tu ne verras jamais grandir ton enfant.
Tu es parti si vite, si brusquement.. et tu laisses un vide immense. Aussi immense que ton sourire, ta gentillesse, ta bienveillance et ton talant.

Ce soir, je pense à toi. Ce soir, je te rends hommage à travers ces quelques lignes et je promet de ne jamais oublier tous les conseils avisés que tu m'as donné.

Puisses-tu reposer en paix.
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