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Camille D.

Lille.
Camille D.
Un homme descend tous les jours de son train, à gauche.
Un jour, il est forcé de descendre à droite.
Sur le quai du monde dans lequel il atterrit, tout est identique mais la perspective de la vie est complètement chamboulée... Car la mort n'existe pas.
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Camille D.
Que se passe-t-il en trois secondes ?
Trois secondes.
C'est peu et beaucoup à la fois, surtout avant de mourir.
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Défi
Camille D.
Réponse au défi "l'envie d'écrire" !
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Défi
Camille D.

Il y a des choses qui nous sont inhérentes , non ?
De petits rien qu'on ne voit plus, qu'on ne sent plus en nous jusqu'au jour où l'on décide d'y prêter attention. Je n'ai jamais été vraiment attachée aux choses mais les sensations et les émotions me poursuivent. Ma vie est un fil ininterrompu de stimuli qui me retournent le corps chaque jour.
Mais celui qui reste le plus doux fait office chez moi de madeleine de Proust. Il est indéniablement associé à ma mère. Elle en est la créatrice, l'instigatrice officielle. Et pour cela elle restera éternellement l'acolyte de mes meilleurs souvenirs d'enfance. L'odeur des crêpes chaudes le dimanche en fin d'après-midi demeure celle qui me remet sur le droit chemin, peu importe les sentiers sinueux que je peux emprunter. Aujourd'hui encore je m'attache à cette senteur de zestes d'agrumes et de pâte juste dorée pour me rappeler que chaque moment mérite d'être vécu.
Il m'a fallu bien du temps avant de m'accrocher à ces petites choses qui rendent l'existence plus facile.
En fermant les yeux, je me revois tenter vainement d'écraser les grumeaux sur le bord du saladier. J'espère secrètement qu'elle ne les verra pas, parce que j'ai fait de mon mieux mais qu'à mon âge je ne suis encore pas très regardante sur ce genre de détails. Elle a un geste magique, ma mère, pour faire les crêpes. Elle doit forcément y mettre un ingrédient secret car aujourd'hui les miennes n'ont ni le même goût, ni la même texture et surtout n'ont plus la même odeur. Les effluves qui s'échappent de la crêpière sont extraordinaires, et si je me concentre je peux encore les sentir aujourd'hui. Je suis toujours assise sur une chaise de la cuisine pendant ce processus délicieux. Je la regarde et je salive d'avance. Mes yeux font des allers-retours entre la poêle brulante et sa main qui tourne dans les airs. Elle a une dextérité, ma mère, vraiment je l'admire. Aujourd'hui je fais illusion, je tourne comme je peux moi aussi, mais ça ne donne jamais le même résultat et je suis déçue.
C'est là qu'on se rend compte qu'on ne remplace jamais une mère je suppose. Ne serait-ce que pour les crêpes ! Je souris parce que bien sûr elle est irremplaçable pour tant d'autres choses. J'ai envie de la remercier pour tous ces souvenirs que j'ai dans le ventre de la maison. Cette senteur est restée gravée dans mon esprit d'enfant que je porte encore en mois jour après jour. Je suis persuadée que si j'extrapole un peu je peux même dire que lorsque je fais sauter mes crêpes d'adulte, c'est pour retrouver intimiment ces moments là. C'est une sorte d'introspection crêpière en quelques sortes.
Toute cette agitation interne est liée à cette seule odeur, à cet arôme que je ne retrouverai plus jamais autre part. De mon point de vue, on sous-estime trop souvent l'olfactif qui pourtant est un souvenir puissant. C'est une forme de vision imperceptible qui se pose inévitablement sur chaque chose, chaque personne. Comme dans Inception où la toupie tourne pour DiCaprio afin de lui rappeler où est la réalité, le parfum sucré des crêpes de mon enfance me retient fermement dans la mienne.
Voilà le pouvoir magique de cette crêpe de Proust, mélange de zestes dorés, de grumeaux qui se noient et de souvenirs d'enfance qui ressurgissent.
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Camille D.

Merde, merde, merde.... merde.
Je fais des allers-retours dans le minuscule espace que m'offre cette chambre miteuse. Un retour sur deux, je me cogne contre les pieds du lit. Il est démesuré... Quelle idée de mettre un lit aussi grand au milieu d'une pièce aussi petite ? Les gens ne réfléchissent pas. "Lit double" il y avait écrit. C'est vrai, il est doublement trop grand pour l'espace.
Je sens une goutte de sueur perler le long des mèches qui se collent à mon front. D'un mouvement brusque je passe mes doigts dans mon dos, mon T-shirt est humide. Je crois que mon corps se liquéfie, je suis en train de fondre.
C'est donc à cela que ressemble la peur ? Être moite et s'arrêter sur des détails sans importance ?
Putain j'ai déconné cette fois. Des conneries j'en ai fait quelque-unes mais là... Là je suis vraiment dans une merde noire.
Je passe dans la salle de bain et mes chaussures pleines de terre dégueulassent les carreaux jusqu'ici immaculés. Mon regard croise le reflet de cet homme dans le miroir un peu sale. Plusieurs fois, ses yeux fuyants me fusillent avec mépris. J'ouvre le robinet et j'enfouis mon visage déjà mouillé de cette transpiration froide et collante dans l'eau glacée que je récupère tant bien que mal dans les creux de mes paumes. Le liquide ruisselle le long de mon cou et plonge de l'arête de ma mâchoire sur l'émail abimé du lavabo. J'ai l'impression que les couleurs de ma peau coulent aussi, l'image que me renvoie la glace s'affadit. Je m'appuie sur les rebords en céramique, éclatés par endroit. Je plante mes yeux fous dans ceux de cet homme que je ne reconnais pas.
Que suis-je devenu ? Quelle barrière ai-je franchi cette fois-ci ?
Mes tempes pulsent, les bruits de la circulation me heurtent un à un de plein fouet. Étendu sur le lit encore fait, je sens l'air frais de la fin de journée qui glisse le long de mes bras nus. Le coton de mon T-shirt se décolle peu à peu de mon ventre, ma respiration se calme.
Un éclair jaillit de mon esprit encore embrumé, je réalise.
Merde, je dois partir. Ils vont me retrouver, c'est sûr. Je dois disparaître. Les flics vont débarquer dans ce boui-boui et je ne reverrai jamais la lumière. La lumière...
C'est une force surhumaine qui me sort de ce songe abominable. Je dois sortir d'ici, et vite. Dehors la vie continue, mais je sais qu'ils vont finir par trouver le corps. Je ferme la fenêtre et regarde nerveusement sur le parking puis me cache de nouveau derrière le rideau taché du motel.
Et si on m'avait trouvé bizarre quand j'y suis entré ? Si le gérant me juge suspect sans même savoir ce que j'ai fait ? J'ai déconné, merde !
J'ai paniqué, c'est tout. Je revois encore les yeux apeurés du vendeur et mon estomac se retourne. J'ai envie de vomir, de me vomir. Je me déteste mais mon instinct de survie me dicte de fuir, de sauver ma peau coûte que coûte.
J'ai tiré parce qu'il allait le faire.
Je... J'ai tiré parce que j'ai eu peur d'être celui des deux qui finirait par terre !
Ca n'excuse rien, j'ai appuyé sur la détente. Pire que de la peur, je ressens une panique interne qui me remue les organes... L'adrénaline. Je me lève et jette un oeil dehors, le parking est toujours désert. C'est le bon moment, je dois filer sans demander mon reste et me fondre dans la nature au plus vite. En continuant à bouger, ils perdront peut-être ma trace... Peut-être.
Je récupère le sac à dos que j'ai balancé sur le fauteuil fatigué au coin de la pièce. La bretelle encore humide m'irrite l'épaule. J'ouvre les deux boucles sur l'avant et plonge ma main dans le contenu du sac. Elle est là, prête à me faire inculper... L'arme du crime.
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