Je t'écris le 25 avril 2020, tu te souviendras surement de cette période, qui aura été très longue, très douleureuse mais enrichissante et j'espère qu'elle n'aura pas trop amoché notre relation à tous les trois.
Naomi a bientôt 5 ans et Aiden aura 3 ans. Tu te souviens que Aiden demandait des couettes dans les cheveux comme Naomi ? Mais ces beaux cheveux blonds n'étaient toujours pas assez long. Naomi réclamait toujours des bonbons et du chocolat blanc et évidemment, des dessins animés. Mais quand on sortait dehors, elle bondissait avec beaucoup d'agilités d'une pierre à l'autre, non pour traverser la rivière, juste pour jouer. Ils cuillaient les fleurs, disaient "chut" pour écouter un oiseau et ils commençaient même à reconnaitre le chant de la mésange charbonnière. On allait jouer dans des bacs à sable naturel qu'avait créé la cru bien avant le confinement.
On a beaucoup pleuré, je ne voulais plus me lever le matin, mais leur envie de vivre m'y obliger. Même si tous les jours de ce confinement avaient leur dose de "pas bien" qui me faisait énormément culpabiliser, il y avait beaucoup de "c'était bien" c'est grâce à ça que mon morale tient et je sais qu'il tiendra jusqu'au bout, n'est-ce pas ?
Est-ce que tu as trouvé l'amour ? Celui dont je rêve aujoud'hui, on a les mêmes passions, la randonnée, la nature bien sûr... Est-ce que tu as trouvé un emploi qui te plaît ? Tu sais que c'étais pas très précis à l'époque... Est-ce que tu as réussi à trouver une maison à Laussonne ? Est-ce que tu as toujours des crises d'angoisses ? As-tu continué d'écrire ? T'es tu amélioré au violon ? Aiden a bien arrêter de téter hein ? t'as enfin dormi une nuit entière ?!
J'espère vraiment que beaucoup de "problèmes" se sont améliorés en 2025, concernant les enfants ou toi et que les nouveaux "problèmes" sont gérables facilement. Et... t'as fait un autre p'tit ?

Florence, 26 ans, confiné, célibataire avec deux bout'chous et un lapin nain.

Il est six heures et demi, les rayons du soleil me réveille, j'éteins la sonnerie de mon petit téléphone qui me casse les oreilles et qui sert à rien. J'ai dormi que quelques heures encore, je suis fatiguée à force d'enchainer les nuits courtes, mais je dois me lever pour aller au collège. Je déjeune des corns flakes tous les matins depuis autant que je me souvienne, dans le même bol bleu avec mon prénom, après je m'habille dans ma chambre, la seule pièce qui est à l'étage, sous le toit pas isolé. C'est toujours mon père qui me conduit au collège, avec une deux-chevaux un peu rouillé, c'est ce qu'il a trouvé de mieux pour remplacer la dernière voiture qui avait trop de problèmes. Il chante encore l'Habanera, il est tenor je crois, dans une chorale de vieux. Quand on est presque arrivé, je lui demande de ne pas se garer devant l'établissement, il me demande pourquoi et comme d'habitude je ne préfère pas lui répondre. Les cours se passent presque comme d'habitude, on change d'étages presque à chaque sonnerie et on remonte après la pause, on piétine puis on reste assis une heure ou deux parfois, c'est fatiguant et long, je m'ennuie à mourir. Ce jour là, on a un cours de sport. Parfois

C'est l'automne, les feuilles tombent du ginkgo et voltigent faiblement autour de la fontaine du centre. Plus bas, elles se répandent sur les longues marches faites de pavés et Bertrand est assis là dos aux feuilles et parfois une se dépose sur son vieux béret gris. Une main tendue, les ongles noirs et repoussant, il s'imagine autour d'un repas, ses enfants sont là, avant qu'il soit licencié par sa boîte. Quand une fillette accompagné de sa mère, voit Bertrand assis là, bras tendue. Elle tire sur la longue jupe de cette dernière et lui pointe le vieux monsieur du doigt. << Est-ce que je peux donner un peu de mes frites au Monsieur ? >> Sa mère lui répond discrètement : << Oui, vas-y. >> Charlotte sait qu'une loi interdit qu'on donne de l'argent à une autre personne quelque soit son statut. Après avoir saluer le mendiant, elles reprennent leur chemin vers la maison. Bertrand reconnaissant, secoue son béret et regarde la feuille doré reprendre ses voltiges au dessus des marches.