Le motel de mes cervelles

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Merde, merde, merde.... merde.

Je fais des allers-retours dans le minuscule espace que m'offre cette chambre miteuse. Un retour sur deux, je me cogne contre les pieds du lit. Il est démesuré... Quelle idée de mettre un lit aussi grand au milieu d'une pièce aussi petite ? Les gens ne réfléchissent pas. "Lit double" il y avait écrit. C'est vrai, il est doublement trop grand pour l'espace.
Je sens une goutte de sueur perler le long des mèches qui se collent à mon front. D'un mouvement brusque je passe mes doigts dans mon dos, mon T-shirt est humide. Je crois que mon corps se liquéfie, je suis en train de fondre.

C'est donc à cela que ressemble la peur ? Être moite et s'arrêter sur des détails sans importance ?

Putain j'ai déconné cette fois. Des conneries j'en ai fait quelque-unes mais là... Là je suis vraiment dans une merde noire.

Je passe dans la salle de bain et mes chaussures pleines de terre dégueulassent les carreaux jusqu'ici immaculés. Mon regard croise le reflet de cet homme dans le miroir un peu sale. Plusieurs fois, ses yeux fuyants me fusillent avec mépris. J'ouvre le robinet et j'enfouis mon visage déjà mouillé de cette transpiration froide et collante dans l'eau glacée que je récupère tant bien que mal dans les creux de mes paumes. Le liquide ruisselle le long de mon cou et plonge de l'arête de ma mâchoire sur l'émail abimé du lavabo. J'ai l'impression que les couleurs de ma peau coulent aussi, l'image que me renvoie la glace s'affadit. Je m'appuie sur les rebords en céramique, éclatés par endroit. Je plante mes yeux fous dans ceux de cet homme que je ne reconnais pas.

Que suis-je devenu ? Quelle barrière ai-je franchi cette fois-ci ?

Mes tempes pulsent, les bruits de la circulation me heurtent un à un de plein fouet. Étendu sur le lit encore fait, je sens l'air frais de la fin de journée qui glisse le long de mes bras nus. Le coton de mon T-shirt se décolle peu à peu de mon ventre, ma respiration se calme.
Un éclair jaillit de mon esprit encore embrumé, je réalise.

Merde, je dois partir. Ils vont me retrouver, c'est sûr. Je dois disparaître. Les flics vont débarquer dans ce boui-boui et je ne reverrai jamais la lumière. La lumière...

C'est une force surhumaine qui me sort de ce songe abominable. Je dois sortir d'ici, et vite. Dehors la vie continue, mais je sais qu'ils vont finir par trouver le corps. Je ferme la fenêtre et regarde nerveusement sur le parking puis me cache de nouveau derrière le rideau taché du motel.

Et si on m'avait trouvé bizarre quand j'y suis entré ? Si le gérant me juge suspect sans même savoir ce que j'ai fait ? J'ai déconné, merde !

J'ai paniqué, c'est tout. Je revois encore les yeux apeurés du vendeur et mon estomac se retourne. J'ai envie de vomir, de me vomir. Je me déteste mais mon instinct de survie me dicte de fuir, de sauver ma peau coûte que coûte.

J'ai tiré parce qu'il allait le faire.
Je... J'ai tiré parce que j'ai eu peur d'être celui des deux qui finirait par terre !

Ca n'excuse rien, j'ai appuyé sur la détente. Pire que de la peur, je ressens une panique interne qui me remue les organes... L'adrénaline. Je me lève et jette un oeil dehors, le parking est toujours désert. C'est le bon moment, je dois filer sans demander mon reste et me fondre dans la nature au plus vite. En continuant à bouger, ils perdront peut-être ma trace... Peut-être.
Je récupère le sac à dos que j'ai balancé sur le fauteuil fatigué au coin de la pièce. La bretelle encore humide m'irrite l'épaule. J'ouvre les deux boucles sur l'avant et plonge ma main dans le contenu du sac. Elle est là, prête à me faire inculper... L'arme du crime.

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SamChapitre3 messages | 6 ans

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