Exploration Urbaine

de Image de profil de AinosR.AinosR.

Avec le soutien de  ...., AudreyLD, William BAUDIN, rvrchristian 
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Tom avait prévu depuis longtemps une incursion dans un de ces bâtiments qu’il affectionnait tout particulièrement, un bâtiment abandonné. Pas n’importe lequel, un lieu où il y avait eu beaucoup d’activité et qui avait cessé brutalement d’exister comme une prison, un collège, une usine ou encore un hôpital.

Cette fois, il avait jeté son dévolu sur un établissement de santé, la clinique Laënnec. Les autorités compétentes en étaient arrivées à la conclusion qu'elles, celle-ci et deux autres, ne pouvaient plus être modernisées pour y garder leurs activités historiques.

Les rénover ?! Autant jeter de l'argent par les fenêtres. Bien entendu, les trois entités ne montrant pas de bilans financiers positifs, un grand groupe les avait rachetées dans le but d'assainir leur situation. Sous couvert de la rentabilité et avec la bénédiction des politiques, les actionnaires avaient donc décidé de les regrouper dans une seule et nouvelle structure, la polyclinique des Portes du Jura. Cela permettrait de faire des économies de personnel en mutualisant les services administratifs ou communs, de réduire les frais fixes et de faire enfin un bilan optimiste quant à son avenir. Espoirs vains, puisqu'elle venait de fermer définitivement avec près de vingt ans de sursis et quelques déboires notables, comme cette interdiction d'exercer en gynécologie-obstétrique qui avait forcé à la fermeture temporaire de la maternité. Coïncidence avec la vente des bâtiments situés Faubourg de Besançon, derniers vestiges d'un passé révolu ?

Revenons aux années quatre-vingt-dix, époque de la fusion des trois sites, cinq ans après leurs transferts dans les nouveaux locaux situés rue Léon Blum, la Citadelle située dans la rue du même nom, avait été rachetée par l'Organisme de Gestion de l'Enseignement Catholique et avait laissé place au collège privé Saint Maimboeuf. Celle du Château, rue Henri Mouhot, avait été réhabilitée presque aussi rapidement, le temps de quelques menus travaux, en logements et bureaux. Il ne restait plus que Laënnec. La clinique avait été laissée à l’abandon pendant au moins vingt ans. Tom avait même pensé qu’ils finiraient par la détruire mais il venait d'avoir vent d'une réhabilitation du site grâce à l'un de ses amis proches, agent immobilier. Il avait pu voir les plans et les découpages en lot prévus pour une vente à des particuliers.

Son projet d’exploration devenait urgent ! Il avait sûrement trop attendu, le temps passe si vite dans ce monde pressé. Mûr ou pas mûr, il fallait agir vite tout en restant discret dans ses repérages et se préparer au mieux. Dans ce genre d’aventure, on n’était jamais sûr de rien et les surprises n’étaient pas exclues.

Il s’installa à son bureau, réveilla l’ordinateur, ouvrit son navigateur internet et se rendit à nouveau sur le site de Google Maps afin de vérifier une énième fois l’environnement. Sur les plans en version papier qu’il avait imprimés, il annota certaines rues et apposa quelques flèches représentant les éventuelles possibilités d’entrées et de sorties de l’enceinte de la clinique. Mais s’introduire dans le bâtiment allait s’avérer beaucoup plus difficile. L’administration avait renforcé les moyens anti-intrusions après de nombreux squats et la sécurisation du site avait pris un niveau supplémentaire quand un incendie avait été déclenché dans une des annexes qui abritait à l’époque le spécialiste des mains et les radiologues. Certaines fenêtres avaient même été murées.

Il repositionna la page internet sur vue aérienne pour obtenir une définition des murs extérieurs du bâtiment et faire correspondre l’image avec son plan papier. Grâce à des connaissances qui avaient travaillé à la clinique, il avait pu, d’après les descriptions entendues, compléter ce plan grossier : ce qu’il y avait à chaque étage, les différents moyens d’accès à l’époque… Tom espérait pouvoir s’introduire par l’une de celles-ci mais il avait déjà dû se rendre à l’évidence que certaines, les plus visibles ne lui permettraient pas d’accéder aux différents bâtiments. Elles avaient subi le même sort que les fenêtres : murées. Il lui restait à chercher les quelques autres accès qui n’étaient visibles ni sur le net ni depuis l’extérieur de l’enceinte de la clinique et connues uniquement du personnel soignant.

Il n’était encore même pas sûr de réellement pouvoir entrer ! Dans le pire des cas, il essaierait de jouer aux acrobates et d’escalader un peu… Tom était en bonne forme physique mais il n’avait quand même pas les capacités des Yamakasi... !

Il avait prévu d’y passer au bas mot vingt-quatre heures. Son exploration de jour lui permettrait de fixer avec son appareil photo les pièces laissées à l’abandon et de s’approprier les lieux avant de les explorer de nuit, espérant ajouter des dimensions nouvelles à sa première série de clichés, quitte à ce qu’elles soient fantomatiques, fantastiques et, qui sait, peut-être surnaturelles. Tout du moins l'espérait-il !

La veille, il prépara son sac à dos avec le nécessaire pour son immersion : repas, boissons, appareil photo, bloc-notes, lampe de poche, lampe frontale, enregistreur numérique et bien sûr une quantité non négligeable de piles et de batteries afin de ne pas tomber en panne… Ce serait dommage de mettre fin prématurément à l’exploration faute de piles neuves…

Le bloc-notes allait lui servir à mettre par écrit tout le cheminement de son exploration et indiquer les numéros des photographies et des cartes mémoires s'y rattachant. Ce serait bien utile lorsqu’il préparerait la publication de son exploration sur son blog afin que tout soit cohérent. Même avec sa mémoire d'éléphant et vingt-quatre à trente-six heures d'investigations, il lui serait très difficile de se souvenir tout.

Tom était fin prêt, enfin accessoirement parlant !

Sa connaissance l’avait prévenu, le personnel, y compris le personnel soignant, avait veillé à vider la clinique de tout son contenu. Et puis c’était ce qu’il appelait une « fin programmée » : le tout avait été transféré soit dans les nouveaux locaux, soit à un établissement de santé déjà existant, comme La Miotte à Belfort.

Il savait donc qu’il n’avait que peu d’espoir de trouver ce qu’il affectionnait : un lieu resté en suspens, attendant à jamais le retour de son personnel et des patients. Mais l’envie d’explorer tout de même ce lieu l’emportait. S'il ne le faisait pas, alors qu'il en avait encore la possibilité, il le regretterait. Sur ce, il alla se coucher et programma son réveil pour le milieu de la nuit.

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