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Sylviane Noël

Sylviane Noël
Quelques courts poèmes qui m'ont été inspirés par les gens de mon entourage, par les histoires qu'ils me racontent ou par des inconnus, croisés au fil des années.
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Sylviane Noël
J'aime le meuble qui me sert de table de travail Mais je déteste mon fauteuil de chêne    Il m'empêche de rêver  L'aurore assiégée, comme prison débordante aux barreaux multipliés ... Un léger mouvement de côté, et les bras du fauteuil heurtent le meuble    TOC ! Le bruit du chêne contre le chêne    TOC ! Un autre élan Arrêté Un bruit de chaîne  Je songe aux pigeons sur les trottoirs, aux chats écrasés dans les tunnels, aux goélands dans les  ruelles  Aux heures, aux minutes, aux secondes ... et puis TOC ! Le coup du chêne À chaque jour qui me dépasse, j'en veux à ce fauteuil Et pourtant, je continue de me glisser entre ses bras Car j'aime le bois Et TOC !
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Sylviane Noël
L'Imposteur se multiplie en faux moments de vérité Déambulant sur des pavés d'insignifiance à peine déguisée Louangé, sanctifié, maître parmi les Inventeurs d'influence Engraissant les Affamés qui dévorent ses mots Saoulant de ses doléances les Assoiffés Éclairant la nuit d'une lumière factice Mais que la brume de son discours soudain se dissipe Et l'Imposteur s'effondrera dans un bruit sourd Sous un coup tranchant de hache Tombera la tête de cet homme à la parole venimeuse.
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Sylviane Noël

Langueur sensuelle
Promesse du sommeil
Qui se glisse en l'être
Et l'envahit
Silence
Merveille éclatée
Délivrée de la gravité
Nonchalance
Chute sans fin
Lorsque ma tête se pose
Sur le coussin moelleux
De tes jambes repliées.
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Sylviane Noël

À quoi sert-il à l'Homme d'ouvrir un parapluie s'il se brise dans le vent?
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Sylviane Noël
Les aurores boréales peignent ma solitude Au firmament de ton absence Toile mouvante de regrets Que le temps souffle jusqu'aux étoiles Dans l'infini languissement des nuits Qui se retournent comme des feuilles Tes errances me dévorent Mais toujours, mon corps se tait Au creux du deuil Patience Le vent du Nord me racontera Ta légende.
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Sylviane Noël

Elle s'était dit que jamais elle n'ouvrirait cette porte, qu'elle ne se laisserait pas entraîner. Pas question de céder, de leur donner raison. Mille fois, cette phrase avait fait le voyage dans sa tête. Mille fois, son écho l'avait étourdie jusqu'à la nausée. Mais elle savait que ce refrain ne réussirait pas à étouffer la voix derrière la porte.

Tout s'était finalement accompli. Il fallait bien survivre.

Une inspiration profonde avant de faire le premier pas dans le noir. Et puis l'envie de ne plus respirer au moment de traverser le rideau de lumière.

S'avançant, faussement langoureuse, elle suit le rythme d'une musique déjà presque couverte par le bruit des voix et des rires gras, et s'installe à califourchon sur sa chaise. Les jambes comme des ailes grandes ouvertes, elle rejette la tête vers l'arrière et s'accroche à sa monture. Haletante. Cambrée. En attente. Offerte aux projecteurs.

Salope! Le mot avait été lancé du fond de la salle. Encore un enragé. Putain! Cette fois, le ton avait monté. Puis, l'inconnu s'était tu. Avant d'émerger de la noirceur. Quand elle l'aperçut enfin, la musique, les voix et la connerie ambiante s'évanouirent. Il était là, de nouveau, plein de rage et de dégoût. Lui qui n'avait mérité qu'un départ sans adresse. Lui, tout près, gesticulant et hurlant.

Elle regarda le chien de garde du bar l'arracher des lieux. Maintenant qu'il savait où la retrouver, elle devrait tourner la page, encore une fois, et frapper à cette porte qui s'ouvrait trop facilement, un peu partout.
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Sylviane Noël

Un mot me brûle les lèvres, la langue, le cœur et les entrailles. Aimer. Je n'aime pas, je frappe. J'ai les mains destructrices, haineuses. Les mains de mon cœur sans cœur.

Pourtant, aimer ne m'est pas tout à fait étranger. J'aime Eima et la brunante qui l'habite. J'aime la nuit et les êtres aux yeux de lune dont le langage est un long silence traversé de frissons.

J'aime la peur. Lorsque je danse avec elle, Eima vole dans tous les sens, crachant des hurlements que les fantômes qui croient la bercer s'empressent d'étouffer.

Eima avait mille ans lorsque je visitai son esprit pour la première fois. Mille ans de désert.

Voilà deux nuits, Eima était assise au piano, immobile, les yeux rivés sur le clavier, pendant que je lui fredonnais une berceuse. «Dodo, l'enfant do, mi la si sur le piano» Eima abattit soudain ses poings sur le clavier, criant qu'elle ne voulait pas qu'on lui scie le cœur.

Folie! lancèrent les fantômes.

Pour la punir, ils l'enfermèrent dans un coffre à outils.

Maintenant, Eima n'a guère plus de voix qu'un marteau. Vieille de n'en plus finir d'être jeune, elle s'acharne à clouer des grains de sable sur un mur de pierre.

Moi, je proclame qu'elle n'est pas de cette pierre-là. Eima est Autre. Elle est celle qui ne s'appartient pas.

Eima est mienne. Elle est moi, qui suis en elle.

Pour rassurer les fantômes, j'ai cousu à son sein précoce une friandise qu'ils lècheront comme un chien lèche une plaie.

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Sylviane Noël
Sous tes lumières fanées Je laisserai pousser Mes doigts de mauvaise herbe J'irai cueillir tes lèvres Au champ des souvenirs Sur ton coeur primevère Sèmerai des soupirs Pour envoûter les morts Et boire tes mots pervers Dans la terre de ton flanc Je creuserai l'avenir Y planterai un arbre Qui touchera le ciel Lorsque j'aurai mille ans Sur toi je garderai Cet œil qui me reste J'ai jeté l'autre aux loups.
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Sylviane Noël

Tout au bout du chemin, se dresse la maison vêtue de lierre. Le soir est tombé depuis longtemps, et la lune dessine au firmament une sphère éclatante. De la fenêtre de sa chambre, Florence observe ce cercle fascinant. Une ouverture aux confins du ciel. Une ouverture par où s'échapper.

La journée avait été si longue, les secondes se traînant dans la vase. La tension accumulée au fil des heures avait tressé une corde qui lui serrait la gorge. Florence en avait perdu le souffle.

Enfin réfugiée sous les lambris, elle respire. Oublier. Dormir.

Dépliant ses jambes fines, Florence se lève, se dirige vers la table de chevet, puis éteint. Des rayons de lune caressent la noirceur. Rapidement, elle se glisse sous les couvertures, dans l'espoir de délier la corde autour de son cou. Dans sa tête, peu à peu, les idées cessent leur danse.

Soudain, un bruit, très léger, la tire de son demi-sommeil. Un frémissement la traverse. Vivement, son regard se tourne vers la porte demeurée entrouverte. Un oeil, vitreux et globuleux, est fixé sur elle. Une douleur lancinante la paralyse, la cloue sur son lit comme sur une croix. La corde se resserre et sa voix se perd en silences.

Quelqu'un murmure son nom. Un appel... La corde l'étouffe. La sueur envahit ses tempes. Cet oeil, qui ne cesse de la fixer. Tout près, quelqu'un semble jouir de sa terreur. La porte se balance lentement. Florence étouffe un cri. La douleur est insoutenable.

Chute sans fin dans l'inconscience.

Au matin, le soleil baigne la chambre fleurie de sa lumière. Florence ouvre les yeux, scrute la pièce. Puis, elle se rappelle...

Elle repousse les couvertures d'un geste incertain, pose les pieds sur le sol glacé et se dirige vers la porte entrebaîllée. Ses mains moites effleurent la poignée. Fronçant les sourcils, elle jette un regard craintif au corridor. Rien, ou si peu.

Là, devant ses yeux ahuris, accroché à la patère, son manteau, dont l'unique bouton, blanc et noir, scintille et semble la regarder.







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Sylviane Noël


Je ne vois que tes yeux
Et devine ta bouche
Ta voix étouffée
Par secousses m'atteint
Comme un ruisseau qui se bat
Deux mètres nous séparent
M'interdisent ton corps
T'enlacer, mais comment
Sans jamais te toucher
La moitié de ton visage
Une étoffe criante
Mais toi, tout entier
Là, au fond de tes yeux
Qui éclatent en orages
Je ne cherche plus qu'eux.




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Sylviane Noël
Tes mots Me jettent au sol M'isolent M'attachent Me râlent Me broient Me liquéfient Me crachent Me vomissent Puis soudain me rappellent Vers toi Et toujours je me relève Pour recréer le chemin Vers toi Mais voilà qu'aujourd'hui Je me relève Pour la dernière fois Car tes mots Sont épuisés Je retrouve mon souffle Sans toi.
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