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Améliefg

Défi
Améliefg




Du haut des échafaudages, sa voix de ténor osait : opéra, opérette, variété.
Au temps des tensions mystérieuses, leurs voix s’entrechoquaient, deux armes aiguisées, la sienne à elle distincte et en hauteur, la sienne à lui tout en résonance alarmante.
En de tels moments, ces deux voix empruntaient l’allemand, que j’appelais la langue de la guerre. Bien trop petite, je ne faisais évidemment pas référence à l’histoire. Chaque fois qu’ils se disputaient, leurs voix usaient de cette langue inconnue, âcre. Piètre subterfuge : les sons âpres suffisaient à nous annoncer le duel vocal.
La cacophonie était fulgurante, compensée par un autre mystère, un territoire fabuleux, souvent le soir au moment du coucher.
Elle élevait la main, légèrement, les doigts séparés en une courbe de danseuse, et de sa gorge s’évadaient des notes fluides, limpides, hautes et légères, en trilles. Un oiseau.
Les pêcheurs de perles. Aux marches du palais. Carmen. Miette si jolie, si joliette. La forza del destino de Verdi.
Sa main sculptait l’air sous nos yeux ébahis. Elle laissait sa voix vibrer, s’élançait, haut. Une note étoilée.
Il tenait la sienne, descendait vers les graves, paraissait l’attendre quand il n’en n’était rien. Et leurs voix se mêlaient en un accord qui nous cueillait au cœur, à l’oreille, et nous faisait pleurer. D’un bonheur inexprimable.
Sa voix à elle a disparu, mort prématurée. Son chant à lui s’est tu. Désenchanté.
Alors je chante.
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Défi
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Je venais d'avoir six ou sept ans : parents, frères, oncle, tante, leurs trois fils, repas et bougies.
Journée folle, drôle. Les deux sœurs chantaient et si j'aimais la voix de ma mère, celle de ma tante, plus grave, lui apportait un écho émouvant. Frissons, apaisement.

Huit enfants ensemble, à rire, parler, s'amuser. Les parents pouvaient se retrouver entre eux.
Mickaïl et moi avions décidé de jouer les pirates, espions de maison, détectives de cuisine.
J'eus l'idée. Forcément géniale.
Au dernier moment, il joua les garçons : manque d'audace, peur.
Je me retrouvai seule sous la table de la cuisine. Je vis des pas se diriger vers la porte de la pièce, quelqu'un la ferma et les deux couples s'installèrent.

La table est si grande que nul pied ne détecte ma présence. Il est trop tard pour que je sorte de là : Interrogation, surprise, colère, gronderie.

Ils disent des mots. Ils parlent doucement, parfois tout bas. Ça ne se dispute pas mais ça discute ferme.
Mon oncle parle avec la voix que je lui ai toujours connue, une tonalité douce : silicose, retourner au pays.
Ma tante demande à mes parents de réfléchir : construire ensemble comme des castors.
Je suis repliée, les pieds au sol, ma tête posée sur mes genoux ramassés contre moi.

Si je pouvais. Mais on ne peut pas fermer ses oreilles.
— Pas mourir en France.
La conversation est terminée. Une femme pleure. Ma mère ? Ma tante ?

Dans la chambre, Mikaïl ne dort pas. La culpabilité de m'avoir lâchée au dernier moment l'a poussé à m'attendre.
— Ils ont dit quoi ? Alors ? Raconte !
Je glisse mon corps tendu dans les draps, contre lui. (mal à respirer)
Je dis à Mikaïl que je ne sais plus. Ils ont parlé entre eux, ils ont ri (menteuse). Tes parents voudraient repartir là-bas. Je lui dis que c'est bien (blabla), il y a la montagne et je viendrai (raconteuse d'histoires).
— Quel chanceux ! La montagne (j'ai mal au cœur). Tu sais, l'école c'est le matin et l'après-midi, on fait de la musique ou du sport ou les deux. C'est fantastique.
— Et toi ? et vous ? Vous viendrez aussi ?
— Mikaïl, ne dis rien. Laisse-les t'annoncer la nouvelle. Promets !
(mal au ventre).
Il promet.
Je ne parle pas des mots entendus qui me tordent le ventre et la tête. Je parviens presque à me convaincre que j'ai imaginé, déformé, que je suis trop petite pour avoir compris.
Je raconte les ours (c'est vrai), le grand fleuve (c'est vrai aussi), ses parents très heureux (c'est faux, archi faux, je suis horrible), une autre langue à apprendre (il la connaît déjà). Bon, ben tu la connaîtras mieux.
Je jure que je viendrai.

J'y suis allée. Souvent. Une fois j'y suis restée un an. Puis une autre fois encore un an. Ils ont construit leur maison. Dans la montagne. Et Mikaïl et moi jouions. Nous avons vu les ours.
Mon oncle, toi et mon père, vous m'appeliez : la petite souris.
Alors si jamais tu me vois révéler cela, j'espère que c'est toi qui souris.

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Défi
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C'était hier. Et hier est encore aujourd'hui, tant je ne réalise pas. Hier...
Les "hier" sont tous des vieux morceaux de bois pourri, flottant sur l'eau, tenez, comme celui-ci, qui arrive doucement sur la rive. Le petit courant les trimballe, les vieux morceaux de bois vont et viennent mais finissent toujours par s'échouer.
Ah mais non, ce n'est pas du bois. C'est. C'est un corps.
Un furet. Mort.
Combien de fois leur ai-je dit, de ne pas faire n'importe quoi de leur animal sous prétexte qu'ils l'aimaient même au-delà de sa mort ?
Balancer un furet dans le lac, c'est indigne.
Comme abandonner n'importe qui d'ailleurs. C'est indigne.
Après, allez savoir si l'animal n'avait pas quelque leptospirose ou la rage ?
Je suis assis là, sur les pierres plates et je contemple cette étendue calme, à peine un friselis ce matin. J'aime les rives de ce lac, j'aime ses criques, sa couleur verte l'été, sa transparence.
J'aurais aimé que ma vie soit aussi transparente. Non. Ce n'est pas l'heure des mensonges.
J'aurais aimé que sa vie à elle soit claire. J'aurais préféré qu'elle me dise les mots du changement, de l'éloignement.
Peut-être que "l'autre" y a droit, à la clarté. Peut-être qu'il s'y prend mieux que moi.
Depuis hier.
Quarante ans de quotidien, de rage comme le furet, mais aussi de rires, de joies, de repas de chair et de bonne chère.
Ha oui il doit être heureux, l'autre, depuis hier.
Heureux autant que je suis ahuri, désespéré, fâché. On se protège comme on peut. Tous.
Je suis un furet mort jeté à l'eau du lac, je suis un hier désappointé, j'ai la rage de la désespérance.
Je réfléchis, n'y comprends rien ou ne veux pas. Je réfléchis et mon visage aussi se réfléchit dans l'eau.
Ha ! Je ne m'étais pas même aperçu que je tripotais ce caillou plat. Mes élucubrations vont le polir bien mieux que des siècles d'eau, si ça continue.
Tiens ! Prends ça ! Je n'ai pas tout perdu, je suis encore bon aux ricochets. Tiens, un autre ! Trois bonds. Et voilà, ça revient, six rebonds !
Encore un peu d'entraînement et mon lancer atteindra peut-être l'autre rive. On parie ?
Rebondir.
Oui, c'est ça. Je peux rebondir.
Aujourd'hui un peu. Et demain bien mieux.

* * *
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Défi
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Ressassant chez Sacha il se lâche et fâché, saisit la laisse de son chat sachant que ça ce saura.

Il vit à Java et jamais on n'y vit vie si vive.

Sans valoir la voix du laveur au lavoir, là, vois, la voile à laver, elle vole sur la voie.

La jarre du Rajah JARU a jugé sage la rage du Rajah après sa rajih.

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Défi
Améliefg

Les autochtones se coupaient la parole, affirmant que le son était comme ceci quand d'autres prétendaient qu'il était comme cela. Un spécialiste de l'acoustique prit l'initiative de lister les points communs ou les différences. Il n'est rien de plus difficile à décrire qu'un bruit inconnu et insolite.
— Continu, le bruit ?
Oui ! cria le groupe à l'unanimité.
— Non, répondit le vieil inuit. Plutôt comme une virgule répétée.
— Une virgule ? demanda le spécialiste, peu sensible à la poésie et la métaphore.
— Et le son est un fa bémol.
Des éclats de rire fusèrent depuis l'équipe de professionnels, composée de techniciens, plusieurs militaires et autres sommités déplacés sur la banquise pour examiner le phénomène. Par politesse, l'un d'eux expliqua l'hilarité :
— Un fa bémol est un mi.
Le silence gagna l'échange des remarques passionnées provenant des inuits. Dans leur langage, un jeune homme impudent murmura assez fort pour être entendu :
— Il ne sait pas ce qu'il vient de dire à mon grand-père, le type là, avec ses galons.
L'équipe dépêchée par plusieurs Etats ressentit le changement d'atmosphère, devenue presque hostile.
— Monsieur Kanasami, sans vouloir vous offenser, le fa bémol est un mi.
Le vieil homme releva un visage buriné. Le traducteur semblait nerveux.
— Jeune homme, sachez que le comma pythagoricien a une distance sonore de 1/9 ème de ton. Je puis même vous préciser que ce fa bémol est sur la cinquième gamme. Selon mon oreille, il vrille mes tympans à une hauteur de cinq gammes et demi.
Une voix se fit entendre depuis le groupe des spécialistes :
— Qu'est-ce que ces histoires de comma ! À croire que nous aurions dû convier Paganini, Rubinstein et Bach pour résoudre ce problème.
Un rire parcourut l'équipe, trop nerveuse pour que la blague soit accueillie avec liberté. Un type à barbe et lunettes lui conférant un air sérieux prit la parole avec douceur :
— Monsieur Kanasami semble détenir des connaissances musicales et celles-ci pourraient nous permettre de comprendre le phénomène, ne croyez-vous pas, Général Michardeux ?
L'officier saisit à la seconde le message de diplomatie que lui adressait l'éthologue. Sa présence tenait à la notoriété dont il bénéficait dans le milieu des spécialistes du comportement animalier, aquatique en particulier.
L'inuit exigea alors de rester seul avec l'éthologue, le Général et dans l'instant, les inuits tournèrent le dos à l'assemblée et repartirent vers Igloolik, le village.
— Résumons-nous, déclara Monsieur Kanasami. Ce bruit fait fuir les baleines, phoques et j'en passe. Il provient des fonds, au large de Fury et Hécla. Ce son est tel que je l'ai décrit, à savoir fa bémol en cinquième portée. Il n'est pas continu, du moins à mon oreille. Vous avez sans doute des instruments plus performants que ma capacité auditive. Je veux ajouter que ce son me hante et n'y voyez pas de ma part une intention d'attirer votre compassion. Le fait est cité afin que vous compreniez que le bruit est lancinant et le son se propageant fort bien dans l'eau, je n'ose imaginer ce que les animaux subissent.
— Nous avons vu des bancs de baleines dans les parages.
— Oui, peut-être, dit le vieil homme, mais chez vous, n'avez-vous pas des curieux se regroupant autour d'un accident au lieu de passer leur chemin ? Ou bien n'avez-vous jamais vu de badauds s'agglutiner devant un incendie au lieu de dégager la voie pour les secours ? Qui saurait me dire avec certitude de quelle manière les animaux se comportent en cas d'intrusion sévère, comme ce bruit strident, percutant, entêtant ?
Le général écoutait, en lisant les derniers rapports : pas de son audible depuis l'installation des premières sondes. Le vieil inuit parlait calmement. Sa voix vibrait cependant d'une passion pour la vie.
— Monsieur Kanasami, serais-je présomptueux en imaginant que vous avez une idée sur la source du phénomène ?
Le silence immédiat du vieillard constituait un aveu. Il savait. Du moins, il détenait une hypothèse.
— Je vous remercie par avance de ne pas rire en ma présence lorsque je vous dirai ce qu'il me semble. J'espère que, lorsque je vous aurais fait part de ce que j'imagine, vous appréhenderez et examinerez le phénomène d'une manière différente. Je pense que l'océan ne supporte plus les agressions de l'homme, les intrusions, les forages et expéditions envahissantes. Il ne supporte pas davantage ce qui se produit à l'autre bout du monde, ces sècheresses artificielles, ces guerres fratricides, cette pollution des esprits. Tout cela a des répercussions sur cette partie du globe. Je pense que l'océan fatigue. Il réagit comme il le peut mais il est malade.
Je crois que l'océan a un acouphène.
Personne n'éclata de rire.

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Améliefg


Tout aurait pu, aurait dû être sincère, intime, doux, ce soir-là. Dès que la vieille Géraldine ouvrit la porte, je sus que tout se révèlerait faux, comme à l’habitude. Qu’avais-je espéré ? Chaque année s’avérait tendue. Nous avions droit à des regards dédaigneux, des remarques insidieuses, la mutité de la mère.
— Que de douleur, murmura Géraldine… Que de la douleur.
Je pris à bras le cœur cet aveu, sur un mode léger :
— Allez, Géraldine ! Qu’est-ce qu’il a cette année, le vieux ? Il joue son rôle d’égocentrique ? Vous le savez pourtant que tout manque d’élévation dans cette maison !
En souriant, je lui fis un clin d’œil et posai ma main sur la sienne, fermée en un poing de défense, rond, rugueux : les lessives, la cire sur le plancher, les fenêtres à laver. Géraldine, elle est comme ça. Depuis que je suis petite, elle ne se ménage pas, respecte le Paternel comme on idolâtre une icône.
La table était mise. Argenterie, serviettes repassées, verres limpides.
— Papa ? Il y a une place vide. Attend-on quelqu’un de tes amis ?
— La place du mendiant !
Il avait rugi les quatre mots comme une évidence, comme un rite qu’il eut respecté depuis toujours. Je ne soupirai pas encore. Il avait donc décidé de la jouer « Je suis parfait ». Mais nous étions ses féaux, voire des ânes, des chevaux et c’est lui qui tenait le harnais. Ma sœur aînée, se voulant diplomate, changea de sujet :
— Et ta bronchite ? En voie de guérison ?
Ha… Hannah. Tout un poème. Chaque fois qu’elle tentait de raccrocher les wagons, d’aplanir les tensions, elle choisissait malgré elle le sujet qui fâche sous couvert de sollicitude filiale, elle prenait la direction de la catastrophe, s’avançait en terrain mouvant.
— Comme si tu t’en préoccupais !
Le patriarche, arrogant, ébaucha un sourire carnassier, cynique, cruel. Un vrai crocodile.
La mère, humble, discrète, se tenait légèrement en retrait. J’eus la vision d’un duel pour l’honneur bafoué depuis des années. Elle l’aurait défié, comme ça, en jetant au sol un gant blanc. Elle l’aurait défié, oui, lui aurait au préalable rappelé le temps où il était jeune, brave, bon, charmeur, fort. Pour l’humilier. Elle aurait osé lui dire des vérités ensevelies.
Mais elle ne fit que s’installer, menue, droite, presque rigide. Et silencieuse. Douce. Une plume dans une carapace en coton amidonné, à moins qu’elle conservât en elle le germe d’une plante répandue : la colère, la rage, la vengeance.
Juste derrière mon père, je vis le ciel, à travers la porte-fenêtre. Un oiseau traversa l’air. Libre. Le patriarche parlait fortune, investissements, golf, chasse au sanglier.
Ma mère questionna les enfants sur leurs passions. Je la sentais, sa tentative de couper délicatement le fil discursif, autocentré, de ce personnage qui avait terrorisé notre enfance. Ma sœur Hannah gardait les yeux baissés, triturait les dents de sa fourchette comme si elle triait les aliments posés dans son assiette. Notre père émit un grognement. Il ne pouvait décemment se fâcher : après tout sa femme s’adressait à la génération future, la sienne, la leur.
Faute d’intérêt manifestée par le vieux, les enfants répondaient au plus juste à leur grand-mère. Politesse. Ils écourtaient leurs récits par crainte, diffuse, d’ennuyer leur aïeul. Le plus jeune, neuf ans, moins perméable à cet amoncellement de bienséance, d’hypocrisie, de souveraineté tyrannique, vit arriver Géraldine et le dessert. Ses yeux s’écarquillèrent de plaisir. Il cria :
— Une charlotte aux fraises ! Géraldine, t’es géniale divine ! Ça rime !
Géraldine, la vieille servante familiale, s’illumina d’un sourire merveilleux, franc, frais. Et je vis alors la Géraldine de mon enfance, je revis ma mère patiente et drôle, ma mémoire fit renaître le chant des deux femmes. Puis me revint ce père absent régulièrement et dont nous appréhendions chaque fois le retour.
Le père, cette fois, grogna de nouveau. Il avait trouvé un motif :
— Clément, sache qu’on ne peut s’adresser ainsi à une domestique, et que de surcroît les termes «génial, chouette» et j’en passe, ne sont pas de mise dans cette maison.
Géraldine se figea. Ma mère alors repoussa doucement son assiette à dessert, posa sa serviette et se leva, puis annonça calmement :
— Géraldine, s’il vous plaît, servez-nous le dessert au petit salon. Nous nous amuserons bien mieux, il y a des jeux pour les enfants et nous serons plus à l’aise. Et puis, ce sera chouette et génial.
Mon père était statufié, sidéré. Ma mère ajouta :
— Allez les enfants. Venez. Et laissons-là votre grand-p… le…. Ce « monsieur ».

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Automne rouge, ocre et roux. La semelle avance. Mécanique du corps enrayée par un caillou minuscule dans le soulier. Après une pause, le gravillon est délaissé, la chaussure relacée. À l'instant où je repars, je perçois et ressens. Mes orteils se soulèvent et s’abaissent dans un ensemble parfait. Instrumentistes silencieux. Le talon pointe le pied en hauteur, lequel s'appuie ensuite sur le chemin. J'aplatis les feuilles, je pèse de mon poids sur les aiguilles des pins, le plaisir du geste me réjouit. Le bout de ma chaussure soulève l’amas de feuilles. Ce pied plié, tendu, ravive mon enfance.
Un muscle ignoré tire la cheville, chaque pas me propulse, pas seulement sur la terre. Je pourrais m’envoler. Après tout, j’accomplis parfois la prouesse dans mes rêves. J’en suis certaine maintenant : mon sang pulse jusqu’à mi-jambe, résonne dans ma poitrine. Tam-tam régulier, puissant, rassurant.
De la marche à la danse, il n’est qu’un pas, un emballement, une passion de la voûte plantaire, comme elle est belle cette appellation. Un équilibre assuré, parfois précaire. Musique et poésie. Comme il est étrange, ce geste si fréquent : la marche. Ce geste anodin qui devient un présent lorsqu’on en prend conscience.
Je marche sans le savoir. Chaque jour, j’avance sans y penser. Ce pied qui se meut, plie, appuie, bat la mesure de mes humeurs, de mes allures et mes postures.
Jamais nous ne songeons à ces pieds danseurs, coureurs, promeneurs discrets qui portent notre vie.
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Améliefg
Très simple : J'aime.. Je n'aime pas. Déclinaisons.
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Défi
Améliefg

https://www.youtube.com/watch?v=8-rKxGZSRKk


le choeur muet de Madame BUTTERFLY de Giacomo Puccini.

(mes paroles partent dès lors que le choeur se lance).


Au silence
En partance
Evidence

Là, aux étoiles, dans les voiles, du silence.
Aime-moi.
Encore. En ce corps.
J'aurai foi.

Si, tout est calme et serein... je pourrai
Tirer le drap du
Ciel immense, sur nos coeurs, oui. Et, à jamais

Dès demain. Souverains.
Nous
Serons.
Tous.
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Améliefg


Dans la cour, il y avait les fourmis et les cigales : les unes, toujours sérieuses, nattes repassées, jupe bien droite, les autres, mèches éparpillées en couronne, chaussures poussiéreuses au printemps, boueuses à l’automne.
Les premières s’avéraient gentilles, travailleuses voire sages, les secondes se révélaient sympathiques, drôles avant que d’être studieuses.
C’est ainsi, une classe. Souvent. Aux yeux de toutes, aucune compromission ne s’envisageait.
La nouvelle venue s’avéra un clown recherché, les cigales la désiraient dans leur camp. Les fourmis cherchaient à s’attire ses bonnes grâces, en français, en musique.
Elle, la fille venue d’ailleurs, naviguait entre les deux sans état d’âme.
— Tout. On peut tout être à la fois, fourmi l’hiver, cigale l’été.
Lui revint en mémoire une autre école. Avant.
Un soir, sa meilleure amie avait surgi à l’improviste et l’avait trouvée là, dans le jardin, affalée dans l’herbe, et lui avait lâché :
— Tu lis ? ? Ppeuhh !

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