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Déclic

Dordogne.
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Petit ouvrage, pour répondre au défis Le jeu des micronouvelles - semaine 23.
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Comment commettre le meurtre parfait ? En étant pas le tueur.
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Si la personne la plus proche de vous venait à vous trahir au plus haut point, quel serait votre réaction ? Seriez-vous tenté par le meurtre, au risque de finir vos jours en prison, ou resteriez-vous dans votre coin à ronger votre frein et subir les tourments de cette trahison ?
Pour ma part, j'ai opté pour l'option une.
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Un mot, une vie, un soupire.
Lequel des trois fut le plus important dans l'acte final de cette histoire ? Peut-on dissocier réellement ces trois faits sans compromettre l'histoire en sa totalité? Si je faisais cela, j'omettrais le tiers de l'importance du contexte. Alors soyez attentif, car je ne raconterais cette histoire qu’une seule fois.
Le gendarme gardait ce même air sérieux et sévère, dans son silence profond, les mains croisées et le menton les surplombant. je n'avais aucune crainte, pas même l’ombre d’une peur. Non, j’étais bien, sereine, satisfaite du devoir accompli. Je me laissais tomber doucement contre l’appuis de la chaise inconfortable de la salle d’interrogatoire. j’observais cet homme, si sérieux, si dur… Prolongeant ainsi le silence qui lui pesait sur les épaules. Il était dur à la tâche, ne lâchant pas un seul instant son attention. On pouvait lire ses années d’expérience dans son regard et sur les traits de son visage amaigris par le manque de sommeil. Les détails ont leur importance, même le plus petit que l’on pourrait croire insignifiant. Ce n’est pas moi qui l'ai dit, c’est Sherlock Holmes ! Voyant qu’il commençait à perdre patience au vu de ce silence, je fermais les yeux une seconde avant d'entamer mon histoire. Dois-je me présenter ? Non pas que je sais parfaitement que vous connaissez mon prénom, nom et immatriculation à l’assurance maladie. Mais plutôt mon histoire d’avant afin de comprendre l’histoire d’hier ?
Une plaisanterie certainement mal venue. Son froncement de sourcils me le fit comprendre assez rapidement, ce qui effaça mon sourire amusé en un rien de temps. Il me répondit sèchement. Vous racontez ce qui c’est passé, nous n’avons pas besoin de connaître le prénom de tous vos petits copains et si vous pissiez encore dans votre culotte à onze ans.
Je l’avais cherché, mais sa réflexion me vexa tout de même. Je fis une moue compréhensive à mon sentiment immédiat. Remettant une mèche à l’arrière de mon oreille pour reprendre le fil de mes pensées, j'ai repris le scénario. Il était 17h. Je l’attendais à notre restaurant, comme à notre habitude à chaque fin de samedi après-midi
Une habitude que nous avions toujours eu depuis notre adolescence, mais à quoi bon le lui préciser, il voulait les détails les plus croustillants, ceux qui me mettraient en faute pour m’inculper. Les minutes peuvent paraître longues lorsqu’on attend seule à une table, renvoyant régulièrement le serveur à sa basse besogne parce que notre amie n’est toujours pas arrivée… Vous n’imaginez pas comme c’est agaçant d’attendre ainsi sans nouvelles ! Elle pouvait m’écrire un sms ! Nous sommes au XXe siècle bon dieu !
Cette idée, je n’en démordais pas, trois heures à l’attendre, deux cafés et une pâtisserie qui serait certainement difficile à éliminer à la séance de sport du mardi. Je lui en voulais terriblement. Je soupirais à se souvenir énervant, ce qui ne fit pas changer l’humeur de mon tenancier d’un iota. Je pris un instant, récupérant le verre d’eau précédemment offert à mon arrivée, pour en boire une gorgée. En soit, j’ai attendu bien trop longtemps pour ses beaux yeux. Chose que je ne fais jamais en règle générale, mais que voulez-vous, elle est… était ma meilleure amie.
Je baissais un instant le regard sur mon poignet. Un bracelet de fines pierres bleues l’ornant. Même dans notre statut social, on pouvait être sentimentale sur d’absurdes choses. Elle me manquait en y pensant. Je posais mes doigts sur les pierres en les faisant glisser le long de mon bras, songeuse. Je relevais mon regard sur l'agent, maintenant prête à en venir aux faits.
***
Un samedi si beau, le soleil étouffant de Paris, venant teinter de ses rayons les murs des bâtiments haussmanniens. Il n’y a pas pire endroit pour vivre un été qu’une grande ville. Mais comment détester Paris ? Anne était en retard de dix minutes. chose rare mais qui arrivait, voilà pourquoi je ne lui en voulais pas… Pas encore.Par plusieurs reprises, je revois élégamment le serveur d’un geste de la main pour lui faire comprendre que ce n’était pas encore le moment de prendre commande. Vingt minutes de retard, et pas l’ombre d’une silhouette blonde. Mon téléphone posé sur la table ne s’allume pas. Par une habitude devenue presque un tic, je l’allume, par crainte d’avoir raté une information ou un message de sa part. Mais non, l'écran présente toujours cette image de fond d’écran neutre. Que pouvait-il bien lui être arrivé de si intéressant pour qu’elle en oublie notre rendez-vous quotidien du samedi ? Trente minutes d’attente. Je ne tenais plus, pianotant sur le clavier virtuel de mon téléphone pour lui écrire un sms en quelques secondes. Je gardais le portable en mains, les yeux rivés sur l’écran, attendant sa réponse instinctive. Après quelques minutes de silence, pas un message ne s'affiche sur mon écran. Je m’agaçais. Levant la main je commandais un café au serveur, un bien noir et serré, il me fallait au moins ça pour avaler l’absence de cette sotte. Je décidais pourtant de l’attendre, peut-être arriverait-elle avec des nouvelles croustillantes, ce qui avait dû causer un tel retard. Une heure… Ni message, ni apparition divine d’Anne. La frustration devenait grande. Me poser un lapin était intolérable ! J'entame une pâtisserie pour combler mon orgueil atteint. Ces sucreries avaient un don particulier pour calmer les humeurs humaines. Je ne devais pas être humaine, une fois engloutis, je me sentais surtout honteuse d’avoir mangé tant de calories. Un verre d’eau pour dessécher la gorge satisfaite de la gourmandise.
Trois heures, deux cafés et un gâteau… Il ne m’étais plus permis d’attendre un fantôme qui ne pointera pas le bout de son nez. Je rentrais chez moi, la colère animant mes gestes. Je ne suis pas particulièrement aimable au quotidien, mais ce soir-là, chaque personne qui osait me saluer se prenait un mur de méchanceté dans la face.
Ce fut une fois installée dans mon fauteuil et vêtue de mon kimono, un verre de vin en main, que mon téléphone daigna vibrer pour m’annoncer un nouveau message. Sans ménagement je le déverrouille pour en lire la bannière de présentation du message. Anne : Elly, j’avais tout à fait oubliée que nous étions samedi ! Du moins… Non pas vraiment, mais…
Ma main se resserrait vivement autour du verre, l’énervement était au plus haut point. Je n’avais nullement besoin de lire la suite du message, comprenant parfaitement que son nouveau courtisan l’avait embarqué pour des aventures niaises. Je balançais le téléphone sur le sofa. Qu’il tombe, se casse ou s’abîme ne m’importait que peut, la journée que je venais de passer était devenue un véritable enfer de désolation. Je ruminais ma colère, tournant le vin dans le ballon qui le contenait, les yeux fixés sur l’horloge au-dessus de ma cheminée, contant les minutes qui passaient. Cette fois-ci, c’était le coup de trop, il fallait que j’agisse et définitivement. Je me levais, repris le portable toujours intacte sur le sofa, puis me mis à pianoter une phrase que seul le destinataire était en capacité de comprendre. Ellysabelle : j’ai une folle envie de me faire un restaurant ce soir ! Que dirais-tu que nous nous retrouvions pour un apéro festif en compagnie d’Anne et son fiancé ?
Je ne pris pas plus d’une seconde pour relire mon message avant de l’envoyer au destinataire. Deux minutes plus tard je reçu : Inconnu : 22h30, ça te va ? Ellysabelle : Parfait !
Le ton était donné, le rendez-vous prit, il ne me restait plus qu'à inviter nos deux tourtereaux… Ellysabelle : Aaah l’Amour, comment ferait la Terre pour tourner sans lui ? Pour te rattraper, invite moi Chez Marcus ce soir pour que tu me racontes ta folle journée.
Elle m’avait répondu il y a peu, elle devrait répondre rapidement. Quand elle était amoureuse, Anne faisait partie de ses filles niaises qui ne voyaient plus leur avenir sans leur nouveau Don Juan. Elle était des plus pathétique, mais en général, elle s’en voulait beaucoup de me délaisser ainsi et serait prête à tout pour se faire pardonner. Le prix d’un restaurant n’était pas cher payé pour l’affront qu’elle avait osé me faire. Anne : Chez Marcus, pour quelle heure ? Ellysabelle : 21h30 ? Anne : Très bien, je passe te prendre un peu avant alors !
Un fin sourire s'affiche sur mon visage. J’y compte bien à ce que tu viennes me chercher avant, quitte à gagner encore plus de temps !
21h15 un tambourinement de coup sur ma porte me signale qu’Anne est déjà prête. Timing parfait. Déjà prête depuis plus d’une heure, je lui ouvrais la porte, l’accueillant, sourire chaleureux sur le visage. Anne ! Quelle joie de te voir enfin !
Je la pris dans mes bras, comme une habitude amicale que nous avions conservée jusqu’alors. Je suis ravie que tu abandonnes ton casanova pour moi durant une courte soirée.
La réflexion la fit rire, ce qui ne m’étonna pas, elle me connaissait un peu depuis le temps que nous nous côtoyions. Avec toute la journée que je lui ai accordé, il pouvait bien m'accorder un moment de liberté avec toi.
Je me mordis la langue pour ne pas lui lancer une réplique sanglante, lui offrant un simple sourire de façade. bon, nous devrions peut-être nous mettre en route, arriver trop en retard ce n’est plus dans l’air du temps.
Sans plus tarder, nous sortions de notre immeuble pour aller trouver, deux rues plus loin, le restaurant où j’avais pris réservation au préalable, sans pour autant en avertir Anne. Une fois à l’accueille, ce fut Anne qui prit la parole. Une table réservée pour deux, certainement à mon nom, Dumontour.
Je l’observais discrètement, affichant un sourire de satisfaction, elle n’était pas complètement devenue sotte. L’homme de l’accueille nous conduisit à notre table, parfaitement préparée, puis, nous invita à prendre les cartes du menu et des boissons.
***
Le message était limpide, tant pis pour ma soirée télé, il fallait aller bosser. Des habits sombres et plutôt classiques, un jeans, un t-shirt qui ne soit pas troué pour ne pas faire clodo, et une veste marron. On ne pouvait pas faire plus classique. J’ouvre ma penderie pour en sortir un sac déjà fourni. Je sais parfaitement ce qui s’y trouve, mais par assurance du devoir bien fait, je vérifie une dernière fois avant mon départ pour ne rien oublier. Je le balance sur mon épaule pour sortir de ma maison. La nuit tombe lentement malgré l’heure avancée, mais j’ai le temps, 22h30 était l’heure où je devais rendre des comptes à celle qui me paie pour faire le boulot. Je n’ai vraiment pas envie ce soir, ma motivation était inexistante, mais bon, avec ce que je gagnerai ce soir, je pourrais m’acheter une nouvelle télé. Ce n'est pas que la mienne fait la gueule, mais elle date de l’époque des premiers écrans plats. Alors ouais, en 2018, on fait mieux en guise de télé. les parigots sont déjà dehors à festoyer dans les bars, j’avoue que je serais bien tenté pour les rejoindre. Je les longe, de près, pour profiter un bref instant de leur euphorie, mais je ne fais que passer.
Mon lieu de rendez-vous n’est pas la porte à côté, mais je préfère y aller à pied, en voiture c’est bien trop voyant et on pourrait facilement l’identifier si on venait à me rechercher.
Quarante minutes plus tard, j’arrive enfin au point de rendez-vous. Une faible lumière passe par la fenêtre du premier étage. Surement une télé allumée qui défile son feuilleton. Je l’observe un instant avant de secouer doucement la tête. Je n'aime pas particulièrement ce travail, mais il paye les factures et met du beurre dans les épinards. C’est assez lasse que je me dirige sur les lieux de l’aventure prochaine. Passé l’entrée, je prends mon temps pour essuyer mes godasses sur le long tapis qui orne le sol. Faire le moins de traces possibles, c’était un gage de qualité. J’examine l’escalier qui est fait de béton. Parfait pour ne pas faire de bruit, surtout lorsqu’on sait contrôler son poids en le montant. N’imaginez pas que je suis de ceux qui se laissent choir sur ses genoux, trop fatigué de sa journée, traînant des savates. Je n’aime pas mon travail, mais je suis devenue talentueux ! Il y a bien de nombreuses années maintenant que je fais ça, avant j’étais en galère, comme beaucoup de nos jours. Alors quand on crève la dalle et qu’on a plus un rond pour le mois, il faut être imaginatif et se tourner là où personne n’aime aller. Alors bon, j’ai débuté petit dans ce boulot, puis je suis devenue bon. Je n’ai jamais trouvé de goût à le faire, mais les billets qu’on me donnait à chaque fin de mission étaient toujours plus gros. Alors comment voulez-vous arrêter après ça ? Quand on a faim, on fait n’importe quoi.
Sa porte d’entrée était des plus classiques, une simple serrure. Il ne serait pas compliqué de la crocheter. Un instant, je regardais autour de moi. Il était le seul sur son palier d’étage, pas d’appartement en face où je pourrais être observé en plein délit d’effraction. Finalement cette mission serait des plus rapides. Je soupirais d’aise pendant une seconde avant de m’accroupir et sortir mon matériel de crochetage. L’oreille tendue, j’attendais que son émission de chanteurs émette des sons haut et fort pour faire tourner le verrou dans son claquement habituel. Une fois la serrure libérée, j’attendis une petite minute derrière la porte, le souffle devenant cette fois-ci plus court et tendu. L’épreuve allait devenir plus corsée. Allait-il prendre peur et fuir ? Où jouerait-il les crétins à vouloir m'affronter avec un chandelier qu’il aurait récupéré sur une table ? J’aimais pas les crétins, il fallait toujours être violent avec eux, après ça dégueulasse toute la scène et fallait nettoyer. J’aime pas les crétins, ils sont inconscients. Un nouveau chanteur passant sur sa télé, je pénètre dans les lieux, le souffle totalement coupé. C’est qu’il ne faut pas faire de bruit, pas même une respiration trop insistante, c’est pire qu’un grincement de plancher, on entend que ça.
L’entrée est basique, un couloir ridicule menant à son bout à la cuisine. A la droite de celle-ci, le salon, la seule pièce éclairée par la télé. Les autres pièces, la plupart fermées, devaient certainement desservir chambres, toilettes et salle de bain, mais celle-là, je m’en foutais. Je baissais les yeux pour détailler le sol. Décidément ce gars là n’avait aucun goût pour la décoration intérieure… Un sol de moquette grise… Qui met encore de la moquette chez lui ? C’est moche, et ça prend toutes les merdes qui lui tombent dessus ! Allez passer l’aspirateur pendant deux heures la dessus pour dégager toutes les merdes qui s’y sont enfouies ! C’est une vrai merde ces sols.
Je marche tranquillement, longeant le mur au plus près, sans pour autant m’y coller, c’est la pire des conneries quand on débute dans le métier. Déjà on est stressé, le cœur bat la chamade et ça nous rend dingue. Après, quand on veut être discret, on fait n’importe quoi, on se colle à chaque parois, on fait frictionner nos vêtements, alors du coup on crève de chaud et en plus de ça on respire comme un porc qu’on emmène à l’abatoire. Alors imaginer, le bruit contre le mur, la respiration qu’on entend à trois bornes… Forcément votre mission est foutu d’avance, alors quand vous devez la terminer proprement, bah c’est pas gagné, votre objectif se débat, hurle, fait un boucan de tous les diables, bref, quand vous l’avez achevé, après faut se tirer rapidement, et c’est là qu’on laisse des preuves !
Je vous le dis, faut de la préparation, un minimum quoi. Là, je dois avouer que c’est presque trop facile, il y a sûrement un loup quelque part. Ma missionnaire n’a certainement pas dû me parler d’un truc, une habitude qu’il a, ou peut-être une autre présence avec lui autre que sa foutu copine… C’était trop beau pour être réel… Mes bras commençaient à se tendre, c’est pas bon, faut pas être tendu quand on achève quelqu’un, après on est pas précis et ça en fout partout. Vous allez croire que je suis un homme propre, mais vous n’avez jamais passé des heures à nettoyer une scène, c’est chiant et c’est super long ! Quand on fait son travail proprement, ça fait gagner du temps pour se barrer après. Faut pas croire, chaque minute est importante dans ce genre de mission. Arrivé à l’angle du couloir qui s’ouvre sur le salon, je penche de peu la tête pour y observer ce qui s'y passe. Je soupire… C’est vraiment trop basique. C’est un crétin à roupiller sur son canapé devant une émission de chanteurs. Il a vraiment mauvais goût, comment peut- on dormir sur du Piaf ? C’était une grande dame celle-là, pas en taille hein, mais en vrai, quand on devait la connaître, on lui vouait un culte. Moi je l’admire, c’était une gosse des bas fond, elle est devenue une star, puis cette voix… Comment voulez-vous ne pas avoir les poils qui se dressent quand elle nous chante “Non je ne regrette rien” ou encore “Padam”. Ah, elle est splendide cette femme. Quel crétin. J’observe à nouveau le sol, un vieux carrelage sans couleur, sans goût… Qu’est ce qu’elle lui a trouvé à ce gars celle-là pour vouloir se marier avec ? C’est considérablement pas son goût de la décoration… J’espère pour lui qu’il avait au moins de l’intelligence pour tenir une conversation, les femmes aiment parler, être courtisées. Je le sais, j’ai eu une femme, elle était belle et intelligente. De toute façon, toutes les femmes sont forcément plus intelligentes que nous. Nous, on devient débile devant de belles formes, on pense qu'à ça, alors forcément, on devient lourd et on fait n’importe quoi. C’est un peu comme mon métier, faut savoir les approcher doucement, avec discrétion, être courtois et polis, puis s’ouvrir petit à petit, être à leur écoute… tout ça, tout ça quoi. Non vraiment c’est pas qu’avec votre verge que vous garderez une demoiselle. M’enfin, ce gars là, il est nul en apparence, alors je veux bien comprendre pourquoi ma missionnaire veut le dégager du chapitre de la vie de son amie.
J’observe quelque minutes, vérifier que le gus dort profondément, Quinze minutes plus tard, il n’a pas bougé d’un poil, et plusieurs chanteurs sont déjà passés sur son écran. Il dort le con. Je m’approche avec discrétion, mon cœur à l’arrêt, mon souffle ralenti. Fallait pas le réveiller avec des bruits bizarres non plus. Dans ma main un tissu imbibé de chloroforme. Les bonnes vieilles méthodes sont parfois les meilleures, faut pas croire. Il dort, mais il est toujours capable de se réveiller. Doucement je me penche au dessus du sofa et dans des gestes lents je viens lui plaquer le linge contre son visage. Forcément ça le réveil sur l’instant. Ses yeux s'écarquillent de surprises en m’apercevant, alors je lui souris, on dit toujours qu’un sourire c’est amical, faut pas non plus qu’il s’effraie de trop le bougre. Il ne se débat pas bien vite, tant mieux. Non vraiment, je vais demander une compensation de facilité… J’aime pas non plus quand c’est trop facile, c’est ennuyeux. Une fois qu’il est partit bien loin dans son sommeil je lui enlève le tissu et le range dans un sac en plastique, je ne voudrais pas imbibé mes vêtements de ce produit, ça me rendrait dingue. Maintenant je pouvais bosser convenablement, sans même être dérangé. Avant tout, vérifier toutes les pièces, on sait jamais qu’il y est une autre personne qui roupille pas loin. Rien, il est tout seul, tant mieux. Je prends un instant pour le regarder dormir, c’est vrai qu’il est pas si moche, il à au moins ça contrairement à son goût de la décoration. Je regarde la pièce et essaie de savoir comment ce pauvre gars va mourir. Suicide en se taillant les veines ? Bof, un peu du déjà trop vu, puis c’est plus féminin cette méthode. Les médocs ? Possible. Je vais dans sa salle de bain pour trouver sa pharmacie. J’ouvre un petit placard accroché au mur… Il est pas prévenant le gars, à part une boite de pansements et un spray pour se nettoyer le nez, il n’y a rien dedans… Non vraiment, il n'aurait pas été terrible comme mari celui-là. Je reviens à côté de lui et je pose mon cul sur le sofa pour le regarder. Qu’est ce que tu veux que je foute de toi ? Tu es pitoyable, on ne peut même pas être créatif avec tout ça.
Je soupirais, il est devenu chiant maintenant. J'ai décidé d’aller prendre mes propres accessoires. J’en sort une corde, basique, simple, qu’on pouvait trouver dans n’importe quel magasin de bricolage. La pendaison, un classique, un trop grand classique, mais là, il m’avait coupé toute inspiration. Il était trop basique comme gars, ennuyeux à mourir. L’avantage de son appartement sans goût, c’est que la bâtisse offrait des poutres de décorations, certainement des éléments ajoutés pour un semblant d’esprit cosi, comme dirait les spécialistes des nouvelles tendances. L’affaire était déjà conclue. La corde est jeté par-dessus l’une d’entre elles, un bout enroulé autour du coup du gars, une fois que je l’eu installé sur une chaise, parce que bon, allongé sur le sofa il n’y a rien de pratique. Par de grands gestes secs, je tirais la corde pour soulever le futur cadavre, l’étranglant en même temps. Le fait qu’il était complètement inconscient ne lui fit pas prendre conscience de ce qui lui arrivait. Tant mieux, j’aime pas les braillards. Une fois bien en l’air et la corde serré autour de son cou comme il faut, je le laissait pendre tranquillement au dessus de sa chaise que je renversai sur le sol pour faire croire à un suicide basique. J’attendis, installé sur le sofa, à regarder la fin de l’émission sur les chanteurs français. Vraiment, ils étaient bons et talentueux, on avait ça en commun, être talentueux dans son boulot.
Après une bonne heure, l’émission finie, je laissais la télé tourner et je m’approchais du cadavre suspendu. J'enfile des gants en latex et prends son poul. Rien, silence total. J’enlève un gant et place ma main sous son nez pour vérifier qu’il n’y est aucun souffle. C’est que parfois, ils sont malins hein ! On croit que le cœur bat plus, mais parfois il est mis en silencieux et la victime respire encore ! C’est comme ça qu’une mission est foirée, quand on veut aller trop vite, ou quand on est trop sûr de son travail. Il faut toujours vérifier son travail, toujours ! Pour n’importe quel métier d’ailleurs, imagine un ébéniste qui te fait un meuble et qui ne vérifie pas chaque pièce à chaque fois, bah quand il le monte complètement, il peut être bancale et mal foutu et voilà, reste plus qu'à le mettre à la poubelle. Bah pour moi c’est pareille, faut toujours vérifier qu’il soit bien mort. Je remet mon gant et vérifie une nouvelle fois son poul, deux certitudes en vaux mieux qu’une. Verdict final, définitivement mort. Je sors de mon sac un appareil photo instantané. Ils sont pratiques, pas de preuve de pellicule, ça s’imprime directement. Une seule preuve. Je vais ensuite dans la chambre et je tire un tiroir où se trouve une petite boîte que j’enlève et range dans ma veste. L’alliance de monsieur pour la demoiselle. Il restait un élément, mais cette fois-ci je n’avais pas eu le détail d’où il était rangé. On ne pouvait pas dire qu’il y avait beaucoup de meubles ou de bibelots dans cet appartement, mais j’ai bien dû mettre une bonne heure pour trouver le dernier objet. Un petit lingot marqué des initiales de sa famille, rangé dans un carton de déménagement qui, à mon avis, n’a jamais été bougé depuis son arrivée ici. Je le rangeais dans un tissu avant de le mettre dans une poche à l' intérieur de ma veste. J’étais prêt et paré. Je récupérais mon sac, laissant la corde autour de ce pauvre gars, j'inspecte une dernière fois l’appartement au cas où j’aurais oublié un élément, puis j’en sortis, fermant à clé la porte, avec sa clé, avant de la rangé sous le tapis de son entrée. N’importe quel crétin fait ça, mais lui, il avait eu au moins l’intelligence de ne pas le faire durant sa vie.
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Le lendemain, dans les kiosques, les journaux annonçaient en milieu de pages un drame du quotidien, un homme retrouvé pendu dans son appartement. Les lignes décrivaient un suicide, certainement du à un quotidien triste et morne, un manque d’ambition dans la vie et une dépression qui le guettait. Un combo qui ne laissait aucun doute sur la finalité de sa vie.
Ce matin là, Ellysabelle dormait à point fermé, ayant fait des rêves sublimes, après s'être couché à une heure tardive, tandis que dans l’appartement en face, une jeune femme fondait en larme sur la photo d’un journal qui présentait son fiancé pendu au plafon de son appartement. Une chose qu'elle n'aurait jamais imaginée durant son existence...
Un mois plus tard, la fiancée veuve avant l’heure fut internée pour dépression grave. Son amie, repris le cours de sa vie, sport le mardi après-midi, cours de théâtre le mercredi matin, association de lecture le jeudi, boutiques le vendredi, puis maintenant, elle lui rendait visite chaque samedi soir à 17h dans son hôpital. Nouveau lieu de rendez-vous pour ces demoiselles qui resteraient meilleures amies dans la vie comme dans la mort.
***
Vous voyez, parfois l’histoire peut être toute simple. J’aurais aimé être présente pour elle toute la nuit afin qu’elle ne soit pas seule à découvrir la nouvelle au matin… Mais que voulez-vous, je ne suis pas sa fiancée non plus.

Je m’abstenais de tout sourire de satisfaction, ma victoire était totale à voir le visage figé de mon tortionnaire. Il n’avait aucune piste pour m’inculper d’un prétendu meurtre. Ce pauvre homme a fini pendu pour dépression, pour des raisons obscures qui lui étaient personnelles. Que voulez-vous, l’Homme possède des tas de mystères. Le gendarme était incrédule à mon histoire, pourtant, il ne voyait aucun mensonge dans ce que je venais de lui raconter. Tout collait et ça, je le savais parfaitement. Il observa un court instant son collègue qui se tenait en arrière, il lui offrait un geste négatif de la tête. J'avais définitivement gagné la guerre.
Deux heurs plus tard je sortais du commissariat libre et sans craintes d’être un jour arrêtée pour le meurtre que j’ai commandité. Mon homme de main que j’avais engagé pour la mission s’était acheté un nouvel écran plat ainsi qu’une nouvelle corde, paraît-il que ça lui manquait dans ses accessoires.
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Ellysabelle Dumontour, retenez bien ce nom car il hantera vos cauchemars. Laissez-moi vous parler de ma vie… Du début de ma vie. Non elle ne commence pas le jour de ma naissance, mais bien le jour où je suis parti de chez mes parents, j’avais 20 ans. Vous pensez certainement qu’être riche ça aide beaucoup pour avoir l’appartement qu’on souhaite ? Si on à pas de goût particulier et qu’on veut juste un appartement, en effet, un beau chèque vous ouvre toutes les portes. Je ne suis pas banale et j’ai tout un tas de critères. En premier lieu je ne logerais pas en dehors de la capitale, mais il y a tout un panel de quartier et ils ne se valent pas tous, loin de là. Je n’ai qu’un quartier de prédilection, le huitième arrondissement et plus précisément encore, dans le triangle d’or. J’avias des vue sur un appartement situé dans le bâtiment où loge ma tante, cette femme atypique qui est restée dans les années 70. Il ne faut en effet pas être épiléptique quand on rentre chez elle.
Ses voisins du dessous cherchaient à vendre leur bien, 2,8 millions, on pouvait dire qu’il était parfait à ce prix là !
Quand j’ai visité ma tante et qu’elle m’a annoncée cette nouvelle, je n’ai âs fais long feu pour partir en agence et faire une offre au prix prposé. Après cette journée, j’étais empli de satisfaction et d’espoir, mon souhait d’indépendance allait tout prochainement se réaliser là où je le souhaitais. Bonjour mademoiselle Dumontour, je reviens vers vous pour vous parler de l’offre que vous avez fait sur l’appartement de monsieur et madame Guererin… Je regrette de ne pouvoir vous offrir une réponse favorable… Mais les propriétaires souhaitent vendre à une famille ou à un couple en particulier…
Comment peut-on expliquer ce moment où votre enthousiasme fond comme neige au soleil à cause de lubies de vieux chnoques prétentieux ? Ce moment précis où vous recevez sur votre répondeur le message de l’agence qui vous annonce que votre offre est refusé parce que vous êtes célivataire, fortunée mais célibataire ! La haine me montait dans la gorge et ma mâchoire se serrait. De rage j’avais hurlé, par chance j’étais seule dans le logement familiale. Le lendemain, les nerfs encore à vifs, je rendais visite à ma tante, lui expliquant mes déboires immobiliers. Cette vieille bique et ce vieux fou feront des leurs jusqu'à leur tombe, c’est qui te le dis ma petite !
Elle avait craché son mollard dans un pot de fleur après avoir annoncé ce fait. Sur le moment ça me fis sourire, même si le crachat m'écœurait. Elle avait continué sur sa lancée tout en me pointant son index. Tu sais cette vieille bique est loin d’être une sainte. Je me souviens bien en août 9, elle était pas en reste pour les libertés sexuelles dans sa tenue guindée de bourgeoise serrée du cul. Elle était déjà mariée à ce vieux fou déjà à l 'époque, mais…
Elle s’arrêta un instant comme plongée dans un passé lointain qui lui revenait à la figure. Elle soupira et reprit son histoire. Michael, comment pouvait-on résister à un tel Apollon ? Pas cette vieille chouette en tout cas et moi non plus ceci dit…
Elle rigolait au souvenir dont je doutais vouloir connaître les détails… Ce fut une nuit mémorable, il avait tout fait pour nous combler. Nous ?!
Elle agita sa main pour exprimer le fait qu’il n’était pas important que je connaisse ces détails-là.
Je ne regrettais pas non plus de ne pas savoir et l’en remerciais d’un simple sourire. 9 mois après cet évènement, elle accouchait de son fils.
Je ne pu m’empêcher d’arquer un sourcil, drôle de coïncidence. Ce vieux fou a reconnu l’enfant, va savoir quel plan elle a manigancé pour ne pas savoir qui était le véritable père de cet enfant. Le mystère reste encore à ce jour complet. On ne connaîtra certainement jamais la vérité.
Je suis parti un instant dans mes pensées, une profonde réflexion. Une seule question me brûlait les lèvres. Est-il mort ?
Elle secoua négativement la tête. La réponse me convenait parfaitement, offrant pour réponse à ma tante un sourire.
Tout en continuant à discuter avec elle, j’appris que sa voisine avait le cœur fragile et que son mari avait développé du diabète. Trop de restaurants bourgeois m’avait-elle lancé. je n’étais pas entière d’accord avec elle sur ce sujet, étant moi même adepte des restaurants gastronomiques. Arrivée en fin d'après-midi, il me fallait la quitter pour d'autres occupations. Elle me raccompagna jusqu’a la sortie, mais avant de partir je me retournais et lui demandais de but en blanc. Comment s'appelle-t-il ? Anguin.
Je la remerciais d’un sourire et lui fit une bise chaleureuse avant de la quitter. Durant les jours qui suivirent je fis des recherches pour connaître ce fameux Michael Anguin. C’était un britannique expatrié en France depuis l'âge de ses treize ans. Il fit des études dans le commerce et fut par la suite engagé dans une grande entreprise de renom. Après des recherches plus approfondies, je découvrais qu’il habitait également sur Paris, dans le 15e arrondissement. Rien de bien chique, ni extravagant. Je me demandais si il avait gaardé un goût prononcé pour les années 70 comme ma tante ou si il était plus sobre. Sa photo de profil sur son compte de réseau social n’en disait pas long sur lui… Un visage anguleux, une tignasse sombre et frisé et un teint hâlé. D’après les photos qu’il postait sur son mur, il avait fait le tour du monde. Je cherchais encore ce qu’il avait de si particulier pour avoir séduit si facilement deux femmes à fort caractère. C’était certainement une autre époque et d’autres ambitions. Ces photos ne m’en diraient pas plus sur ce sujet.
Les jours passèrent sans que l’idée d’obtenir cet appartement ne me quitte, d’autant plus que cette histoire de liaison amoureuse alimentait mon imagination. Quand quelque chose vous tient à cœur, vous avez bien du mal à vous en détacher et cet appartement je le voulais. J’étais comme un lion en cage, fomentant des centaines de plans pour acquérir ce lieu de rêve. Un matin, je me décidais à me poser pour réfléchir sereinement à la situation. Jusque là, personne n’avait trouvé grâce à leur yeux, ce qui prouvait qu’ils n’étaient pas prêt à céder leur bien. Il me fallait trouver une solution pour leur faciliter le choix. En premier lieu, il était inconcevable que j’achète les services d’un comédien pour jouer le rôle du parfait petit ami. J’étais seule et unique et je resterais seule et unique. Les choix devenaient moindres au fur et à mesure que je les éliminais.
une idée persistait dans ma tête, mais la résolution de celle-ci pouvait être quitte ou double et être dans l’incertitude ce n’était pas ma façon de fonctionner. Durant toute la journée j’ai étudié les options qui s'offraient à moi, finalement, il ne me restait que cette idée de viable. Après une grande réflexion, je me décidais à la tenter.
Sur mon ordinateur je créais un profil sur le réseau social mondialement connu. Antoine Guererin, un prénom qui sonnait bien assez bourgeois. J’ouvrais la fenêtre de conversation avec Michael. En quelques lignes je lui indiquait que j’étais le fils de Jeannette Guererin, qu’après une jeunesse heureuse, mais comblé d’un doute persistant sur mon véritable père qui ne me ressemblait guère, je m’étais tourné sur lui. Voilà de nombreuses fois que ma mère m’avait parlé de lui et de ce qu’il représentait pour elle, qui secrètement elle espérait un jour avoir de ses nouvelles.
En soit j’étais basique et directe. Le lendemain, j'ai reçu une réponse de sa part. Il m’expliqua par grands mots d'admiration qu’il était content de faire la connaissance du fils de Jeannette. Il m’exposa le fait qu’il avait souvent pensé à elle et à leur nuit d’amour.
tout ce qu’il y a de plus écoeurant en guise de débordement de sentiments…
En fin de message il avait inscrit qu’il écrirait à Jeannette. Cette information-là me plaisait beaucoup. Ceci dit, j’ai longuement cherché ce qui avait attiré ma tante dans les bras de cet homme, ce n’était en tout cas pas sa prose.
En guise de réponse je lui écrivais ceci :
“ Elle sera ravie.
Adresse : 15 avenue Beauciel, Paris 75008.”
Il me fallut une petite semaine d’attente avant d’avoir les résultats de mon action. Ce jour là j’étais chez ma tante, comme chaque lundi. De sa fenêtre ouverte on entendit les sirènes des pompiers, par curiosité nous nous étions déplacées jusqu'à celle-ci pour observer ce qui se déroulait. Trente minutes plus tard, un brancard sortait avec le corps inanimé de Jeannette sous oxygène. Deux jours après on appris le décès de celle-ci, son mari expliquant qu’elle avait reçu une lettre qui l’avait chamboulée au plus haut point, ce qui lui provoqua un arrêt cardiaque.
En fin de semaine, je me rendis de nouveau à l’agence immobilière et refis une offre d’achat pour l’appartement. La réponse ne se fit pas attendre. Le lendemain l’offre était acceptée et trois mois plus tard je déménageais.
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Minuit sonne, seule le clic clac de l’horloge au-dessus de la cheminée l’indique, sans pour autant sonner les douze coups. La lune est pleine et brillante. Sans le feu dans l’âtre, elle pourrait illuminer le salon à elle seule, malgré par moment, des nuages noirs venant l’envelopper. Les flammes dansantes dans le foyer m'hypnotisent, prenant en otage ma conscience. Le temps, en pleine nuit, paraît une éternité, lente et douce, pourtant, ce sont les instants que j’affectionne particulièrement. Ils sont là, silencieux, nous enveloppant d’une peur certaine en nous troublant la vue, laissant seule notre imagination jouer son rôle. Oui, la nuit à tous ses mystères que le jour ne pourrait dévoiler.
Minuit et cinq minutes, sonnant régulièrement au clic clac de cette horloge. Je m’approche de la fenêtre. Pratiquement aussi grande que le mur de l’appartement, elle offre une vue plongeant sur la rue parisienne qui côtoie le bâtiment haussmannien. Longue et large, elle demeure pourtant sombre, éclairée d’un seul et unique lampadaire se trouvant face à ma fenêtre. Seul éclat lumineux qui permet de laisser un tant soit peu notre imaginaire au placard. Pas un chat est de sortie ce soir, le silence lourd encombre les environs. Cette nuit me semble pourtant plus légère que les autres, malgré le manque des bruits nocturnes qui nous incite à réveiller nos peurs les plus profondes. Je ferme une seconde mes yeux, prends une respiration… Oui, cette nuit est belle et sonne un nouveau départ, je le sais, je le sens.
Minuit et dix minutes, clic, clac. Une régularité que seule une horloge possède. Une porte se referme, laissant glisser dans le silence un bruit métallique de charnières mal huilé. Le silence redevient calme quelques instants avant qu’une marche d’un bois ancestral ne vienne grincer sous un poids. Grincement qui se fait successivement entendre selon les marches. Le silence, de nouveau, celui-ci devenant plus long, plus tendre. Pas un seul son de clé dans une serrure, pas un seul son de porte qui s’ouvre, ni de parquet qui couine sous les premiers pas qui l’assiège. Non, la présence est là, silencieuse dans l’obscurité du bâtiment. On tape par deux fois à ma porte. Je tourne la tête dans sa direction, restant près de ma fenêtre. Une erreur peut-être ? Trois autres coups viennent rompre de nouveau le silence nocturne. Non, cette fois-ci, ce n’est pas une erreur. Resserrant la bande de tissu qui sert de ceinture à mon kimono, je m’avance doucement jusqu'à l'entrée. Pas la peine de regarder par le judas, mon inquiétude me sermonne assez dans ma tête pour être certaine de savoir qui se trouve derrière cette porte. Je tourne le verrou, puis la clé afin de libérer toutes les entraves qui retiennent cette porte fermée. Une fois ouverte, c’est une silhouette large qui se présente dans l’embrasure. Une main tenant une petite lanterne se relève jusqu’au visage masculin aux traits fatigués. Cet homme a toujours eu une tendance pour l’atypisme.
Il était l’heure du verdict. Je lui fis place en ouvrant un peu plus largement la porte afin de le laisser entrer dans mon logis. Je ne pouvais cacher l’angoisse qui me nouait l’estomac, sa venue pouvait annoncer le pire comme le meilleur. Pas la peine de lui montrer où s’installer, ses lieux, il les connaissait aussi bien que moi. Une fois qu’il s’installa sur l’un des sièges et éteignit sa lanterne de poche, j’attendais, planté là devant lui, les bras croisés, nerveuse. Il releva le regard sur moi, et de mon air aussi impatient que terrorisé, il m’offrit son plus pitoyable sourire. Soupirant, je me retournais pour aller sur le petit plateau-table qui me servait de bar. Je pris une bouteille de cognac et me servit un verre. Il était hors de question que je le fasse boire quoi que ce soit sans réponse convenable. Prélevant une gorgée de ce liquide puissant, je lui lâchais. Bon, où en est-on ?
Il ne me répondit pas tout de suite, préférant prendre un temps pour enlever ses gants puis prendre le sac de cuir qu’il portait à l’épaule. Doucement… Tellement doucement, il en sortit trois objets. Mon cœur cessa un instant de battre, mes mains se crispant sur le verre, mes yeux détaillant le moindre de ses mouvements. Il déplia le tissu qui recouvrait l’un des objets et en dévoila un petit lingot d’or. Mon cœur se mit à battre une fois. Du deuxième objet, il sortit une photographie d’une enveloppe marron. Mon cœur se mit à battre une seconde fois. L’adrénaline commençait à battre dans mes tempes un rythme effréné. Le troisième objet, il me le tendit. Un instant, je le regardais, sans bouger, détaillant son visage et l’objet qu’il me tendait à tour de rôle. Je posais mon verre, puis pris l’objet qui se révéla être une alliance. L’intérieur était gravé d’une date “21 juin 2018” et d’un prénom “Anne”. Mes lèvres s'étiraient en un sourire de satisfaction, l’angoisse qui nouait mon estomac s’estompa et une libération totale envahit mon corps entier. Je me risquais alors à lui demander, simplement pour combler ma curiosité. Ce fut long ?
D’un geste il la comblait, secouant négativement la tête. Je posais alors mon ultime question. Et elle ?
Cette fois-ci, il me répondit de sa voix grave et basse. Elle lira la nouvelle demain dans les journaux. Un bien beau cadeau de mariage.
La phrase me fit ouvertement rire. Je ne pouvais lui offrir de meilleurs cadeaux de mariage que la mort de son futur mari.
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Le jour ou j'ai appris à vivre est le jour ou je t'ai tué.
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Quoi de mieux qu’un bain mousseux lorsqu’on a envie de se retrouver avec soit même ? Voilà vingt minutes que mon bain coule, mélangeant les sels de bain aux agrumes. L’odeur parfume la salle de bain et embaume le couloir. J’attend patiemment mon heure d’évasion. Vingt-cinq minutes d’attente, le bain doit être parfait. J’entre et je glisse mes doigts dans l’eau pour jauger de sa température. Elle est parfaite. J’ôte mon peignoire crème qui vient s’échouer sur le tapis, pour me couler doucement dans l’eau fumante. J’installe un tour de cou pour reposer ma tête et d’une télécommande, je lance la musique sur l’enceinte qui se trouve sur le bord du lavabo. Me laissant bercer par l’ambiance et la douceur de la chaleur, je clos mes yeux et me laisse divaguer à mes pensées.
“ Trois mois qu’il est mort, le calme est revenu dans ma vie.”
“Trois mois que Anne est à l’Hopitale psychiatrique, j’ai quand même perdu sa présence à mes côtés…”
“Oui mais au moins ce n’est pas un idiot d’arriviste qui te l’aura chapardé à vie, là au moins tu peux toujours aller la voir même si elle est tout le temps morrose.”
Je soupirais, non pas d’aise mais sur ma réflexion profonde. Trois mois que le fiancé d’Anne avait quitté notre existence, pendu comme un cochon à son plafond, et tout autant de temps qu' Anne a perdu goût à la vie. Je n’ai jamais compris comment on pouvait en arriver là pour un homme.
“ J’ai bien tué par amitié !”
“ Arrête ton char, tu as les mains propres, demande plutôt à Charly ce qu’il en pense lui.”
“Je le paie pour ça, son avis est bien secondaire dans l’affaire. Il a fait son travail et il l’a très bien fait.”
“Et si tu ne l’avais pas exécuté, qu’en serait-il aujourd’hui ?”
“Certainement mariés et en train de m’annoncer qu’ils attendent leur premier gnôme.”
“Tout à fait !”
J’enfonçais un peu plus ma tête dans mon tour de cou. Je n’avais pas de remords particuliers sur ce que j’avais fais, ce qui me chagrinais réellement c’était de ne plus pouvoir partager nos petit moments ensemble avec Anne… Ma solitude amicale commençait à me peser sur le moral. J’ai pourtant choisi cette solution en sachant pratiquement ce qui allait se produire entre Anne et moi. Dans tous les cas, il m’était intolérable qu’on me l’enlève par les sentiments, je valais mieux que ça. Maintenant elle est sous bonne garde et loin de toute tentation absurdes.
“Et si elle tombe amoureuse d’un des fous de son asile ?”
“ Elle serait devenue plus folles que je ne l’aurait crue…”
“Qui sait ? Les médicaments sont costaud, ça lui ramollit la cervelle tout ça.”
“Possible, mais elle est bien assez intelligente pour ne pas succomber à de telles extrémités, j’ai entière confiance en elle.”
“Elle allait pourtant se marier avec un homme du bas peuple…”
“Ce n’est plus le cas !”
“Te prends-tu pour Dieu ?”
“Non je suis son amie, je veille sur elle.”
“En es-tu sur ?”
La question me cloua le bec un instant. Étais-je réellement certaine de mes bonnes intentions envers elle ? Pourquoi serait-ce autrement ? Elle a toujours été mon amie depuis nos plus jeunes années, pourquoi en serait-ce autrement aujourd’hui ? A l’heure actuelle elle était drogué jour et nuit pour que l’envie de se suicider se dissipe, alors oui, je la protège à ma manière. Je ne doute pas qu’elle retrouvera un jour la raison et goût à sa vie d’avant et je serais là pour l’accueillir de nouveau.
“Tu es secondaire dans sa vie, regarde, elle serait prête à crever sans même te dire adieu."
“ Oh ferme-là ! Je n’y crois pas une seconde, elle à juste mal au coeur à cause d’un idiot.”
“Si elle avalait pas ses médicaments tous les jours elle serait morte d’avoir trop mal au coeur à cause de cet idiot justement.”
“C’est n’importe quoi, on ne meurt pas d’amour, on est pas dans Shakespeare non plus !”
Au jour d’aujourd’hui elle n’est pas morte, c’est que même avec ces médicaments elle avait de la force de caractère malgré tout. Au fond d’elle, elle était toujours présente, sommeillant paisiblement. Je veux croire à cette hypothèse, sinon ça voudrait dire que je l’aurais également tuée et cette idée-là ne me convient pas.
“Des amis ça s’en trouve au coin de la rue, qu’est ce que tu t'embêtes à rester avec une morte vivante ?”
“Pas des comme elle, les bourgeois sont trop étriqué d’esprit.”
“Et le bas peuple ? Il y a souvent des génies !”
“Et devoir supporter leur mauvais goût vestimentaire, leur discours plat et plein d’amertume parce qu'ils font partie de la classe moyenne et qu’ils survivent tous les jours ? Autant qu’ils aillent voir une assistante sociale ou un psychiatre, je ne fais pas dans le social bénévolement.”
“ Pourtant je suis certaine que tu pourrais te surprendre toi-même !”
“ Et puis quoi encore, tu me vois aller dans un HetM pour faire les boutiques, tant qu’on y est ?!”
“Certes, non.”
Je lâchais entre mes lèvres un "n'importe quoi”, soupirant de nouveau. Pourquoi vouloir aller chercher d’autres personnes qui prétendraient prendre la place d’Anne ? Elle est toujours vivante, même amorphe à longueur de temps, elle est vivante. L’eau commençait à se refroidir doucement, mais elle n’était pas encore assez froide pour que je m’en extirpe. Je m’y plongeais un peu plus après avoir retiré mon tour de cou,immergeant mon visage jusque sous mon nez, observant le bal des bulles sur le plat de l’eau.
“Avoue que tu t'ennuies ferme dans ta vie parfaitement réglée !”
“Peut-être bien…”
“Alors arrête d’être butée et reviens à la réalité, Anne ne reviendra pas dans la normalité avant un long moment et par long moment, j’entend bien des années.”
“Qu’est ce qu’on en sait ?”
“On sait que c’est vrai.”
Un nouveau soupir s’expulsa de ma bouche, ce qui agita les bulles. Mon esprit resta un instant silencieux, restant dans l’observation de l’eau vaguement agitée. Je restais un long moment ainsi, taisant mes pensées, mon regard rivé sur ses nombreuses bulles savonneuses. Décidée je sortais de mon bain et d'enfiler mon peignoir. Il était temps que je reprenne en main ma vie quotidienne.
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Voilà une promesse faite à moi-même qui n’était pas une chose facile à réaliser… Retrouver une vie sociale… Cela peut vous paraître simple, sortir, rencontrer des personnes, s’amuser… ça ne l’est absolument pas pour moi, j’ai mes convictions et surtout des goûts bien précis. Une personne peut m’intéresser que dans certains cas, il doit avoir de la conversation, mais que celle-ci ne tourne pas qu’autour de ses problèmes personnels. Avoir du goût dans les arts et une certaine culture générale. Un talent certain à la critique, non pas celle que l'on utilise pour amuser la galerie, mais la critique pertinente. Ne ressembler à rien, avoir du style et non pas chez HetM… un aspect physique qui ne sort pas des catalogues d'archéologies. En soit, tout un contexte qu'une minorité sur cette planète possède. Mais je m'étais fait la promesse de retrouver un semblant de vie sociale, alors quitte à rechercher, je vais employer les grands moyens !
Je me consacrerais chaque mercredi matin à des entretiens au café du coin de ma rue. Hors de question de me retrouver à l'autre bout de la ville pour rencontrer des prétendants à mon amitié. Le principe sera simple, une annonce passée sur les réseaux sociaux, un rendez-vous donné à ceux qui auront un certain tact a me répondre, puis, ce fameux rendez-vous confirmera ou infirmera mon avis sur la personne considérée quelques jours avant sur mon annonce. J'avais déjà en tête ce que j'allais annoncé " jeune femme en manque de compagnie amicale est en recherche de personnes cultivé pour entretient amicale."
Net, droit, précis, direct. Les chichis et tourner autour du pot ce n'était pas ma tasse de thé. Les réponses ne se firent pas tarder, dans la soirée cinq personnes m'offraient de venir me rencontrer. Pour faire mon choix, je me rendais sur leur page de réseaux sociaux pour identifier leur lieu d'habitation, leur hobbies ainsi que leur emploi, s' ils en avaient un. Le tri fut tout aussi rapide, sur les cinq, une seule personne sortait plus ou moins du lot, et encore, c'était un choix par défaut car si il n'en tenait qu'à moi, je ne l'aurais pas prise non plus, mais fallait il bien laisser le bénéfice du doute…
Le rendez-vous était pris, le mercredi suivant nous nous retrouvions au café sur l'une des tables en terrasse, il n'y avait pas meilleur endroit pour profiter d'un tel rendez-vous.
Les courtoises étaient de mise, bonjour, comment allez vous ? Le plaisir de vous rencontrer est partagé… etc. Pour un début, il n'y avait rien de flamboyant ni d'intéressant, rien que de simples bienséances habituelles.
La discussion se poursuivit, le beau temps, les oiseaux qui chantent… que commander, que boire, et vous quel est votre boisson favorite… l'ennuie pointait déjà le bout de son nez. Il fallait pourtant que je garde le cap, essayer de creuser un peu plus, comme dirait n'importe qui, il ne faut pas toujours se fier à sa première impression. Nous continuons sur un gâteau pour poursuivre la discussion, une religieuse au chocolat pour ma part et un éclair au café pour le sien… au vu de son choix ses goûts étaient définitivement trop communs… la patience m'ayant quitté, j'écourtais l'entretien en inventant un rendez-vous familial important. Je pouvais retourner à mes recherches sur les réseaux sociaux, ce premier rendez-vous était un pitoyable échec.
L'envie de recommencer ne me donnais pas envie, mais je ne faisais jamais de promesse en l'air, même si ce n'était qu'à moi même, ma parole était toujours honnête. Je laissais pourtant passer quelques jours, me faisant oublier de mon premier rendez-vous, sans me rendre non plus sur le site pour voir si j'avais d'autres propositions. Un beau matin, je me décidais enfin à essayer de nouveau. Avec le temps écoulé j'avais bien plus de personnes, de coutume je recommençais mes recherches sur leurs pages de réseaux sociaux faisant une sélection stricte, ne souhaitant pas renouveler l'échec précédent. Cette fois-ci trois personne sortirent du lot, deux hommes et une femme. Le compte est fait, les rendez-vous sont pris d'une semaine d'intervalle entre chaque.
Le premier fut une belle surprise, de prime abord. Quand la conversation s'accentua sur sa carrière, il me perdit définitivement, celui-là ne vivait que pour son boulot et n'avait guère de temps libre pour le divertissement. Le second rendez-vous fut rapidement bouclé, celui-là ne cherchait qu'une conquête, il fut rapidement renvoyé de là où il venait. La troisième… dois-je réellement en parler ? Sa silhouette a fini de me convaincre sur cette solution absurde. Je quittais le café aussi rapidement qu'elle arrivait à la table.
Le soir de ce dernier entretien, je m'écroulais dans mon sofa comme une chiffe molle, commandant dans un restaurant réputé un plat en livraison. Toute mon énergie s'était définitivement évaporée, laissant place à l'agacement et la lassitude. Définitivement, je doutais d'arriver à tenir cette promesse en trente jours, voilà déjà trois semaines que j'étais en recherches intensives sans jamais être convaincue une seule fois… le temps me paraissait interminable. Le samedi matin je me rendis a l'hopitale Psychiatrique pour rendre mon habituelle visite à Anne, lui racontant mes déboires amicaux et ces rencontres désastreuses, faisant l'éloge de la personne qu'elle était avant de finir enfermer ici. Son regard vide m'observait sans pour autant qu'un son ne sorte de sa bouche. Ça me brisait le cœur…
La semaine qui suivit, je me rendais chaque matin au café, commandant toujours la même chose, un café noir sans sucre et une religieuse que je variais entre caramel ou café. Ce mardi matin je fut surprise de voir un homme à la tenu protocolaire d'un postier s'installer sur la chaise qui me faisait face avant de me sortir une phrase curieuse. Sachez ceci, les pyramides de Gizeh ne se sont pas construites en un jour, ni même en un mois.
Il me sourit, prend la tasse et boit une gorgée avant de me saluer et de partir comme il était venu. Sous le choc de son comportement tout a fait grossier, je restais coït en l'observant partir dans sa voiture jaune. Une fois disparu de mon champ de vision je repris doucement mes esprits, regardant la tasse souillée. Je levais alors le bras pour commander au serveur une nouvelle tasse et qu'il me débarrasse de celle-ci. Par une surprise, j'ai découvert un morceau de papier plié en quatre sous la soucoupe de la tasse à moitié bu. Je le dépliais et en lu ceci "pour l'idée, ça vous vaudra un rendez-vous avec moi. A demain Elysabelle." Il m'avait définitivement cloué le bec par son comportement, comment un tel rustre pouvait espérer recevoir une quelconque attention agréable de ma part ?! Il n'aurait droit qu'à du mépris pour m'avoir si familièrement parlé !
Le soir venu, on ne pouvait pas dire que je fut des plus détendus, tournant en boucle cette rencontre affreuse dans ma tête comme un mauvais film. Croyait-il réellement me revoir demain à ce café ? Si tel était le cas, il serait bien déçu ! Le lendemain, je ne me rendis pas au café, il m'était inenvisageable de répondre à une telle demande ! Je préférais aller rendre visite à ma tante qui habitait l'appartement au dessus du mien. Durant la visite, je ne cessais d'observer la pendule, ce qui me valut une remarque de ma tante. Tu t'ennuies tellement que les minutes te paraissent plus accommodantes à ma compagnie ?
Je ne pu m'empêcher de sourire à cette réflexion qui aurait très bien pu sortir de ma bouche. Les chiens ne font pas des chats. Pour reprendre le cours de notre discussion, je lui expliquait la rencontre des plus absurdes de la veille. Ma tante ne se gêna pas pour critiquer ma méthode pour essayer de me faire des amis, ce que je pris pour une remarque désobligeante mais dont je ne lui fis pas part. Par ailleurs elle trouva plus intéressant la rencontre avec ce rustre de facteur, pour être facteur il ne fallait pas avoir beaucoup de connaissances de base. D'après elle, cela présageait un avenir amusant. Chose à laquelle je ne croyais absolument pas, sachant comment j'étais, il y avait très peu de chance que nous ne nous revoyons un jour, quitte à ne plus fréquenter ce café pour un temps. Je la quittait sur cette discussion avant d'aller rejoindre ma salle de sport afin de défouler mes nerfs qui étaient en pelotes. Super, l'effort, la douleur, la respiration haletante… il n'y a pas meilleur exutoire. Après une bonne douche je me retrouve dans mon lit pour prendre un repos mérité… si seulement… une phrase me revint en tête et m'interloque, sur son mot il m'avait appelé par mon prénom ! Comment avait-il pu l'apprendre ? Serait il le facteur de mon quartier également ? Me suivrait-il régulièrement ? A-t-il mené une enquête sur moi ? Non, je me fais des idées, qui oserait faire de telles choses de nos jours ? Je ne rentre bien évidemment pas en ligne de compte ! Pour ma part mes recherches se résument simplement à trouver l'ami idéal à mes longues journées solitaire. Cet imbécile avait certainement dû demander au serveur qui me connaissait bien, du moins mes habitudes gustatives. Je tournais et me retournais dans le lit, le sommeil me quittant définitivement. L'idée de le rencontrer demain commençait même a me titiller l'esprit… non il était hors de question de répondre favorablement à cette proposition de rendez-vous culotté ! Je suis partis dans mon salon récupérer mon pc portable pour retourner dans mon lit et commencer quelques recherches. Des facteurs sur Paris il y en avait des dizaines, peut être même voir plus, mais tout être normalement moderne avait un compte social. Après quelques mots clés je tombais sur diverses profils, j'élimine au fur et à mesure ceux qui ne lui ressemblaient pas physiquement, les choix se résument maintenant à une dizaine. Je farfouille leurs informations personnellement, lieu de vie et de travail, ce qui en élimine trois de plus. Pour poursuivre j'entame les photos de profils et publié… ce qui prenait un certain temps. Le résultat se termina sur trois hommes, les départager n'était pas une mince affaire, mes souvenirs n'étaient pas assez précis pour affirmer ou infirmer si tel ou tel était le bon, trois étant facteur…
J'ai dû passer quatre ou cinq heures sur mes recherches sans arriver à un résultat concluant, c'était frustrant. Ne pas savoir était une chose pire que la torture physique. Me retrouvant dans ma salle de bain, devant mon miroir éclairé de deux lampes, j'observe mon visage déconfit de cette courte nuit. Il fallait que j'assouvisse cette curiosité, que ma tête retrouve une paix relative.
Au bout d'une heure j'étais prête, maquillée pour cacher ce visage fatigué, habillé pour sortir en ville. Rendez-vous au café. Il était dix heure et je prenais mon premier café, pas l'ombre du facteur dans les parages, guettant le moindre client arrivant en terrasse. Onze heure, toujours personne, j'entame ma pâtisserie, il serait d'autant plus culotté de me poser un lapin ! Onze trente, le serveur vient débarrasser mon assiette et me glisse discrètement un papier plié en quatre. Je l'observe un instant, le sourcil arqué de mon air interloqué, comme si j'étais une personne avec qui l'on communiquait par message. Le serveur s'esquiva bien rapidement après avoir vu ma tête, ce que je pouvais comprendre s' il ne voulait pas passer un mauvais quart d'heure. Je me résignais à lire ce qu'il venait de me donner, "vous savez que poser un lapin à quelqu'un qui vous invite est plutôt malpolis, j'ose espérer que vous vous déciderez à me rejoindre." Ce moquait il donc de moi ?! Après une heure trente à observer les aller et venu, je ne l'ai aucunement aperçu ! Je me mis à regarder autour de moi avant de m'intéresser à l'intérieur du café… j'aperçus une silhouette masculine me regarder par la fenêtre. Plus qu'agacée je griffonne sur le bout de papier qu'il m'avait passé, me lève et me rend à l'intérieur, passant à son côté, lui glissant le mot, puis prenant la sortie du café pour aller retrouver mon appartement, seule.
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Le silence, le calme, le vide... Allongé là elle ne faisait plus de bruit, paisible dans son sommeil. Les traits c'étaient adoucie, comme apaisé d'une souffrance qui la rongeait depuis toujours. Elle portait une robe blanche aux motifs fleuris. Chaque fleur avait sa couleur, bleu, rose, vert, Orange... Un véritable festival. Sa chevelure rousse aux reflets de feu étaient d'un coup devenue terne, morne. C'était triste. La fine lumière jaune qui s'introduisait difficilement au travers des volets persiennes, s'échouait sur le corps inerte au sol. Son visage pâle, posé ainsi contre le carrelage beige lui donnait un air angélique. Je m'accroupie près de sa tête,observant ce tableau. Il me paraissait non fini... Quelque chose manquait, quelque chose devait être ajouté, amélioré. Je détournais le regard sur la lame grise que je tenais en main, lisant sous les fins rayons du soleil. Doucement je la fis danser entre les rayons, c'était élégant. Dans sa danse, je l'amenais doucement contre le coup de la rouquine effondré au sol, caressant avec tendresse la lame contre son cou. Doucement, un filet rouge et épais s'écoula. Doucement cette couleur encore chaude se rependit tout autour de la têt
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