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plume16

Défi
plume16

Ils étaient trois dans le métro, sur la ligne M1 reliant la station du Vieux-Port à Saint-Charles, en plein coeur de la cité phocéenne. Trois individus qui, à l'instant T se dirigeaient dans une même direction mais qui dans quelques minutes se sépareraient pour prendre trois chemins diamétralement opposés. Trois personnes qui s'ignoraient, reflet de notre société individualiste d'aujourd'hui.
La journée se terminait et ils rentraient chez eux. Il y avait une jeune femme, assise au milieu du wagon, près de la porte, qui semblait perdue dans ses pensées. En face d'elle, deux rangées plus loin, un homme d'une cinquantaine d'années, était debout et serrait près de son corps son sac en cuir. Et enfin, tout au fond, un homme, un SDF, sa guitare attachée dans le dos, était assis à même le sol. Il caressait son chien sans discontinuer. Trois parcours différents, trois vies que tout sépare. Et pourtant, cette rencontre fortuite va bouleverser leur vie à jamais et les lier plus qu'ils ne l'auraient imaginé.
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Défi
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La concierge est adossée au chambranle de la porte intérieure donnant sur la cour pavée et le jardin central. Elle est toujours là, à épier les allées et venues de tout le monde. Elle ferait mieux de s’occuper des escaliers qui sont toujours sales ! Une vraie fainéante, celle-là ! Raymond l’ignore, comme chaque jour d’ailleurs. Il vient chercher son courrier. Il ouvre sa boîte à lettres, s’arrête net et referme brutalement la porte.
— Bonjour Monsieur GELINAUD. Que vous arrive-t-il ce matin pour malmener cette boîte à lettres ? Il ne faut pas casser le matériel !
— …
—  Vous n’êtes pas très bavard. Comme d’habitude… Vous avez donné votre langue à votre chat ?
Raymond a envie de lui répondre de fermer son clapet et d’arrêter son humour qui ne fait rire qu’elle, mais il est estomaqué par ce qu’il vient de découvrir !
Il jette un œil à Suzana qui l’observe avec son air pincé. Elle n’est pas prête de bouger de son mirador, alors il se positionne devant sa boîte pour ne pas qu’elle voit l’intérieur, l’entrouvre, récupère son journal tout y glissant une « petite culotte rose en dentelle». Pas question qu’elle voit cette chose entre ses mains. Elle aurait sitôt fait de le raconter à tout l’immeuble. Il referme alors la porte, brutalement encore une fois, rien que pour l’énerver !
Il entend qu’elle souffle. Mission accomplie. Raymond, les joues toujours rouges, un brin perturbé, tourne alors les talons en serrant très fort son journal contre lui. Il s’empresse de rejoindre l’escalier, toujours sans un mot. Il accélère le pas, mais il faut dire qu’à 95 ans, il se déplace plutôt à l’allure d’un escargot. Il voudrait bien ne croiser personne et surtout pas la détraquée du deuxième car avec la maladresse dont il fait preuve, il est capable de faire tomber cette « chose » par terre.
Malheureusement, il entend déjà le bruit infernal des roulettes de son chariot. La détraquée arrive ! Déjà, elle est face à lui, se dandinant dangereusement de droite à gauche. Il n’est même pas sûr qu’ils arrivent à se croiser sans se toucher ! Il faut dire qu’avec la taille de son postérieur, la chose est périlleuse ! Raymond baisse la tête pour ne pas la regarder et serre son journal un peu plus fort.
— Ah bonjour M. GELINAUD, ça va ce matin ?
Raymond décide de continuer de monter les marches en l’ignorant. Il adore faire cela et passer pour l’asocial de l’immeuble !
—  Je vois que vous êtes encore en forme ce matin…
Raymond est toujours muet, un sourire moqueur aux coins des lèvres.
Ils se croisent sans encombre. Ouf ! Puis, il continue sa route et atteint enfin le troisième étage. Il se dépêche d’ouvrir sa porte car il entend des pas qui montent, mais dans sa précipitation, il faut tomber son journal sur son paillasson et un bout de tissu rose apparaît. Ce qu’il voulait éviter, arrive donc ! Il s’apprête à se pencher pour le ramasser, mais Gladys, sa petite voisine est déjà à côté de lui.
— Attendez, M. GELINAUD, je vais vous aider.
— NON ! Bah les pattes ! Je n’ai pas besoin de vous !
Il pose rapidement son pied sur le journal, enfin surtout dessus le morceau de tissu et la dévisage méchamment.
Il voit que Gladys est étonnée de sa réaction. Elle tourne rapidement les talons et s’empresse de rentrer chez elle. C’est vrai que d’habitude, il est plutôt sympa avec elle. Il est conscient que sa réaction est disproportionnée, mais là, la situation est critique.
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Défi
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Je me retrouvais assise dans le grenier, à même le sol, les jambes croisées, face à cette malle que j'avais toujours connu. Tante Adèle voulait que chacun de nous emporte avec lui un souvenir de "mamie Violette" avant que d'autres personnes ne s'approprient les lieux et chassent définitivement le souvenir de notre grand-mère. J'étais donc montée dans le grenier avec mes cousins tandis que nos parents s'occupaient de vider la salle à manger. Christophe s'était déjà emparé du fusil de chasse de mon grand-père décédé quatre ans plus tôt tandis que Lucie tenait dans sa main le chapeau de paille de mamie "Violette" qu'elle portait encore l'été dernier.
En ouvrant cette malle, j'avais l'impression de violer l'intimité de ma grand-mère. Des objets hétéroclites y reposaient depuis des années : une paire de lunettes, des photos noires et blancs d'ancêtres inconnus posant dans des lieux également inconnus, une lampe à pétrole dont le verre était brisé... Je déplaçais chaque objet minutieusement, jusqu'à trouver tout au fond, une boîte en fer rouge aux liserés noirs. En la soulevant, un nuage de poussière s'échappa de la malle ce qui me chattoya le nez. Je frottais le couvercle avec la manche de mon gilet et comme par magie, les lettres "Poulain Chocolat" apparurent ; confirmation que mamie Violette était une gourmande avérée. Christophe et Lucie passèrent derrière moi pour rejoindre l'escalier avec leurs trésors en main. tandis que Véronica fouillait toujours dans le meuble en chêne avec minutie à l'autre bout du grenier.
Avec curiosité, j'ouvris donc le couvercle presque religieusement pour y découvrir des lettres attachées avec une cordelette jaunie, et adressées à Mme Violette DURANO. Je pris délicatement ces lettres entre mes mains et passaient mes doigts dessus l'écriture penchée et soignée. Je fis glisser la cordelette et ouvrit la première lettre.
"Très Chère Violette, voilà deux jours que la pluie tombe et que le moral est au plus bas. Les troupes sont fatiguées après un combat acharné contre les allemands. Je vais bien et mange à ma faim. J'espère que le travail à la ferme n'est pas trop pénible pour toi et que les petits ne te fatiguent pas trop. Je t'embrasse. Ton aimé. Jean".
A ce moment là, sans lire les autres lettres j'ai su que je tenais mon souvenir et que ces lettres gardées précieusement pendant des années dans cette boîte en fer avaient une importance toute particulière pour mamie Violette.
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Défi
plume16

Il était 20 h 30 à ma montre. Cela faisait une demi-heure que mamie Jeannette était venue me dire bonsoir ; ce devait être suffisant pour qu'elle me croit endormie profondément. Un an que j'attendais ce moment ! J'étais fin prêt pour rencontrer une nouvelle créature dans la forêt. Je me souvenais encore très distinctement du "Liontilope" l'année passée. Un animal de toute beauté. Toutes les conditions étaient réunies pour que la magie opère une nouvelle fois : une soirée de pleine lune ; un 20 août ; et une pluie d'étoiles filantes programmée en plus pour ce soir. Je vérifiais une dernière fois mon équipement : ma boussole, ma lampe torche, ma fiole attachée à mon ceinturon qui contenait la potion magique préparée le matin même et qui permettait d'attirer les créatures d'un autre monde, et enfin, l'épée en bois que mon père m'avait donnée il y a deux ans, juste au cas où la bête serait menaçante.
20 h 40 : il était temps de partir et de faire face à mon destin de chevalier. J'ouvris donc la porte le plus doucement possible et descendit l'escalier en évitant la neuvième marche, grinçante. La télévision diffusait un son apaisant. J'imaginais alors Papy Jean dormant paisiblement, la bouche légèrement ouverte et mamie Jeannette tricotant une nouvelle écharpe pour maman. En bas de l'escalier, je tournai à droite, pénétrai dans le cellier et ouvris la porte donnant sur l'extérieur. Mission accomplie ! J'étais dehors ! Attendez-moi, créatures bizarroïdes, j'arrive !!!
Je me dirigeai vers la forêt épaisse qui s'étendait derrière la résidence de mes grands-parents. Un dernier coup d'oeil à la maison. La lumière qui s'échappait de la fenêtre du salon éclairait d'une manière lugubre la pelle restée adossée au mur. Je me mis alors à courir en direction de la forêt et sautai par-dessus la barrière délimitant la propriété. Papy Jean m'avait pourtant averti à plusieurs reprises que je ne devais pas franchir seul cette limite, mais de toute façon Papy n'en saurait rien, je serais rentré bien avant qu'il ne se réveille.
A l'orée du bois, boussole et lampe torche en mains, je marchai donc pendant cinq minutes vers le Nord, en évitant les branches tombées à terre, lors de la dernière tempête, pour enfin atteindre la clairière des Grands Ducs. Je retrouvai facilement mon poste d'observation de l'année passée. Je m'allongeais donc sur le ventre sur un tapis d'herbe, lampe éteinte. Ainsi installé, j'attendis dans la pénombre, mon épée fermement maintenue dans la main droite. Cela faisait sept minutes que j'étais immobile, mais je me savais capable d'attendre des heures pour profiter de cette rencontre annuelle. Tout était calme, même les oiseaux et autres animaux de la forêt étaient silencieux. Mes yeux s'étaient progressivement habitués à la pénombre, je distinguais à présent les pourtours de la clairière.
Tout à coup, l'herbe bougea près de ma main gauche. Une tige sortit de terre et s'étendit vers le ciel sur une hauteur d'un mètre environ. Des clochettes bleues apparurent sur toute la tige en une fraction de secondes. C'était étonnant. En relevant la tête, je m'aperçus que toute la clairière en était maintenant parsemée, ce qui confirmait que ce lieu était magique, un brin flippant tout de même. Soudain, un bruissement se fit entendre, là, juste devant moi, à l'autre bout de la clairière. Ma respiration s'accéléra brusquement sans que je puisse la contrôler. A ce moment précis, les nuages décidèrent de laisser place à la pleine lune et les clochettes des fleurs s'illuminèrent. C'était féerique. Je scrutais les broussailles devant moi quand je vis la créature s'en extraire. Mon coeur cessa de battre quelques secondes. La créature s'avança et s'arrêta au milieu de la clairière et grâce à la lumière de la lune, je pus l'observer à ma guise. Je crus tout d'abord que c'était un dragon "classique", mais en l'observant attentivement, la créature avait bien quatre pattes griffues, une longue queue terminée par un dard, des écailles acérées sur tout le corps et des ailes de chaque côté mais sur sa tête étaient plantés deux magnifiques bois de cerf ce qui lui donnait une allure particulière et noble. J'ai dû bouger, car l'animal ailé se retourna dans ma direction et s'avança vers moi majestueusement. Je pus alors constater véritablement l'envergure de la bête : elle était impressionnante et tellement belle. Je n'aurais jamais pu imaginer qu'une telle créature puisse exister. Elle continua d'avancer, j'étais tétanisé et je serrais un peu plus mon épée. Elle allongea son cou vers le sol et sa tête se retrouva à quelques centimètres de la mienne. Je sentis alors son souffle et l'haleine pestilentielle caractéristique de son espèce (côté dragon j'entends). Ses grands yeux verts plongèrent dans les miens. Son regard était hypnotisant. Il resta ainsi à me fixer un certain temps. J'avais l'impression qu'il se dégageait de la bête une énergie mystérieuse et qu'un fluide passait entre nous. Je lâchai l'épée dans l'herbe et tendis ma main vers lui tout doucement. Il inclina un peu sa tête et je pus caresser un de ses bois. Il ferma les paupières.
Puis, une nouvelle fois, les broussailles s'agitèrent. Mon regard se détacha alors de la bête en même temps que la bête se retournait lentement vers le bruit. Une autre créature se présenta, plus petite mais identique. Elle poussa alors non pas un rugissement puissant comme on pouvait s'y attendre, mais un brame profond qui résonna dans toute la forêt. Les deux "Cerdragons" (nom que j'inscrirais dans mon journal des créatures dès le lendemain) se rejoignirent au centre de la clairière et se couchèrent l'un à côté de l'autre sous une pluie d'étoiles filantes. Le spectacle était magnifique...
Je restai à les observer longuement. Je savais que je devais rentrer avant que mes grands-parents ne s'aperçoivent de ma disparition, mais je n'arrivais pas à les quitter.
22 h 35 : Mince ! Il fallait se dépêcher, le film allait bientôt se terminer, à la maison. Je partis donc à reculons pour profiter une dernière fois du spectacle qui s'offrait à moi et me mis à courir aussi vite que possible. Je décidais de couper à travers bois pour rejoindre au plus vite la maison lorsqu'un nouveau brame se fit entendre, plus doux que le précédent. En peu de temps, j'étais à la barrière et me dirigeais vers l'arrière de la maison. En m'approchant, je constatai que la lumière était toujours allumée. Ouf ! le film n'était pas terminé. J'ouvris la porte avec d'infimes précautions, la refermai et remontai l'escalier en évitant cette fois la 3ème marche. Je pénétrais dans ma chambre quand le son de la télévision s'arrêta brusquement. Je me débarrassai alors rapidement de mes vêtements, les rangeai dans la malle en bois, enfilai mon pyjama à vitesse grand V, me glissai dans mon lit et fermai les yeux. Deux secondes plus tard, la porte de ma chambre s'entrouvrit et se referma aussitôt. Il était temps !
Il fallait dormir maintenant, mais les Cerdragons étaient toujours devant mes yeux. Quelle belle soirée que celle que j'avais vécue ! Demain, j'aurais tant de choses à consigner dans mon journal des créatures. Et dire qu'il fallait maintenant attendre l'année suivante, le 20 août, pour revivre un tel évènement...
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Défi
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Elle vivait seule, dans son appartement exigu dans la banlieue de Marseille, depuis longtemps, trop longtemps. Bien sûr, elle s’était peu à peu habituée à la solitude mais parfois elle devait bien se l’avouer, le silence était pesant.
Jusqu’à ce qu’ils se rencontrent. Ça avait été le coup de foudre immédiat, pour tous les deux. Ils s’entendaient à merveille. Il s’était bien entendu installer tout de suite chez elle, ce que sa mère n’avait pas vu d’un bon œil ; elle pensait tout simplement que c’était une erreur. Roméo, c’était son petit nom, était doux, câlin, à l’écoute et toujours d’humeur égale. Son appartement était certes petit mais il y avait suffisamment de place pour deux. Quelques aménagements avaient bien sûr été nécessaires pour que Roméo se sente chez lui mais aujourd’hui ils vivaient en parfaite harmonie. Cela faisait donc six mois que la cohabitation se passait plutôt bien.
Tout allait pour le mieux donc, jusqu’à ce que Roméo sympathise avec la voisine du 4ème, une grande blonde au corps parfait. Au début, Caroline avait trouvé plutôt agréable que son compagnon se fasse accepter par le voisinage mais au fil des jours, il devint distant avec elle. Parfois, il rentrait tard, s’installait sur le canapé et s’endormait aussitôt. Elle avait beau l’interroger, elle n’obtenait aucune réponse. Elle n’était déjà donc plus le centre de son attention et elle sentait qu’il lui échappait petit à petit. Il savait toutefois se faire pardonner en s’occupant d’elle, en lui ramenant le dîner et alors elle lui pardonnait ses « escapades nocturnes ».
Un soir pourtant, il n’était pas rentré de la nuit et bien sûr Caroline était inquiète. Ou pouvait-il être ? Lui était-il arrivé quelque chose ? Pendant 3 jours elle n’eut plus aucune nouvelle de lui. Elle l’avait pourtant appelé à plusieurs reprises dans la journée, avait tourné dans le quartier aux endroits habituels où il se rendait mais il restait introuvable. A nouveau, elle se sentit seule et abandonnée. Sa mère avait peut-être raison après tout, ce n’était peut-être pas une bonne idée.
Elle poursuivit ses recherches, prit son courage à deux mains et décida d’aller sonner chez la voisine du 4ème avec qui Roméo avait sympathisé il y a quelques semaines. Elle voulait savoir si elle avait des nouvelles de lui. Sa fille, Amandine lui avait ouvert la porte et elle était tombée nez à nez avec lui. Il était tranquillement installé sur le canapé du salon et l’avait regardé d’un air penaud. Un miaulement se fit entendre et son regard se porta au fond de la pièce où elle découvrit dans un panier en osier trois petites boules de poils en train de téter leur mère, une magnifique chatte blanche angora. Caroline compris alors pourquoi Roméo, son chat de gouttière, lui avait été infidèle et avait préféré pour quelque temps s’installer chez la voisine.
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Défi
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Le gars était mort, il n’y avait pas photo. Son crâne était défoncé, certainement à coup de marteau. Des éclats de cerveau et d’os jonchaient le sol et des tâches de sang avaient été projetées sur les murs. Sous la violence des coups, un œil était sorti de son orbite.
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Défi
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C’est à partir de ce moment-là que je fus réveillé, tous les soirs à 23 h 45 précise, par des coups portés à la porte d’entrée de la maison. La première fois, en regardant par la fenêtre de ma chambre, j’ai cru que j’allais faire une attaque. Une silhouette blanche et vaporeuse, au regard implorant, regardait en direction de la maison. Ce fantôme s’évapora dès que Benji, mon husky, aboya.
Chaque soir, à la même heure, cette femme aux cheveux longs, cognait à la porte. Je commençais à regretter mon achat quand le sixième soir, je décidais de descendre et d’aller à la rencontre de ce fantôme. Elle se tenait devant moi et me souriait tandis que Benji s’était allongé à ses pieds. Elle plongea son regard dans le mien si profondément que j’en étais mal à l’aise.
La voix chevrotante, je m’adressai à elle :
- qui es-tu et que veux-tu ?
- je suis Marie et je voulais te remercier.
- me remercier ? Mais de quoi ?
- dans la cave voûtée, tu as brisé mes chaînes. J’attendais ce moment depuis les siècles. Grâce à toi, je suis libre. Les gens qui ont occupé cette maison avant toi n’ont pas compris les signes que je leur envoyai.
- mais pourquoi étais-tu enchaîné là ?
- c’est une longue histoire. Cette propriété existe depuis plus de 300 ans et il y a très longtemps, les gens de ce village m’ont pris pour une sorcière parce que j’avais les cheveux roux. Ils m’ont attaché là, un soir d’hiver et m’ont laissé mourir de faim. Depuis, mon esprit est resté enfermé. Alors, je voulais juste de remercier de m’avoir libérée. Maintenant je vais pouvoir rejoindre les miens et reposer en paix.
Elle s’évapora aussitôt pour ne plus jamais revenir. Les lieux avaient bien quelque chose de magique.
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Défi
plume16

" You, Youuuuuu, je suis là... tapis dans le noir, troisième tiroir... Je t'attends... Je sais que tout ton corps me réclame... Allez ! Ne sois pas si bête ! Laisse-toi tenter !!!"
C'était I N S U P P O R T A B L E !!! Elle devait tenir. Elle s'en était fait la promesse ! Ne pouvait-il pas se faire oublier ce chocolat de malheur ! Ok, son erreur était de l'avoir inscrit sur sa liste de course en se persuadant qu'il ne servirait qu'à confectionner un gâteau pour les enfants. Résultat : pas de gâteau mais le loup était dans la bergerie et il fallait essayer de lui échapper maintenant !
S'il n'y avait pas le stress du boulot, ce serait si simple d'y résister. Mais elle était énervée avec ce dossier urgent pesant quelques millions d'euros. Et elle connaissait tellement bien le plaisir immense qu'un petit carré lui procurerait, une délivrance, un bonheur à l'état pur ; le prix de la paix intérieure. Mais, elle savait aussi qu'un seul carré ne suffirait pas et qu'il faudrait au moins en manger trois pour assouvir ce besoin presque primaire. Voilà, tout dans la demesure ! Coûte que coûte, il fallait qu'elle occupe son corps pour occuper son esprit.  Elle prépara donc une machine, donna à manger à son chat, Piano... Oui et après ?
Elle ouvrit le troisième tiroir. La tablette était là. Entamée. Quoi ? Qui avait osé toucher à son pêché mignon ! Voilà ! Bravo !, maintenant qu'elle était entamée, c'était encore plus dur d'y résister surtout qu'une partie était découverte et que l'odeur chatouillait agréablement ses narines. Tout son corps était en émoi : sa salive en rêvait, sa bouche était aux aguets, son ventre s'en tordait. Non ! Non ! Et Non ! Elle ferma les yeux et pensa alors au reflet de son corps nu dans le miroir. Elle n'avait effectivement pas besoin d'aloudir sa silhouette. Du coup, elle referma le tiroir un peu brutalement. C'était vraiment un supplice, pire une torture de chaque instant.
"Eh, ne soit pas fâché... je suis juste un réconfort... ne me repousse pas... je suis là pour t'aider à aller mieux"
Elle rouvrit le tiroir quelques secondes plus tard.
Eh mince !!! On ne vit qu'une fois, c'est tante Josette qui le dit ! Et n'avait-elle pas lu d'ailleurs dans une revue culinaire que le chocolat noir était même très bon pour la santé.
Sur cette dernière pensée, elle cassa donc énergiquement deux carrés et en déposa un dans sa bouche. Le cacao éclata en bouche ! Elle le laissa fondre doucement pour en savourer toutes les saveurs. Dieu ! Que c'était bon ! Au diable, les bonnes résolutions ! Adieu, corps de rêve ! Bonjour, plaisir... 
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Où est-elle passée cette lettre ? Entre le "H"et le "J", un espace. Est-ce Leo le voleur ? Ou alors, Elsa l'a peut-être rangé dans son sac sans que personne ne le sache. En tout cas, elle n'est plus là. Comment Mme Legendre peut apprendre aux enfants l'alphabet ? On ne peut pas passer du "H" au "J" comme ça ? M. Patate est le seul à rester toute la journée à guetter. Sauf que M.Patate a perdu ses deux yeux et sa bouche. On ne saura pas où est cette lettre ! Bon sang ! Pas de classe ce tantôt ! Allez, sortez en récréation les enfants !
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Défi
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Après un lavage énergique, entremêlés les uns aux autres, secoués tout azimut, nous voilà enfin libres et propres. Nous respirons mieux, débarrassés de toutes ces tâches de nourriture et autres acariens qui s’accrochent à nos fils tels des sangsues !
Notre maîtresse de maison nous a délicatement accrochés au fil à linge qui se trouve dans le jardin et nous sommes tous très heureux d’être là. Nous apprécions particulièrement ce moment, il est si apaisant. Un pur bonheur.
Nous sommes bien évidemment tributaires des éléments naturels, mais grâce à eux nous retrouvons petit à petit notre légèreté. Il y a d’abord le vent qui nous fait bouger parfois légèrement et parfois plus brutalement. Aujourd’hui, il est comme je le préfère : doux. Il s’infiltre dans nos mailles, se glisse dans nos cols, nous soulève doucement, nous balance méthodiquement. Parfois, le soleil s’invite aussi et alors cet instant est encore plus agréable. Il nous réchauffe agréablement.
Il y a aussi les feuilles qui tournoient autour de nous, les papillons qui se posent sur nous, attirés par cette agréable odeur qui s’échappe de nos « pores » et qui doit leur faire penser que nous sommes des fleurs au parfum enivrant. Nous pouvons aussi rencontrer des abeilles et autres insectes qui viennent passer tout près de nous, presque à nous toucher. Il arrive également que les bergeronnettes du hameau viennent se balancer pour un instant avec nous et nous offrir leur mélodie. Nous adorons partager ce moment avec elles. Qu’il fait bon vivre à la campagne, à respirer un air pur.
Certains jours, quand le ciel s’assombrit, nous avons un peu peur des gouttes qui pourraient s’abattre sur nous, nous refroidir et faire disparaître notre parfum, mais notre maîtresse est très attentive et elle nous délivre avant que la pluie ne tombe.
Aujourd’hui, nous sommes nombreux sur le fil, beaucoup de chaussettes en cette fin de semaine, certaines sont inévitablement orphelines (leurs doubles sont soit restées cachées dans un recoin, soit dans la panière à linge ou encore rangées dans l’armoire attendant leurs « jumeaux »), quelques pantalons légers, des torchons ayant rempli leur mission de la semaine et enfin un certain nombre de tee-shirts (il faut dire que nous appartenons à une famille composée de quatre personnes !).
La belle saison se termine et nous savons que les pulls sont impatients de prendre un bain après un long moment d’inactivité. Et en plus, ils ont souvent le droit à un lavage à la main. Avec les draps, la cohabitation est parfois compliquée. Ils prennent beaucoup de place et s’enroule autour de nous sans ménagement. Bref, nous sommes nombreux, mais nous nous entendons plutôt bien.
Les nuages s’invitent tout à coup et le ciel s’assombrit brutalement. Nestor, le chat de la maison rentre dare-dare car il a senti avant tout le monde que le mauvais temps s’approchait. D’ailleurs, il y a quelques minutes, allongé à quelques mètres de nous, il a passé sa patte derrière son oreille, signe que la pluie n’était pas loin. Les nouvelles recrues sont inquiètes, mais moi, l’un des plus âgés de la troupe, je sais qu’Yvonne va surgir d’un instant à l’autre. D’ailleurs, je l’aperçois déjà, sortant de la maison, la bassine vide sous le bras, qui se dirige rapidement en notre direction. Nous sommes sauvés, encore cette fois-ci.
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plume16

Terre Mère,
Quoi te dire ? Les hommes sont devenus fous !
Ils ne respectent plus rien.
Ils ne se respectent pas entre eux.
Ils ne se respectent pas eux-mêmes... comment pourraient-ils alors te respecter ?
Pourtant, tu as créé les conditions parfaites pour permettre à ces êtres (dits) "humains" de vivre.
Pour qu'ils puissent respirer un air pur, tu as créé des arbres,
Pour qu'ils puissent se nourrir, tu as créé des baies, des fruits, une terre fertile, des océans...,
Pour qu'ils puissent se soigner, tu as créé des plantes,
Pour qu'ils puissent se sentir bien, tu as créé des paysages grandioses, des montagnes, des plaines, des fleurs magnifiques...
Et pour qu'ils ne sentent pas seuls, tu as créé des animaux de toutes sortes, des peuples différents...
Tu LEUR as créé un paradis tout simplement...
Ils auraient pu alors se contenter de ce que tu leur offrais en prélevant uniquement les ressources nécessaires à leur survie. Mais cela n'a pas duré ; au fil des années et des siècles, les hommes ont perdu leurs repères, ils ont oublié l'essentiel... Ils ont eu envie de tout connaître, de tout maîtriser, d'en vouloir toujours plus, de produire toujours plus !!!
Pourquoi me diras-tu ? Uniquement par profit et par égoïsme ! Aujourd'hui, les hommes ne pensent qu'à leur propre intérêt et se moquent des blessures qu'ils t'infligent. Ils te tuent jour après jour sans aucune moralité. Ils détruisent tes forêts sans vergogne pour vendre ton bois, ils emprisonnent tes animaux dans des parcs pour se divertir, ils jettent leurs déchets dans tes mers et tes océans sans penser aux conséquences, ils tuent tes animaux en les privant de leur milieu naturel ; ils t'épuisent sans scrupule ! oh..., que j'ai honte...
Je sais que tu as mal et que tu essayes de nous le faire comprendre par les tempêtes que tu déclenches ou encore par les orages que tu nous fais subir.
J'aimerais tellement te rassurer mais malheureusement, la folie des hommes ne s'arrêtera jamais, car le désir de posséder toujours plus est profondément ancré dans leur sang.
Quelques rares humains comme moi résistent tant bien que mal et se battent pour te protéger, mais nous sommes si peu nombreux et je doute que nous puissions inverser la tendance.
Les hommes continueront de puiser dans tes réserves sans aucune limite et finiront pas te tuer. Quand tu penses qu'ils cherchent déjà à coloniser une autre planète, pour la détruire elle aussi.
Tu n'aurais dû laisser vivre sur ton éden que les animaux, les arbres et les plantes. Ce sont eux les êtres intelligents, ils ne savent pas parler, mais ils ne prélèvent que les ressources nécessaires à leurs survies.
En tant qu'être vivante faisant partie de la même espèce que ces fous, je te demande pardon...


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Défi
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Conscience, c’est à toi que je m’adresse, toi qui ne me quittes jamais et qui est présente à chaque instant de ma vie. Notre cohabitation n’est pas toujours facile, mais chacun d’entre nous à sa place et son importance. Parfois, tu es trop présente à mon goût et parfois tu m’aides à aller mieux. Il est en effet parfois difficile pour moi de supporter ce flot continuel de pensées, surtout quand ces pensées entourent un terrible secret. Heureusement, parfois, tu disparais. 
Un soir, un être humain, dans un moment de détresse et de peur, m’a confié un terrible secret et les mots prononcés, les émotions transmises, depuis habitent mes pensées. Ce secret trop lourd pour une seule personne est maintenant partagé par deux âmes. Cette humaine que j’appellerai « Help » s’est donc tournée vers moi. Je l’ai écouté sans aucun jugement, j’ai été cette oreille attentive qu’elle attendait. J’ai été touchée qu’elle se confie à moi et qu’elle me fasse confiance à ce point. Bien sûr, j’ai été choqué par cette violence décrite et j’aurais voulu à cet instant prendre « Help » dans mes bras pour apaiser sa souffrance, mais la distance en cet instant ne le permettait pas. Lorsqu’un secret est dévoilé, il est moins lourd à porter et je suis heureuse que ma conscience en porte une partie. Maintenant, « Help », nous sommes deux à vivre avec et je suis heureuse d’en être la gardienne malgré ma peine à ton égard. Tes paroles font parties de moi et je ressens pleinement ta peur, ta douleur, tes doutes… Jamais je ne trahirais ta confiance, même pas à travers ces quelques lignes.
Sache que tu n’es plus seule. Tu mérites tellement mieux de la vie. Il y a vraiment des combats inégaux. Les êtres humains ne sont pas tous armés de la même manière face aux épreuves de la vie. En effet, chaque être dispose d’un degré de sensibilité différent et chacun dispose également d'une capacité à gérer avec plus ou moins de difficultés les émotions. Et la distance émotionnelle que l’on peut mettre entre les actes et les pensées n’est pas forcément évidente. Malheureusement, la vie n’est pas si belle que l’on pourrait le croire et tant de choses restent impunies. Ton corps a été blessé, ton âme l’ait encore plus. Nous le savons tous, les douleurs du corps s’atténuent et s’effacent avec le temps, mais les douleurs de l’âme nous accompagnent tout au long de notre vie et nous devons essayer de vivre avec.
Sache que je serais toujours là pour toi. Je ne porterai jamais de jugement à ton égard, je serai toujours à ton écoute à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit. Je te tendrais la main à chaque fois que tu en auras besoin. Je garderais toujours ton secret en moi. Il est devenu le mien.
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