New York, juste un rêve

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Chapitre 5

J'entends la voix de Mathilde au loin mais, l'espace de quelques secondes, regarde fixement le sol, ma respiration coupée et le cœur comme bloqué dans la gorge.
Quelqu'un en veut suffisamment à Daryl pour vouloir sa mort, et Mathilde semble avoir l'habitude de le couvrir.
L'idée d'être au milieu des deux me fait beaucoup moins glousser désormais ... Dans quoi est-ce que je suis allée me fourrer, au juste ... ?
Je relève lentement le téléphone jusqu'à mon oreille pour reprendre la conversation où je l'ai laissée. D'une voix blanche, je réponds à Mathilde :

Miss Mystère :
"Mathilde, je vais rentrer chez moi, maintenant."
Mathilde :
"Écoute, je suis navrée... J'aurais pas dû te balancer ça comme ça, c'était idiot."
Miss Mystère :
"C'est bon, ça va... Je... Je rentre."

Je voudrais assaillir Mathilde de questions mais je me sens épuisée. Je veux juste rentrer chez moi,
retrouver Topaze, me blottir sous la couette. Retrouver ma vie normale.

Mathilde :
"On se voit demain au bureau ?"

Je devine l'inquiétude de Mathilde au son de sa voix, désormais bien moins assurée.

Miss Mystère :
"Euh... Oui... On se parle demain."

Je me sens totalement perdue. Je parle presque par automatisme, comme si j'étais à demi consciente...

Mathilde :
"T'es où ? Ça va aller pour rentrer ? Tu veux que je vienne te chercher ?"

Dans d'autres circonstances j'aurais sauté sur l'occasion, mais là ... Je veux juste oublier ces deux-là.

Miss Mystère :
" Non ça va. Je suis pas lionne toute façon."
Mathilde :
"Ok."

De longues secondes s'écoulent sans qu'aucune de nous deux ne parle. Un éclair déchire le ciel et un coup de tonnerre claque si fort que j'en sursaute.

Miss Mystère :
"Je te laisse Mathilde."
Mathilde :
"D'accord. Prends soin de..."

Je raccroche avant d'attendre sa réponse. À vrai dire je ne veux plus l'entendre.

(...)

Ce matin, je suis arrivée au bureau en mode mort-vivant. Teint pâle, cernes béants et démarche traînante de limace. Bref, au top de la sexitude. Je suis capable d'encaisser pas mal de choses, mais il vient un moment où le corps ne suis plus.
Lorsque je pose mes affaires, une main se pose délicatement sur ma taille et je tressaille.

Mathilde :
"Salut princesse."

La voix de Mathilde est calme, posée. Je vois à ses yeux qu'elle sait très bien qu'elle est en terrain miné.
J'avance machinalement pour lui faire la bise et ses lèvres frôlent presque les miennes. Je sens son odeur m'envahir et la caresse de sa peau sur la mienne.
Un instant je frissonne et je me revois sur le sofa de l'appartement, le corps serré contre la sienne... Même en colère contre elle, je la réclame.

Mathilde :
"Comment tu vas ?"
Miss Mystère :
"Moyen... Pas beaucoup dormi."

Mathilde fronce les sourcils un moment, tentant de comprendre l'état dans lequel je me trouve, puis elle pose une main dans ses cheveux en fixant le sol.

Miss Mystère :
"Bon... Je vais me mettre au boulot si ça te dérange pas !"

Je me tourne m'avance vers mon siège mais Mathilde me retient fermement par le bras et m'attire vers elle pour murmurer à mon oreille.

Mathilde :
"J'crois qu'il faudrait qu'on parle..."

Je balaye rapidement l'open space. Je vois les regards fuyants de plusieurs collègues prêts à repaître d'un nouveau ragot croustillant. Je déteste être au centre de l'attention.

Miss Mystère :
"D'accord... Mais pas ici Mathilde..."
Mathilde :
"Ok. Viens."

Elle m'invite à la suivre jusqu'à l'ascenseur, devant les regards déçus de quelques badauds. Je la suis sans opposer de résistance. Je crois que nous avons beaucoup à nous dire, alors autant le faire toute de suite.
Une fois dans le petit espace, elle appuie sur le bouton de fermeture des portes pour nous donner un peu d'intimité, puis se tourne vers moi, le regard grave.

Miss Mystère :
"Mathilde... tu vas vraiment monopoliser cet ascenseur ? Tu sais que les gens ont pour habitude d'arriver au travail à cette heure..."
Mathilde :
"Y'a pas qu'un ascenseur à Carter Corp. et puis... ça leur fera une excuse pour glander un peu ! Crois-moi, je suis sûre qu'ils nous remercieront."

Je croise les bras sur la poitrine, je m'appuie contre la paroi du fond et relève un peu le menton. Pas besoin d'un mentaliste pour analyser ma gestuelle très explicite.

Mathilde :
"Tu sais que t'es impressionnante comme ça ?"

J'inspire pour faire comprendre à Mathilde mon agacement. Je vraiment pas envie de rire...

Mathilde :
"Ok. Désolé... Je voulais juste détendre l'atmosphère. Mais... visiblement... ça va être compliqué..."

Elle passe une main dans ses cheveux en bataille et lève vers mais des yeux timides, comme une petite fille prise faute, pendant que quelques mèches de cheveux retombent légèrement sur son front.

Miss Mystère :
"Mathilde... Ce n'est pas que je n'aime pas les ascenseurs mais si on en venait aux faits ?"
Mathilde :
"Y'a tellement de choses que veux te dire... Pour hier, j'aurais jamais dû te balancer un truc pareil au téléphone... Mais faut que tu comprennes..."
Miss Mystère :
"Je comprends que tu as un souci avec ton frère ou qu'il en a avec toi, je sais pas... Et sincèrement, je suis fatiguée de votre attitude l'un envers l'autre..."
Mathilde :
"Tu me crois pas... ? Tu crois que je te dis ça juste pour t'éloigner de Daryl ... ?"

Mathilde a balancé ses deux mains sur le côté, visiblement agacé et déçu. Mon cœur se serre.

Mathilde :
"Je peux pas t'apporter de preuves, je suis pas flic ! Tout ce que je peux te dire, c'est que Daryl fréquente pas les bonnes personnes. Il se met en danger dans ses... affaires. Merde Miss Mystère ! Je pensais que tu me faisais confiance !!! Jamais je te dirais un truc pareil si j'en étais pas convaincu !"
Miss Mystère :
"Je te fais confiance... Mais... j'ai l'impression d'être au milieu de quelque chose d'incontrôlable ... Tu mets en garde et tu me balances des choses horribles !"
Mathilde :
"Je suis désolée... Je pensais pouvoir te dire tout ça... Je me suis confié à toi sur mon passé comme à personne d'autre parce que... avec toi j'ai pas honte de celle que je suis et que j'ai été. Mais peut-être que j'aurais pas dû... J'ai pas envie de te perdre Miss Mystère..."

Sa voix se casse, elle regarde fixement la paroi de l'ascenseur, les muscles de sa mâchoire se tendent. Je me sens minable... Bien sûr qu'elle a eu raison de me parler...

Miss Mystère :
"Mathilde... Tu peux tout me dire... C'est juste que... les derniers événements ont été... mouvementés..."
Mathilde :
"Je sais ma belle... La dernière chose que je veux, c'est te mettre dans cet état... Ça me tue de te voir comme ça..."

Imperceptiblement Mathilde s'est rapprochée de moi. Mon cœur tape lourdement dans ma poitrine. Je voudrais tellement que tout soit plus simple entre nous...

Miss Mystère :
"Et voilà... "C'est compliqué". Toujours la même rengaine..."
Mathilde :
"Il y a des choses que je ne peux pas te dire pour ne pas t'impliquer. Hors de question de te mettre en danger. Et, c’est pour ça, je ne peux pas tout te dire."
Miss Mystère :
"Comment tu veux que je ne m'inquiète pas pour toi maintenant ?! Tu te rends compte de ce que tu me dis ?!"
Mathilde :
"Tu n'as pas à t'inquiéter pour moi, princesse, je connais ces gars-là, je sais très bien comment éviter les problèmes..."
Miss Mystère :
"Toi peut-être, mais Daryl...? Je sais très bien que tu ne le laisseras pas tomber, s'il déconne encore. Vous êtes liés tous les deux. Il a quelque chose, je le sais, je le sens..."
Mathilde :
"C'est normal que je prenne soin de mon frère, c'est ma famille... Il m'a beaucoup aidé il y a des années, bien plus que tu ne peux l'imaginer. Je ne peux pas le laisser tomber."
Miss Mystère :
"Tu n'as pas à te sentir éternellement redevable ! Je ne sais pas ce qu'il s'est passé... C'est comme si tu ne voulais pas me révéler une grande partie de ta vie..."

Mathilde se tait et se contente de me dévisager, tentant de régler le trouble intérieur qui l'anime. Je regarde machinalement les numéros de l'ascenseur et mon regard se fixe sur celui du sous-sol.

Miss Mystère :
"C'est peut-être un détail idiot, mais regarde... tu ne m'as jamais montré ta moto. Comme si n'avais pas le droit de l'approcher. Comme si elle appartenait à une partie de toi que tu tiens secrète, que tu tiens loin de moi..."

Je fixe Mathilde en retenant ma respiration. Ma dernière phrase meurt dans un souffle comme si, consciemment, j'abandonnais le combat. Mathilde semble d'abord surprise puis ses traits se détendent. Progressivement, un large sourire se dessine sur son visage.

Mathilde :
"D'accord princesse. S'il n'y a que ça pour te faire plaisir. Je vais te la montrer. Et tout de suite."

Elle se recule rapidement et appuie sur le bouton du sous-sol de l'entreprise. Nous avons traversé rapidement sous-sol jusqu'au garage de Mathilde. Elle a ouvert le volet d'un coup de main bien assuré et je découvre son petit domaine.

Mathilde :
"Voilà !"

Mathilde entre dans la pièce et dépose machinalement les clefs du box sur une petite étagère, pendant que je détaille pieusement le lieu. C'est peut-être idiot mais ce moment est chargé d'émotion. Pour une fois, Mathilde partage un peu de son monde avec moi...
Je suis assez surprise de constater que, contrairement à son bureau, tout est bien rangé à sa place. Plusieurs boîtes et divers outils sont disposés sur les étagères. Dans l'espace bétonnés, la moto trône au centre de la pièce, sous la lumière, telle une reine noire. Elle est imposante, agressive, insolente.

Miss Mystère :
"Alors la voilà ma rivale !"

Je pouffe en passant doucement le bout des doigts sur le cuir du siège. Le regard de Mathilde suit attentivement mon geste.

Mathilde :
"Monte !"
Miss Mystère :
"Quoi ?!"
Mathilde :
"Grimpe sur la bête !"

Mathilde me lance un sourire provoquant. Je prends en mains fermement les poignées pour me hisser à califourchon sur la moto.
J'ai l'impression de devoir étirer tout mon corps pour arriver à tenir le guidon, tout en restant bien assise. Je me sens minuscule là-dessus.

Miss Mystère :
"WOW ! Elle est encore plus impressionnante vue d'ici !"
Mathilde :
"Je sais..."

Je lance un regard gêné a Mathilde qui rigole comme une imbécile.

Miss Mystère :
"Hum... Ça doit être drôlement lourd un truc pareil."
Mathilde :
"On ne demande pas son poids à une jeune fille... Mais oui, cette demoiselle n'est pas légère."
Miss Mystère :
"Combien ?"
Mathilde :
"Plus de 250kg."
Miss Mystère :
"Outch ! Ah ouais quand même ! Comment tu fais si jamais tu la fais tomber ?"
Mathilde :
"Ah ah ah ! Si ça arrive, je crois bien que je m'assieds et je pleure ! Mais, en général, j'évite de tomber, princesse..."

Elle me sourit, un sourire à damner la plus prude des religieuses. Je crois, je resserre la pression mes mains sur les poignées, par réflexe.
Tout à coup, elle enjambe sans peine la moto pour venir se coller juste derrière moi.

Mathilde :
"Quelques explications s'imposent... Analysons l'anatomie de notre petite furie."

Elle pose une main sur ma hanche gauche et se penche délicatement contre moi. Son contact est délicieux une vague de chaleur me parcourt toute entière.
Presque automatiquement, comme si mon corps appelait le sien, je me cambre pour me coller à elle.
Cette proximité, franchement indécente, de son corps ferme contre le bas de mes reins affole mes pensées en une nuée d'images lubriques...
Voilà qu'une vague de de chaleur s'empare à nouveau de moi. Je suis sûre que je suis brûlante... Avoir la force de rester sage, voilà qui relève de l'impossible.

Mathilde :
"Tu vois le compteur, là ?"
Miss Mystère :
"Euh... Oui..."

(Oh oui... Je vois surtout des choses indécentes de toi et moi sur cette moto...)

Mathilde :
"Ce petit bijou peut monter à plus de 100 km/h en même pas deux secondes ! Tu refais ton brushing à 300 km/h ..."
Miss Mystère :
"WOW ! Impressionnant..."
Mathilde :
"Tu as remarquée sur le carénage ?"
Miss Mystère :
"Oui, le symbole du faucon, c'est ça ?"

Elle reste quelques secondes sans voix. Et oui, je m'y connais un peu en moto...

Mathilde :
"Vous êtes pleines de surprise, Mademoiselle..."
Elle a parlé d'une voix plus douce, plus chaleureuse. Ce qui ne fait qu'attiser l'espèce de feu d'artifice incontrôlable qui explose dans mon corps, en ce moment même !

Mathilde :
"Hayabusa, le nom de ma bécane. C'est aussi le nom japonais du faucon pèlerin... C'est le plus rapide de tout le règne animal. Il peut atteindre une vitesse de 300 km/h en piqué. C'est pour ça qu'ils ont représenté la tête de l'animal en silhouette sur le carénage. Mais assez parlé d'elle..."

À mon grand regret, Mathilde s'éloigne de moi pour descendre de la moto. Je grimace devant le vide soudain qui m'envahit. Elle passe doucement ses mains autour de ma taille pour m'aider à quitter le siège de la moto.
Le cœur battant je me retourne pressée contre elle, sa poitrine contre ma poitrine. Sous la lumière pâle de son garage, je jure que ses iris se font plus sombres.
Avant de trop réfléchir à ce que je m'apprête à faire, j'attrape sa nuque pour la pousser à m'embrasser.
Lorsque ses lèvres s'écrasent durement contre les miennes mon cœur s'emballe. Il n'y a plus que nous deux. Que sa bouche, son odeur mêlée à celle du cuir contre mon corps brûlant.
Sans cesser de prendre possession de ma bouche, elle me soulève du sol pour venir m'asseoir sur le bord du siège de la moto. Je crois que je n'ai jamais vécu quelque chose d'aussi intense. Les sensations sont telles que je n'arrive pas à les décrire. Je les vis, je profite de chaque frisson comme si c'était le dernier. Je grogne lorsque ses lèvres quittent les miennes pour lui montrer ma désapprobation.

Mathilde :
"Du calme princesse... On ne râle pas, sinon j'arrête."
Miss Mystère :
"C'est ça oui... Essaie un peu pour voir."

J'attrape son chemisier pour la tirer sans ménagement vers moi. Histoire de mettre les choses au clair. Je lui lance un regard aguicheur.

Miss Mystère :
"N'oublie pas que je peux obtenir les choses par la force. C'est à toi de décider."

Mathilde me sourit tendrement et n'oppose aucune résistance. Elle reprend possession de ma bouche juste avant de me presser davantage contre elle, en appuyant contre le bas de mon dos. Toute la tension qui régnait encore il y a encore quelques minutes dans l'ascenseur, notre dispute, plus rien n'a d'importance. Simplement grâce au contact de sa peau contre la mienne.
Je veux plus, mon corps le réclame... Avec empressement, je commence à faire glisser sa veste pendant qu'elle continue son assaut de baisers. Soudain Mathilde esquisse un mouvement de recul, à bout de souffle.

Mathilde :
"Attends Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"Quoi ?!"
Mathilde :
"Pas ici. Pas comme ça."

(HEIN !!!)

Mathilde :
"Je veux faire ça bien... Pas dans le sous-sol de la boîte..."

Je la fixe un instant, étonnée. Quel genre de femme refuserait d'aller plus loin maintenant ? À part une femme bien "une perle" comme dit Lola... Mon cœur s'enveloppe de douceur, je la regarde amoureusement...

Miss Mystère :
"D'accord... Mais tu m'infliges un vrai supplice... Embrasse-moi juste une dernière fois."
Mathilde :
"Une dernière fois ? Princesse... Dois-je te rappeler que nous avons quarante-deux étages à remonter dans un ascenseur vide, toi et moi ... ?"

Cette perspective me rend fébrile. J'inspire bruyamment sans cesser de la fixer avec envie.

Miss Mystère :
"On peut dire que tu sais comment rendre les choses intéressantes, toi..."

Nous avons attendu que l'ascenseur soit vide pour le prendre. Nous avons l'air de deux amants qui vivent une aventure en secret...
Une fois à l'intérieur de l'espace clos, nous nous regardons.

Miss Mystère :
"T'imagines si quelqu'un nous surprend ? Genre... les portes s'ouvrent et là paf ! Monsieur Carter ! Qui comprend ce qu'on était en train de faire..."
Mathilde :
"Si ça arrive, je suis sûre qu'il me fera un clin d'œil. Genre, bien joué meuf ! T'as décroché la plus belle !"

Elle affiche une moue triomphante et j'éclate de rire. Elle se grandit remonte le menton, ajuste sa veste et s'approche de moi avec la démarche prédatrice. Elle prend une voix délicate et un ton hautain.

Mathilde :
"Croyez-vous, jeune dévergondée, que l'on batifole librement dans mes ascenseurs ?"
Miss Mystère :
"Oh ? Vous voulez parler... de vos ascenseurs pourris ?"
Mathilde :
"Oui... C'est c'la. Dans mon ascenseur... POU-RRI."

Mathilde marque un temps d'arrêt et prend une expression outrée à mourir de rire.

Mathilde :
"Juste ciel ! Mais que les nouvelles recrues sont vulgaires... Qui donc s'occupe des recrutements dans mon empire !!!"
Miss Mystère :
"Juste Ciel ?! Non mais, sérieux, qui parle comme ça aujourd'hui Mathilde ?"

Mathilde s'approche de moi en prenant soin de remonter ses manches dévoilant ses avant-bras musclés et nervurés. Je recule pour me retrouver le dos collé à la paroi.

Mathilde :
"Continuez à vous jouer de moi et je vais vous octroyer une bonne punition. En plus, comme je suis un peu perverse, ça va bien me plaire !"
Miss Mystère :
"Avec tout le respect que je vous dois, très chère, je peux vous faire manger la moquette de cet ascenseur en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire."

Elle change d'expression. Elle pose une main de chaque côté de ma tête et me fixe, les yeux pleins de défi.

Mathilde :
"Tu ne devrais pas me mettre au défi jeune fille..."

Je hoche la tête en fixant sa bouche gourmande qu’appelle la mienne.

Miss Mystère :
"Je ne voudrais pas abîmer cette belle gueule d'ange, alors soyez raisonnable et je promets de rester docile..."
Mathilde :
"Je peux être à la fois douce comme l'agneau et sauvage comme la louve..."

Elle passe une main le long de ma taille qu'elle agrippe fermement et prend ma bouche avec une brutalité sauvage qui finit par me faire tourner la tête. Pour l'encourager, je passe mes doigts le long de sa nuque puissante et j'exerce une douce pression.

Je voudrais que ce moment dure pour l'éternité, que cette cage d'acier ne finisse jamais son ascension... Dans ses bras, le temps est suspendu. On entend que nos souffles et le bruit de nos caresses empressées.
Je pourrais aisément faire le rapprochement entre la montée progressive des étages et l'état dans lequel Mathilde me plonge...
Tout à coup, "le ding" de l'ascenseur nous fait sursauter.

(Quoi ?! Déjà ???)

D'habitude je peste sur cet engin qui met un temps infini à monter les étages mais, cette fois, c'est comme s'il me narguait : "T'as vu, je les monte pas si lentement, hein ?"
Nous nous rajustons rapidement en pouffant. Je regarde en diagonale ses lèvres rougies par mon gloss et ses cheveux bien plus en bataille que d'habitude. C'est évident, on a carrément l'air d'avoir fait des choses inappropriées dans cet ascenseur !
Lorsque les portes s'ouvrent, nous nous figeons comme des gamines prises en faute. Je ne sais pas comment interpréter le regard qui nous fait face...
Dans les iris flamboyants de la garce, je lis beaucoup de choses. Et rien qui augure quoi que ce soit de bon pour la suite...
Encore un peu débraillées, les joues rosies, nous saluons innocemment Cassidy. Intérieurement, je ne peux m'empêcher de jubiler. Elle doit détester ce qu'elle voit. Et j'aime tout ce qu'elle déteste.
Visiblement désarçonnée, elle détourne le regard pour entrer dans l'ascenseur pendant que nous nous en échappons.
Elle et moi nous nous regardons, les yeux délicieusement complices... Lorsque nous revenons à notre bureau, il me semble que les chuchotements se taisent. Nous prenons notre air le plus innocent et n'y prêtons pas attention.

Lola :
"Hey !"
Miss Mystère :
"Oh salut, Lola !"
Lola :
"Felipe à midi ?"
Miss Mystère :
"Oui, avec plaisir !"
Lola :
"Super ! Mathilde ?"
Mathilde :
"Ah... Euh... Non j'ai déjà prévu de manger rapidement avec Colin. On doit parler d'un truc. Désoler les filles..."
Lola :
"Mmm tant de mystères... Bon j'y retourne ! À tout à l'heure ma poulette !"

Je me poste à côté de mon écran, histoire que Mathilde me voie bien, et je la dévisage avec une moue interrogative.

Mathilde :
"Oui princesse...?"
Miss Mystère :
"Vous allez parler de quoi avec Colin...?"

J'ai prononcé la dernière phrase en chuchotant et en arquant un sourcil.

Mathilde :
"On préfère parler de sujets qu'on maîtrise... C'est juste que Colin doit assurer l'ouverture d'un concert, au sud du pays, avec son groupe, et il veut qu'on parle. Il va sûrement me demander de les accompagner pour leur filer un coup de main."
Miss Mystère :
"Ah c'est super ça ! Je suis contente pour Colin !"
Mathilde :
"Ouais ils le méritent !"
Miss Mystère :
"Et du coup ça serait pour combien de temps ?"
Mathilde :
"Je sais pas, on doit en discuter. Je pense que c'est pour quelques jours, une semaine au moins..."
Miss Mystère :
"Une semaine ?! Mais..."

Je baisse le ton et je me penche vers elle.

Miss Mystère :
"C'est long une semaine..."
Mathilde :
"C'est pas sûr encore... Et puis, nos retrouvailles n'en seront que meilleures..."
Miss Mystère :
"Et tu partirais quand ?"
Mathilde :
"Je sais pas Miss Mystère. On va justement en discuter."

Je suis un peu dégoûtée mais j'essaie de me contenir. Je ne veux pas passer pour la fille capricieuse et caractérielle.
J'arrive en pestant chez Felipe. Gabriel a tenu à me voir, en fin de matinée, pour le client qu'il m'a confié et la réunion a pris plus de temps que prévu.

Miss Mystère :
"Ouf ! Me voilà ! Je suis désolée, un boulot à finir !"
Lola :
"Pas de soucis ! Felipe m'offert un verre de Chianti et quelques olives pour me faire patienter !"

Elle lance un clin d'œil charmeur à Felipe qui me fait un grand sourire depuis le comptoir v où il sèche plusieurs verres.

Lola :
"Alors ?"
Miss Mystère :
"Alors quoi ?"
Lola :
"Tu en es où de ta love story ?"
Miss Mystère :
"Oh... Eh bien, ce matin, on va dire qu'on s'est bien amusée avec Mathilde, dans son garage à moto..."
Lola :
"Comment ça..."

Je la regarde en biais et hésite à poursuivre un instant. Je pique une olive de manière désinvolte. J'adore la faire mariner un peu...

Miss Mystère :
"Et bien... Elle m'a montré son engin..."

Elle manque s'étouffer et manque presque de recracher dans son verre.

Lola :
"Son... engin ?"
Miss Mystère :
"Ouais. Sa moto quoi."

Elle me fait une moue désabusée puis me sourit en se calant contre le dossier de la chaise. Elle me regarde avec défi.

Lola :
"C'est pas gentil de me faire marcher... L'espace d'un instant j'ai cru que tu avais plus croustillant à raconter que moi..."
Miss Mystère :
"Oh... Pour une fois, il est fort probable que tu vas trouver un challenger à ta taille..."
Lola :
"Oh...? Ne sois pas si sûre de toi, jeune effrontée. L'élève surpasse parfois le maître mais la plupart de temps, il rame. Donc reprenons. Cette moto... Elle est grande...?"
Miss Mystère :
"T'as vraiment un problème avec la taille... À la limite du trouble obsessionnel..."
Lola :
"Hi Hi Hi ! Va savoir..."
Mystère :
"Bref. Elle m'a montré sa moto... qui est grande oui... en m'expliquant tout plein de trucs. Et puis, les choses se faisant... tout ça... Elle m'a embrassée... Passionnément."

Lola a croisé les mains sous son menton et me regarde fixement, les yeux pétillants de malice.

Lola :
"Et...?"
Miss Mystère :
"Et voilà ! Lola ! Tu peux pas juste trouver ça mignon ?!"
Lola :
"Mais si... C'est mignon. Mais j'en suis restée à l'engin, moi..."
Miss Mystère :
"Oui j'aurais bien aimé l'avoir aussi, figure-toi ! Mais malgré mon insistance, elle n'a pas voulu aller plus loin. Elle veut qu'on fasse ça bien..."
Lola :
"Alors elle..."
Miss Mystère :
"Ouais."
Lola :
"Tu sais ..., c'est le genre de fille à te faire passer une nuit inoubliable. Genre bougies, massages et tout le tralala... Ce jour-là, pense à m'appeler pour tout me raconter !

Pendant que nous gloussons, Felipe s'éclaircit la voix pour prendre notre commande. Une fois Felipe reparti en sifflotant l'un de ses airs italiens favoris, Lola se penche vers moi tout en mordant dans une olive.

Lola :
"Et du coup, vous êtes revenus à votre bureau l'air de rien ? Quand je suis passée, j'ai bien senti un truc... Petites coquines..."
Miss Mystère :
"Disons que la remontée dans l'ascenseur a été super hot, mais Cassidy a fait redescendre les degrés lorsque les portes se sont ouvertes sur sa tête consternée."
Lola :
"Ah Ah Ah ! Excellent !"
Miss Mystère :
"Je sais pas, je sens qu'elle va me le faire payer..."
Lola :
"Probablement ! Et du coup, avec Daryl, ça donne quoi ?"

Je soupire lourdement à l'évocation de son nom et mon cœur se serre. Je ne sais pas si je dois en parler à mon amie. Je ne veux pas l'inquiéter.
Felipe me donne un peu de sursis en déposant fièrement nos plats sur la table.

Miss Mystère :
"Je crois que je vais l'éviter pendant un moment... J'ai pas vraiment envie de me retrouver mêlée, de près ou de loin, à ses histoires..."
Lola :
"Sage décision..."
Miss Mystère :
" Ça va, c'est bon ! Je sais que tu l'aimes pas."
Lola :
"C'est pas que je l'aime pas... Je ne le connais pas ! Mais, de ce que tu m'en dis, il me plaît pas beaucoup, c'est tout."
Miss Mystère :
"Mmmh... Enfin bref ! Je vais profiter de mon idylle naissante avec Mathilde ! Enfin je vais essayer..."

Je touille machinalement dans mes lasagnes en repensant à la tournée de Colin.

Lola :
"Qu'est-ce qu'il y a ?"
Miss Mystère :
"Mathilde m'a annoncé qu'elle allait probablement s'absenter une semaine pour accompagner Colin dans le sud du pays, pour un concert..."
Lola :
"Oh..."
Miss Mystère :
"Ouais. Je suis dégoûtée, j'ai l'impression que c'est une éternité ! Et en plus, ma Mathilde, seule avec un groupe de rock... Je sais bien que des tas de personnes vont leur tourner autour..."
Lola :
"Tu sais des tas de personnes lui tournent déjà autour ici"

Je relève des yeux inquisiteurs sur Lola, en plantant nerveusement ma fourchette dans la sauce tomate.

Lola :
"Oh la la ! Je veux juste dire qu'elle n'a d'yeux que pour toi ici ! Pourquoi ce serait différent là-bas ?"
Miss Mystère :
"Mmmh..."
Lola :
"Fais pas ta mauvaise tête ! Toi au moins t'as rencontré ta moitié ! Moi, l'autre jour, j'ai fait fort..."

Sans prêter franchement attention à mon amie, je sors à moitié de mes pensées.

Miss Mystère :
"Hein...?"
Lola :
"Tu sais le truc dont je te parlais tout à l'heure...? Dis donc, toi, ça serait bien que tu m'écoutes quand je te cause ! C'est ce que font les amies en général..."

Elle fait tournoyer sa fourchette... et rouler ses yeux. Je hausse les épaules et affiche une mine contrite en signe d'excuses.

Lola :
"Figure-toi que j'ai rencontré un type, l'autre soir. Le mec genre George Clooney réincarné. Un charme de fou ! La quintessence de la virilité, tu vois..."
Miss Mystère :
"Bof... Il est un peu vieux maintenant Georgie..."
Lola :
"Il est peut-être plus de la dernière fraîcheur, mais il respire le mâle alpha booster d'expérience à plein nez !"
Miss Mystère :
"Qu'est-ce qui s'est passé ?"
Lola :
"Eh bien on boit un verre, le type m'invite à aller à un japonais. Je lui dis "OK allons-y, pourquoi pas..." On passe une soirée super. Le type intéressant qui me fait découvrir des saveurs surprenantes... Je me suis dit : "Ma cocotte, celui-là il va t'emmener au septième ciel vitesse grand V..." On va chez lui...On commence à se rapprocher... Et là le type me sort : je te préviens, j'ai des goûts particuliers...""
Miss Mystère :
"C'est à dire, "des goûts particuliers"?"
Lola :
"Tiens-toi bien poulette..."

Je m'installe plus confortablement sur ma chaise et je fixe Lola, comme si j'étais devant la projection de mon film préféré à me gaver de popcorn.

Lola :
"Je me dis : "OK voyons voir..." Après tout, les mecs bizarres, j'en ai rencontré un paquet, je suis plus ça près... Et là, il me sort une manette remplie d'objets particuliers..."

Je passe une main devant ma bouche qui forme un grand rond. Je suis prête à éclater de rire.

Lola :
"D'un côté, pourquoi pas... Sauf que... En fait... Comment te dire... C'était plutôt le genre à te supplier de le punir et de lui donner des coups de règle..."
Miss Mystère :
"Oh noooon !!!"

Quelques personnes se retournent vers nous, manifestement choquées par notre conversation. Je continue en baissant le ton.

Miss Mystère :
"Et t'as fait quoi...?"
Lola :
"Et bien... l'image du mâle dominant a éclaté comme une bulle de savon. J'ai embarqué mes affaires et je me suis barrée de chez lui rapido !"
Miss Mystère :
"Tu devrais refiler son numéro à Cassidy... Dans le rôle de la garce dominante à talons hauts, elle serait parfaite...!"
Lola :
"Ah Ah Ah ! T'as raison ! J'y ai pensé, tiens..."

Je ne peux pas m'empêcher d'imaginer la tête de Lola, lorsque le type lui a demandé d'utiliser les dits objets, et je pars dans un fou rire incontrôlable.
Lorsque je reviens au travail, Mathilde n'est pas à son bureau. Je lève les yeux au ciel. Encore une fois elle n'a pas dû surveiller l'heure...
Quelques minutes plus tard je la vois sortir du bureau de Gabriel, le visage crispé.

Miss Mystère :
"Tout va bien ?"
Mathilde :
"J'avais demandé à Gabriel une augmentation il y a quelque temps. Il devait soi-disant voir avec la direction..."
Miss Mystère :
"Et alors ?"
Mathilde :
"Et alors se sera pour une autre fois !"
Miss Mystère :
"Pourquoi ?"
Mathilde :
"Soi-disant qu'ils ont déjà fait pas mal d'efforts cette année. Comme s'ils allaient me faire gobet ça ! Bref ! Au moins j'ai une collègue trop canon pour me consoler."

Mathilde s'approche de moi et frôle ma nuque du bout des doigts avec un regard entendu. J'ai la chair de poule et mon cœur s'accélère.

Miss Mystère :
"Alors... ? Pour Colin... ?"

Elle s'assied maladroitement devant son bureau. Elle passe une main dans ses cheveux. Aïe, ça n'augure rien de bon...

Mathilde :
"En fait... On décolle demain après-midi..."
Miss Mystère :
"PARDON... ? C'est une blague ?"
Mathilde :
"Ben... Euh... ça nous permet de tout préparer là-bas pour le week-end...Il a insisté... Et Gabriel a pas pu refuser, avec le coup qu'il vient de me faire..."

(Génial. Soudain j'ai envie de débouler dans son bureau et de l'insulter d'avoir accepté ça ! Il pourrait penser à la collègue esseulée qui va pleurer pendant son absence.)

Mathilde :
"M'en veux pas ma belle... Je me ferai pardonner à mon retour. Promis."
Miss Mystère :
"Tu vas me manquer..."

Elle me regarde tendrement.

Mathilde :
"Moi aussi, ma belle..."
Miss Mystère :
"Et c'est où ?"
Mathilde :
"A Miami."
Miss Mystère :
"Miami... ? Les filles sont superbes, là-bas. La peau bronzée sous leurs bikinis...
Mathilde :
"Tu vas pas être jalouse... ? Aucune fille t'arrive à la cheville... Et surtout pas une de ces bimbos en bikini."

Ces dernières paroles me rassurent un peu ! Tout à coup, Gabriel passe non loin de nous. Nous reprenons une attitude professionnelle et nous nous remettons au travail.
Ce soir, je me suis mise en mode "jeune fille esseulée." C'est à dire : "pyjama ample, pot de glace et film Jusqu'à pas d'heure. Le tout avec la tête de Droopy de circonstance."
Elle a dû partir tôt ce soir pour, je cite " aider à charger le matos..."
Lorsque je la vois avec ses amis, je n'arrive pas à lui en vouloir. C'est vraiment une fille extra, toujours là pour rendre service...
Je ne peux m'empêcher d'être triste qu'elle ne passe pas la soirée avec moi avant son départ... Surtout après nos fougueux baisers dans le sous-sol de l'entreprise...

(Est-ce que je suis égoïste... ?)

Miss Mystère :
"Pfff... Tu sais quoi Topaze ? Des fois j'aimerais être toi ! C'est tellement plus simple !!!

Il s'approche rapidement de moi et se jette à mes pieds emmitouflés dans mes pantoufles peluche, kitch à souhait. Cela doit faire quelques heures que j'ai quitté Mathilde. Je vais peut-être éviter de la harceler... Rien de moins sexy qu'une désespérée.
Je repose mon téléphone sans ménagement, en le regardant de travers, comme s'il était responsable de quelque chose. Soudain il se met à vibrer, comme pour me narguer. Je l'attrape pour lire le message.

Daryl :
"Comment va ma bichette ?"

A croire que celui-là apparaît dès que sa sœur disparaît. A force, lorsque les coïncidences se reproduisent, c'est difficile de ne pas y voir un coup du sort...
Je décide de l'ignorer purement et simplement. Il m'agace et je ne suis pas d'humeur à supporter ses provocations. Je suppose qu'il comprendra le message... En attendant, j'ai une soirée déprime à poursuivre...

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qu'on pourrait regarder, Topaze ?"

Il se contente de me regarder en remuant la queue.

Miss Mystère :
"Allez ! On va se faire une comédie romantique ! Le seul endroit où la fille doit partir mais, finalement, revient parce qu'elle est accro à la fille de ses rêves."

Topaze me regarde toujours amoureusement. De toute évidence, il ne comprend rien à ce que je lui raconte mais au moins, il n'est pas contrariant, lui.
Même si j'hésite une seconde, comme à chaque fois qu'il me fait ces yeux-là, je lui ordonne bien gentiment de se coucher à mes pieds. J'essaie de me concentrer sur le film en chassant de mes pensées le départ imminent de Mathilde pour Miami...
Lorsque j'arrive au bureau ce matin, mon cœur se serre. De voir toutes ses affaires étalées là, sans sa présence à elle, me rend triste. Comment poursuivre une semaine ici sans ma collègue préférée... ?

(Et comment survivre sans ses baisers...)

Comme si ça suffisait pas, je me suis levée avec les yeux larmoyants. Ils m'ont piqué toute la nuit... J'ai fait ce que j'ai pu mais j'ai une tête catastrophique.
Alors que je dépose mon ordi sur le bureau avec nonchalance, mon téléphone vibre. Je dois froncer les yeux pour arriver à lire. Un texto de Mathilde : "Bien arrivées à Miami ! On attend l'agent de Colin depuis une heure...Pense à toi ma princesse ! Kiss"
Je lui renvoie, un sourire niais : "Tu me manques déjà... Je pense fort à toi. Je t'embrasse belle brune ;-)"
Je compte bien lui montrer qu'une jeune fille folle d'elle l'attend à son retour.

Cassidy :
"Vous n'avais donc rien à faire... ?"

Une voix narquoise, incisive et caractéristique, vient de me claquer mon dos. Cassidy m'observe, avec son dégoût habituel. Mais, cette fois, je remarque une note d'autosatisfaction dans son regard.

Miss Mystère :
"Bonjour Cassidy. C'est toujours un plaisir..."

(Évidement je ne penses pas un mot de ce que je dis...)

Cassidy :
"Je vois qu'à peine arrivée vous êtes déjà en train de papillonner...Vos supérieurs sont-ils au courant que vous passez plus de temps sur votre mobile que sur vos dossiers...?"

Je voudrais lui crier de me ficher la paix et d'aller traumatiser quelqu'un d'autre pour une fois, mais je me contiens. Accessoirement, j'ai encore besoin ce job.

Miss Mystère :
"J'allais me mettre au travail, je vérifiais jusque quelque chose sur mon téléphone !"

Je déteste cette manie qu'elle a de toujours épier mes faits et gestes !"

Cassidy :
"Oh... Vraiment...?"

Alors que je réfléchis à lui dire élégamment d'aller se faire voir, elle poursuit, bien décidée à me laisser aucun répit.

Cassidy :
"Votre collègue étant absent cette semaine, il va être compliqué de batifoler dans l'ascenseur. À moins que vous ne jetiez votre dévolu sur une autre collègue...?"

(Nous y voilà, je savais que j'allais le payer...)

Miss Mystère :
"Ma vie sentimentale ne regarde personne et je j'apprécie pas ce que vous tentez d'insinuer. Maintenant, si vous le voulez bien, j'aimerais me mettre au travail."

Elle me regarde d'un air mauvais.

Gabriel :
"Bonjour mesdames. Tout va bien...?"

Le visage de Cassidy se métamorphose, littéralement. Je me demande comment elle arrive à faire ça ! Elle passe, en une seconde, de la harpie à l'adorable jeune femme.

Cassidy :
"Oh Gabriel ! Tu tombes bien ! Il fallait que je te voie..."

En partant, Cassidy roule des hanches aux côtés de Gabriel et me jette un dernier regard assassin, par-dessus son épaule. Je regarde, désespérée, le bureau de Mathilde, en me demandant comment je vais faire pour survivre dans cette jungle sans elle...

Les quelques jours au bureau sont passés, non sans souffrance. C'est le week-end... Je vais bientôt retrouver les bras de celle qui me hante.
Nous nous sommes appelées plusieurs fois. Tout à l'air de bien se passer là-bas, mis à part quelques accrochages entre Colin et une des filles du groupe, une certaine Doris.
Il me tarde qu'elle rentre. Tous les soirs j'ai repensé à ce que j'avais ressenti dans ses bras... J'ai l'impression d'être en manque...
Pour me changer les idées, j'ai emmené Topaze au parc pour faire un jogging mais j'ai dû stopper ma course et me poser sur un banc. L'état de mes yeux ne s'est pas amélioré. Le docteur a parlé de conjonctivite. Il m'arrive d'y voir trouble et en plus, d'avoir la migraine. Le travail sur ordinateur a été une vraie torture ! Heureusement que Mathilde ne me voit pas avec ces yeux de hamster larmoyants...
Mon téléphone vibre. Je fronce les yeux pour lire l'identité de mon appelant, sans succès. Je trouve, par automatisme, le bouton pour décrocher. Je me sens complètement handicapée !

Miss Mystère :
"Allô ?"

Je me sens un peu idiote de naviguer en eaux troubles...

??? :
"Miss Mystère ?"

(Oh ! Je reconnais la voix de Mathilde !)

Miss Mystère :
"Mathilde !"
Mathilde :
"..."

Je n'entends plus rien au bout du fil pendant quelques secondes, comme si ça avait coupé.

Miss Mystère :
"Mathilde...? Tu m'entends...?"
Mathilde :
"Euh... Ouais ! C'est juste... ça a coupé ! Tu vas bien, princesse ?"

Une chaleur rassurante et douce enveloppe mon cœur. Le seul fait d'entendre la voix de Mathilde au bout du fil me fait un bien fou !!

Miss Mystère :
"Tu me manques... Mais ça va... Enfin... j'ai une conjonctivite, alors désolée, je voyais pas l'appelant... Tout se passe bien à Miami ?"
Mathilde :
"Ah mince...Miami... Euh... Ouais super ! C'est super !"
Miss Mystère :
"Alors les préparatifs pour le concert, ça se passe bien ?"
Mathilde :
"Euh... Ouais ! Ça va !"

Je trouve Mathilde un peu hésitante et pas très loquace. Je me demande si elle me cacherait pas quelque chose...

Miss Mystère :
"Y'a un souci...? T'as pas l'aire dans ton assiette ?"
Mathilde :
"Si si ça va, princesse."

Pendant quelques secondes, qui me paraissent une éternité, elle ne dit plus rien et je retiens ma respiration au bout du fil.

Mathilde :
"Il faut que je t'avoue quelque chose..."

(OH !!! Je n'aime pas ça ! Mais alors pas du tout ! Le "il faut que je t'avoue quelque chose" et le "il faut qu'on parle" je les connais par coeur !)

Miss Mystère :
"Si tu me dis que tu as craqué pour une surfeuse au teint hâlé, je te jure que je prends le premier avion et je viens te zigouiller moi-même ! Il n'y a que moi qui ai le droit de t'embrasser..."

Je l'entends retenir un rire à l'autre bout du fil.

Mathilde :
"Non... Pas de surfeuse... J'ai juste décidé de rentrer plus tôt... Miami c'est cool mais... Tu me manques grave... Je suis à l'aéroport là... J'arrive en fin d'après-midi..."

Voilà que mon cœur se met à battre la chamade !! Cet après-midi ?!

Miss Mystère :
"Mathilde ! Mais c'est génial !!! Je suis tellement contente de te voir !!"

Je suis assez surprise mais trop heureuse pour chercher à comprendre, et sûrement pas assez altruiste pour la convaincre de rester pour Colin ! Ma bonté d'âme a ses limites.

Mathilde :
"On pourrait se voir ce soir..."
Miss Mystère :
"Ben... Bien sûr !"
Mathilde :
"Super ! On se rejoint au bar habituel ?"
Miss Mystère :
"Oui carrément !"
Mathilde :
"Génial ! Je dois y aller princesse ! À ce soir !"

Lorsqu'elle raccroche je suis sur un petit nuage ! Je pense que je vais littéralement voler au-dessus du sol jusqu'à la maison. Revoir Mathilde me rend complètement euphorique !
Oh miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle...!
Ce soir c'est sans doute LE grand soir. J'ai rangé tout l'appartement et disposé des petites bougies çà et là. J'ai même préparé une playlist.
Je sais très bien que je la ferai monter dès qu'elle me raccompagnera en bas de chez-moi. De grès ou de force...

Maintenant j'ai entrepris de me faire belle ! Le hic, c'est que j'y vois pas grand-chose avec cet espèce de voile permanent qui perturbe ma vue...
Dès que je commence à appliquer un peu de poudre sur mes paupières, mes yeux commencent à larmoyer... GE-NIAL...
Agacée, je me nettoie rapidement avec mon démaquillant. Je souffle et je me contente de parfaire le teint. Si j'ai les yeux gonflés, autant attirer l'attention sur une belle peau !

(Et sur de belles lèvres bien pulpeuses !)

Je pioche dans ma collection de rouges à lèvres et je choisis mon préféré. J'adore le rouge sur mes lèvres, ça me donne un côté femme fatale !
Je regarde Topaze que mâchouille avec application sa peluche démembrée, sur le tapis près de mon lit.

Miss Mystère :
"Et maintenant, les fringues !"

O.K. Pas de panique. Je farfouille dans mon placard, en me disant pour la énième fois de la semaine que je ferais bien de le ranger. J'ai tendance à remettre au lendemain ce que je peux faire le jour même, chez moi, c'est tout un art ! C'est peut-être différent de mon style habituel mais, ce soir, j'ai envie de lui faire tourner la tête !
Dernière touche finale, la coiffure !!! Je laisse mes cheveux libres. Rien de plus sensuel que de jolies boucles qui retombent sur les épaules...
Je regarde l'heure ; il est déjà 19h15. Je ferais bien de me mettre en route ! J'attrape mon sac, prête à sortir, mais je fais demi-tour.

(Oups ! J'allais oublier !)

Je me précipite dans la salle de bain pour prendre mon parfum préféré ! Je vaporise un nuage de parfum tout autour de moi. Je réajuste une dernière fois mes cheveux.

Miss Mystère :
"OK ! On est bon !"

Le taxi me dépose devant le bar. Pendant tout le trajet j'ai eu le cœur battant, comme une jeune fille en fleurs... Je suis prise entre excitation, impatience et même angoisse. C'est un sentiment étrange. Mais à la fois délicieux...
Je scrute du regard les quelques personnes dehors. Je tente de voir si la moto de Mathilde est garée quelque part. Mais je ne vois rien.
Je n'ai pas envie de rester dehors, surtout avec ces quelques types, de l'autre côté de la rue, qui laissent traîner des regards lubriques sur mes jambes. Une fois m'a suffi...
Lorsque je m'apprête à entre dans le bar, une voix que je connais bien, chère à mon cœur m'interpelle.

Mathilde :
"Bon ma belle..."
Miss Mystère :
"Mathilde !!!"

Je me retourne, le cœur battant. Je me sens comme une petite fille impressionnée. Je peine à la regarder droit dans les yeux. Lorsqu'elle dépose un léger baiser sur mes lèvres, une douceur apaisante se repaîtsur mon cœur. Comme un remède.
Elle resserre son étreinte autour de moi. J'ai toujours l'impression d'être minuscule lorsque je suis dans ses bras. Un peu comme sur sa moto...
Nous restons un moment ainsi, lune contre l'autre. Je la serre comme si ma vie en dépendait. Je me sens tellement heureuse qu'un sourire se dessine doucement sur mes lèvres.
Je commence à esquisser un mouvement de recul, mais ses bras me retiennent et me poussent à rester ainsi. J'aime cette protection qui émane d'elle. Je glousse intérieurement. Mes préparatifs ont fait leur effet, elle ne veut plus me lâcher... Après quelques minutes, elle défait son étreinte et me regarde fixement.

Mathilde :
"Tu es toujours aussi belle..."
Miss Mystère :
"Oh ? Ça te plait...? "

Je me recule d'un pas et je tourne sur moi-même en souriant. Malgré ma vue voilée, c'est bien un sourire que je vois dessiner sur ses lèvres. Je ne peux pas me retenir de lui faire un bisou. Je remarque une odeur différente de son parfum habituel.
Un instant elle attrape ma tête entre ses deux mains et dépose un baiser sur mon nez. La tendresse de ce baiser ne laisse pas de marbre l'éternelle romantique que je suis.

Miss Mystère :
"Tu as changé de parfum...?"
Mathilde :
"Oh... Euh... Ouais. Tu aimes ?"
Miss Mystère :
"Mmmh... Je crois que préféré l'ancien... Mais je me contenterai de celui-ci pour ce soir..."

Je reste blottie contre son torse, pendant qu'elle me serre dans ses bras et qu'elle caresse doucement mes cheveux. Après quelques minutes à rester ainsi dans les bras l'une de l'autre, Mathilde poursuit.

Mathilde :
"Que dirais-tu qu'on rentre se mettre au chaud ?"

Je sens mon portable vibrer dans mon sac pendant que Mathilde passe un bras autour de ma taille pour m'entraîner à l'intérieur.
Le serveur nous conduit à notre table et nous présente les cartes. Nous nous asseyons sur la banquette, l'une à côté de l'autre. Je me tourne automatiquement contre elle et, avec une sensualité calculée, je glisse une jambe sur la sienne. Elle pose doucement sa mais sur ma hanche et l'autre derrière mes épaules.
Avant que le serveur fasse volte-face pour nous laisser choisir, elle l'interpelle.

Mathilde :
"Votre meilleur champagne, s'il vous plaît."
Serveur :
"Oui, tout de suite ! Je vous apporte ça !"

Je me cale amoureusement contre elle, ma tête sur son épaule. Je glousse dans la nuque de Mathilde et je lui murmure un merci.

Mathilde :
"J'ai envie de fêter nos retrouvailles comme il se doit, princesse. Et puis... quelque chose me dit que cette soirée va être spéciale..."

Lorsque le serveur nous a apporté la bouteille et deux flûtes, je suis presque sur ses genoux

Serveur :
"Voilà les amoureux..."

Elle saisit une flûte et me la tend. Puis elle prend la sienne sans cesser de me regarder.

Mathilde :
"A nous."
Miss Mystère :
"A nous !"

Nous buvons sans cesser de nous observer et de nous sourire, simplement heureux d'être ensemble. Dans la pénombre du bar, je peine à distinguer les détails mais tous mes autres sens sont aux aguets.
Elle prend ma flûte vide des mains pour la déposer sur la table et me resservir. Elle trempe lentement un doigt dans le liquide effervescent et porte son doigt le long de mes lèvres. Je frémis à ce contact et une décharge irradie tout mon corps.
Très délicatement elle embrasse ma lèvre inférieure tout en poussant un léger râle terriblement sexy qui se propage comme une onde de choc de mes lèvres à tous mes membres.
Le goût du champagne mêlé à la douceur de son contact, est délicieux et achève de me faire perdre le peu de contrôle qu'il me restait. Elle passe une main le long de mes hanches et remonte le long de mes reins sans cesser de me faire des bisous dans mon cou. L'obscurité qui règne dans ce coin du bar nous protège des regards indirects. Je colle mon bassin contre elle pour l'encourager à continuer ses caresses. Pour une fois que Mathilde fait preuve d'audace, je ne vais sûrement pas la stopper... Je rougis en imaginant ce que les gens pour pourraient penser s'ils se doutaient des chemins que nous aimerions emprunter avec Mathilde...

Mathilde :
"Je t'ai manqué...?"
Miss Mystère :
"Tellement..."

Sentir les mains fermes et douces de Mathilde glisser sur moi me rend folle. Je crois bien que je pourrais perdre la tête si elle continue. Je me recule légèrement pour boire d'un trait ma flûte de champagne. Cette femme me rend complètement désinvolte... et assoiffée.

Mathilde :
"Tu es tellement belle..."
Miss Mystère :
"Merci, mais il faut me laisser m'hydrater si tu ne veux pas que je fasse un malaise."
Mathilde :
"Oh ? Un malaise ? Pourtant nous n'en sommes qu'à l'amuse-bouche, ma belle..."

Je crois que je manque de m'étouffer, avant de reposer la coupe sur la table, en toussant un peu. Elle a vraisemblablement décidé de passer à la vitesse supérieure. Je dois dire que ça ne déplaît pas mais ça me surprend un peu... Je me demande tout à coup s'il s'est passé quelque chose à Miami...

Miss Mystère :
"On n'a pas eu vraiment le temps d'en parler mais... pourquoi tu es rentrée plus tôt ?"
Mathilde :
"Mmh... À Miami, j'ai réalisé à quel point j'avais envie de te voir. Tu m'obsèdes..."

Devant cette déclaration j'ai l'impression que mon sang se met à surchauffer, comme dans une bouilloire. De la vapeur va bientôt s'échapper de mes oreilles. Je croise nerveusement mes jambes pour me donner une contenance et trouver un peu de self-control.
Tout à coup, Mathilde se penche vers moi, me faisant basculer sur la banquette.

Miss Mystère :
"Mathilde !"

Je glousse sous les baisers qu'elle me dépose dans mon cou. Cette fois nous ne sommes pas chez moi mais en public !

??? :
"Hum hum..."

Lorsque nous nous redressons, le serveur nous fait face.

Serveur :
"Excusez-moi... Vous désirez quelque chose à manger ?"
Mathilde :
"Tu as faim ?"
Miss Mystère :
"Oui !! Je suis affamée !"
Mathilde :
"Tu as raison. Tu as avoir besoin d'énergie..."

Je glousse et je m'empourpre comme une jeune adolescente. Je sais à quoi elle fait allusion...
Lorsque le serveur repart, j'en profite pour me redresser et me rajouter gracieusement. Tout de même un peu de tenu jeune fille !
J'ai prétexté d'aller me repoudrer pour reprendre un peu d'assurance et me rafraîchir. Le champagne commence à faire son effet, je me sens de plus en plus détendue. Quand je reviens à la table, Mathilde a déjà attaqué les tapas.

Miss Mystère :
"Gourmande !"
Mathilde :
"Bah quoi !"

Je m'installe doucement à côté d'elle et je regarde manger.

Miss Mystère :
"Tu sais qu'on peut savoir beaucoup de chose sur une personne rien qu'en l'observant manger ?"
Mathilde :
"Oh ? Et qu'est-ce que tu vois ?"
Miss Mystère :
"Une gloutonne !"

Nous éclatons de rire. Ces moments m'ont tellement manqué !

Miss Mystère :
"C'était long ces quelques jours sans toi, au bureau... Cassidy m'a encore pris la tête..."
Mathilde :
"Cassidy ?"
Miss Mystère :
"Oui Cassidy ! Quoi ? Tu vas pas me dire que ça t'étonne, après la tête qu'elle a faite quand elle nous a trouvés, tout essoufflées, dans l'ascenseur..."
Mathilde :
"Mmh... c'est pas faut... Elle t'a quoi ?"
Miss Mystère :
"Que j'en foutais pas une... tout ça parce que je t'envoyais un texto au moment où elle m'a surprise..."
Mathilde :
"Ah ouais, sympa... Pourquoi tu lui dis pas ses quatre vérités ?"
Miss Mystère :
"Quoi, à Cassidy ?"
Mathilde :
"Ouais"
Miss Mystère :
"Tu sais bien que j'en meurs d'envie... Mais c'est quand même la DRH... Je suis sûre qu'elle attend que ça pour me virer."
Mathilde :
"Et alors ? DRH ou pas, ça lui donne pas tous les droits..."

Je suis un peu désarçonnée, surtout venant d'elle... Elle qui apaise toujours la situation entre Cassidy et moi, la voilà qui me monte contre elle...

Miss Mystère :
"On parle de Cassidy, Mathilde... C'est le genre de fille caractérielle à me jeter du 42ème étage, juste si je la regarde de travers."

Mathilde esquisse un sourire, s'essuie les mains et je rapproche doucement de moi, en passant une main sur la joue. Ce geste tendre ne me laisse pas indifférente.

Mathilde :
"T'es pas le genre de nanas à subir sans rien dire. Si je pouvais, je réglerais le problème... J'aime pas les petites garces dans son genre. Faut pas te laisser marcher sur les pieds, même si peux avoir des raisons de laisser faire, parce qu'un jour ou l'autre tu regretteras de pas lui avoir exprimé le code."
Miss Mystère :
"Laisse tomber... Je peux rien contre elle de toute façon..."

Mathilde se recule, comme si elle prenait le temps de réfléchir.

Mathilde :
"Tout le monde cache des choses."
Miss Mystère :
"La seule chose que tout le monde sait, c'est qu'elle n'hésite pas à oser de ses charmes pour gravir les échelons. Mais tu sais bien ce sont des rumeurs..."
Mathilde :
"Y'a jamais de fumée sans feu... Ce genre de rumeurs c'est toujours un début pour la faire taire..."

J'arrange une mèche de cheveux derrière mon oreille, sensiblement agacée par le sujet. Elle me dévisage comme si elle venait de comprendre.

Mathilde :
"Mais tu sais ce qui l'énerverait encore plus ?"
Miss Mystère :
"Non...?"
Mathilde :
"Que je t'embrasse passionnément, là, tout de suite..."

Mathilde n'attend pas que je j'acquiesce pour poser ses lèvres chaudes et salées sur les miennes, elle prend possession de ma bouche avec sauvagerie, brutalisée. Je suis surprise mais comblée. Nos baisers deviennent de plus en plus intenses, et notre conduite dans le bar de moins en moins correcte...
Tout à coup, elle dévie ses baisers vers ma nuque et je frissonne. Je sens son souffle chaud près de mon oreille. Elle passe une main le long de mon cou pour m'immobiliser et attirer toute mon attention sur ce qu'elle s'apprête à me confier.

Mathilde :
"Tu l'as déjà fait dans un lieu public ?"

(Hein ?!)

Je me redresse, surprise et pas vraiment sûre de ce que je viens d'étendre...! L'idée de faire ça, avec elle, dans un lieu public, me rend fébrile. Mathilde esquisse un sourire en coin.

Mathilde :
"D'accord, d'accord... La réponse doit être non."
Miss Mystère :
"Oui ! Enfin je veux dire... J'oserais jamais faire un truc pareil ! J'aurais trop peur qu'on me surprenne ! Pourquoi, tu..."
Mathilde :
"On parle... rien de plus..."
Miss Mystère :
"Oh vraiment ? J'ai pas l'impression que nous parlons beaucoup depuis notre arrivée ici..."
Mathilde :
"Je m'informe seulement... Quand ce sera le moment, je te ferai découvrir des plaisirs dont tu n'as même pas idée..."

(OH !!!)

Cette déclaration fait grimper ma température corporelle instantanément, je change en boule de désir brûlant...

Miss Mystère :
"Eh bien, sachez, chez madame, que je n'attends que votre en enseignement, et soyez assuré que j'y mettrai beaucoup d'applications."

Elle me détaille un instant. J'ai le sentiment qu'elle se délecte devant la chose la plus appétissante du monde. Je ne peux pas m'empêcher de mordiller ma lèvre inférieure.

Mathilde :
"Tu sais que tu me rends dingue quand tu fais ça ?"
Miss Mystère :
"Quoi donc ?"
Mathilde :
"Quand tu me regardes comme ça..."

Je pense que c'est le moment de proposer à Mathilde de me raccompagner. Manifestement, elle en a autant envie que moi de passer à la vitesse supérieure... Pourtant, je me sens intimidée.

Miss Mystère :
"Tu me raccompagnes...? Chez-moi ?"

Elle me sourit et pose les deux mains sur la table, prête à se lever.

Mathilde :
"Je pense que c'est une excellente idée..."

Pendant qu'elle règle l'addition au bar, je suis sortie pour me rafraîchir les idées. J'accueille l'air frais du soir comme un cadeau.
Mon cœur bat la chamade. Cette soirée me semble surréaliste, comme si les choses prenaient une tournure différente. Pourtant je n'ai envie d'une chose, c'est elle...
Machinalement, je plonge la main dans mon sac pour voir qui a essayé de m'appeler tout à l'heure.
Tout à coup les mains de Mathilde se posent sur ma taille et me font lâcher mon portable au fond du sac. Je préféré passer mes mains le long de son cou... Elle m'assène plusieurs baisers. Je gigote comme une anguille lorsqu'elle me murmure des choses que je ne comprends pas.
En zigzaguant sur le trottoir, nous arrivons enfin jusqu'au bas de mon immeuble. Mon cœur s'accélère. Le cœur battant, je commence à taper le code de l'immeuble pour ouvrir la porte principale. Soudain elle tire doucement sur mon bras pour me tourner vers elle. Elle semble préoccupée tout à coup. Ah non ! Hors de question qu'elle me laisse en plan encore une fois !

Mathilde :
"Miss Mystère, il faut que je..."

Elle n'a pas le temps de terminer sa phrase qu'un crissement de pneus au fond de la rue nous interrompt. Le raffut que fait le bolide est assourdissant et une odeur de caoutchouc brûle me fait grimacer.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que..."

La voiture jaune aux vitres teintées s'arrête brusquement à notre hauteur. Les pneus fument à l'arrière.
Alors que le moteur continue de tourner, la vitre côté passager descend lentement et le son d'un morceau de 50cent, qui passe à fond dans la voiture, augmente progressivement. Je discerne d'abord une large main se poser sur le rebord de la portière. Puis un type au look de gangster se penche vers nous. Il semble s'adresser à Mathilde et, du bout du doigt, il me semble qu'il dessine une ligne imaginaire en travers de sa gorge.
Ce geste me glace le sang !!! J'agrippe machinalement son bras. Le type disparaît dans l'habitacle et la voiture redémarre en trombe. Je la regarde s'éloigner et griller plusieurs feux sur son passage.

Miss Mystère :
"Mais ils sont complètement fous ceux-là !!"

J'en ai vu des gros malades à New York, mais là, c'est très fort ! Elle se retourne. Il me semble qu'elle est livide. Je cligne des yeux pour essayer de sonder l'expression sur son visage mais rien à faire, toujours ce foutu voile !

Mathilde :
"Rentre de mettre à l'abri."
Miss Mystère :
"À l'abri ? Mathilde !!! Dis-moi ce qu'il se passe !!"
Mathilde :
"Ils... Ils ont dû me confondre avec Daryl... Je vais voir ce qu'il se passe."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Mais qu'est-ce Daryl a encore fait ?! C'est les types qui ont voulu le tuer ?!"

Un instant elle semble accuser le coup.

Mathilde :
"Je ne sais pas... Je... Je vais aller le voir pour tirer ça au clair..."
Miss Mystère :
"OK. Je viens avec toi."
Mathilde :
"Non... ! TU MONTES !"

Pour la première fois que je la connais, Mathilde vient de me hurler dessus. Et cela me brise le cœur... Je voudrais qu'elle me laisse l'aider. Qu'elle n'assume pas toute seule les erreurs de son frère.

Miss Mystère :
"Mais Mathilde..."
Mathilde :
"Fais ce que je te dis, bon sang !!!"

Je la regarde, bouche bée. Me mettre ainsi de côté... C'est comme si tous les progrès que nous avions fait, elle et moi, n'avaient jamais existé.

Miss Mystère :
"Tu recommences !! Tu recommences à me mettre de côté ! Dès qu'il s'agit de Daryl tu..."
Mathilde :
"Monte... S'il te plaît... J'ai besoin de te sentir en sécurité."

Son ton s'est radouci. Elle a posé une main sur mon bras et elle caresse doucement ma joue.

Miss Mystère :
"D'accord... Soit prudente... Et tiens-moi au courant..."
Mathilde :
"Oui..."

Elle dépose un rapide baiser sur mon front et me fait signe de monter.

Lorsque j'arrive à l'appartement, Topaze me fait la fête, bien loin de se douter de ce qui se trame... Sans cesser de le caresser, l'angoisse me gagne. Et s'il arrivait quelque chose à Mathilde ? Ces types n'avaient pas l'air de rigolos...
J'inspire calmement. Je ne dois pas paniquer, elle avait l'air de savoir comment gérer ça... Mon portable vibre à nouveau dans poche. Je m'y reprends à 20h30, 20h45 et 21h. Je fixe Topaze, pensive.

Miss Mystère :
"Mais ça n'a pas de sens... Elle n'a pas pu essayer de m'appeler... Nous étions bien occupés dans le bar, à ces heures-là..."

Je reste quelques instants perplexe devant cette énigme. Il s'agit sûrement d'une manipulation involontaire. Je vais quand même l'appeler. Silencieuse et fébrile, j'appuie sur la touche de rappel. Après quelques sonneries, elle décroche.

Mathilde :
"Princesse ! Enfin ! Je pensais ne pas arriver à t'avoir ce soir !"
Miss Mystère :
"Comment ça Mathilde...? Je comprends pas..."

J'entends des voix et de la musique derrière Mathilde, comme si elle était au centre d'une soirée bien animée. Daryl doit encore avoir organisé une de ses fêtes dans sa villa...

Mathilde :
"Hein ? Je t'entends pas bien Miss Mystère avec le bruit qu'il y a... Je voulais t'appeler avant le concert, mais j'ai pas réussi à te joindre, et après ça a été la folie furieuse, ici ! Je te raconte pas l'ambiance de ouf !"
Miss Mystère :
"Le concert...?"

A présent je ne comprends plus rien... Je marque un temps d'arrêt, tentant d'analyser la situation. Derrière Mathilde j'entends des cris, des verres qui tintent. Il me semble reconnaître la voix de Colin qui lui dit me passer le bonsoir.

Mathilde :
"Oui, le concert... Qu'est-ce que t'as Miss Mystère ? Ça va pas ?"

Comment peut-elle être avec Colin à Miami alors que nous venons de nous quitter il y a moins d'un quart d'heure ? Elle devrait plutôt être en route pour arriver chez Daryl...

Miss Mystère :
"Mais... Tu veux dire que t'es toujours en Floride ?"
Mathilde :
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu me fais la tête...? Tu sais bien que je devais rester pour aider Colin... On doit rentrer dans deux jours..."

Tout à coup, je prends la vérité en pleine figure. C'est comme si on venait de me balancer un uppercut et que je tombais KO sur le tapis...
Je n'ai pas passé la soirée avec Mathilde mais avec un HOMME qui lui ressemble... Et cet homme ne peut être que... OH... Mon dieu... Daryl. Cet imposteur auquel j'ai offert mes lèvres et avec qui je m'apprêtais à passer la nuit...
Je frissonne, me sentant prisonnière de ce piège sournois, de ce jeu cruel... Comment ai-je pu confondre Mathilde avec son frère...? Comment Daryl a-t-il pu oser me faire une chose pareille ? Si le type en bas ne nous avait pas interrompus ? Est-ce que Daryl avoué ? Est-ce qu'il a voulu me dire avant de monter ? Ou est-ce qu'il odieusement profité de son mensonge...?

(Oh non non non !!! C'est pas possible ! C'est un cauchemar !!)

Mathilde :
"Tu t'inquiètes, t'es sûre que ça va, ma princesse...?"

Les mots bienveillants de Mathilde me déchirent le cœur. Je me sens encore plus misérable...

Miss Mystère :
"Oui, oui... Je suis juste... Tu me manques c'est tout."
Mathilde :
"Moi aussi tu me manques, ma belle... Je suis tellement impatiente de te revoir..."

(Et moi je me sens tellement mal...)

Je sentais bien qu'il y avait quelque chose de différent ce soir... Et pour cause ! Comment est-ce que Daryl a pu être à ce point vicieux d'adopter le look et la démarche de Mathilde, d'aller jusqu'à s'approprier sa vie ?

Miss Mystère :
"Mathilde... Je..."

Je réfléchis un instant. Ce n'est vraiment pas le bon moment pour lui apprendre que son frère vient de se faire passer pour elle. De plus, ma raison n'arrête pas de me répéter qu'il y a forcément une explication. Elle est à plusieurs milliers de kilomètres, ça va la mettre dans un état pas possible. Non... Je dois le lui raconter de vive voix.

Mathilde :
"Princesse...?"
Miss Mystère :
"Je... Je suis un peu fatiguée... On est sorti avec Lola ! Elle m'a épuisée avec ses dernières péripéties amoureuses, tu la connais..."
Mathilde :
"Ah ah ah ! OK ma belle ! Je vois !"

Son rire me fait mal au cœur... Je me déteste de lui mentir. Je déteste ce que Daryl me pousse à faire !

Miss Mystère :
"Bon courage pour la fin de soirée..."
Mathilde :
"Ouais... Les gars veulent faire un after, mais moi je suis claquée ! Je vais aller me pieuter à l'hôtel, comme une mamie." :-)))

Je ris nerveusement. J'ai juste envie que cet appel se termine avant qu'elle ne se doute de quelque chose.

Mathilde :
"Fais de beaux rêves, ma douce. Je t'embrasse."
Miss Mystère :
"Toi aussi... Bisous."

Lorsque je raccroche, je suis tellement sonnée que mon corps est gelé et que mes mains tremblent.

Miss Mystère :
"Je vais le tuer..."

Topaze s'inquiète et se colle à moi pour demander des caresses. Je le prends dans mes braspour le rassurer et me calmer un peu.

Miss Mystère :
"Tu sais quoi, Topaze ? Je crois que c'est pas du gangster que Daryl devrait avoir le plus peur..."

Ni une ni deux, je cherche le numéro de Daryl. L'adrénaline semble m'avoir redonné la vue et j'attends qu'il décroche, le cœur battant. Je vais débouler chez lui !

Daryl :
"Miss Mystère...?"

Je n'arrive pas à saisir à sa voix s'il a compris ou s'il se fout encore de moi.

Miss Mystère :
"T'es bien rentré à ta villa ? Tu m'as bien prise pour une idiote ?"
Daryl :
"Hein...? Qu'est-ce que tu racontes...?"
Miss Mystère :
"Arrête ça tout de suite, Daryl !!! Je te jure que je vais te tuer, bordel !!"
Daryl :
"Attends, attends, calme-toi... On va discuter..."
Miss Mystère :
"C'est ça, ouais !!! TU BOUGES PAS, J'ARRIVE !!!

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