Glissement de terrain

de Image de profil de Atlanto NatAtlanto Nat

Avec le soutien de  Peter Dussoni, Gigi Fro 
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Image de couverture de Glissement de terrain

Je m'en vais vous conter une histoire qui vient tout droit de mon adolescence.
A cette époque le malheur s'est fort bien amusé à me servir de muse sans m'amuser, m'empêcher de m'assumer, j'étais assommé par la colère d'un homme aisé chez qui je vivais
Chaque jour, en rentrant c'était le même supplice. Le même stress, l'envie de rester à l'école. Je n'aimais pas l'école, mais préfèrai celle-ci à mon chez l'autre, chez qui j'avais si peu d'espace.
Après le dernier arrêt du bus, je devais marcher environ cinq kilomètres pour arriver dans cette maison.
Et comme souvent, le stress provoquait chez moi, une violente manifestation du colon.
Comprenez que j'avais une "courvite", "la coulante", "un glissement de terrain" bref, j'avais mal au ventre.

Sur le trajet, à environ 500 mètres de l'arrêt du bus "le château des Ravalet". Dans cet endroit il y avait des toilettes que j'utilisais souvent en cas de besoin. N'ayant pas véritablement le droit de les utiliser car ne travaillant pas pour le domaine, je m'arrangeais pour être discret et respectueux. Saisissez que je rasai les murs et nettoyais bien derrière moi.

Toujours!

Mais cette fois ci l'envie était.. Violente.

J'entre donc, pressé, par les grandes grilles, traverse le petit pont sur lequel je m'amusai lorsque j'étais enfant. Tourne à droite... L'envie se fait pressante... J'accélère le pas.
Je sens l'envie monter encore d'un cran.
Je ralentis, je ne pourrai pas tenir. Je transpire. Impossible j'ai tellement mal que je pourrai véritablement avoir... un glissement de terrain!
Je marche vite.
Trente mètres me séparent de cette porte blanche mal peinte.
Vingt mètres. J'ai de plus en plus mal, de la sueur sur mon front.
Dix mètres. Plus rien à cet instant n'existe sur terre hormis mes entrailles en feu et cette putain de porte qui n'avance pas !!!
Cinq mètres. Je vais y arriver, mais j'ai atrocement mal.
Deux mètres. Trop tard. Je sens un soulagement m'envahir au fur et à mesure que la douleur se vide.
A DEUX METRES DE LA PORTE!!!
Immobile face à cette porte. Liquide chaud jusqu'aux pieds. Je songe:
"Ca devait m'arriver un jour ça!"
Las, je rentre dans les toilettes.
Choisis une cabine et m'installe sur un trône devenu bien inutile. Riant, (jaune tout de même) je constate que cette cabine n'a plus de papier.

Je change donc de toilette. Une qui à de quoi... Déblayer le terrain.
Faisant de mon mieux, j'enlève mon sous vêtement qui, en première ligne, est dévasté par cet événement. Je garde mon pantalon, parce que cul nu en pleine campagne et surtout en plein hiver, non vraiment je n'en ai pas le courage.
J'enlève mes chaussettes, parce que elles aussi ont était touchées. Garde mes chaussures, parce que je ne me sens pas de marcher pieds nus en plein hiver Normand.
Après avoir littéralement et olfactivement dévasté ces bien belles toilettes, vidé la moitié d'un rouleau et tiré une demi-douzaine de chasse, je me décide à rejoindre mon chez moi.
C'est ainsi, pantalon collant, démarche de canard et fierté perdue que j'ai repris la route.
C'est peut être à cause de mon allure que pour la première fois de toute ma scolarité une voiture s'arrête à mon niveau, baisse la vitre et l'homme au volant me dit en enlevant ses affaires de la place passager:
-Allez Atlanto! monte je te ramène! C'était un voisin. Celui que l'ont connaissait le moins. Si ca avait était Raymonde (Ma voisine que je considère encore aujourd'hui comme ma grand mére), je lui aurai expliqué, elle se serait moquée de moi et nous serions rentrés.
Ca aurait été les deux autres crétins du 16, ils ne se seraient même pas arrêtés... Mais non, ce doit être quelqu'un que je connais peu, mais que je sais particulièrement bavard!

Je bredouille:

-Je... non... j'aime bien marcher après l'école.

Il se met à pleuvoir. Il pleut, comme c'est possible en Normandie: Dru. (il est important que j'ajoute ici, que je ne modifie absolument pas cette péripétie. Ceci m'est véritablement arrivé)
-Non, mais tu vas pas rentrer sous la pluie insiste mon bon voisin.
De parfaite mauvaise foi j'insiste à mon tour.
-Oh vous savez, je ne suis pas en sucre. Je songe: "je déteste quand ma mère me dit ça, Mais c'est pratique parfois"
-Non c'est débile Atlanto, allez monte.
Résigné je lui dévoile la vérité:
-Bon, euh, je suis malade et j'ai disons... j'ai pas su me retenir. Je préfère ne pas salir votre voiture. "Avec lui tout le village va être au courant" Riant le gentil homme sort, d'on ne sais où une serviette. Ainsi donc humilié au point de nécessiter une alèse pour m'assoir, je prend place au coté de mon 'sauveur' amère.
-Ah! mais oui je comprend! souffle t'il en ouvrant énergiquement sa fenêtre.
On est bien d'accord qu'à ce stade je suis juste, sale, puant, rouge et totalement honteux. Il me dépose chez moi. Attend gentiment que je sois rentré pour ouvrir ses autres fenêtres.
Dans cette histoire tout de même un point positif. Personne ne su jamais ce qui m'était arrivé.
Ce bon voisin à la langue bien pendue, garda semble t'il cette histoire pour lui.

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En réponse au défi

Auto dérision

Lancé par Leslie Riebel

Il y a toujours de l’humour dans l’auto dérision. Les personnes qui en sont capables peuvent être très touchantes.

Je propose ce double défi : faire rire et toucher aux larmes....

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Glissement de terrainChapitre12 messages | 6 ans
La quête des boutonsChapitre0 message

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