Il est six heures et demi, les rayons du soleil me réveille, j'éteins la sonnerie de mon petit téléphone qui me casse les oreilles et qui sert à rien. J'ai dormi que quelques heures encore, je suis fatiguée à force d'enchainer les nuits courtes, mais je dois me lever pour aller au collège.

Je déjeune des corns flakes tous les matins depuis autant que je me souvienne, dans le même bol bleu avec mon prénom, après je m'habille dans ma chambre, la seule pièce qui est à l'étage, sous le toit pas isolé.

C'est toujours mon père qui me conduit au collège, avec une deux-chevaux un peu rouillé, c'est ce qu'il a trouvé de mieux pour remplacer la dernière voiture qui avait trop de problèmes. Il chante encore l'Habanera, il est tenor je crois, dans une chorale de vieux. Quand on est presque arrivé, je lui demande de ne pas se garer devant l'établissement, il me demande pourquoi et comme d'habitude je ne préfère pas lui répondre.

Les cours se passent presque comme d'habitude, on change d'étages presque à chaque sonnerie et on remonte après la pause, on piétine puis on reste assis une heure ou deux parfois, c'est fatiguant et long, je m'ennuie à mourir.

Ce jour là, on a un cours de sport. Parfois j'ai mes règles et c'est très douloureux de participer au sport mais aujourd'hui ça va. On fait du badmington, j'adore ce sport, je suis doué pour réceptionner le volant et j'étais avec des camarades normaux donc pas de soucis. Je vais boire au vestiaire et je reviens dans le gymnase m'assoir sur le banc, le cours n'est pas fini on fait juste une pause.

Je me rends compte que à coté de moi, il y a une fille que je dois éviter. Elle s'est assise aussi et vient de remarquer ma présence. Elle commence à me causer méchamment, je ne prête pas trop attention, je fais genre d'écouter un minimum parce que sinon c'est pire. Je me lève pour m'éloigner alors qu'elle commence à être trop énervé, je suis maintenant bien au dessus d'elle, puisque je suis une grande fille pour mon âge. Ca ne lui a pas plu, elle a paru choquée, elle se lève, constate qu'elle est effectivement plus petite et commence à me bousculer en demandant si je cherche la merde et débite d'autres mots pourris sortant de sa bouche. Je reste figée quelques secondes et décide de fuir, maintenant, je quitte le cours. Je me change au vestiaire, je prends mes affaires, je saute par dessus la barrière du collège après l'avoir escaladé. Je sais que la professeure ne remarquera pas mon absence tout de suite, je suis discrète et je peux m'échapper du bahut quand je veux et c'est très rassurant, pour moi.

Je me sens très mal, une fois de plus humiliée, je décide d'aller marcher le long du canal du Midi, en direction du pont canal. Je le trouve magnifique comme les rives du canal, les platanes en feuilles, les sentiers des deux cotés, c'est calme, il n'y a plus personne, plus aucune menace. Rien que la solitude, l'air frais de dehors et un nuage gris qui est sorti du gymnase en même temps que moi. Je me sens menacé par ce dernier, je flaire qu'il va pleuvoir et là où je vais, je vois que le ciel est dégagé, donc je pense pouvoir échapper à la pluie. J'avance d'un pas moins apaisé que d'habitude et ce que je redouté arriva, il se met à pleuvoir, le nuage me suit toujours alors que j'essaie désespérément de rejoindre le soleil. Je le prends très mal, mon moral déjà brisé à cause de l'événement précédent s'émiette un peu plus, je continue de marcher en m'effondrant en larmes.

Un monsieur me voit, je le salue poliment et il remarque que j'ai pleuré. Il me dit des mots réconfortants, je suis intimidé mais cela me fait plaisir. Je n'ose pas le remercier parce que je me sens trop déprimé mais je lui souris.

Si tous les adultes qui m'entouraient quand j'étais adolescente avaient eu autant d'attention que cette personne que j'ai croisé sur les bords du canal, ma vie aurait sûrement était meilleure.

Merci Monsieur.