La première fois que tu m'avais invité chez toi, c'était dans ton studio à Montmartre, mon quartier préféré. C'était un mercredi à cinq heures de l'après midi. Il faisait froid ce jour là. Tu m'avais préparé un chocolat chaud. Seulement le lait avait tourné mais je n'osai pas te le dire. J'avais des sentiments amoureux pour toi et j'avais peur d'être maladroite. A la première gorgée je fis une grimace. Je m’empressai de te dire que je sortais de chez le dentiste. Tu me souris timidement.
Puis à la deuxième gorgée, tu me racontas l'histoire de ton grand-père qui tuait des cochons devant tes yeux. La grimace tombait au bon moment. Tu t'excusa de me raconter des histoires sordides pendant que je prenais mon chocolat. Je finis par te demander où étaient les toilettes et je m'en allais vomir. J'étais super gênée. Je ne savais pas où me mettre. Tu me rassuras. Tu me proposas de m'allonger sur le divan pour me reprendre. Tu me parlas d'une voix douce.
J'ouvris les yeux au petit jour. Je m'étais endormie là. Tu me servis un thé. Tu m'appela « princesse ». Puis on s'était revu après et voilà notre histoire commença. Alors ce soir après vingt ans de mariage, je voulais te dire que ton chocolat avait tourné. Il n'était vraiment pas bon. C'est balot d'apprendre ça vingt ans après.