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-Hé ! Ça vous dit qu'on aille visiter la maison des Carnutes ? Demanda Sébastien.

Nicolas Sébastien et Marie étaient en 4ème, tous les trois dans le même collège mais pas dans la même classe. Nicolas était brun, les yeux marrons et pas spécialement grand pour son âge, ce que lui faisait souvent remarquer Sébastien qui le dépassaient de dix bons centimètres, et qui lui était blond aux yeux bleus. Marie était également blonde aux yeux bleus, et avait une multitude de taches de rousseur sur le nez. Ils se connaissaient depuis la maternelle. Ils vivaient dans un petit quartier comprenant une école qui allait de la maternelle au collège, une mairie, une petite épicerie et une dizaine de maisons seulement, ce qui faisait qu'ils étaient depuis la maternelle qu'une quinzaine. Nicolas Sébastien et Marie habitaient non loin l'un de l'autre, et aimaient se promener dans le quartier. J'ai oublié de vous dire que dans ce quartier, il y a une autre maison pas comme les autres. Celle-ci est lugubre : elle est installée dans le seul coin sombre du quartier, ses fenêtres sont brisées, il manque une partie du toit et la porte gît a côté de là ou elle était jadis. Une légende raconte qu'il y a soixante dix ans, c'est-à-dire pendant l'occupation allemande, une famille habitait dedans, un couple et leurs trois enfants. Ils étaient juifs. Un jour, des nazis sont venus et ils ont été embarqués. Certains disent qu'ils ont été dénoncés. Depuis, la maison est restée inhabitée, et elle s'effondre de plus en plus comme si elle s'attristait sur le sort de ses anciens locataires.

-Mais c'est dangereux ! S'exclama Nicolas.

-Aurais tu peur ? Le taquina Marie.

-Non... Mais...

-Mais ? Demanda Sébastien

-Rien, allez on y va.

Ils s'avancèrent vers la maison. Oui Nicolas avait peur, mas ses deux camarades qui se montraient courageux avaient aussi peur que lui. Dés qu'ils s'approchèrent de la maison, le ciel s'assombrit et celle-ci leur paraissait plus menaçante que jamais. Ils marchaient à pas lents vers l'entrée. Arrivés devant, ils hésitèrent un court instant. De là ou ils étaient, ils pouvaient voir l'intérieur de la maison : c'était encore plus sombre qu'à l'extérieur. Marie entra la première et disparut dans la pénombre. Sébastien rentra juste après elle. Nicolas fut soudain pris d'une immense crise d'angoisse. Son pouls et sa respiration s'accélérèrent, et une vive douleur lui enserra la poitrine. Une petite voix dans sa tête lui disait de faire demi-tour et de partir en courant, car il pressentait un danger. Un grand danger. Sa panique était telle que des larmes lui montèrent aux yeux. Il respira calmement pendant quelques secondes pour tenter de se calmer. Il savait qu'il ne pouvait se résoudre à abandonner ses amis quoi qu'il y ait dans ce bâtiment. De plus, si il n'y avait rien à craindre, ses amis le traiterait par la suite de mauviette, et il ne pouvait leur laisser une occasion de dire cela. Après avoir pris une dernière grande inspiration, et marmonné un « adieu monde cruel », il entra donc dans la maison.

Silence. Noir. Si il devait par la suite faire une rédaction où il décrivait la maison telle qu'il l'a vu au moment où il est rentré, il rendrait copie blanche. Il n'y avait aucune odeur non plus. Ce néant sensoriel le terrifiait. Seul le contact de ses pieds sur le plancher le reliait à quelque chose. Sinon, rien. Il n'avait aucun signe de ses amis et n'osait les appeler de peur de rompre le silence. Il n'osait pas non plus courir vers la sortie malgré la proximité de celle-ci. Il était pétrifié.

Un long cri strident déchira le silence et Nicolas sentit une présence froide non loin de lui. Il crut que son cœur s'arrêtait de battre, et il se sentit à deux doigts de défaillir. La salle étant toujours plongée dans les ténèbres, Nicolas ne voyait pas l'être qui tournait autour de lui. L'être le voyait lui. Il le voyait et le connaissait. Il l'observait depuis des années, il observait sa famille depuis des générations. Cette famille qui lui avait pris sa vie ainsi que celles de ses parents et de ses deux sœurs âgées seulement de huit ans chacune. Cette famille qui avait collaboré avec l'ennemi. La haine l'envahissait entièrement et la seule dernière pensée qui l'abritait était le désir de vengeance. Il voulait rendre justice. Il voulait tuer. Il fondit alors sur Nicolas qui s'effondra inerte sur le sol.

Certes, en faisant cela, l'esprit avait vengé sa famille. Mais il avait aussi commis un acte aussi effroyable que celui de sa propre mort. L'esprit poussa un hurlement et commença à se défigurer. Après plusieurs minutes où il éprouva toute la douleur que les morts peuvent ressentir, il s'enfonça petit à petit dans le sol de la maison, et rejoignit ainsi les enfers.

L'esprit de Nicolas quitta son corps et flotta au dessus de ce dernier. À présent, c'est lui qui hantera cette maison jusqu'à ce que justice soit faite.

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