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Cindouille57

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Œuvres

Cindouille57

Chapitre 9 - 1

J'ai passé mon après-midi à ressasser ce que m'a dit Daryl... Je ne me suis pas encore décidé à en parler à Mathilde. J'ai senti qu'elle avait besoin de calme, de se retrouver loin de ces histoires. Je ne veux pas que son frère, à nouveau, la perturber. J'ai appelé Lola, avec qui nous avons beaucoup parlé. Elle était soulagée pour Mathilde et m'a clairement déconseillé d'approcher Daryl... Je sais qu'elle a sûrement raison. Daryl semble être ce genre de personnes toxiques qui ne vous apportent que des ennuis. Quoi qu'il en soit, je n'arrive pas à me sortir ce qu'il m'a dit de la tête : "J'ai réglé le problème." Il faut absolument que je tire cette affaire au clair. J'essaie d'appeler Daryl sur son portable, mais il ne répond pas... Je suis redirigée sur la messagerie immédiatement. Je souffle et j'attrape nerveusement mon sac.

Miss Mystère :
"Ok ! Je ne peux pas rester ici à ne rien faire !!"

Topaze lève un œil vers moi, avant de le refermer pour reprendre sa nuit. Je sais très bien que je joue avec le feu, mais il faut que je voie Daryl. Je veux savoir ce qu'il a voulu dire... Mes talons claquent sur le sol. Je marche d'un pas conquérant et décidé ! À force, je me demande si je me suis déjà rendue chez Daryl dans autre état d'esprit ! Je préfère marcher jusque chez lui. Ce n'est pas tout près, mais j'ai besoin de mettre toutes mes idées bien en place, avant de me confronter à lui, et la marche m'y aide. Lorsque j'arrive à la villa, j'entends de la musique et ce que je vois achève de me mettre en colère. Je ne sais pas exactement comment interpréter la scène. J'inspire bruyamment pour me donner du courage. Je pensais le trouver au calme, sans doute un peu perturbé lui aussi par les derniers événements. Le regard perdu dans sa piscine, un verre de scotch à la main... Mais pas du tout ! Au lieu de ça, on pourrait presque se croire à Ibiza ! La fête bat son plein !!
au bord de la piscine, de larges amplis diffusent une musique rythmée qui inonde la terrasse de ses ondes. De nombreux jeunes gens, qu'on pourrait penser tout droit sortis d'une publicité pour une boisson gazeuse, sont là à se trémousser et à rigoler. Je me faufile entre les corps dénudés et hâles, qui se frottent les uns aux autres dans des mouvements aussi sensuels qu'explicites, pour gagner la porte d'entrée de la villa. Mon sang ne fait qu'un tour lorsque je l'aperçois ! Il est assis, tel un prince, au bord de sa piscine. Plusieurs jeunes filles, dont les corps feraient pâlir de jalousie les modèles de Victoria's Secret, gloussent à ses côtés.

(Bordel ! Je dois rêver !!)

Alors là ! Je ne le crois pas ! Le trouver ici si bien entouré, pendant que sa sœur déprime depuis leur retour !! Quand son regard croise le mien, je le reconnais à peine. Le Daryl qui s'est confié à moi, celui qui m'a parlé de ce passé douloureux, celui-là a tout simplement disparu. Il a laissé la place à un homme fier, imbu de lui-même. Je savais que c'était ce genre de types ! Ceux qui pensent qu'ils peuvent tout acheter : les belles bagnoles, les belles baraques, les belles filles ! Pfff... Pathétique ! Toutes ses belles paroles sur le mode : "j'ai raccroché", "je suis plus comme ça", "j'ai des sentiments pour toi", "je tiens à ma sœur"... Foutaise !! Ce type se fout de moi depuis le début !
Les deux bimbos derrière lui ne font même pas attention à ma présence ! Il faut dire qu'elles n'ont pas à s'inquiéter. Je ne risque pas de leur faire concurrence ! Mais pourquoi est-ce que Mathilde se sent obligée de le protéger ?! Franchement agacée, j'apostrophe Daryl sans y mettre de gants.

Miss Mystère :
"Daryl ! Faut qu'on se parle ! De suite !!"

Son regard a changé. Maintenant j'y lis de la surprise et une pointe de sarcasme.

Daryl :
"Princesse... Content de te voir que tu apprécies ma fête..."

Les deux bimbos se sont sensiblement éloignées, en me toisant d'un air dégoûté.

Miss Mystère :
"Je m'en cogne de ta fête ! On peut se parler ailleurs qu'au milieu de ton harem ?"

Je sens quelques regards désapprobateurs se poser sur moi. D'habitude je me serais sentie mal à l'aise, mais là je suis tellement énervée que ça m'est bien égal ! Il se lève calmement de sa chaise. Il le sait, la conversation s'annonce énergique.

Daryl :
"Qu'est-ce que tu veux...?"
Miss Mystère :
"Ne me parle pas sur ce ton, Daryl ! J'en ai plus de ton attitude dédaigneuse !"

Il se passe une main dans les cheveux visiblement excédés.

Daryl :
"T'es venue chez moi pour me faire une scène, ou une leçon de morale ?"
Miss Mystère :
"Je suis venue chez toi pour te parler. Je ne pensais pas te trouver dans une de tes fêtes, entouré de toutes ces..."

Mes paroles s'arrêtent là. Je pourrais vraiment être grossière.

Daryl :
"Qu'est-ce que tu veux que je te dise...!"

Encore une fois son attitude a changé. Terminé le macho hyper sûr de lui, place au petit garçon pris la main dans le sac !

Miss Mystère :
"Moi qui t'avais presque cru quand tu disais que tu avais raccroché !"

Il s'avance près de moi, presque menaçant.

Daryl :
"J'ai raccroché. Quel rapport avec cette soirée ? Tu divagues... !!"
Miss Mystère :
"Ta sœur va mal depuis que vous êtes rentrés. T'es au courant ?!"

Cette fois les regards sont carrément braqués sur nous et j'entends même quelques réflexions. Il m'attrape par le bras et m'entraîne un peu plus loin.

Daryl :
"Ouais. Je sais je suis au courant. Merci."

Je me défais vivement de son emprise et je le fusille du regard.

Miss Mystère :
"Ah ouais ?! Wow ! Ça a l'air de beaucoup t'affecter !!"

Il lève les yeux au ciel en soufflant.

Daryl :
"Qu'est-ce que tu sais de ce qui m'affecte ? Tu ne sais rien de moi... Et tu ne cherches pas à savoir ! Depuis que je te connais, t'as toujours été dans le jugement !"
Miss Mystère :
"Dans le jugement ?! Non, mais tu plaisantes ? Je pense avoir été super patiente et tu t'es surtout bien moqué de moi !"
Daryl :
"Oui, ça m'affecte de voir Mathilde comme ça... Oui, ça m'affecte qu'elle se soit propulsée dans cette histoire... Bon Dieu... Tu me prends pour qui...?! Et oui ! Je me change les idées comme je peux, et c'est comme ça que je faire, être dans une fête où je ne pense à rien !"
Miss Mystère :
"Et t'envoyer des pétasses...! Drôle de thérapie !"

Il jure, en balançant ses deux mains au-dessus de sa tête.

Miss Mystère :
"C'est trop facile de jouer le type écorché par la vie, qui ne connaît que le sexe et la violence pour s'en sortir. On te croirait tout droit issu d'une série TV..."

Il se frotte le menton ; j'entends le contact rugueux de ses doigts sur la barbe naissante. Puis il me fixe, hautain.

Daryl :
"Qu'est-ce que tu me veux ?"

Son ton agressif montre qu'il est impatient d'en finir.

Miss Mystère :
"Comment tu t'y est pris pour régler les choses ? Qu'est-ce que tu as fait ?"

Il lance quelques regards autour de lui.

Daryl :
"Pas ici. Viens."

Il me fait signe de le suivre à l'intérieur. Nous nous retrouvons dans sa chambre. La baie vitrée est entrouverte et le son de la fête parvient toujours jusqu'à nous.

Daryl :
"Assieds-toi."
Miss Mystère :
"Non merci. Je préfère rester debout."

Il ouvre une petite armoire et en sort un verre. Il me demande d'un geste si je me joins à lui, mais je refuse. Il n'est pas question que je me retrouve pompette, seule dans cette chambre avec lui. Il hausse les épaules et se retourne pour se servir. Je vois les muscles de son trapèze qui s'activent tandis qu'il se verse un peu de liquide ambré. Je détourne les yeux et je regarde par la fenêtre. Le ciel est dégagé et la lune est pleine. Tous les signes, pourtant, semblent réunis pour annoncer une soirée calme.

Daryl :
"Le type qui a voulu enlever Mathilde... Il a eu un accident."

Je le fixe sans rien dire.

Daryl :
"Il s'est planté avec sa bagnole, et il se trouve que la police s'est rendue sur place et a découvert de la drogue dans le coffre de sa voiture. Ils l'ont coffré pour détention de stupéfiants et trafic de drogue. Il en a pour un bon moment à croupir à l'ombre des barreaux."

Il s'est exprimé sur un ton monocorde, en faisant tourner le liquide ambré dans le fond de son verre. Il ne cesse de me fixer, un brin amusé.

Daryl :
"Il faut vraiment que tu arrêtes de débarquer chez moi comme une furie, princesse."

(C'est vrai que c'est devenu notre mode de communication...)

Un léger sourire se forme sur ses lèvres. Quelqu'un interrompt notre échange visuel en tapant à la porte. Il me regarde en diagonale puis va ouvrir. Il échange quelques mots avec un type. Je ne sais pas ce qu'ils se disent. Leurs murmures sont couverts par les bruits de la fête, en bas. Lorsqu'il referme la porte, il fait quelques pas dans ma direction, puis pose son verre sur la petite table en verre, à côté de moi.

Daryl :
"Voilà. Tu sais tout. Satisfaite ?"
Miss Mystère :
"C'était vraiment un accident ?"
Daryl :
"Oui. En tout cas, ça en avait tout l'air..."

Il avance lentement vers moi, comme le ferait un prédateur avec sa proie. Ses yeux ont pris une lueur différente, presque maléfique.

Daryl :
"Qu'est-ce que tu attends de moi, au juste...?"

Je me déplace vers la baie vitrée, pour éviter cette soudaine proximité, au fur et à mesure qu'il avance. Mon dos se cogne au garde-fou et je regarde, mal à l'aise, tout ce petit monde qui s'amuse, en bas, près de la piscine. Plus il s'approche et plus je me colle à la balustrade. Mon cœur s'est accéléré, je me sens soudain vulnérable, ici, seule avec lui. En posant sa main sur le garde-fou, il frôle ma taille et me fixe intensément. Son visage n'est plus qu'à quelques centimètres du mien. Je préférais vraiment qu'il garde ses distances. Je ne sais pas à quoi il joue, mais je ne suis pas une de ses bimbos ! Je me faufile à une distance de sécurité suffisante pour garder mon sang-froid. Il me regarde, en inclinant doucement la tête sur le côté, un sourire en coin.

Miss Mystère :
"Je... Je ne suis pas une de tes bimbos...!"
Daryl :
"Je sais. Aucune d'entre elles ne monte ici."

J'éclate de rire et manque de m'étouffer devant son aplomb. Mais quel menteur !!

Miss Mystère :
"OH...? Tu vas me dire que j'ai un statut particulier ? Et tu les amènes où ?"
Daryl :
"J'ai des... pièces particulières pour ça. Mais ici, ce n’est pas pareil."

("Ça" ! Un frisson de dégoût traverse mon corps.)

Daryl :
"Et tu sais très bien que tu es particulière pour moi."

Je sais très bien qu'il tente de me déstabiliser, mais je n'en ai pas fini avec son histoire. Ses explications me paraissent bien superficielles...

Miss Mystère :
"Pourquoi est-ce que la police était sur les lieux ?"
Daryl :
"Parce que la police essaie de coincer ce réseau depuis un bail."
Miss Mystère :
"D'accord, mais si c'était un accident, pourquoi la police a débarqué, et pourquoi elle a fouillé sa caisse...?"
Daryl :
"Parce qu'elle savait de qui il s'agissait."

Il n'est pas pour rien dans cette arrestation, c'est évident. Et puis ses mots me reviennent en tête : "J'ai réglé le problème."

Miss Mystère :
"Tu veux que je te dise, Daryl ? Je pense que c'est pas un hasard si les flics étaient sur place. Je pense que tu les as prévenus..."

Ses yeux noisette se à pétiller pendant qu'il me fixe.

Daryl :
"Perspicace...!"

Appuyé contre la balustrade, il passe une main dans ses cheveux, pendant qu'il jette un œil sur son assemblée de convives, comme le ferait un empereur romain.

Daryl :
"Je savais que le gang organisait un convoi, ce soir-là. Je me suis arrangé pour que les choses se passent comme il fallait qu'elles se passent."
Miss Mystère :
"Et si le finit par apprendre ton petit complot ? Qu'est-ce qui va se passer ?"
Daryl :
"Y a pas de raison qu'ils l'apprennent. La police est pas assez timbrée pour balancer ses sources. Par contre, Miss Mystère... à l'avenir, évite de débarquer chez moi et d'évoquer cette affaire en public. Dans mon monde, on apprend à être discret..."
Miss Mystère :
"Daryl ! Si je débarque chez toi comme une furie c'est parce que ton attitude me pousse à le faire !! Tu peux pas juste m'appeler, me lâcher un truc pareil sans explications, et raccrocher comme si de rien n'était ! Dans mon monde, ça n'existe pas !"

Un mince sourire étire ses lèvres et il accoude à la balustrade pour regarder au loin.

Daryl :
"Tu veux que je te dise... Je suis pas fier de tout ça... Ma vie ressemble à cette fête, à mes courses. Temporaire, superficielle et mouvementée..."

Sa voix a changé. Toute trace de fierté a déserté son visage. Je ne perçois qu'une mélancolie sous-jacente.

Miss Mystère :
"Il ne tient qu'à toi de changer ta vie !"
Daryl :
"Ouais... Mais on n'est pas tous nés sous la même étoile ! J'aurai toujours le sale rôle avec toi, hein ?"
Miss Mystère :
"Tu auras toujours le sale rôle tant que tu ne décideras pas de changer vraiment. Si tu aimes sincèrement ta sœur, tu t'en donneras les moyens."

Il quitte brusquement la balustrade et rentre dans sa chambre. Je comprends que la conversation est terminée. Il ouvre la porte et, pendant que je traverse la pièce, mon regard est attiré par une valise à moitié ouverte posée sur le lit.

Miss Mystère :
"Tu pars ?"

Il se retourne vers moi et ses yeux suivent les miens sur les vêtements éparpillés.

Daryl :
"J'ai toujours pas remis de l'ordre depuis qu'on est revenu..."

Mon coeur se serre en repensant à leur départ précipité. Dans le ton de Daryl je sens une lassitude. Comme si ce genre de situation s'était déjà produite bien trop de fois pour lui. Il me reste encore un sujet à aborder avec lui, même s'il semble bien décidé à en avoir terminé avec moi.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qu'il s'est passé avec Mathilde quand vous êtes partis ?"

Il me lance un regard interrogateur.

Miss Mystère :
"Elle semble changée. Elle est mélancolique depuis qu'elle est rentrée... Je sens que quelque ne va pas..."

Il fait quelques pas pour se rapprocher de moi.

Daryl :
"Elle n'a pas changé. Mathilde a besoin de se retrouver un peu seule."
Miss Mystère :
"Je m'inquiète pour elle... Et je ne sais pas quoi faire pour qu'elle me parle."

Il me regarde tendrement, un brin d'amusement dans les yeux.

Daryl :
"Les hommes et les femmes ont pas besoin de parler. Des fois, on a juste besoin d'espace... tu vois ?"

J'ai bien perçu la petite leçon de Daryl. Je compte, sans problème, lui laisser tout l'espace nécessaire, après notre conversation !

Miss Mystère :
"J'ai reçu le message cinq sur cinq. Je vais rentrer chez moi et je ne viendrai plus te pomper l'air à condition que tu ne t'immisces plus dans ma vie."

Il étouffe un petit rire narquois.

Miss Mystère :
"T'es vraiment obligé de faire ça ?"
Daryl :
"Quoi donc ?"

Je souffle devant son éternelle insolence.

Miss Mystère :
"On va arrêter cette conversation, ça vaudra mieux."

Cette fois, il ne cache pas son amusement et éclate de rire !

Daryl :
"Ma soeur ne t'a pas donné ce que tu voulais en revenant ? C'est pourtant ce que j'avais compris ?"
Miss Mystère :
"Je te demande pardon ?!"
Daryl :
"Les retrouvailles en bas de chez toi... Je pensais qu'elle avait fait ce qu'il fallait, une fois en haut, pour avoir la paix !"

Son regard se fait soudainement cruel et une vive douleur cogne dans ma poitrine. Comment ose-t-il parler ainsi de notre intimité à Mathilde et moi ?!"

Miss Mystère :
"T'es vraiment un connard..."
Daryl :
"Oh merci... C'est trop de compliments."

Je n'arrive pas à me retenir devant sa désinvolture, et ce que j'aurais dû faire depuis longtemps se produit, presque machinalement. Ma main part rapidement et s'écrase sur sa joue ! La claque couvre le bruit de la musique et la frappe est si forte que son visage se déforme et part sur le côté ! Il me fixe un instant en se tenant la joue, comme s'il avait vu une apparition. Je ne suis pas très sûre de ce qu'il vient de se passer, mais je dois dire que ça m'a fait un bien fou !!! Son regard se fait plus sombre. Rapidement il attrape mon poignet, encore en l'air, pour m'empêcher de lui en mettre une autre. Il me plaque sans ménagement contre le mur, en coinçant mes poignets au-dessus de ma tête. Il a beaucoup de force et je n'arrive pas à reprendre le dessus.

Miss Mystère :
"Ta plutôt intérêt à me lâcher, sinon..."

Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien. Je sens son odeur particulière qui me renvoie à la première fois où je l'ai rencontré. Je tourne rapidement la tête pour éviter d'avoir à supporter plus longtemps son regard pénétrant et je tente de me libérer.

Daryl :
"Bordel ! Jamais une gonzesse a osé m'en mettre une..."
Miss Mystère :
"Si tu parles de tes espèces de bimbos qui n'en veulent qu'à ton pognon, ça m'étonne pas. À moins que les claques, ça soit ton truc..."

J'ai sifflé ma crique entre mes mâchoires serrées. Tous les coups sont permis... Les flammes doivent danser sans mes yeux. Dans ceux de Daryl la tension se mêle à la stupéfaction de celui qui s'est laissé surprendre. Il ne cesse de me fixer intensément et nos souffles se font plus courts.

Miss Mystère :
"Tu ferais mieux de me lâcher maintenant..."

Tout à coup, Mathilde apparaît dans l'embrasure de la porte entrouverte !

Mathilde :
"Da..."

Elle interrompt son élan et ses yeux se transforment en deux ronds exorbités.

Mathilde :
"Miss Mystère...?"

Mon sang ne fait qu'un tour et je me décompose. La situation doit être carrément équivoque pour Mathilde ! Révoltée, je tourne mon regard accusateur vers Daryl, avant de me refaire de son emprise.

Miss Mystère :
"Tu vas me lâcher maintenant !!"

Rien ne sort de la jolie bouche de ma belle brune. Ses yeux passent des miens à ceux de son frère.

Mathilde :
"Bordel Miss Mystère... C'est quoi ça...?"

Je ne sais pas comment tourner les choses ; je me sens terriblement honteuse...

Mathilde :
"Je viens voir mon frère et je te trouve avec lui dans sa chambre...? Tu te fous de ma gueule ?"
Miss Mystère :
"Non... Bien sûr que non ! Mathilde, écoute-moi ! C'est pas du tout ce que tu imagines... Daryl m'a appelée pour me dire qu'il avait réglé le problème avec le type qui t'a fait du mal et..."
Mathilde :
"Quoi...?! Daryl !! T'as fait quoi ?!"

Les yeux inquisiteurs de Mathilde se déplacent cette fois vers son frère. Pendant un instant je me sens soulagée.

Daryl :
"Je pensais pas tomber sur ta furie..."
Miss Mystère :
"En appelant sur mon portable, c'est ce qui se passe en général..."

Il me fixe comme pour me dire que je ne lui facilite pas la tâche. Puis il me toise et s'adresse à sa sœur.

Daryl :
"T'avais pas ton portable et je pensais que t'étais encore chez elle. Je voulais juste te prévenir."

Elle reste silencieuse un instant, comme si elle évaluait la situation, pendant que mon petit cœur se décompose... Après quelques secondes de silence, passées à nous regarder tous dans le blanc des yeux, Daryl prend la parole.

Daryl :
"T'inquiètes pas sœurette, je l'ai pas touchée ! Elle est juste venue me faire la morale ! Elle m'a même filé une baffe !"

Il me lance un regard en diagonale et je le gratifie à mon tour d'un regard noir. Mathilde fronce les sourcils en ma direction.

Miss Mystère :
"Ça va... C'est juste une petite gifle..."
Daryl :
"Je rêve... Voilà comment on me remercie de régler les choses..."
Miss Mystère :
"Ah ! Parce qu'on devrait te remercier maintenant ?"

Il s'apprête à poursuivre notre joute verbale lorsque Mathilde nous interrompt.

Mathilde :
"Arrêtez, tous les deux !!"

Nous la fixons, hébétés. Elle pince légèrement son arcade sourcilière entre l'index et le pouce. La tête vers le sol et les yeux fermés, elle lâche un long soupir d'exaspération.

Miss Mystère :
"Math... Et si on descendait ? J'ai besoin d'air...!"

Je lance un coup d'œil à Daryl, visiblement d'accord avec cette proposition.

Mathilde :
"Descends. Je dois parler à mon frère. Je te rejoins."

Son ton froid me brise le cœur. Cette fois, c'est Daryl que j'entends soupirer.

Miss Mystère :
"Oh pardon... Si je gêne, alors je m'en vais !"
Mathilde :
"Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"Non, c'est bon Mathilde ! Message reçu !!"

Je pars comme une furie, en la bousculant un peu ! Je n'y crois pas ! Cette fois on atteint des sommets !! Quand j'arrive en bas, sur la terrasse, la fête bat son plein comme si rien ne s'était passé en haut. Je vais devoir l'attendre ici, au milieu de cette fête stupide et de tous ceux que je ne connais pas. GÉ-NIAL ! J'attrape l'un des verres remplis sur la pyramide qui me fait face et je me l'envoie cul sec !

(Wow !!)

Le liquide brûle presque mon oesophage. Je peine à respirer à nouveau. Un type, qui a visiblement abusé des UV en cabine, me fixe, presque choqué. Quoi ? Il veut ma photo ? Comme pour le défier, et parce que j'ai besoin d'oublier les deux imbéciles d'en haut, j'attrape à nouveau un verre et je me l'envoie illico presto au fond du gosier. Même sensation de brûlure, même sensation de faire n'importe quoi. Crispée, je croise les bras sur ma poitrine et je fulmine en battant le sol du pied. Je regarde tous les jeunes gens qui dansent, insouciants. L'insouciance... Voilà ce qui me manque !! Toujours à réfléchir des milliards de fois avant de faire quelque chose ! Toujours à me prendre la tête sur tel ou tel truc ! Et pourquoi pas un peu d'insouciance pour moi aussi ? Pourquoi est-ce que je devrais toujours être la fille raisonnable, obéissante, calme, qui ne fait pas de vagues ?
Je m'avance vers les corps en sueur et je me laisse aller au rythme de la musique. Les paroles explicites, tous ces mots crus ne me dérangent plus, au contraire ! Je danse lascivement, faisant bouger mes hanches d'un côté de l'autre, au rythme des basses entêtantes. De temps en temps, je pioche dans un verre qu'une jeune fille offre sur un plateau. Puis cette fille passe et repasse, plus je la trouve sympa ! C'est ma copine de la soirée. De toute évidence, elle doit savoir que les deux acolytes n'ont pas été gentils avec moi. Je glousse en repensant à la bonne baffe que j'ai mise à Daryl. Qu'est-ce que ça m'a fait du bien ! Je devrais faire ça plus souvent, tiens... Une fille sur ma droite danse carrément bien. Elle porte un microshort et des cuissardes noires. Elle ressemble à une panthère... Son petit top est secoué par les rebonds que fait sa poitrine sur les à-coups de la musique. J'ai bloqué sur sa chevelure qui retombe en cascade sur ses épaules dénudées... Qu'est-ce que j'aimerais avoir des cheveux blonds comme elle...!
Est-ce que Mathilde aime les blondes...?
Autour de moi tous les corps se trémoussent en suivant le tempo de la musique. Je me sens complément emporté par le flot... La fille me lance un petit regard coquin et commence à se rapprocher de moi. Pour une raison que j'ignore, je m'avance langoureusement vers elle et je colle presque mon corps au sien. Nous entreprenons une danse lascive, balançant nos hanches et caressant nos cheveux. Je me demande brièvement quelle mouche m'a piquée, et je surprends plusieurs regards masculins se poser sur nous... Je ne savais pas que j'étais capable de bouger comme ça, et je dois dire que ça me plaît bien !! Décomplexée, je lui fais signe de regarder mon pas de danse. Une sorte de Mix entre le twerk et le reggaeton. Enfin, de ce que j'en pense. En vrai, ce truc doit ressembler aux mouvements d'un ver de terre épileptique. Je la vois suivre mes mouvements de la tête, tout en souriant. C'est dingue comme j'ai l'impression que tout le monde est souriant à cette soirée ! Le monde devrait davantage sourire, il y aurait moins de conflits... Au bout de quelques minutes ma copine s'en va et je me retrouve entourée de trois jeunes hommes. Salut, vous...! Je leur souris et je continue de danser. De toute façon, ils ont l'air sympas, comme tout le monde ! L'un d'eux se colle à mon dos, en pensant une main sur ma taille. Il m'impose son rythme en guidant le mouvement de nos bassins. Alors que je m'amuse bien avec lui, je le sens se défaire de notre danse, un peu trop rapidement pour que ce soit de sa propre volonté ! Je sens des mains familières se poser sur ma taille.

??? :
"Dégage !!"

(Oh, oh...)

Le ton est net, précis, et je reconnais rapidement l'auteur de cet avertissement.
Mathilde me fait face lorsque je me retourne et le type hausse les épaule en allant danser un peu plus loin. Je me jette littéralement contre elle. J'enroule mes bras autour de sa nuque.

Mathilde :
"Miss Mystère... Qu'est-ce que tu fous ?"
Miss Mystère :
"Ça s'voit pas, belle brune...? Je danse."
Mathilde :
"Je vois surtout tous ces types qui te tournent autour..."

Elle lance un regard dominant à mes ex-compagnons et ex-compagnes de danse. Qu'est-ce qu'elle est sexy quand elle fait ça !!!

Miss Mystère :
"Ouuuuuuuuh ! Ma princesse est de retouuuuur !!! Pour me sauver !"

Elle plonge ses ténébreux yeux noisette dans les miens. Son Regard se fait insistant, comme si elle cherchait à sonder mon esprit. Mais moi je me contente de l'admirer.

(Continue de me fixer comme ça et je jure de me jeter sur tes lèvres...)

Mathilde :
"Qu'est-ce que t'as bu ?"

À ce moment-là, ma première copine, celle du plateau, repasse et j'attrape rapidement l'un des verres qu'elle offre aux convives.

Miss Mystère :
"Ça !"

Je bois d'un coup, avec un mouvement de tête élégant, devant la mine étonnée de Mathilde. J'arque un sourcil.

(Quoi ? J'ai pas le droit ?)

Je vais pour reposer le verre vide sur le plateau mais elle retient mon geste d'un mouvement précis et ferme. Elle me prend le verre des mains et le renifle rapidement, ce qui me fait rire.

Mathilde :
"Ma parole, il t'a fallu si peu de temps pour te mettre dans un état pareil ?"

Elle a l'air un peu en colère. En fait je ne sais pas trop. Ma perception des choses semble beaucoup moins affutée que d'habitude...

Miss Mystère :
"Ça va... J'avais juste envie de m'amuser... un peu ! Après tout c'est une fête ici, nan ?"

Ma voix prend des nuances franchement bizarres. En plus, j'ai un mal fou à contrôler mes jambes qui tanguent de gauche à droite.

Miss Mystère :
"Mais dis-moi, mÔnsieur parfois... T'étais pas censé réparer ta sacrosainte bécane, ce soir...?"

Je la regarde par-dessus, pas bien sûr de tenir sur mes guiboles. Mon estomac semble fâché tout à coup et je sens qu'elle va me le faire bientôt payer. Elle me soutient comme elle le peut, pendant que le poids de mon corps semble complètement déséquilibré. C'est dingue, c'est comme si la gravité avait changé, mais que d'un côté ! Le relent du liquide que j'ai avalé quelques minutes plus tôt me fait frissonner. Assurément, c'était le verre de trop...

(Et Mince...!)

Mathilde :
"Je m'en suis occupé de ma moto... Mais je devais voir Daryl."
Miss Mystère :
"Ah ! Daryl !"

Je me tiens droite, comme au garde-à-vous, et mon regard se fait sérieux. Enfin, du moins c'est l'effet que je recherche. Daryl. Rien que ce nom pourrait me provoquer des éruptions cutanées !

Miss Mystère :
"Il a encore fait des siennes, hein !!! Eh oui...! Car Da... Daryl est toujours là pour faire suer son monde... Ouep."

Je tangue maladroitement de droite à gauche et mon sex-appeal a dû en prendre en sacré coup !

Mathilde :
"Tu te donnes en spectacle."
Miss Mystère :
"Miss Mystère !!! Tu te donnes en pestacle... euh spétacle... spec-ta-cle !"

Ma pâle imitation ne la fait même pas rire, malgré mon jeu excellent de comédienne. Pourtant, assurément, j'ai raté ma vocation.

Miss Mystère :
"Personne ne nous regarde ... Tout le monde s'amuse !"

Je me retourne en faisant de grands gestes pour montrer à Mathilde mais, tout à coup, je perds l'équilibre, et ses bras ne réussissent pas à me retenir.

Miss Mystère :
"Ooooh nooooon !"

Mes pieds glissent et le ciel se dessine sous une drôle de perspective. Je tente de me rattraper en fouettant l'air de mes petits bras dans un mouvement pathétique. Lorsque mon corps traverse l'eau c'est comme une bouffée d'air frais. Heureusement, la piscine est peu profonde, là où je me trouve. Mes pieds touchent rapidement le fond et je refais surface en me frottant les yeux.

Miss Mystère :
"Oh, c'est pas vrai...!"

J'ai l'impression de réaliser tout ce qu'il vient de se passer, à la manière d'un film qu'on rembobine... Je me sens franchement honteuse et je cherche Mathilde du regard. Elle est carrément pliée en deux et me regarde en pouffant de rire ! C'est la première fois depuis qu'elle est revenue que je la vois rire de cette façon. Mon cœur s'enveloppe de douceur et je me mets à pouffer à mon tour. Elle continue de rire à gorge déployée. Je crois même qu'elle essuie quelques larmes au coin de ses yeux.

Mathilde :
"Princesse... Si tu voulais te baigner, tu n'avais qu'à me le dire..."

Je la fixe, elle et son air moqueur. Il faut dire qu'à sa place j'aurais certainement du mal à garder mon sérieux.

Miss Mystère :
"Vu que cette soirée est visiblement tombée à l'eau, tu ferais bien de me rejoindre..."

Je m'approche du bord sans cesser de la dévisager, pendant qu'elle en fait de même. Elle s'accroupit, pour se mettre à ma hauteur, et me regarde tendrement.

Mathilde :
"Mais moi je te trouve mignonne, vue d'ici..."

Je suis le chemin qu'empruntent ses yeux coquins jusqu'à mon décolleté. Évidemment le tissu est carrément transparent et ma tenue vraiment indécente.

(Oh !)

Miss Mystère :
"Mathilde !!"

Je couvre ma poitrine des deux mains en affichant un air faussement scandalisé, ce qui la fait rire de plus belle ! Tout à coup il me vient une idée. Elle ne peut pas s'en tirer à si bon compte... Et puis, il y a toujours cette histoire de chantilly dont je dois me venger... Je retire mes mains pour lui donner une meilleure vue et affiche une moue provocante tout en m'approchant d'elle. Elle baisse la garde comme je l'avais prévu et me regarde avec une nouvelle intensité, qui n'a rien à voir la rigolade. D'un geste rapide et habile j'attrape le cuir de son col et je la tire vers moi !

Mathilde :
"Heyyy !!!"

Elle bascule malgré elle et tombe à son tour dans la piscine !

(AH AH AHHHHHH !! Vengeance !!)

Lorsque sa tête ressort de l'eau, j'affiche un sourire triomphant !

Miss Mystère :
"Oh pardon ! J'y pense... Tu voulais peut-être pas mouiller tes habits..."

Je mords ma lèvre inférieure, franchement fière de moi, et je me retiens d'éclater de rire devant son air ahuri.

Mathilde :
"Ah oui...?"

Elle s'approche de moi telle une prédatrice. Prédatrice qui a perdu de sa superbe avec son bonnet trempé et écrasé comme une crêpe sur la tête...

Miss Mystère :
"Mais... Je te trouve tellement chou comme ça...!"
Mathilde :
"Et elle continue, en plus..."
Miss Mystère :
"Je te signale que, depuis la chantilly, je m'étais toujours pas vengée..."
Mathilde :
"Ah... Mademoiselle est comme ça ? Œil pour œil, dent pour dent."
Miss Mystère :
"Et ouais."

Elle continue d'avancer dans ma direction, pendant que je recule. Mon dos heurte le bord et je me retrouve bloquée. Tout à coup, elle m'attrape par la taille et me soulève aisément pour venir me caler le ventre contre son épaule.

Mathilde :
"Tu m'as poussé à l'eau donc..."
Miss Mystère :
"Ouais, et si je devais le refaire, même que je le referais !"

Je me débats comme je peux, tout en riant. Soudain, elle me fait basculer de ses épaules et me plonge tout entière dans l'eau. Lorsque je me retrouve la tête hors de l’eau, je me mets à tousser.

Miss Mystère :
"Mathilde !! - kof kof - T'es vraiment - kof kof - trop bête ! J'ai bu la tasse ! - kof kof -"
Mathilde :
"Ah bon...?"
Miss Mystère :
"J'aime pas boire la tasse !!"
Mathilde :
"Oh... Ma princesse..."

Elle revient vers moi, l'air tendre, pour me prendre dans ses bras. Alors que je vais me fondre dans ses bras, je décide de lui sauter dessus pour tenter de la déséquilibrer. Je sais, j'ai cette inconscience farouche des gens qui n'ont peur de rien.

Mathilde :
"Ah ah ah !!! C'est quoi cette technique...? Regarde. C'est pourtant simple..."
Miss Mystère :
"Non... Je..."

Elle me rattrape facilement et me fait pivoter, de sorte qu'elle fait à nouveau couler ! Lorsque je ressors à nouveau la tête de l'eau, j'enrage. Je crois qu'à ce jeu elle est plus forte que moi... Elle m'attrape gentiment, me colle à elle et dépose un petit baiser sur mon front humide. Mon corps se détend immédiatement et je me laisse aller contre elle. Elle me soutient par la taille et j'enroule automatiquement mes jambes autour de ses hanches. Ses mains glissent le long de mes cuisses. Elle est toujours aussi belle. Les reflets de l'eau colorent sa peau et ses yeux de petits filaments de lumière. J'ai l'impression que la fête a disparu autour de nous. Je dépose un délicat baiser sur ses lèvres. Elle me le rend passionnément sans cesser de me serrer contre elle. Voilà l'un des plus beaux endroits du monde : dans ses bras ! Elle nous déplace doucement dans l'eau. Son contact est délicieux. Sa chaleur contraste avec la température de l'eau que je commence à trouver fraîche.

Mathilde :
"Tu as froid, princesse ? Tu as la chair de poule..."
Miss Mystère :
"Oui ! Je commence à trouver l'eau froide..."
Mathilde :
"Je crois qu'on ferait bien de rentrer se mettre au chaud..."

Elle m'accompagne jusqu'à la petite échelle au bord de la piscine. Elle m'invite à monter. Lorsque nous sortons, elle me tend une serviette abandonnée sur un transat.

Mathilde :
"Tiens, sèche-toi un peu. Je vais appeler un taxi."
Daryl :
"Mais qu'est-ce que vous faites tous les deux...?"

Il nous dévisage, un verre de cocktail à la main.

Miss Mystère :
"Je suis tombée à l'eau..."

Il nous fixe, dubitatif.

Daryl :
"Ah. Et toi aussi ? Tout habillé ?"

Je pouffe de rire devant l'air perplexe de Daryl, qui s'adresse à sa sœur en la regardant de bas en haut.

Mathilde :
"Ouais. Tu devrais essayer c'est pas mal."

Elle me lance un regard en diagonale à son frère, le téléphone à l'oreille. Il s'éloigne un peu. Daryl me fixe pendant que je me sèche comme je peux.

Miss Mystère :
"Daryl... Qu'est-ce que tu veux ? Je crois qu'on s'est tout dit, non ?"

Je frotte vigoureusement mes cheveux pendant qu’il se contente de m'observer. Je n'arrive pas à deviner dans quel état d'esprit il se trouve.

Daryl :
"Arrête de te prendre pour le centre du monde..."

Son ton est cassant. Sans plus développer il s'en va en direction d'une belle brune, derrière moi. Elle est visiblement très intéressée par son tatouage. Elle passe une main derrière sa nuque et glousse lorsqu'il lui chuchote à l'oreille, tout en lui passant une main autour de la taille. Il m'adresse un petit regard en coin, comme pour me rappeler quel est son monde à lui. Je me fiche bien qu'il aille enlacer cette fille. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit très heureux en collectionnant les tops modèles. Alors que je m'apprêtais à lui répondre par un regard noir, Mathilde me surprend en me pinçant légèrement à la taille.

Mathilde :
"Le taxi nous attend, princesse !"
Miss Mystère :
"Ah ! Très bien !"

Je pose la serviette là où je l'ai trouvée, puis je prends la main que Mathilde me tend pour partir. Je ne peux m'empêcher de lancer un regard dans la direction de Daryl. Je surprends son regard posé sur nous deux, quittant sa fête. Un bref instant j'ai l'impression de lire une sorte de mélancolie dans ses yeux...
Un trajet en taxi n'a rien de spécialement excitant. Sauf su votre compagne de voyage est une nana super canon qui a décidé de faire grimper la température. Le chauffeur a dû nous trouver franchement décomplexés. Je suis même certaine de l'avoir vu jeter quelques coups d'œil dans le rétro pendant que nous embrassions. Arrivé chez elle, je suis fébrile. Cet endroit est chargé de bons souvenirs... Elle a allumé la petite lampe centrale vétuste qui éclaire faiblement le salon. Elle se devait rapidement de sa veste et son t-shirt trempé qu'elle pose sur une des chaises du bar.

Mathilde :
"Ouf !! J'en pouvais plus de ces trucs qui me collaient à la peau !!"

La poitrine nue c'est indécent, mais nu et trempé, c'est carrément la tentation incarnée ! Je me mords la lèvre inférieure, pendant que mes yeux empruntent le chemin de ses seins, pour descendre sur ses abdos... et sur une zone qu'il ne serait pas décent de nommer ici. Elle s'approche de moi en ébouriffant un peu ses cheveux. Quelques perles d'eau tombent sur son visage. Elle me sourit. Je ne sais pas, si de ma vie, j'ai déjà assisté à une scène aussi troublante ! Cette femme est si... excitante !! Aucune femme ne pourrait résister ! Mes jambes flageolent et mon cœur bat la chamade. Je peux m'offrir tout entière à cette femme à la seconde où elle me le demandera.

Mathilde :
"Mmh..."

Elle s'est rapprochée de moi. Elle mes dévore des yeux et elle penche légèrement la tête sur le côté. Du dos de sa main, elle effleure à peine les courbes de mon corps. Je réagis instantanément par toutes les terminaisons nerveuses qui me constituent et je me sens chancelante. Elle prend ma nuque dans la paume de sa main pour m'attirer contre elle et poser ses lèvres sur les miennes. Notre baiser est à la fois tendre et dur. C'est comme si nos deux corps avaient le besoin irrépressible de se posséder l'un et l'autre.

Mathilde :
"T'es vraiment une petite coquine..."

Elle a murmuré entre mes lèvres avant de poursuivre ses baisers le long de mon cou.

Miss Mystère :
"Je n'ai pas fait exprès de perdre l'équilibre et de tomber dans la piscine !"

Je la sens étouffer un rire dans mon cou. Visiblement la scène devait être impayable !

Mathilde :
"Et tu n'as pas fait exprès de m'y faire tomber ensuite ?"

J'arque un sourcil pendant qu'elle me fixe de ses yeux tendres.

Miss Mystère :
"Tu sais... Tu parles vraiment beaucoup... Pour une bad girl, ça manque d'action..."

Elle me regarde fixement ; j'aime la provoquer et, à l'évidence, elle adore ce petit jeu elle aussi.

Mathilde :
"Oh...? Mademoiselle veut de l'action ?"
Miss Mystère :
"Eh bien... oui..."
Mathilde :
"Faillait le dire tout de suite. Je croyais que tu voulais faire la conversation..."

Sans me laisser le temps de répondre, elle se colle à moi et prend mes lèvres avec une ardeur troublante. Elle passe rapidement ses mains son mon top pour l'enlever d’un seul geste. Je me retrouve le nez contre le sien et le souffle court. Je suis encore humide, mais brûlante. Elle se déplace vers le canapé où elle me dépose, sans cesser de m'embrasser. Elle entreprend de défaire mon jean mouillé, mais celui-ci a décidé de se coller à ma peau et de ne pas lui faciliter la tâche. Je me tortille pour l'aider à descendre le tissu collant. Lorsqu'elle a enfin réussi enfin à venir à bout de cette épreuve, elle se penche sur moi et mon cœur vacille. Elle peut me faire vibrer simplement avec son regard. Je crois que je pourrais me perdre dans ses yeux ténébreux. Elle me soulève légèrement ma taille pour me faire remonter un peu. Ses mains se posent sur mes cuisses, mes hanches, pendant qu'elle continue l'assaut de ses baisers. Je me laisse aller contre elle, pour savourer ce moment intime où se mêlent tendresse et passion. Je ne peux plus me passer d'elle... Tout à coup, je décide de tourner sur le côté pour me retrouver à califourchon sur elle. J'ai ainsi tout le loisir de la voir et de la toucher chaque centimètre carré de sa peau. Tendrement je commence à l'embrasser dans son le cou je descends progressivement sur la naissance de ses abdominaux. Je sens son corps se détendre et l'entends pousser un petit grognement lorsque je touche un point sensible... J'ai envie de lui donner autant qu'elle me donne et j'ai toute la nuit pour faire ce plaisir... Nous entreprenons des positions dont je ne connais pas le nom, mais qui sont plus agréables les unes que les autres. Le nom de petite cuillère ou encore le 69 ce sont mes préférais. Nous avons passé la nuit à faire l'amour, nous n’avons pour ainsi dire pas dormi.
Le matin, lorsque j'ouvre les yeux, je me sens profondément paisible. J'ai passé la nuit chez elle. Je regarde, amusée, les vêtements de la veille dispersés un peu partout dans l'appartement. J'entends qu'elle prend sa touche et je jette un coup d'œil au réveil. Déjà 11h30 du matin... Je suis une couche-tard, lève-tard, et j'ai le sentiment qu'il en est de même pour elle. J''ai toujours été une vraie marmotte ! Je me traîne presque jusqu'à mon sac à main dans lequel je cherche mon portable.
Lola a envoyé un message : "Slt beauté ! ça te dit qu'on se retrouve à CP cet aprèm ?"
Une après-midi à Central Parc avec Lola... pourquoi pas ! Je retourne sur le lit, mon portable dans la main et je me glisse sous les couvertures. Je commence à tapoter ma réponse lorsque Mathilde me fait sursauter.


Mathilde :
"Hey princesse déjà debout à geeker sur ton portable des le matin.
Miss Mystère :
"Il n'y a pas d'heure... :-)))"

Elle est irrésistible, une serviette négligemment enroulée autour de sa poitrine pour cacher sa nudité. Je dois me retenir de ne pas pousser un petit soupir de satisfaction. Je bloque littéralement sur son corps. Décidément elle me fait toujours le même effet et j'ai toujours autant de mal à le cacher ! Je détourne nerveusement les yeux vers mon téléphone, me sentant un peu prise sur le fait. Elle me surprend en me sautant littéralement dessus ! Elle m'enlève le téléphone des mains et passe ses mains sous mes genoux, sur cette pliure si sensible chez-moi. J'éclate de rire en me tortillant sous elle !

Mathilde :
"On est chatouilleuse, princesse ?"
Miss Mystère :
"Arrête !!! Ah ah ah oui !! Je crains ! Je crains ! Arrête !!!"

Elle continue ses chatouilles de plus belle et j'en pleure de rire. Elle arrête puis me fit un petit bisou sur le bout du nez. Elle sent trop bon. Elle sent comme le premier jour où je l'ai rencontrée. Mon cœur s'emballe.

Mathilde :
"T'écrivais à qui... ton amant ?"

Elle me tend mon téléphone. Son air idiot me fait rire et je lui envoie une tape sur l'épaule.

Miss Mystère :
"Si mon amant est une blonde qui passe son temps à raconter ses dernières conquêtes, alors ouais j'avoue."

Mathilde a enfoui sa tête dans le creux de mon cou. Je sens ses lèvres s'étirer en un sourire.

Mathilde :
"Tu lui racontes combien je suis géniale, c'est ça ?"
Miss Mystère :
"Oui... Et combien tu es modeste aussi !!"

Elle me fait un sourire craquant qui veut tout dire avant de disparaître à nouveau dans la salle de bain.

Miss Mystère :
"Lola veut qu'on se retrouve à Central Park cet après-midi, ça te dit ?"
Mathilde :
"Cet aprem, je dois finir un truc sur ma bécane... Elle a décidé de plus démarrer..."

Elle réapparaît tout en tenant un t-shirt qui me semble super large.

Mathilde :
"Tiens, tu seras mieux là-dedans."

J'attrape le tissu et je me retiens de ne pas la renifler comme une psychopathe. J'adore l'odeur, elle sent bon. Elle sent Mathilde.

Miss Mystère :
"Y a toujours des trucs à faire sur ta moto !"
Mathilde :
"Eh oui, elle me demande beaucoup d'attention. C'est une fille..."

Elle me fait un clin d'œil. Je la vois ramasser les affaires sur le sol et je rougis repensant à la soirée d'hier...

Mathilde :
"Je vais passer ça à la machine à laver et au sèche-linge."
Miss Mystère :
"T'es quoi ? Un genre de femme parfaite ? Avoue, t'as bien un vice caché ?"
Mathilde :
"Ouais. Je collectionne les petites culottes usagées."

Elle éclate de rire devant ma mine dégoûtée. Je glousse pendant que je la regarde faire. Elle se dirige derrière le bar, visiblement décidé à préparer le petit déjeuner. J'enfile son t-shirt et je me décide à quitter le lit confortable pour la rejoindre sur l'un des tabourets.

Miss Mystère :
"Ça te vient d'où, cette passion de la moto ?"

Elle inspecte l'intérieur de son frigo pendant qu'elle semble réfléchir à ma question.

Mathilde :
"Je sais pas trop... J'ai toujours aimé les deux roues et la sensation de liberté que ça procure."
Miss Mystère :
"Oui, je comprends... C'est tellement cool. On a vraiment des sentions différentes qu'en voiture..."
Mathilde :
"Ouais, c'est clair, c'est trop bon. Et puis, c'est un des rares trucs où je suis vraiment pas mauvaise."
Miss Mystère :
"Tu oublies la boxe !"

Elle s'approche de moi et tapote doucement le bout de mon nez.

Mathilde :
"J'espérais que tu penserais à autre qu'à nos combats sur le ring..."

Je rougis comme une tomate pendant qu'elle éclate de rire.

Mathilde :
"Un breakfast, ça te dit ?"
Miss Mystère :
"C'est parfait !"

Je la regarde faire comme s'elle accomplissait quelque chose d'extraordinaire. Je réalise soudain, pendant ce moment si anodin, que je suis tombée amoureuse d'elle...

(...)

Je suis passée par chez moi pour récupérer Topaze avant de partir en direction de Central Park. Le temps est magnifique aujourd'hui ; pas un seul nuage ne vient obscurcir le ciel. Topaze furète un peu partout, pendant que je tapote sur mon téléphone pour dire à Lola que je suis en chemin. Je me retiens d'envoyer un message à Mathilde. Cela fait à peine quelques heures que nous nous sommes quittés. Je ne veux pas paraître trop... collante. Je ne peux m'empêcher de sourire lorsque je repense à notre soirée d'hier. Je dois dire qu'elle avait mal commencé... mais qu'elle s'est particulièrement bien terminée ! Lorsque j'arrive au parc, je me dirige vers l'endroit habituel où nous avons coutume de nous retrouver avec Lola ! Je repère vite sa tignasse blonde. Elle est déjà installée sur la pelouse fraîche qui borde le point d'eau que Topaze adore explorer.

Miss Mystère :
"Salut Lola !"
Lola :
"Hey ! Salut !"

Je m'assieds à ses côtés. Topaze lui fait la fête pendant qu'elle met ses deux mains en avant pour se protéger le visage !

Lola :
"Oui, Topaze ! À moi aussi, tu m'as manqué !!"

Elle rigole pendant qu'il lui fait une grosse léchouille surprise sur la joue.

Lola :
"Tu es sans doute le mâle le plus heureux de me retrouver ! Au moins, toi, tu remues la queue quand tu me vois !"

Elle me fait un clin d'œil et s'éclate de rire.

Lola :
"Dit donc ! Quel accueil !"

Topaze se met en quête d'un bâton, ou tout autre objet avec lequel harceler sa nouvelle compagne de jeu.

Miss Mystère :
"Ça va ?"
Lola :
"Oui, très bien ! Et toi alors ? Cette histoire avec Daryl ?"
Miss Mystère :
"Hier soir, je suis allée chez lui, à sa villa... Figure-toi que c'était la mégafiesta !"
Lola :
"Sérieux ? T'y es allée ? Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"Je sais, mais j'ai pas résisté... Fallait que je sache..."

Elle m'avait déconseillé d'y aller mais elle sait aussi que je suis têtue.

Lola :
"Tu as eu l'explication ?"
Miss Mystère :
"Eh bien... Il m'avouer que le gangster qui s'en est pris à Mathilde est maintenant sous les verrous..."
Lola :
"Ah bon ? Comment ça se fait ? Je croyais que la police pouvais rien ?"
Miss Mystère :
"Moi aussi... Mais ce type a eu un accident, au moment même où il transportait de la drogue, et les flics lui ont mis la main dessus."
Lola :
"Wow..."
Miss Mystère :
"On s'est disputé parce que je le trouvais trop sûr de lui. Il était là, victorieux, à faire la fête... Mais j'ai encore en tête ce qu'ils ont fait à Mathilde et ça me glace le sang..."
Lola :
"Ma pauvre..."

Nous restons silencieuses quelques minutes.

Lola :
"Et avec Mathilde ? Vous avez parlé de tout ça ?"
Miss Mystère :
"C'est compliqué... Elle nous a surprise en train de nous quereller, avec Daryl. La situation était un peu équivoque en plus..."
Lola :
"Comment ça "équivoque" ?"
Miss Mystère :
"Je venais de frapper Daryl et il me retenait par le bras contre le mur. On était un peu... serré. Et, sur le coup, Mathilde a pensé à autre chose."

Elle souffle doucement.

Miss Mystère :
"Je m'inquiète pour nous deux, tu sais."

Elle me regarde tristement et tendrement à la fois.

Lola :
"C'est normal que tu t'inquiètes, avec tout ce qu'il s'est passé..."

Elle me prend doucement dans ses bras, pendant que je fixe Topaze qui est bien loin de tous mes drames.

Lola :
"T'inquiète pas. Je suis sûre que tout va rentrer dans l'ordre."

Elle sort une petite boîte de son sac.

Lola :
"J'ai pris des Oreos !"
Miss Mystère :
"Génial ! Mais avec le breakfast que j'ai pris avec Mathilde ce matin, ça va pas être bon pour mes hanches !"
Lola :
"Ooooh...? Dois-je comprendre que, si vous n'avez pas développé sur le sujet Daryl, vous avez quand même passé la nuit ensemble...?"

Le petit air mutin de Lola me fait sourire et je croque dans le biscuit en haussant les épaules.

Miss Mystère :
"J'y peux rien si je suis accro !"
Lola :
"Elle va mieux, alors ? Tu me disais qu'elle semblait déprimée ?"
Miss Mystère :
"Eh bien... Hier soir, elle était loin d'être triste, si tu vois ce que je veux dire !"

Nous gloussons en cœur.

Miss Mystère :
"On a quand même réussi à se retrouver tous les deux, encore habillés, dans la piscine de son frère..."
Lola :
"Les maillots, ça existe, ma belle."

Je la regarde en biais, avec un faux air vexé.

Miss Mystère :
"Ouais, mais le truc c'est que c'était pas forcément prévu à la base, tu vois...? Disons que, lorsqu'elle m'a gentiment demandé de les laisser entre eu, je suis redescendue et j'ai profité de la fête qui se tenait au bord de la piscine..."

Elle me fixe, une lueur coquine dans les yeux.

Lola :
"C'est-à-dire...?"
Miss Mystère :
"Je me suis amusée ! J'ai peut-être enchaîné un peu trop de verres... Mais je dansais vachement bien, du coup... J'ai eu l'impression que je pouvais me faire des tas d'amis et j'ai rapidement oublié pourquoi j'étais là...!"
Lola :
"Ah ah ah ! T'entends sa Topaze ? Ta patronne est une dépravée !!! Comme sa copine !"

Nous rigolons, pendant que Topaze se désintéresse de nous et décide de vouer une adoration à la boite d'Oreo, en s'asseyant devant, stoïque comme une statue. Après avoir repris un peu mon souffle je poursuite, d'une voix amusée.

Miss Mystère :
"Quand Mathilde est redescendue, elle m'a trouvée bien gaie, et je crois qu'elle m'a un peu fait la morale. Mais je la trouvais tellement trop sexy... On a parlé un peu, et je ne sais pas ce que j'ai fait, mais j'ai perdu l'équilibre et je suis tombée dans la piscine."
Lola :
"Ah ah ah !!! J'aurais aimé voir ça !!"
Miss Mystère :
"Non... Je t'assure... Je pense que je tu es habitué à plus de classe..."
Lola :
"Et donc... Mathilde a joué les héros et a plongé dans la piscine pour te sauver ?"
Miss Mystère :
"Non, elle s'est moquée !"
Lola :
"Ah bon ?? Pas possible...!"

Je donne un petit coup d'épaule à Lola qui pouffe de rire.

Miss Mystère :
"On va dire que je l'ai invité à me rejoindre..."
Lola :
"Je vois, je vois... Donc vous êtes passés de la dispute à la torride réconciliation, dans la piscine... Petites coquines !"
Miss Mystère :
"Je te parle pas du retour en taxi... C'était carrément indécent. Et de la nuit qui a suivi..."
Lola :
"Ah là là, ma belle ! Au moins ta vie est plus palpitante et romantique que la mienne !!!"
Miss Mystère :
"Pourquoi tu dis ça ?"
Lola :
"Parce que, personnellement, j'ai l'impression que la ville de New York est remplie de types louches. Ou alors, c'est que je les attire... Je t'ai parlé de ce type que j'ai rencontré à mon cours de yoga, samedi dernier ?"
Miss Mystère :
"Euh... peut-être...?"

À vrai dire je dois me repasser mentalement nos dernières conversations car Lola rencontre souvent des types... Je me cale confortablement sur la petite nappe que nous avons étalée sous nos fesses. Voilà qui va être intéressant.

Lola :
"Franchement... Le mec parfait. Beau, sympa, un sourire absolument charmant ; intelligent avec une petite étincelle de folie..."
Miss Mystère :
"Mais...?"
Lola :
"Mais le mec, premier rencard, il m'explique qu'il va chez la manucure toutes les semaines. Que c'est son petit truc à lui."
Miss Mystère :
"Hein ?"

Je me retiens de rire devant son air consterné.

Lola :
"Ouais ! Le mec il va se faire les ongles ! Genre comme une vraie gonzesse !!!"
Miss Mystère :
"Quoi ? Mais... Ah ah ah ah !!!"

Je pars dans un fou rire incontrôlable et Topaze sort de sa torpeur, pour se demander, ce qu'il arrive à sa maîtresse.

Miss Mystère :
"Bah... Voyons le positif, il a de belles mains du coup..."

Je peine à reprendre mon souffle, j'en ai presque mal au ventre. Elle semble se parler toute seule, m'amuser, m'agacer.

Lola :
"Une manucure... pffff..."

Je la fixe, en me retenant de pouffer de rire à nouveau.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que tu as fait, alors...?"
Lola :
"J'ai terminé la soirée avec lui, poliment, et après je suis rentrée chez moi, seule."

Je la regarde entortiller ses cheveux autour de ses doigts fins. Elle paraît pensive, presque mélancolique.

Lola :
J'aimerais bien, rien qu'une fois, rencontrer un mec normal..."

Je me redresse, sentant que mon amie n'est plus à la fête.

Miss Mystère :
"Tu vas trouver, t'inquiète pas. Je suis sûre qu'il est là quelque part dans cette ville..."

Elle me sourit timidement. Elle a vraiment deux personnalités qui s'opposent en permanence. Tantôt croqueuse d'homme et tantôt grande romantique... Nous avons passé une bonne après-midi avec Lola. J'ai reçu un message de Mathilde pour me dire que, ce soir, elle devait voir ses amis à elle. C'est une bonne chose qu'elle les voie. Elle en a sans doute besoin et ils ne lui apportent pas la même chose que moi. Du coup, à défaut de chérie, je vais en profiter pour me faire une soirée cocooning et série TV avec Topaze. Pendant que nous empruntons le chemin du retour, mon téléphone sonne. Daryl... Qu'est-ce qu'il peut bien me vouloir encore...? Un peu dubitative et agacée, je décroche. De toute façon, l'ignorer ne m'apportera pas grand-chose...

Miss Mystère :
"Oui, Daryl..."

Je ne cache pas mon agacement ; il transpire dans le son de ma voix.

Daryl :
"Miss Mystère... T'es où ?"
Miss Mystère :
"Nulle part."

Je l'entends inspirer lourdement. Il s'attend à quoi, au juste ? Après son attitude d'hier soir, je n'ai pas envie de lui parler, et encore moins de le voir.

Daryl :
"Écoute... Je voudrais m'excuser pour hier soir. Je me suis comporté comme un idiot."
Miss Mystère :
"Oh ? Contente que tu voies enfin les choses avec lucidité, Daryl. Comme quoi, tout arrive."

Il ne dit rien pendant un instant. Il se contente d'encaisser le coup, je suppose.

Daryl :
"J'aurais pas dû te parler comme ça... Je sais pas ce qui m'a pris... Mais tu as débarqué comme une furie chez moi, tu m'as défié devant tout le monde... Je n'ai pas su gérer ce que j'ai ressenti à ce moment-là..."
Miss Mystère :
"Je ne cherchais pas à te défier. J'ai autre chose de plus intéressant à faire dans ma vie. Mais je voulais simplement comprendre."
Daryl :
"Ouais, je sais..."

La voix de Daryl a perdu de sa vigueur. Je dois dire que, même si c'est difficile à croire après notre dernière dispute, je le sens sincère... J'inspire en fronçant les sourcils.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que tu veux ?"
Daryl :
"Rien. Je voulais juste m'excuser."
Miss Mystère :
"C'est un peu facile, Daryl ! Tu me manques de respect la veille et tu penses qu'il te suffit de t'excuser le lendemain ?"
Daryl :
"Je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes. Je sais bien que tu es en colère mais c'est mon mode de fonctionnement... Et crois-moi, je m'en veux... Quand je vous ai vus partir, avec ma sœur... Je sais pas... Je..."

Il s'interrompt un instant.

Miss Mystère :
"Mathilde est ma petite amie ! Il va falloir que tu t'y fasses !"
Daryl :
"Quoi ? Tu t'imagines que je suis jaloux ?"
Miss Mystère :
"J'en sais rien ! Peut-être..."

Un silence gênant s'installe.

Daryl :
"Enfin bref. Je voulais juste te dire que j'étais désolé."

J'inspire doucement et je ferme les yeux un instant.

Miss Mystère :
"Ok... C'est bon."
Daryl :
"Ok."

La sœur et frère Ortega sont décidément plutôt difficiles à cerner...! Alors que je m'apprête à prendre congé de Daryl, il prise le silence.

Daryl :
"Mathilde est avec toi ?"
Miss Mystère :
"Non, elle s'est occupée de sa moto cet après-midi et, ce soir elle voit des amis à elle."
Daryl :
"D'accord."

Je me demande ce qu’il a derrière la tête pour me demander des informations sur les activités de sa sœur...

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que ça peut te faire, tout à coup, de savoir ce que fait ta sœur ?"
Daryl :
"Je me soucie toujours de ma sœur. Même si tu ne veux toujours pas le croire."
Miss Mystère :
"Ce que je crois n'a pas d'importance. Plutôt ce que je constate. Et ta sœur n'a pas grande forme depuis que vous êtes revenus..."
Daryl :
"Je sais..."

Je profite que Daryl est dans une humeur "sympa" pour creuser le sujet.

Miss Mystère :
"Pourquoi elle est comme ça en ce moment ? Elle a prétexté plusieurs fois qu'elle devait s'occuper de sa moto, mais j'ai l'impression qu'elle a surtout besoin d'être seule..."

Je sens qu'il hésite à me répondre. Il s'y reprend à plusieurs fois.

Daryl :
"Ouais... La moto... C'est une part de son problème..."
Miss Mystère :
"Comment ça, son problème ? Qu'est-ce que tu veux dire ?"
Daryl :
"Je pense que Mathilde t'en parlera quand elle se sentira prête..."
Miss Mystère :
"Quoi ? Mais arrête avec toi tes mystères, Daryl !!!"
Daryl :
"Je peux pas t'en dire plus... Je t'en ai déjà trop dit. Si elle l'apprend, elle est capable de débarquer chez moi pour m'en foutre une."
Miss Mystère :
"Comme si ça n'était pas déjà votre façon de fonctionner..."
Daryl :
"J'ai déjà pris une baffe, ça me suffit pour le moment."

Sa voix est teintée d'humour et je ne peux m'empêcher de sourire en repensant à ma claque magistrale.

Daryl :
"Je dois y aller..."

Je n'ai pas eu le temps de lui balancer une réplique cinglante, qu'il a déjà raccrochée !! Je fixe mon téléphone, hébétée ! Je ne le crois pas qu'il ose me laisse là-dessus ! J'ai passé ma soirée à réfléchir sur le problème de Mathilde. Je n'ai pas voulu l'appeler. Pas question d'évoquer encore son frère ! Elle a suffisamment fait parler d'elle ces derniers temps ! Je considère qu'elle m'en parlera si c'est vrai, je n'ai pas envie de la cuisiner. Du coup, je suis un peu sur les nerfs, ce matin. D'autant plus que Gabriel m'a laissé le soin d'annoncer au petit graphiste que, mon collègue étant revenu, son contrat était terminé. À vrai dire, je suis bien trop contente de retrouver mon collègue préféré pour me sentir triste envers son remplaçant. Mathilde est un peu en retard. Lorsqu'elle entre dans notre box, elle dépose tout son attirail de motarde sur son bureau, comme à son habitude, puis elle vient me saluer. Elle me fait la bise, dévie légèrement sur mes lèvres, puis caresse discrètement ma joue.

Mathilde :
"Salut, ma belle."

Comme à chaque fois que je la vois, mon cœur s'enveloppe de douceur et un sourire se dessine sur mon visage.

Miss Mystère :
"Hum... Tu vas bien ?"
Mathilde :
"Ouais, ça va !"
Miss Mystère :
"Tu as fait quoi, hier ?"
Mathilde :
"Je devais voir un pote. Il est assez calé, côté mécanique, et il m'a donné quelques tuyaux pour ma bécane..."

Après ce bref échange, nous nous mettons au travail. Elle semble avoir retrouvé le sourire, mais une petite voix intérieure me dit que ce n'est qu'une apparence. Après un bon moment, elle s'étire en grognant. Elle passe ses deux mains derrière la tête et fixe le plafond en soufflant.

Miss Mystère :
"Tu veux prendre une pause...?"
Mathilde :
"Ouais ! Je serais pas contre !"

Elle bondit presque de sa chaise pour venir tirer la mienne d'un coup sec et la tourner vers elle.

Miss Mystère :
"Hey ! Tu sais que je suis pas une petite poupée que tu peux déplacer à ta guise et amener où bon te semble ?"
Mathilde :
"Ah bon...?"

Je la regarde en coin, tout en mâchouillant mon stylo, ou du moins ce qu'il en reste.

Mathilde :
"Tu viens...?"

Je me demande comment elle fait pour toujours afficher cet air absolument irrésistible... Je me lève en lui souriant.

Miss Mystère :
"On va juste prendre un café..."
Mathilde :
"Bien entendu. Pour qui me prends-tu ?"

Elle se penche vers moi pour chuchoter à mon oreille.

Mathilde :
"Si tu veux, ça peut devenir notre mort de passe pour nos pauses polissonnes..."

Je donne une petite tape contre son épaule pendant qu'elle éclate de rire. Nous arrivons à la machine à café et elle se sert, pendant que je choisis un petit jus de fruits. Elle s'accoude à l'une des tables et détourne ses yeux pour regarder par la fenêtre.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que tu as... Ça ne va pas ?"
Mathilde :
"Si si..."

Je l'observe faire tournoyer sa touillette dans le nectar noir, l'air détaché.

Mathilde :
"C'est juste que ma bécane a décidé d'être capricieuse. J'ai une pièce à changer encore, mais si ça pas de là... J'ai plus trop d'idée !"
Miss Mystère :
"Tu vas sûrement trouver !"
Mathilde :
"Ouais... Je dois m'en occuper entre midi et deux."
Miss Mystère :
"J'irai chez Bob nous chercher des sandwichs et je te rejoindrai dans le garage !"

Je ne lui laisse pas vraiment la possibilité de décliner mon invitation, qui n'en est pas une au final.

Mathilde :
"Ok."
Miss Mystère :
"J'ai envie d'être avec toi, ce midi..."

Elle me regarde tendrement.

Mathilde :
"Moi aussi..."

Alors que nos visages se rapprochent imperceptiblement...

(Je rêverais de me jeter sur ses lèvres...)

Cassidy fait irruption dans la pièce, suivie pas une jeune fille que je n'ai jamais vue. Avec Mathilde, nous nous faufilons discrètement jusqu'au couloir pour regagner notre bureau.
Je suis allée chercher de quoi manger chez Bob. Colin m'a gentiment accompagnée. Il m'a raconté que son groupe allait sûrement signer avec un label car un type les a repérés à l'un de leurs concerts. Je suis contente pour lui. Je suis certaine que vivre de sa passion serait bien plus épanouissant pour lui que ce job alimentaire à Carter Corp. Il m'a dit de passer le bonjour à Mathilde et je suis repartie. Lorsque j'entre dans le garage à motos, j'aperçois le si joli derrière de ma belle brune, tout affairé à trafiquer quelque chose sur sa moto. Je ne peux résister et je lui donne une bonne petite tape sur le cul ! Je ricane comme une petite fille lorsqu'elle se retourne vers moi.

Mathilde :
"Ne refais jamais ça !"
Miss Mystère :
"Sinon...?"
Mathilde :
"Tu pourrais rapidement te retrouver les fesses à l'air sur cette moto, et qui sait ce qu'il pourrait t'arriver..."

Extérieurement, je la fixe, amusée. Intérieurement elle vient de déclencher un incendie qui se propage dans tout mon système nerveux !

Miss Mystère :
"On aurait pu s'amuser, mais... j'ai faim."

Je pose son sandwich contre sa poitrine pour la stopper alors qu'elle s'approche pour un bisou. Elle regarde un instant ce que je lui tends puis et le pose sur l'établi derrière elle. Elle se retourne et m'attrape rapidement par la taille. Elle me décolle de quelques centimètres au-dessus du sol pour me placer à sa hauteur.

Mathilde :
"D'abord je veux mon bisou."
Miss Mystère :
"Ohhhhh..."

Je la trouve chou et je me laisse faire. À vrai dire, j'ai autant envie qu'elle de ce baiser, mais j'aime me faire désirer... Le contact de ses lèvres me fait toujours le même effet troublant. Je crois que je pourrais rester ainsi pendant ainsi pendant des heures... Lorsqu'elle s’écarte de moi et que mes pieds touchent à nouveau le sol, je me sens immédiatement manque.

Mathilde :
"Je préfère t'embrasser maintenant qu'après avoir mangé les oignons griffés de Bob..."

Elle éclate de rire pendant que je la regarde de travers. Même après avoir mangé des oignons, je suis une princesse. Et une princesse a toujours l'haleine fraîche ! Ou pas. Pendant que nous mangeons j'en profite pour observer sa moto. Il y a une caisse à outil grande ouverte à côté avec quelques clefs posées çà et là. Sur le sol, des pièces de métal dont j'ignore l'utilité. Les paroles de Daryl me reviennent en tête aussi violemment qu'un coup qu'on me porterait à l'estomac. Mon appétit est coupé.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qui se passe alors, avec ta moto ?"
Mathilde :
"C'est compliqué... De temps en temps, quand je roule, elle coupe. Je me retrouve sur le bord de la route, arrêter. J'ai changé les capteurs d'allumage, les bobines... Mais rien à faire."
Miss Mystère :
"Ah..."

Je ne comprends pas grand-chose à ce qu'elle me raconte, mais je vois que ses yeux s'éclairent lorsqu'elle me parle d'elle. Je me surprends à ressentir une pointe de jalousie.

Miss Mystère :
"Quand elle remarchera, tu me feras faire un petit tour ?"

Ses traits semblent se crisper. Elle prend une bouchée de sandwich, comme pour gagner du temps.

Mathilde :
"Ouais..."

(Wow quelle motivation !)

Miss Mystère :
"Pourquoi, dès qu'on parle de ta moto, tu m'en tiens loin ?"
Mathilde :
"Quoi...? pas du tout..."
Miss Mystère :
"Ah bon ? À chaque fois qu'on parle de ça, tu trouves toujours le moyen de détourner le truc !"
Mathilde :
"Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"C'est vrai !! Franchement à chaque fois que je veux faire partie de ta vie, de ta passion, tu me repousse !"
Mathilde :
"Mais qu'est-ce que tu racontes...? Qu'est-ce qui te prend tout à coup ?"

Elle me regarde presque comme si j'étais une folle et que j'inventais tout ça ! J'inspire lourdement. Je sais que la conversation prend une tournure désagréable, mais je ne veux pas repousser l'échéance une fois de plus. Je veux aller au bout des choses, même si ça doit faire mal... Je pose mon sandwich et elle en fait de même, sans cesser de me fixer. Je lis la tristesse dans son regard. Terminer la petite pause déjeuner légère.

Miss Mystère :
"Arrête de me prendre pour une imbécile... C'est en rapport avec moi ? Tu n'as pas envie de partager ça avec moi ?"

Elle semble se fermer comme une huître. Je la vois contracter sa mâchoire pendant qu'elle passe une main dans ses cheveux.

Mathilde :
"C'est... J'ai besoin de temps, c'est tout."
Miss Mystère :
"De temps pour quoi ?"
Mathilde :
"C'est trop tôt..."

Je ne comprends pas... Trop tôt pour quoi ? Si seulement elle pouvait me parler... Mais au lieu de ça, elle préfère éviter le sujet !

Miss Mystère :
"C'est trop tôt pour quoi...? Pour me faire entrer dans ta vie ? Pour connaître ton passé ?"
Mathilde :
"Je ne veux pas parler des choses du passé avec toi, c'est. T'as pas besoin de tout savoir sur moi."

Je baisse les bras d'un coup. Au contraire, j'ai envie de tout savoir sur elle, de tout partager... Mais visiblement ça n'est pas réciproque.

Miss Mystère :
"Tu sais quoi ? J'en ai marre !!! Marre de tous ces secrets ! De toutes ces choses que je ne connais pas sur toi, sur ton passé ! Tu ne t’aperçois même pas du mal que ça nous fait !!"

Je me rends compte que c'est la première fois que je parle de "nous". Elle fixe tristement sa moto, le regard perdu.

Miss Mystère :
"Et cette moto !! Sincèrement... parfois j'ai l'impression qu'elle compte plus que moi !!!"

Cette fois elle me regarde comme si j'avais carrément perdu les pédales !

Mathilde :
"Arrête de délirer !!"
Miss Mystère :
"Je délire ?! Excuse-moi !!! Je me retrouve propulsée dans des situations de fou et après tu me laisses comme ça, sans rien m'expliquer !!"

Elle balance ses bras dans les airs et souffle bruyamment, avant de passer les mains sur son visage.

Mathilde :
"Qu'est-ce que tu veux que je te dise ?!"
Miss Mystère :
"Je veux que tu me dises pourquoi tu me tiens éloignée de toi... et de cet engin de malheur !!"

Ma voix se casse dans un sanglot. Je suis prête à m'enfuir de ce garage. Je sais bien que cette conversation a atteint un point de non-retour. Mathilde reste silencieuse. Je la sens tiraillée, en proie à un regard conflit intérieur.

Mathilde :
"C'est comme ça ! Et crois-moi, c'est mieux pur toi !"

Je suis trop attachée à nous, à ce que l'on vit, pour la laisser tout gâcher comme ça ! Au fond d'elle, je sais qu'elle a peur. Peur de m'avouer la vérité.

Miss Mystère :
"Un jour tu m'as dit que tu avais peur de me blesser et, que ce jour-là, je te détesterai... Pourquoi tu as peur de ça ?"

Ma voix est tremblante. Je sais que je vais loin et que je peux la perdre. Mais je sais aussi que nous devons passer cette étape.

Miss Mystère :
"Réponds-moi... Pourquoi ?"

Elle envoie valser rapidement les chiffons qu'elle avait entrepris de ranger, et elle me fixe. Son regard est vide ; je peine presque à la reconnaître.

Mathilde :
"Je... Tu peux pas COMPRENDRE, OK...?!"

Elle a haussé le ton et ça me fait sursauter. Je ne la reconnais pas !

Miss Mystère :
"MAIS MATHILDE !!! POURQUOI ?!"
Mathilde :
"TU NE COMPRENDRAIS PAS, JE TE DIS !!"

Nous nous hurlons dessus ! Chacune à bout de souffle, à bout de nerf ! La tension est telle dans la pièce qu'elle en devient exiguë, inquiétante. Encore quelques minutes avant nous partagions un moment de complicité et voilà que tout s'écroule, que tout échappe à mon contrôle...

Miss Mystère :
"ALORS ÇA NE SERT À RIEN QU'ON CONTINUE !!"

Je n'en reviens pas d'avoir dit ça ! Elle me fixe un instant, éberluée. Ses yeux m'implorent de revenir sur ce que je viens de dire et mon cœur se brise en mille morceaux. Mais alors que je recule pour quitter la pièce, elle s'avance vers moi dans un mouvement silencieux, la main tendue. Pour la première fois, je crois entendre un sanglot s'échapper de sa gorge.

Mathilde :
"C'EST MA FAUTE ! J'AI TUÉ MON EX !!!!"
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Cindouille57

Chapitre 1

Central Park... L'un des endroits où je me sens le mieux. Pas d'embouteillages, pas de Klaxons, pas de passants pressés...
Je viens pour me promener, j'aime venir, ici juste pour profiter un peu du calme. Ecouter les oiseaux chanter, tout ça...
Je sais a Central Park, les petits moineaux, on ne les entend pas beaucoup. Tout va si vite dans cette ville... Et on ne peut pas dire que mon job a Carter Corporation déroge a la règle.
Depuis plus de trois mois maintenant, je travaille en tant que chargée de communication junior.
Le mystérieux et puissant monsieur Carter a créé la société il y a de ça seulement quelques années et et c'est devenu l'une des firmes les plus influentes de la ville.
Je soupire en fixant le petit canard qui ramasse les dernières miettes de pain gonflées qui flottent négligemment sur l'eau.
J'aime cette ville.
J'ai décidéde prendre ma vie en main dès que je suis arrivée a New York. Je sais ce que je veux et je suis là pour réussir ma vie. Pour moi, c'est un nouveau départ.
D'ailleurs, ma vie, parlons-en. En ce moment, elle est rythmée entre deux personne. L'une occupe tout mon temps libre et l'autre tout mon esprit...
Le premier, s'il est doux, n'en est pas moins baveux et poilu. Son activité favorite consiste a mâchouiller des balles ou tout autres objets à son goût pour les recracher bien dégoulinants sur les genoux.
J'ai nommé Topaze. Avant d'être le chien de la famille, c'était surtout le mien et celui de maman. Lorsqu'elle nous a quittés, il était mon confident. Hors de question que je le laisse seul chez papa.
Je suis venue en avion.
Topaze me fixe pour la énième fois, le regard plein d'espoir.
Miss Mystère :
"Non, gros bêta, je n’irai pas me baigner avec toi dans cette eau croupie."
Je lui lance le bâton visqueux de Topaze. Il se jette à sa poursuite avant même de regarder où je le l'envoie. Je lève les yeux au ciel amusée. Je m'appuie, les deux bras sur le dossier du banc, et je le regarde faire avec bienveillance.
Et puis, rapidement, comme à son habitude, mon esprit se remet à penser à elle. Vous savez, la deuxième femme. Celle qui occupe tout mon esprit.
Celle que j'ai rencontré lors de mon premier jour de travaille et à qui je pense presque à chaque fois que je respire.
Elle s'appelle Mathilde. La bonne nouvelle c'est qu'on s'entend super bien, peut-être même trop bien. Et la mauvaise c'est que c'est ma collègue de bureau.
Je me souviens de mon premier jour de travail. Elle est arrivée dans notre petit box un grand sourire au lèvres. La journée avait mal commencé, m'avait volé mon sac a main...
Elle m'a rassuré tout de suite. J'étais tellement impressionnée ce jour-là, et c'est la seule personne qui me paraissait normale. Près d'elle je me suis sentie bien tout de suite.
Les premiers temps sincèrement, je l'aimais bien. On a rapidement sympathisé, je la trouvé attachante, mais plus comme une amie. Ce genre qui vous redonne la pêche lorsque vous allez mal.
Mais pas avec qui vous imaginez passer une nuit...
Et puis un soir où j'étais au plus bas, chez moi, nous avons passé des heures a parler. Je me suis endormie dans ses bras. Je ne m'étais jamais sentie aussi bien dans les bras d'une femme.
Ce soir-là, elle n'a rien tenté, elle était juste là pour moi. Et c'est là que j'ai réalisé a quel point c'était une femme extraordinaire, le genre qu'on ne rencontre pas a tout les coins de rue.
Alors j'ai commencé a la regarder différemment, à glousser bêtement à ses blagues, à rougir devant ses yeux noisettes pétillants, à devenir jalouse des autres filles qui la regardaient de trop près ...
Ouiiii la concurrence est rude... Mathilde est le genre de filles qui récupère le numéro de téléphone. Elle est très demandée.
Elle a cette innocence, qui la rend très attachante, très craquante...
Topaze revient gaiement me présenter son bâton. Je me demande s'il est possible qu'il se lasse un jour de le rapporter
Miss Mystère :
"Après tout, il y en a bien qui tombe amoureuse de leur boss ou de leur manager, alors pourquoi pas de leur collègue de bureau, pas vrai...? "
??? :
"Je doute que ton chien puisse répondre a ta question"
(Mince, j'ai pensé à haute voix...)
Rouge de honte, je me retourne en direction de la voix assurée qui vient de m'interpeller.
Un jeune homme me regarde, une lueur d'amusement dans les yeux.
Pardonne moi mais je m'adressais à mon chien... Et il se prénomme comment "Topaze"...
Miss Mystère :
"Je doute que tu aies la réponse ..."
??? :
Je ne sais pas... Si ta collègue de te plaît vraiment, pourquoi tu restes ici a parler à ton chien?"
(Mais de quoi je me mêle, sérieux ?!)
Miss Mystère :
"C'est marrant, parce qu'en fait e tu me rappelles pourquoi je préfère la compagnie de mon chien à celle de certains humains..."

Le jeune homme se met a rire en caressant Topaze qui lui fait la fête.
Je jette un regard noir à ce traître. Dis donc, tu veux pas lui manger dans la main non plus?

??? :
"Ton chien semble m'apprécier..."
Miss Mystère :
"Genial... T'as un chien c'est ça ?"
??? :
"Non je préfère les minous..."

Je le regarde interloquée. Avec un rire nerveux je lève les yeux au ciel.
Sérieusement ? "Je préfère les minous". Mais c'est quoi ce type ?!
L'espace d'un instant je le dévisage. Il ressemble étrangement à Mathilde, avec un côté plus affirmé.
(Miss Mystère! Il faut vraiment que tu arrêtes avec Mathilde! Tu vas finir par la voir partout !!!)

Avant que je puisse me lever, son téléphone sonne puis il s'éclipse rapidement en marmonnant quelque chose que je ne comprends pas.
Je reste un peu comme une imbécile et je regarde partir le jeune homme. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'il m'a troublée et sensiblement agacée !
J'attache machinalement Topaze et nous nous mettons en route vers l'appartement. Sur le chemin du retour, mon téléphone sonne. C'est Lola.

Miss Mystère :
"Salut Lola !"
Lola :
"Coucou ma belle !"

Lola c'est devenue une très bonne amie. Elle travaille aussi à Carter Corporation comme secrétaire. Je me souviens comme j'étais gênée la première fois qu'on s'est vu.
C'est le style de fille qui paraît toujours parfaite. Jamais un pli sur ses vêtements, jamais une mèche rebelle, toujours impeccable. Bref, tout mon opposé.

Lola :
"J'entends du bruit, t'es où ?"
Miss Mystère :
"J'étais au parc, il m'est arrivé un truc de ouf, je te raconterai... Et toi ?"
Lola :
"Je fais du rangement... Le genre d'activités super passionnante... heureusement que, hier soir, je me suis un peu amusée..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Avec qui ?! Raconte!!!"
Lola :
"Mmh... Pas au téléphone..."
Miss Mystère :
"T'abuse Lola !!!"
Elle a toujours le chic pour garder le suspense. Le pire c'est que je ne marche pas, je cours... Et ça, à chaque fois.
Lola :
"Je dis te laisser, je te rappelle ce soir ?"
Miss Mystère :
"Mais attends ! Tu peux pas me laisser comme ça !!!"
Lola :
"Je te rappelle après ton premier cours avec Mathilde ! Tu me raconteras ! Bisouuuuuus !"
Mon cours ! C'est vrai ! Je ferais bien de m'activer d'ailleurs... oui parce que la dernière en date c'est que je me suis ré-inscrite dans une autre salle pour pratiquer à nouveau.
Je pratique le Krav-Maga depuis mes 8 ans.
J'en faisais avec Papa et je ne m'y étais pas remise depuis que j'ai déménagé.
Mais... Mathilde a changé les choses...
Il se trouve qu'elle donne des cours dans une salle. En plus de tout le reste, sa pratique assidue du free fight lui a sculpté un corps de rêve. Et donc c'est tout naturellement que je me suis dit "si je m'inscrivais à ses cours, je pourrais la voir dans un autre cadre que le travail..."
Pas idiote la petite Miss Mystère !
Lola n'est pas au courant de mon attirance pour Mathilde et encore moins du stratagème pour me rapprocher. A chaque fois qu'elle m'en parle, elle part du principe que nous sommes amies.
La salle de Mathilde se trouve dans le quartier de Manhattan. Forcement, c'est là qu'elle habite... L'ambiance est plutôt sympa. La salle est simple mais bien équipée.
Je me sens nerveuse de la voir... Depuis quelque temps, je suis tout le temps agitée lorsque je la vois. Je pourrais me mettre des baffes.
J'ai pris soin de mettre mon petit short moulant, celui qui met mes formes en valeur... Autant mettre toutes mes chances de mon coté !
Mathilde :
"Hey !"
Elle se courbe, un bras en travers de la taille, comme pour faire un salut théâtral, ce qui me fait sourire.
Mathilde :
"Bienvenue dans mon antre de mauvaise fille, jeune demoiselle"
Je glousse pendant qu'elle me fait le baisemain très pieux et sur joué. Quelle idiote !
Mathilde :
"Bon t'es prête ?"
Miss Mystère :
"Ouais. Prête à te mettre la pâtée"
Mathilde se met a rire comme si j'avais dit la chose la plus drôle de la journée.

Mathilde :
"Je vais y aller doucement avec toi ma belle"
Elle se penche vers moi et me dit, comme sur le ton de la confiance :
Mathilde :
"Je vais faire attention à ne pas te casser un ongle..."
Je regarde Mathilde, les yeux pleins de défi. Elle me vraiment pour une jeune fille innocente. J'avoue, je ne lui ai pas tout dit sur mes années de pratique.
Si elle savait ! J'ai acquis un très bon niveau. Et je serais bien désolée d'abimer cette gueule d'ange...
(Concentre-toi Miss Mystère !!!)
Un jeune garçon vient nous interrompre en montrant fièrement a Mathilde la dernière prise qu'il a apprise. Lorsqu'il repart aussi vite qu'il est venu, Mathilde s'excuse et m'invite a m'avancer vers le ring.

Miss Mystère :
"C'était qui cette fusée ?"
Mathilde :
"Un jeune que j'entraîne depuis quelques années"
Miss Mystère :
"Il avait l'air super fier de te montrer"
Mathilde :
"Ouais. C'est ma petite fierté voir ces jeunes ici, à faire quelque chose d'autre de leur vie que zoner dans les rues et traîner aux mauvais endroits ..."
"Même si, je changerai pas les choses, j'essaie"
Miss Mystère :
"C'est tout a ton honneur..."
Mathilde :
"Et c'est un super truc pour emballer..."

Je lève les yeux au ciel et je lui donne un coup de coude dans le bras. Un vieil automatisme entre elle et moi quand elle joue la belle nana.
Le truc c'est qu'elle ne se rend pas compte que ses blagues me mettent de plus en plus mal à l'aise. En plus d'être sexe, drôle et gentille, elle aide aussi les plus jeunes du quartier a s'en sortir...
Une fois sur le ring, Mathilde me donne des gants et m'explique deux ou trois de base.
Soudain, elle lance un coup. Je sens bien qu'elle ses retient largement mais je sens que je suis loin d'avoir tout perdu.

Mathilde :
"Hey... C'est pas la première fois que tu te bats"
Miss Mystère :
"Non j'ai quelques années de pratique devant derrière moi"
Mathilde :
"Tu m'avais caché ça... Donc j'ai une petite Warrior devant moi !"

"Petite Warrior", ce surnom me fait sourire. Papa m'appelle tout le temps comme ça : "c'est grâce a lui que je me suis endurcie.
Lorsque j'étais petite, j'ai été agressée et j'ai eu longtemps honte. Et lorsque j'ai réussi, des années plus tard, a en parler a mes parents, papa m'a initié aux sports de combat.
Aujourd'hui je peux cloué n'importe qui au sol. Je sais par exemple comment tordre un poignet ou appuyer un point précis pour rendre la plus grande brut inoffensive.
J'ai pris des coups et j'en ai donner et j'ai apprivoisé doucement la partie de moi qui ne supporte plus le contact de l'autre.
Quand maman est décédée des suites d'une longue maladie, j'ai passé toute ma rage sur un ring...
Soudain une vague de tristesse s'empare de moi. Comme à chaque fois que je pense a maman. Il y a des blessures qui ne se ferme jamais...

Mathilde :
"Ca va ? Tu veux arrêter ?"
Miss Mystère :
"Euh... J'ai besoin d'une petite pause..."
Mathilde :
"Ok prends une petite gorgée d'eau, je t'attends"

J'ai vraiment beaucoup de mal a parler de certaines chose du passé. Le plus souvent je garde mes problèmes dans un tiroir bien fermé au fond de ma tête.
Je crois au final à travers les coups que je donne m'expulse toute ma colère...

Mathilde :
"Ok, Princesse. T'as des notions en self-défense ?"

(un peu mon neveu.)
Miss Mystère :
"Un peu, mais je vous écoute... Maîtresse"

Je sur joue le dernier mot avec un salut respectueux.

Mathilde :
"M'appelle pas comme ça, ça m'excite"

Tout- à coup, Mathilde se jette sur moi, attrape mes bras, me fait pivoter le dos contre sa poitrine et tente de m'immobiliser
J'adore sentir ses seins se contracter contre moi... Je me remercie intérieurement d'avoir eu l'idée de génie de m'inscrire ici avec Mathilde.
C'est dingue! Même en sueur, elle sent bon. Et pour ne rien gâcher je sens son souffle chaud sur ma nuque, j'en ai des frissons. Mon esprit divague rapidement sur autre activité.

Mathilde :
"Bah alors ? C'est tout ce que tu as dans le ventre, petite ?"

Je sors de mon trouble et j'utilise l'une de mes clefs de bras préférées pour la mettre a terre.

Miss Mystère :
"bah alors ? On se fait mettre au tapis par une petite ?!"

Mathilde se relève en riant. C'est difficile de garder mon sérieux car son rire me fait toujours fondre...
Cela me déstabilise et je m'agace de moi-même ! Sur le ring, c'est mon adversaire, je ne dois pas avoir envie de lui faire des bisous...
Après une bonne heure d'entrainement, nous sortons du ring. Je dois dire que, malgré mon niveau, j'ai quand même été souvent mise en difficulté. Je me demande où elle a appris à se battre comme ça...

Mathilde :
"Tu te débrouilles bien princesse ! Tu as presque failli avoir le dessus..."
Miss Mystère :
"C'est parce que j'y vais doucement je voulais pas te blesser..."

Mathilde me sourit et sert la main à un autre gars qui arrive a la salle

Mathilde :
"J'ai un truc de prévu ce soir ! Je dois filer à la douche !
Miss Mystère :
"Ok ! Moi je vais m'étirer d'abord ! On se voit demain au bureau !"

Mathilde me fait une tape amicale sur l'épaule et par en souriant à quelques élèves qui lui montrent fièrement leurs progrès.
Je regarde quelque combats puis me décide à prendre une douche. Pendant que je marche en direction des douches, je regarde mon mobile. Tiens, Lola m'a laissé un message.
Je rigole en lisant : "Si tu veux en savoir plus sur Lola et à sa dernière conquête, c'est ce soir au bar habituel, poulette ! bisouxxxx"
La tête dans les nuages, je m'avance d'un pas décidé vers les douches. Le lieu est un peu délabré mais le sol est propre.
(Ouf j'ai vraiment horreur des douches communes cradingues !)
Machinalement je pousse- la première porte qui se présente à moi.
Mon coeur fait un bon dans ma poitrine et je suspends ma respiration. Je crois que je change instantanément de couleur.

Mathilde :
"Oh oh ! Ici c'est les douches des mecs ! Les femmes c'est juste le vestiaire à côté, ilscommuniquent entre eux.

Mathilde ne porte qu'une serviette enroulée autour d'elle. Elle est à peine à quelques centimètres de moi. Je suis nez à nez avec elle.

Miss Mystère :
"Ah... Euh... Mince... Je ..."

Je suis complètement troublée... Je n'arrive pas à faire une phrase cohérente.
Déjà qu'elle me fait craquer, alors là, je suis complètement désarmée- Elle a un corps sculptural...
J'ai vraiment du mal à détourner le regard de son corps parfait. C'est limite indécent. Mais bon, après tout... Je tenterais bien un rapide coup d'oeil plus bas mais...

Mathilde :
"Tu aurais dû dire si tu voulais te doucher avec moi, on aurait pu s'arranger..."

Je sors de mon trouble et je donne un petit coup avec le dos de ma main dans ses abdominaux.

(La vache ! Ils ne sont pas en chocolat fondu !)

Miss Mystère :
"Mathilde ! Non mais... Vraiment !

(Oui je n'ai trouvé que ça à dire.)

Mathilde est hilare. Et moi rouge de honte.
Je m'apprête à tourner les talons lorsque Mathilde me retient doucement par le bras et se penche lentement vers moi. Sa bouche est à hauteur de mon front.

(Ok, mon coeur rate un battement et j'ai soudain chaud, très chaud)

Mathilde :
"Tu es sur sûre que tu vas pas te perdre en chemin ? Je peux te tenir la main si tu veux..."

(Tu ne devrais pas me proposer ce genre de choses...)

Je prends un air vexée sur joué et me dirige, troublée vers les douches...

Je retrouve Lola a notre bar habituel, on adore venir se poser ici pour discuter des derniers potins au bureau ou de ses dernières conquêtes
Il faut dire que c'est une fille vraiment super jolie. Grande, mince, blonde, et avec un sourire d'ange. On pourrait lui donner le bon dieux sans confession .
Bien loin d'être une bonne soeur, elle fait tomber tout les hommes comme des mouches et c'est un vrai coeur d'artichaut.

Lola :
"Salut"
Miss Mystère :
"Salut Lola !"
Lola :
"Alors cette séance de sport avec Mathilde ?"
Miss Mystère :
"Oui c'était top ! Je me suis bien défoulée ! Et puis... J'ai eu la cerise sur le gâteau."

Lola arque un sourcil interrogatif.

Miss Mystère :
"Je suis tombée nez à nez avec Mathilde dans les douches
Lola :
"Ah ah ah ! C'est pas vrai
Miss Mystère :
"Si... Et je ne regrette pas ce que j'ai vu..."

Lola se penche doucement vers moi avec un air salace.

Miss Mystère :
"Je... Je l'ai juste vu vêtu uniquement d'une serviette enroulée au niveau de la poitrine
Lola :
"Ahhhh..."

Lola paraît déçue

Miss Mystère :
"Non mais sérieux ! On dirait que y a que ça qui t'intéresse ! Et puis, on parle de Mathilde quand même !"
Lola :
"T'as raison ! Si elle était là, elle serait la première à se vanter avec son sourire d'imbécile..."

Je lève les yeux au ciel pour acquiescer et rigole nerveusement.

Miss Mystère :
"N'empêche il m'est arrivé un truc complètement dingue cette après-midi"
Lola :
"Ah... ?"
Mis Mystère :
"J'étais avec Topaze au parc et là un type arrive de nulle part et m'explique que je devrais..."

Soudain je stop net ce que je m'apprêtais à dire. Je n'ai jamais parlé de mes sentiments pour Mathilde avec mon amie et là j'allais
gentiment tout lui balancer...

Lola :
"Que tu devrais quoi ?"
Miss Mystère :
"Euh... Que je devrais... ! Que je devrais arrêter de parler toute seule à Topaze. Et il m'a fait une réflexion zarb sur sa préférence pour les minous..."

Lola manque de s'étouffer et me regarde bizarrement. Ok j'ai un peu déformé l'histoire mais je me sentais piégée !

Lola :
"Ah ouais. Chelou le type. Il était comment ?"
Miss Mystère :
"Assez beau gosse... Mais j'ai trouvé la situation super bizarre... Je savais pas trop s'il me draguait ou s'il se moquait de moi..."
Lola :
"Bonjour le plan drague ! "Hey salut, moi c'est Alfred ! J'adore les minous" Manque plus qu'il te fasse le clin d'oeil qui va bien"

Nous éclatons de rire en dégustant nos cocktails.

Lola :
"En tout cas je peux te dire que j'ai passé une nuit de folie l'autre soir... J'ai rencontré Franck à une réunion de voisinage, il est super sympa, on a sympathisé. On a fini chez lui..."
Miss Mystère :
"Oh... ? Et vous allez vous revoir ?"
Lola :
"Je sais pas... "

Voilà. Du Lola tout craché. Le mec est cool, canon, mais avant d'entamer un semblant de relation, il y a un truc qui cloche au final.
Après que Lola m'ait raconté tous les détails de sa nuit de folie avec le beau Franck, nous avons décidé de rentrer. Je promène Topaze avant d'aller au lit.
Tout en marchant je soupire en repensant à cette soirée. Comme d'habitude Lola m'a raconté ses histoires croustillantes et moi... Moi je n'avais rien de bien exceptionnelle à raconter.
Mon coeur se serre lorsque je pense à ce que j'ai ressenti avec Mathilde
Ce n'était pas juste de la voir à moitié nue devant moi. J'avais envie que ce corps là soit à moi. Je me rends à l'évidence

Miss Mystère :
"Pffff... C'est pas gagné Topaze !"

Elle m'adresse juste un rapide regard en diagonale et repart à ses occupations. Oui, respire toutes les odeurs des copains et copines c'est bien plus intéressant qu'écouter mes jérémiades.
Et puis, ça m'énerve ! Pourquoi je n'arrive pas à en parler à Lola ?
Après tout, c'est mon amie, elle serait surement de bon conseil...
Bon en même temps, sa vie sentimentale n'est pas stable... Mais elle m'a toujours conseillée avec bienveillance. Elle sait bien que je suis une romantique, je cherche la femme parfaite...
Peut-être qu'elle me dirait : "Mais fonce ! Mathilde et toi, vous iriez super bien ensemble"
Alors pourquoi j'ai peur ?!
Peut-être parce que j'ai une si mauvaise image de moi-même que, si Mathilde me repoussait, je me sentirais comme la fille la plus minable du monde.
Je ne supporterais pas de devoir l'affronter tous les jours, au travail, après une révélation pareille. Bonjour l'ambiance !
Et perdre son amitié me serait excessivement difficile...
Pfff... Je me sens vraiment le vague à l'âme...
Mon cœur fait un bon lorsque je repense au sourire de Mathilde, à sa proposition de prendre une douche avec elle. Elle rigole, mais moi, à chaque fois, j'aimerais qu'elle soit sérieuse...
Dommage... Encore une fois cette situation n'ira pas plus loin qu'un simple fantasme...
Il va falloir que je me décide. Sois-je prend les devants avec Mathilde, soit je laisse tomber. A force de ne penser qu'à elle, je lui ferme la porte à n'importe quelle autre femme !
Il faut dire que Mathilde a tout pour plaire...

(Ça suffit Miss Mystère !!!)

Je soupire puis j'appelle Topaze qui s'est trouvé une passion pour un mouchoir abandonné.
Je marche encore un peu, puis je remonte. Je sais que je vais avoir du mal à trouver le sommeil mais demain réunion tôt avec mon manager !
Je ne disposais que de quelques minutes pour me préparer...
Dans tous les cas, le rendu n'est pas génialissime mais il fera l'affaire !
Je déboule rapidement dans le bureau de mon manager.
Toute essoufflée, je toque à la porte.

Gabriel :
"Salut Miss Mystère. Entre"

Au départ, ça m'avait un peu surprise que Gabriel soit très cordial, je m'imaginais le manager vieillissant et usé par la pression d'une telle responsabilité.
Mais rien à voir. Gabriel fait partie de ces hommes toujours impeccables, qui semble imperturbables malgré tout ce qu'il peut se passer autour d'eux.

Gabriel :
"Panne de réveil mademoiselle ?"
Miss Mystère :
"Euh... Je... Je me suis couchée un peu tard hier et j'ai dû partir un peu vite ce matin. Je ne suis pas en retard... ?"

(Si seulement je pouvais distendre le temps comme il me plaît...)

Avec Gabriel, j'ai toujours eu du mal à juger le ton que, je peux employer. Il peut parfois être cordiale et d’autre fois plutôt distante.
Il m'a toujours impressionnée. Sa carrure sans doute... ou alors cette chevalière qu'il fait tournoyer lorsqu'il est en pleine réflexion.
On se demande toujours à quelle sauce on va être mangé.
Et c'est précisément ce qu'il est en train de faire sans cesser de m'observer. Malgré mon malaise, je m'assois bien sagement en face de lui.

Gabriel :
"Un de nos plus fidèles clients à besoin d'une maquette pour ce soir. Tu as tout dans ce dossier."

Bienvenue à Carter Corporation. Ici tu bosses jusque tard le soir si tu veux garder ta place que des dizaines de personnes se bousculent pour l'avoir ta place.
Et avec le sourire s'il vous plaît. Je me dandine maladroitement pour récupérer le dossier que Gabriel glisse sur son bureau en ma direction. Je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours l'impression que son regard m'analyse...
Lorsque je vais pour prendre le dossier, il pose sa large main sur la mienne et plante ses yeux bleus dans les miens.

Gabriel :
"N'étant pas en retard, et... tu es très jolie au naturel."
Miss Mystère :
"Ah... Euh... Merci"

Je prends le dossier, un peu incrédule, puis je sors de son bureau.
Après mon manager, c'est à peu près ça tout le temps. Il est toujours très gentil avec moi, comme s'il sentait que j'ai besoin d'être complimenté pour être rassurée.
Parfois j'ai presque l'impression qu'il me fait des avances. Mais je me ravise tout de suite. Je ne vois pas ce qu'il pourrait trouver à une fille comme.
Lorsque je reviens dans mon box. Mathilde vient juste d'arriver. Elle pose son casque sous son bureau comme d'habitude et me fait un grand sourire lorsqu'elle me voit
Mathilde :
"Salut Princesse !"

Je m'avance vers elle pour faire la bise. C'est un petit rituel que je ne me prive pas de faire chaque matin ! Chacun son petit plaisir...

Mathilde :
"Alors pas trop de courbatures d'hier ?"
Miss Mystère :
"Non ça va !"
Mathilde :
"Ok j'irai plus fort la prochaine fois..."
Miss Mystère :
"C'est marrant je me souviens t'avoir mise au tapis hier... Non... ?"
Mathilde :
"Moi je me souviens surtout que tu m'as maté sous la douche..."

(OH !!!)

Miss Mystère :
"Ouais, c'est un petit bonus sympa !"

Ma réflexion du tac au tac semble faire taire Mathilde. Je me demande soudain si j'ai bien fait...

Miss Mystère :
"Euh... Bon... Gabriel m'a donné ce dossier. Le client veut une première maquette pour ce soir ! Autant dire qu'on a du taf !"
Mathilde :
"Il t'a encore fait du rente-dedans ?"

(Qu'est-ce que ça peut lui faire au juste ?)

Miss Mystère :
"Il est me fait pas du rente-dedans Mathilde. Il est juste gentil avec moi, c'est tout"
Mathilde :
"Ouais. C'est ça..."

Je sais que Mathilde n'aime pas la manière donc Gabriel me parle. Parfois j'ai presque l'impression qu'elle jalouse, ce qui me donne un peu d'espoir...

Miss Mystère :
"T'es jalouse ou quoi ?"
Mathilde :
"Non ça va... A moins que tu l'aies vu torse nu..."
Miss Mystère :
"Mathilde"

Je souffle et je me cache derrière mon écran en faisant mine de me mettre au travail.
Intérieurement, mon cœur s'est accéléré. Et s'il se doutait de quelque chose ?
En milieu de matinée, nous décidons d'aller à la cafétéria. Colin est appuyé contre un mur, en train de regarder son portable.

Colin :
"Luc"
Miss Mystère :
"Salut Colin"

C'est sans doute le gars le moins bavard du service. J'ai toujours l'impression que ma seule présence l'agace. En réalité la présence de tout le monde semble l'agacer.

Mathilde :
"Alors mec, t'as prévu quoi pour ce week-end ?"
Colin :
"On fait un concert avec le groupe"
Miss Mystère :
"Cool c'est où ?"

Colin semble presque ignorer ma question et se tourne vers Mathilde

Colin :
"Tu peux venir si tu veux..."
Mathilde :
"Un peu que je vais venir ! Le grand Colin sur scène ça ne se rate pas... Enfin surtout toutes les jeunes filles survoltées qui se déhanchent dans la foule..."
Colin :
"Elles sont là pour moi. Toi aussi tu peux venir..."

Colin me jette un bref coup d'œil comme on regarde une chose qu'on se force à inviter parce qu'elle là.

(Sympa, ne te sens pas obligé surtout...)

Je sais que même avec Mathilde, avec qui il est pote il n'a pas toujours la manière. Mais je me demande toujours s'il a un problème avec moi.
Colin s'en va avec nonchalance après nous avoir fait un bref signe de tête.

Miss Mystère :
"C'est dingue ! Tu vois pas comme il me parle ?"
Mathilde :
"Quoi ? Il te parle comme il faut te parler non ?"
Miss Mystère :
"Je fais un moue vexée en croisant mes bras."
Mathilde :
"Oh ça va relax petite warrior ! Je plaisante !!! Arrête de te prendre la tête, il est comme ça s'est tout.""
Miss Mystère :
"Moué..."

Voilà autre chose chez Mathilde c'est juste impossible de critiquer ses amis

Mathilde :
"Bon j'y retourne ! J'ai pas envie de passer ma nuit ici, j'ai entraînement ce soir !?"
Comme une piqure de rappel je la revoie dans cette douche... Il faut vraiment que j'arrête d'y penser !!! Un large sourire se dessine sur lèvres de Mathilde. Je sais très bien à quoi elle pense...
Je préfère ignorer son sourire et détourner les yeux, gênée. Mathilde éclate de rire et prend son café devant ma mine rougissante.
Alors que je comate devant ma boisson, je me demande quel est le problème de Colin avec moi...Après tout, peut-être que Mathilde a raison, je me fais des films, il est juste comme ça avec tout le monde...

??? :
"Mademoiselle..."

(Cassidy...)

Miss Mystère :
"Bonjour mademoiselle Sparke"
Cassidy :
"Si vous ne prenez pas racine devant la machine, je souhaiterais y accéder pour me faire un café"
Miss Mystère :
"Oh excusez-moi ! Bien sûr"

Cassidy me considère avec autant de respect que si elle avait un cafard devant les yeux. Quoique... A bien y réfléchir, le cafard bénéficierait sans doute de plus de considération...
Je me pousse maladroitement. Je me sens toujours minable face à elle. Elle dégage l'assurance de ses femmes... La nature a naturellement bien pourvue.
A moins que ce ne soit le bistouri...

Cassidy :
"Vous arrive-t-il de travailler en dehors des pauses à la cafétéria, Mademoiselle ?"

(Outch)

Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué Cassidy est un peu ma pire ennemie ici.
Le genre de nana qu'on rêve de gifler mais à qui on se contente de sourire au travail.

Miss Mystère :
"Je prends une seule pause le matin et une l'après-midi, je pense y avoir droit. Surtout que je vais finir tard ce..."
Cassidy :
"Arrêtez un peu vos jérémiades !!! Vous me fatiguez !"

Je la fixe, interloquée. Il faudrait savoir ! Ce n'est pas moi qui ai commencé les hostilités après tout.

Cassidy :
"Ne restez pas plantée là ! Retournez travailler"

Elle se tourne avec grâce et son parfum parvient jusqu'à mes narines. J'en suis venue a détester cette odeur...
Voilà. Vous avez fait connaissance avec Cassidy Sparke, responsable des ressources humaines et aussi la grande garce du service. Je sais à qui je vais penser à mes prochaines séances sur ring...
Je rejoins agacée, mon poste de travail. Mathilde ne manque pas de remarquer mon état de nerfs.

Mathilde :
"Eh ben princesse, arrête le café ! T'as l'aire tendue !"
Miss Mystère :
"Tu veux dire, arrête Cassidy !"
Mathilde :
"Qu'est-ce qu'elle ta encore dit ?"
Miss Mystère :
"Que je passe plus de temps en pause qu'a travailler ! Je n’y crois pas ! Quelle garce !"
Mathilde :
"Ah ah ! A croire qu'elle te traque..."

Je me laisse tomber sur mon siège en soufflant.

Miss Mystère :
"Pffff... Ce n’est pas drôle Mathilde ! Franchement, j'en ai marre d'elle."
Mathilde :
"Bah, laisse. Elle jalouse c'est tout."
Miss Mystère :
"Pffff... Dit pas importe quoi ! Je ne vois pas pourquoi elle serait jalouse..."
Mathilde :
"Tu ne vois pas princesse."

Je la fixe, l'air interrogateur. Mon cœur semble avoir accéléré. Pourquoi est-ce qu'elle me dit ça ?

Mathilde :
" Elle ne doit pas supporter qu'une fille mignonne comme toi soit dans les parages. Avec toute la peinture qu'elle étale sur son visage, ça doit la faire enrager de voir la beauté au naturel..."

(OH !!!)

Je ne sais pas quoi répondre à ça. Je me sens rougir alors je me cache derrière mon écran encore une fois...

Mathilde :
"Enfin ! Un jour t'arrêtera de te dévaloriser !"
Miss Mystère :
"Je ne me dévalorise pas !"
Mathilde :
"Non... Si peu... T'as tout pour toi princesse..."

Je me sens vraiment bizarre tout à coup. Je suis sûre que j'ai rougi...
Est-ce qu'elle vient vraiment de me faire un compliment, là ? Ou est-ce qu'elle me charrie comme d'habitude. Est-ce que je lui plais... ?
Tout à coup je me sens légère mon cœur s'enrobe d'un sentiment de bien-être... Je crois que je pourrais m'envoler.
Ce soir je n'arrive à reposer les pieds au sol. Je suis complètement galvanisée par les dernières paroles de Mathilde.
J'ai impression de courir sans effort, que tout est beau autour de moi !!
Ah que la vie est belle !!!
J'étais incapable de rester en place, alors je suis sortie faire un footing, au grand bonheur de Topaze qui en profite pour fureter partout !

??? :
"Hey Miss Mystère !"

(Hein ?!)

Je m'arrête et fait demi-tour. Lola me fait signe et trottine dans ma direction.

Lola :
"Ouf ! Tu cours vite !
Miss Mystère :
"Hey ! Ça me fait plaisir de voir !!"
Lola :
" Moi aussi ! Je t'ai vu passer droit devant, tu ne m’as même pas captée ! Hey Topaze !!!"

Lola tape sur ses genoux en appelant Topaze. Ces deux-là s'adorent. Comme d'habitude, se jette littéralement à ses pieds et lui donne rapidement son ventre.
Nous marchons vers un banc et nous asseyions pour discuter.

Lola :
"Alors comment s'est passée ta journée ?"
Miss Mystère :
"Ben ! Vraiment super bien !!!"
Lola :
"Hi hi ! T'as l'air effectivement ! T'as rencontré la princesse charmante ou quoi ?!"
Miss Mystère :
"..."

Lola se rapproche de moi et ses jolis yeux turquoise me fixent l'air de dire : "Raconte". Je dois absolument lui en parler, je ne peux pas lui cacher mes sentiments pour Mathilde plus longtemps.

Miss Mystère :
"Bon... Ecoute... Il faut que je t'avoue quelque chose..."
Lola :
"Oh purée... Quoi ?"
Miss Mystère :
"C'est Mathilde... Mathilde me plait OK ?"
Lola
"Attends, attends, attends... Mathilde ? Notre Mathilde ? Enfin je veux dire Mathilde quoi ?"
Miss Mystère :
"Ouais"

Lola me regarde la bouche grande ouverte et laisse tomber dos contre le dossier du banc.
Heureusement Topaze vient briser le malaise qui s'est installé entre nous en lâchant un bâton dégoûtant sur nos genoux.

Lola :
"Mais... depuis quand ?"
Miss Mystère :
"Je ne sais pas... Depuis toujours probablement"
Lola :
"Mince alors ! Alors là !!! .... Ce n’est pas vrai ?! Sans déconner..."

Je fais un sourire timide à mon amie, visiblement sonnée

Miss Mystère :
"Tu es fâchée après moi ? "
Lola :
"Bien sûr que non !! Tu rigoles"
Miss Mystère :
"Je n’osais pas t'en parler... C'est trop bizarre... Franchement même moi je ne comprends pas ce qui m'arrive...
Lola :
"T'en as parlé avec Mathilde ?"
Miss Mystère :
"Tu rigoles ?! Bien sûr que NON !!"
Lola :
"Ok... Ok..."

Je caresse nerveusement Topaze. Bizarrement je devrais me sentir soulagée d'un avoir parlé à Lola mais je me sens mal à l'aise. J'ai l'impression que maintenant je ne peux pas faire marche arrière.
Hier soir, nous avons commandé des pizzas chez moi avec Lola. J'avais trop besoin de ses conseils.
Avec ce que ma dit Mathilde on en a conclu toutes les deux qu'il fallait absolument que je tente quelque chose, au moins une approche.
D'après Lola, elle ne m'aurait jamais fait de tels compliments si je ne lui plaisais pas.
Le truc c'est que Mathilde est vraiment super gentille et je sais qu'elle est capable de faire des compliments, juste pour que je me sente mieux.
Je ne peux pas rester comment ça ! Même si je peux me prendre un gros râteau, je dois tenter quelque chose. Sinon je le regretterai toute ma vie.
Lorsque Mathilde entre dans notre bureau, mon cœur fait des bonds

Mathilde :
"Salut princesse !"
Miss Mystère :
"Salut Mathilde "

Comme d'habitude elle se penche vers moi pour me faire la bise. Qu'est-ce que j'aimerai que ses lèvres dérivent un peu vers les miennes. Au lieu de ça, elle se recule déjà pour s'assoir.
OK... c'est clair, il faut que je me lance !!
Miss Mystère :
"Dis ça te dit qu'on déjeune ensemble ce midi ? J'ai envie de passer un moment avec toi en dehors du taf"

Mathilde n'a même pas encore posé ses affaires. Elle dépose son casque sur son bureau et me regarde.

Mathilde :
"Mais oui carrément ma belle ! Avec plaisir !

(OK ce n’était pas si dur... Et elle a l'air super emballé ! Si tout le reste pouvait se dérouler aussi facilement...)

Mathilde :
"J'vais proposer à Colin de venir !"

(Hein ?!)

Miss Mystère :
"Quoi ? Colin ?!"

Comment ça Colin ? Il ne fait pas partie de mon déjeuner en tête à tête !!!

Mathilde :
"Ouais Colin. Quoi ça te pose un problème ?"
Miss Mystère :
"Ben... Je n’ai pas envie de subir ses réflexions désagréables"
Mathilde :
"Arrête Miss Mystère... Il t'aime bien !"

(Mais je m'en fous qu'il m'aime bien moi ! C'est avec toi que je veux être !!!)

Sérieux ? C'est sa façon de me montrer qu'un déjeuner en tête à tête avec moi, ça ne le tente pas ?!
Je devrais lui dire quoi ?
"Tiens salut Mathilde, tant que j'y pense, j'ai vraiment envie de manger avec toi, toi, parce que tu me plait et que j'ai vraiment envie d'être plus qu'une amie..."
Comme ça, ça aurait été plus clair ?

Deux solutions :
- soit elle ne comprend pas le message
- soit au contraire elle le comprend très bien et elle me montre juste à sa façon qu'elle n'est pas intéressée

Je trouve Lola en salle de pose. J'étais tellement en colère qu'il fallait que je lui parle.

Lola :
"J'ai vu ton texto..."
Miss Mystère :
"Je suis dégoûtée... Pour elle a invité Colin ! Tu vois, je te l'avais dit, c'est sûr, je lui plais pas comme je le voudrais"
Lola :
"Ne tire pas de conclusions trop hâtives..."
Miss Mystère :
"Pffff... Je n’aurais rien dû dire, je me sens nulle maintenant."

Je touille ma boisson, le regard dans le vide. Je suis officiellement frustrée et de mauvaise humeur pour la journée.

Lola :
"Attends Miss Mystère... Faut remettre les choses à leur place. Pour Mathilde tu es toujours sa collègue sympa OK ?"
Miss Mystère :
"Oui merci, ça j'avais saisi. C'est censé me remonter le moral ?"
Lola :
"Oh mais écoute-moi jusqu'au bout !"

Je lève mes yeux de cocker au cœur brisé sur mon amie.

Lola :
"Comment tu veux qu'elle comprenne que, tout d'un coup, tu l'invites à un déjeuner en tête à tête. Il faut le temps qu'elle percute"

Je fais une moue moyennement convaincue

Miss Mystère :
"Je pourrais être plus claire..."
Lola :
"Attends, c'est une femme quand même... Et on parle de Mathilde en plus..."

Je laisse échapper un rire nerveux.

Miss Mystère :
"Ok, admettons qu'elle ait mal saisi le message... Même si je n’y crois pas trop... Je fais quoi maintenant ?"
Lola :
"Bon. Je crois qu'en fait t'as pas eu la bonne approche."
Miss Mystère :
"Ouais, je sais. Je ne suis pas l'aise pour faire le premier pas... Tu pourrais aller lui parler toi peut-être... ?"
Lola :
"Non... Ça doit venir de toi..."

Je fais confiance à Lola pour ce genre de choses. Elle appartient à ces filles qui obtiennent ce qu'elles veulent.

Lola :
"Peut-être qu'en fait, ici, c'est pas le lieu pour tenter de l'approcher. Ici tu es avant tout sa collègue. Elle est pas open sur autre choses..."

Je l'écoute comme on écoute un oracle en espérant qu'elle me trouve une solution miracle. Oui, je suis désespérée.

Lola :
"Faut trouver le bon endroit et le bon moment..."
Miss Mystère :
"Je sais que Colin donne un concert ce week-end y aura Mathilde..."
Lola :
"Bah voilà !!! Tu te fais belle, genre tu sors l'artillerie lourde tu vois ?"
Miss Mystère :
"L'artillerie lourde ?"
Lola :
"Oui, "la bomba". Traduction : tu nous sors la robe moulante sexy, longueur correcte exigée"
Miss Mystère :
"Je suis pas à l'aises dans les robes trop courtes..."
Lola :
"J'ai dit correcte. Il faut juste que tu montres un peu sans trop en montrer non plus..."

Je me mets à rire. J'ai l'impression que se fringuer pour draguer une femme relève de l'équation mathématique... Je la regarde en diagonale, genre : c'est à moi que tu parle là ?

Lola :
"Oui Miss Mystère, bien pomponnée, tu es juste une bombe. Et collègue ou pas, notre Mathilde va en prendre plein les mirettes !"
Miss Mystère :
"Tu parles, elle va sûrement me faire une de ses blagues..."
Lola :
"Possible mais comme on a pas de boule de cristal, tu nous la joues bombasse. Et après, pendant le concert, tu la joues un peu détachée. Tu lui envoies des signaux mais elle doit avoir un peu le doute.
Miss Mystère :
"Ouais je vois. En je crois..."
Lola :
"Toute façon on se fait un débrief le soir avant que tu y ailles !"
J'ai passé une bonne partie mon dressing en revue. J'ai suivi les conseils de Lola et j'ai donc sélectionné plusieurs robes.
Alors que je médite devant ce choix cornélien, mon téléphone bipe.
Un texto de Mathilde : "Princesse, tu viens ce soir ?"
Bien sûr que je viens ! Le fait qu'elle me demande me donne un peu de courage. Si elle se soucie de ma venue c'est qu'elle est une peu intéressé... Non ?
Pendant que je tape ma réponse, il me vient une idée...
Je réponds "Oui ! Tu y vas en moto ?"
Je pose le téléphone sur le sofa et je caresse Topaze qui vient de s'asseoir pile devant mon champ de vision. On pourrait dire : "Occupe-toi de moi"

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que tu veux ?"

Topaze me regarde en remuant la couette et en me jetant un regard très clair : "Tu sais très bien ce que je veux."

Miss Mystère :
"Très bien. Très bien ! On y va !

J'attrape sa laisse et nous descendons prendre l'air. Pour un samedi soir, les rues sont calmes.

Mon téléphone bipe à nouveau. C'est Mathilde : "Ouais. T'y vas comment toi ?"
Je réponds, le cœur battant : "Tu pourrais passer me prendre ?"

J'aurais aimé être plus... Je ne sais pas... Entreprenante. Mais je n'ose pas.
Pendant que Topaze a décidé de marquer tous les lampadaires de sa présence, je fantasme.
Je me vois déjà, agrippée à Mathilde, sur sa moto de course puissante... Mmh
Mais mon téléphone me sort rapidement de ma rêverie : "Désolé, je dois passer voir un pote avant, je passe pas par chez toi mouais: . On se retrouve là-bas princesse ?"
OK... Mon rêve vient d'éclater comme une bulle de chewing-gum et mon petit cœur avec.
Comme d'habitude, je décide d'en parler à Lola. Là je me dis qu'il vaut mieux arrêter les frais.

Lola :
"Hey ma belle ! Prête pour le bal ?"
Miss Mystère :
"Bof..."
Lola :
"Oh tu ne vas pas flancher ?"
Miss Mystère :
"A vrai dire... J'ai proposé a Mathilde qu'elle vienne me chercher en moto... Je voulais la jouer romantique tu vois..."
Lola :
"Et...?"
Miss Mystère :
"Elle a trouvé une excuse bidon pour ne pas faire mon chauffeur... C'est dommage je m'étais fait mes films..."
Lola :
"Elle a sûrement une raison ! Arrête de toujours penser que c'est par rapport à toi. Et puis, si ça peut te rassurer, je n’ai jamais vu Mathilde trimballer qui que ce soit sur sa moto"
Miss Mystère :
"Ah bon ?"
Lola :
"Oui... C'est un peu étrange mais bon...Peut-être qu'elle a une relation privilégiée avec elle... Peut-être que c'est ta rivale... Hihihihi !
Miss Mystère :
"Bien je ne suis pas sortie d'affaire ! Elle a plutôt une belle carrosserie !"

Nous éclatons de rire avec Lola. Je savais qu'en l'appelant, ça irait beaucoup mieux.

Lola :
"En parlant de carrosserie, ta tenue ?"
Miss Mystère :
"Une robe rouge ou bleu électrique bustier ?"
Lola :
"Mmh... Prends la rouge. Après tout, c'est la couleur de la passion non ? Tu te fais de beaux smocky eyes et tu seras à tomber !"

Smocky eyes, oui je gère. J'ai regardé des tas de tutos sur YouTube !

Miss Mystère :
"Bon je remonte Topaze, je me prépare et j'y vais. Vraiment dommage que tu ne puisse pas venir..."
Lola :
"Désolée, ce soir je t'ai dit, je vois Frank..."
Miss Mystère :
"Oh c'est vrai ! Vous avez prévu quoi ?"
Lola :
"Dîner romantique... Et après on verra... S'il est gentil garçon..."

Je glousse. Lola me fait vraiment rire. J'ai la nette impression qu'elle les mènes à la baquette.
Finalement, j'ai pris le taxi pour me rendre à la salle de concert. Il m'était impossible de marcher trop longtemps avec mes talons de 11 centimètres...
Elle belle a un prix, demandez-le à mes orteils.
Lorsque j'entre dans la petite salle animée, j'aperçois Mathilde qui avec Colin. Elle regarde dans ma direction et me sourit.
Soutenir le regard de Mathilde me paraît tout à coup difficile. Comme si j'avais peur qu'elle me regarde avec indifférence.

Mathilde :
"Wahou !!! Miss Mystère ! Tu es... Wahou"
Miss Mystère :
"Merci"

(Vue sa réaction, les conseils de Lola ont porté leurs fruits !)

Colin donne un coup de coude a Mathilde.

Colin :
"Ferme la bouche tu vas gober les mouches !"

Ayant pris note des conseils de Lola je souris et joue la fille détachée.

Miss Mystère :
"Vous êtes là depuis longtemps ?"
Mathilde :
"Je... Ouais... Enfin non pas trop"

(Qu'est-ce qu'elle a tout à coup ?

Colin :
"Mathilde est venue m'aider pour le matos"
Mathilde :
"Euh... Je vais me chercher un truc à boire, tu veux quelque chose Miss mystère ?"
Miss Mystère :
"Oui, la même chose que toi s'il te plaît"
Je réponds avec gentillesse, mais intérieurement je boue... Je me demande vraiment si elle ne fait pas tout pour m'éviter, moi et mes avances...
Mathilde me laisse pour aller chercher à boire. Je le regarde partir, agacée.

Colin :
"Je dois rejoindre le groupe."

(Génial, me voilà toute seul, planté là dans mes escarpins et ma robe trop serrée...)

Miss Mystère :
"Pfff... Je ne le crois pas..."
??? :
"Moi non plus..."

(Hey ! Mais je connais cette voix...)

??? :
"Décidément, chaque fois que je te vois-tu râles."
Miss Mystère :
"Décidément, chaque fois je te vois, tu es malpoli..."
??? :
"Ah ah ! Pardon, je manque à tous mes devoirs... Je m'appelle Daryl."
Miss Mystère :
Bonsoir Daryl, moi c'est Miss Mystère."
Daryl :
"Enchanté... Si je peux me permettre, celui qui ose laisser une aussi charmante demoiselle seule manque aussi à tous ses devoirs..."
Miss Mystère :
"Elle est allée me chercher à boire."
Daryl :
"Elle..."
Miss Mystère :
"Ne t'inquiète pas, elle m'accompagne."

J'ai parlé, la mâchoire serrée. Et puis pourquoi est-ce que je lui dis ça ! Comme si je lui laissais le champ libre...

Daryl :
"Encore une idiote. Une fille comme toi ça s'accompagne et..."

Il pose un doigt sur ses lèvres et m'observe, un sourire en coin.

Daryl :
"Et ça se raccompagne..."

Je fronce les sourcils et plante mon regard dans ses yeux innocents. Sauf que ce type inspire tout sauf l'innocence...

Miss Mystère :
"J'espère que tu n'es pas un genre de psychopathe..."

Il se met à rire. C'est marrant, il a presque le même rire que Mathilde. C'est fou, mais plus je le regarde plus je trouve qu'ils se ressemblent.

Daryl :
"Je ne révèle jamais toutes mes cartes. Question de stratégie."

J'émets un gloussement aigu en arquant un sourcil dans sa direction.
Son impertinence est à la fois énervante et excitante.

Miss Mystère :
"C'est dommage pour toi, je ne joue pas avec les cartes."

Il s'approche de mon visage, il sent bon. Pas comme tous les types autour qui ont vidé la bouteille de parfum sur leur tête. Lui sent le propre, avec une pointe épicée et très masculine de cigares cubains...

Daryl :
"Je pourrais t'appendre. Tout est une question de doigté, princesse."

(OHH !)

Entre cette proposition franchement tendancieuse et ce petit nom, que Mathilde est la seule à prononcer, je me sens troublée.
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Cindouille57

Chapitre 10

Ma colère s'estompe net pour laisse place à l'incompréhension. Le moment me semble totalement surréaliste. Je pose une main contre le mur pour ne pas flancher. C'est comme si l'énergie de mes jambes m'avait quittée en une fraction de seconde. Elle me fixe, totalement paniquée, désemparée. Ce qui je lis dans ses yeux me déchire le cœur et me fait peur tout à la fois...

(Il y a forcement une explication)

Miss Mystère :
"Tu... Quoi...?"

J'ai très bien entendu, j'ai très bien compris mais je ne veux pas y croire. Elle fait un pas vers moi. Je reste immobile contre le mur du garage, incapable du moindre mouvement. Je me sens anesthésiée, paralysée. Mon estomac se tord dangereusement. Cette phrase tourne en désormais en boucle dans mon esprit, pendant qu'elle cherche ses mots. Je reste muette dans l'espoir que tout ceci ne soit qu'un cauchemar. Peut-être que je vais me réveiller... C'est ça. Je vais me réveiller. C'est juste un mauvais rêve. Lentement, elle s'appuie contre le mur opposé et me fait face.

Mathilde :
"On était jeunes... On s'est connu à Brooklyn. Lana était aussi inconsciente que je pouvais l'être à cette époque. On était follement amoureuses..."

Elle s'interrompt. Elle grimace. Elle passe une main sur son visage. La douleur est à vif.

Mathilde :
"Je faisais des courses illégales à travers New York, à cette époque... Je me faisais pas mal de blé. Avec ma moto je me sentais... invincible. Ce soir-là, j'avais gagné. Lana m'attendait sur la ligne d'arrivée, comme toujours. Elle voulait fêter ça. Alors on est parti, elle et moi. Elle voulait que je lui montre ce que ça faisait de rouler à 200 km/h en pleine ville, de braver les interdits. Et moi je voulais l'impressionner, je voulais qu'elle soit fière de moi. Elle disait toujours qu'avec moi elle serait prête à tout tenter. Qu'elle avait confiance en moi, que j'étais la meilleure... Bordel... J'ai été tellement conne !!! J'aurais dû lui dire non, j'aurais dû..."

Elle secoue la tête de droite à gauche, en serrant la mâchoire. Cette ce sont des larmes que je vois perler le long de ses joues. Je la fixe, attentive. Je me doute de la façon dont l'histoire s'est terminée et je ne suis pas bien sûre de vouloir l'entendre. Ses yeux tristes remontent timidement pour venir trouver les miens exorbités. Un bref instant, je lis en elle quelque chose... quelque chose de terrifiant. Elle détourne son regard brusquement. Comme si elle était trop difficile de soutenir le mien.

Mathilde :
"On a roulé très vite. Elle criait dans mes oreilles, elle hurlait qu'elle était heureuse. Elle me demandait d'aller toujours plus vite. On était tellement libres... Ensemble... Et puis... il y a eu ce virage..."

Elle inspire lourdement et ferme les yeux.

Mathilde :
"La moto a glissé sur des graviers. J'ai perdu le contrôle... On s'est écrasé sur le sol et on a glissé sur plusieurs mètres."

Ses yeux se reposent sur moi. Elle devenu livide.

Mathilde :
"Le pire, ça n'a pas été la chute. C'est d'avoir senti les bras de desserrer de ma taille, d'avoir senti qu'elle partait sans que je puisse rien faire. C'est arrivé si vite. J'ai été ébloui par des phares et j'ai entendu ce bruit ignoble."

Je retiens ma respiration. J'ai mal, j'ai tellement mal pour elle.

Mathilde :
"C'est moi qui aurais dû passer sous ce camion ! Pas Lana !"

Je passe une main sur ma bouche, réalisant l'horreur de la scène.

Miss Mystère :
"Le camion...?"
Mathilde :
"J'ai rien pu faire..."

Elle s'interrompt. Sa voix se casse. Mon cœur se serre comme dans étau.

Mathilde :
"Ce soir-là... J'aurais voulu que ce soit moi sous se montre de tôle. C'est ma faute..."

Ses paroles me glacent le sang... Elle ne peut pas parler comme ça, elle ne peut pas s'infliger ça. Nous restons un instant silencieuses. Quelques échos étouffés de l'animation des bureaux nous parviennent d'en haut, seules manifestations de la vie normale.

Mathilde :
"J'ai senti que je percutais quelque chose. J'ai eu l'impression que mon dos se fendait comme si on me coupait en deux. Et puis, le noir... Je me suis réveillé dans une chambre d'hôpital. Je me souviens du bruit régulier du moniteur à côté de moi."
Miss Mystère :
"Alors, la cicatrice dans ton dos...?"

Elle me regarde tristement. J'ai tellement de peine, je me sens mal de m'être énervée après elle... Mais comment aurais-je pu me douter une seconde qu'elle portait en elle un secret aussi lourd ?

Mathilde :
"Quand j'ai enfin compris où j'étais, j'ai tout de suite demandé à voir Lana... J'étais en panique complète. Je voulais me lever mais mes membres étaient tous engourdis. Les toubibs ont débarqué dans ma chambre. Ils m'ont dit que j'avais eu de la chance... Qu'ils se demandaient si je me réveillerais un jour et dans quel état... Ils m'ont posé des tas de questions. Ils employaient des mots incompréhensibles, en m'observant au pied de mon lit comme un animal de labo. Je m'en fichais bien de savoir ce que j'avais ou d'avoir mal. Personne ne répondait à la seule question qui m'importait. Je crois qu'en fait, ils ne savaient même pas de qui je parlais... Et puis mon frère est arrivé. Je l'ai tout de suite interrogé pour Lana. Je me souviens qu'il m'a demandé si j'étais sûr de vouloir le savoir. Je lui ai dit de ne rien me cacher. Je crois même que je l'ai engueulé. Et il m'a tout raconté... Ce jour-là, je crois que j'aurais préféré ne jamais me réveiller..."

Je la comprends tellement... Combien de fois j'ai souhaité ne jamais avoir existé, pour ne pas avoir à faire face à mes traumatismes...

Mathilde :
"Les pompiers ont dit que c'était trop tard quand ils sont arrivés. Elle était morte sur le coup..."
Miss Mystère :
"Je sais combien ce doit être difficile. J'imagine ce que tu ressens..."
Mathilde :
"Tu ne comprends pas ?"

Je me contente de cligner des yeux, pas bien sûre de savoir où elle veut en venir.

Mathilde :
"Je n'ai même pas pu la rassurer. La prendre dans mes bras. Lui dire que ça irait. Elle est morte comme ça, toute seule, par ma faute..."
Miss Mystère :
"C'était un accident... Ce n'est pas ta faute..."
Son regard se fait sombre. Elle balance une main comme pour chasser quelque chose d'invisible devant nous.

Mathilde :
"Si je ne l'avais pas prise sur ma moto, elle serait encore en vie."
Miss Mystère :
"Et si le camion n'avait pas été là, elle serait encore en vie... Mathilde, c'est un accident ! Tu ne peux pas changer le passé."
Mathilde :
"C'est un enchaînement de mauvais choix. Je suis la seule responsable. C'était moi qui conduisais, moi qui appuyais sur l'accélérateur, moi qui voulais l'impressionner..."

J'inspire doucement, bien consciente que la blessure est encore béante. C'est terrible ce sentiment d'impuissance. J'aimerais pouvoir prendre toute sa peine pour la soulager.

Mathilde :
"Quand je suis sorti de l'hôpital, j'ai squatté un moment chez Daryl. Je voulais plus voir personne, je voulais plus rien faire de ma vie. Il a été là pour moi. Sans lui, je suis pas sûr que je serais encore là, à te parler. Il me répétait que je devais me prendre en main. Et que, si je ne le faisais pas pour moi, qu'au moins je le fasse en mémoire de Lana. Petit à petit j'ai pris conscience qu'il avait raison, que Lana n’aurait pas voulu me voir comme ça, que je devais être forte pour elle. J'ai jamais remis un pied dans les courses illégales. J'ai cherché un job. J'ai rencontré Colin qui m'a pas mal aidé. Je suis remonté sur moto, la seule chose qui me rendait vraiment vivante."

Elle m'adresse un regard presque reconnaissant à sa bécane.

Mathilde :
"Et puis, j'ai décidé d'aider les jeunes du quartier en leur apprenant le free fight, mais surtout à se respecter et à respecter les autres. J'avais besoin de donner un sens à mon existence. De trouver quelque chose qui justifie que je sois encore là..."
Miss Mystère :
"Je comprends..."

Doucement, je me décolle du mur et j'avance vers elle. J'ai besoin de la prendre dans mes bras, de la consoler. Elle se défait du mur et évite mon étreinte. Une main sur la taille et l'autre contre son front, elle fait les cent pas en fixant le sol. Enfin elle se fige et me fixe.

Mathilde :
"J'ai pas besoin de ta pitié, Miss Mystère."
Miss Mystère :
"Ce n'est pas de la pitié !!! J'ai seulement de la peine pour toi et je veux t'aider à traverser ça..."
Mathilde :
"Tu ne peux pas m'aider..."

Je veux juste la prendre dans mes bras, lui dire que je comprends sa peine, que je suis là pour elle.

Mathilde :
"Je crois que... ça serait mieux que toi et moi... on prenne nos distances quelque temps."
Miss Mystère :
"Quoi...? Tu veux arrêter ?"

Elle inspire et essuie d'un revers du bras les larmes sur ses joues.

Mathilde :
"Je sais pas. J'ai besoin de temps..."

Ma lèvre inférieure tressaute, mon cœur se comprime, mes jambes se ramollissent.

Miss Mystère :
"Pourquoi tu veux de mon aide ?"
Mathilde :
"Laisse-moi... S'il te plaît..."

Quelque chose se brise en moi. Tous les espoirs qu'elle avait fait naître, tous les beaux projets que j'avais en tête pour nous deux... Balayés...

Miss Mystère :
"Tu l'aimes encore ?"

Je reste étonné après avoir prononcé ces mots. Elle me fixe, incrédule.

Miss Mystère :
"Lana... Tu l'aimes encore ?"
Mathilde :
"C'était la fille avec qui je voulais faire ma vie..."

(Outch !)

Cette fois il ne reste plus rien de reconnaissable de mon petit cœur. Il vient de se faire découper, piétiner, écrabouiller, LA-MI-NER !!

Miss Mystère :
"Ok... Je vois... J'aurais vraiment apprécié que tu m'en parles avant, ça m'aurait évité de m'attacher à toi et d'espérer quelque chose de manifestement impossible..."

Mon ton est celui d'une revenante. Je parle, mais je me sens comme détachée de la scène.

Mathilde :
"Je suis désolé... C'est difficile pour moi..."
Miss Mystère :
"C'est excessivement difficile de surmonter une épreuve comme celle que tu as vécue, mais te cacher derrière ton passé ne te servira à rien. Je suis là, moi. Et tu me tournes le dos.

Ses lèvres s'entrouvrent et se referment plusieurs fois sans qu'aucun son ne s'en échappe. Puis, enfin elle se décide à prononcer quelque chose d'à peine audible.

Mathilde :
"Je sais... Mais... J'ai besoin de temps."

Visiblement elle a décidé que la conversation était terminée, tout comme notre relation. Ma présence ici est de trop. Je me sens laissée pour compte, impuissante, rejetée par celle que j'aime.

Miss Mystère :
"Ok... Sache que je suis là pour toi si... si jamais tu veux en parler. Je tiens à toi, sache-le."

Je sais bien que la patience sera ma meilleure alliée. Mathilde est courageuse, elle y a de la force en elle, mais il ne servirait à rien de la brusquer. Je fais volte-face, retenant je ne sais trop comment les sanglots qui menacent. Lorsque j'arrive dans l'ascenseur, je n'en peux plus et j'explose en larmes ! Une fois de plus cet ascenseur est mon refuge ! Intérieurement, je prie pour ne pas tomber sur l'un de mes supérieurs pendant la remontée, ou pire... sur Cassidy ! Lorsque les portes s'ouvrent sur l'accueil, je déboule en trombe, manquant de bousculer plusieurs personnes. Je traverse la large pièce vitrée en courant presque. De l'extérieur on pourrait se demander si je simule un exercice ou si le building est réellement en feu ! Je lance un coup d'œil à Lola, avant de passer le portique de sécurité. Nous n'avons pas besoin de grands discours pour nous comprendre... Une fois dehors, j'inspire l'air comme si j'avais été en apnée tout du long ! Mon cœur tambourine dans ma poitrine, ma peau est moite. Je me plie en deux et je pose mes mains sur mes cuisses pour expirer. On pourrait croire que j'ai couru un 100 mètres. Je dois faire peine voir avec mes joues rouges et mes yeux gonflés...

Lola :
"Miss Mystère...?"

Je peine à retrouver une respiration normale à cause des sanglots qui secouent mon corps avec des spasmes violents. Elle pose ses mains sur mes épaules, pendant que je fixe le sol, toujours haletante. Ma dignité en prend en coup... Je pleure à chaudes larmes dans les bras de mon amie... Même Droopy a une patate d'enfer, à côté de moi.

Lola :
"Ma belle... Qu'est-ce qui se passe...?"

Sa voix, si douce et si prévenante, après la violence de notre échange avec Mathilde, agit comme un anesthésiant sur mon cœur meurtri.

Miss Mystère :
"C'est... Ma... Mathilde..."

Elle m'aide à me redresser et se poste devant moi.

Lola :
"Viens... Marchons un peu..."
Miss Mystère :
"Oh Lola... C'est... horrible...!"
Lola :
"Calme-toi... Respire..."

Elle passe un bras autour du mien pour saisir mon épaule et m'entraîne doucement avec elle, pour faire quelques pas dans la rue. Le flot des passants me replonge dans la routine quotidienne, dans le monde normal. Un instant je pourrais oublier le drame que j'ai vécu. Noustrouvons un petit espace à l'abri des regards indirects. Elle m'aide à m'asseoir. J'essuie mes larmes doucement. Je renifle et je grimace face aux rayons de soleil.

Lola :
"Qu'est-ce qui se passe ?"
Miss Mystère :
"On s'est disputé avec Mathilde à cause de sa moto... Et ç’a mal tourné !"

Tous mes efforts pour contenir mes larmes volent en éclats, et me voilà à nouveau en train de pleurer comme une madeleine ! Elle me frotte le dos, attendant que je me calme.

Lola :
"Calme-toi... Calme-toi..."

Une ombre passe devant nous et s'arrête à notre hauteur. Il me semble reconnaître Colin. Je n'ose pas le regarder, je me sens trop minable.

Lola :
"Je m'occupe d'elle."

Comme si elle avait lu dans mes pensées... Son ton est à la fois doux et ferme, comme à chaque fois qu'elle prend les choses en mains. L'ombre traîne encore quelques secondes avant de disparaître.

Lola :
"Tu veux m'en parler ?"
Miss Mystère :
"Mathilde m'a avoué qu'elle sortait avec une fille, avant moi. Une certaine Lana. Elles ont eu un accident de moto et Lana n'a pas survécu... Elle se pense responsable de sa mort."
Lola :
"Oh..."
Miss Mystère :
"Je lui ai dit que c'était un accident, que je voulais l'aider, mais elle m'a repoussée !"

Elle se contente de me serrer dans ses bras et d'arranger quelques mèches qui viennent se coller en travers de mon visage. À force je me demande ce que mon amie pense de toutes mes histoires. Sincèrement, de l'extérieur ça ne ressemble plus à rien...

Lola :
"C'est bien qu'elle se soit confiée à toi."
Miss Mystère :
"Tu crois ?"

Je lui fais mes yeux de teckel implorants.

Lola :
"Oui, bien sûr. C'est une étape importante pour elle, je pense. Il fallait que ça sorte un jour. Malheureusement, ça se passe pas toujours, ni au bon moment, ni de la bonne manière."
Miss Mystère :
"Elle m'a dit qu'elle avait besoin de temps... Mais je voulais qu'elle me parle, qu'elle se confie, qu'elle..."
Lola :
"Hey ! Redescends sur terre, ma belle ! Tu sais comment elle est...!!"

Elle me regarde avec son air blasé et je ne peux retenir un petit rire nerveux.

Lola :
"Tu sais très bien qu'elle a du mal à communiquer. Surtout lorsqu'elle a décidé de s'enfermer dans sa grotte !!

Je rigole cette fois plus franchement. Elle prend mes épaules dans ses mains et me colle un peu contre elle.

Lola :
"Allez... ça va aller, ma belle. Elle a juste besoin de se retrouver pour pouvoir avancer avec toi."
Miss Mystère :
"Et si jamais elle décide de tout foutre en l'air ?"
Lola :
"Dans ce cas, je lui botterai le cul !"

J'arque un sourcil en sa direction.

Lola :
"Vous allez trop bien ensemble, tous les deux, pour que ce nigaud fiche tout en l'air ! Et puis, de toute façon, je sais qu'elle tient énormément à toi."

Elle a le chic pour toujours me faire redescendre de mes grands chevaux. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle, sans ses conseils.

Miss Mystère :
"Merci."
Lola :
"Bah..."

Elle fouette l'air de ses mains comme si ce n'était rien. Nous restons quelques minutes toutes les deux afin de nous rassurer de notre lacune commune en matière de compréhension...

Lola :
"Tiens, prends ça."

Elle me tend un petit paquet de mouchoirs en papier.

Lola :
"Je dois emmener un groupe d'Anglais au restaurant chois par monsieur Leviels. Sèche tes larmes, va te passer un peu d'eau et... haut les cœurs ! Ok ?"
Miss Mystère :
"Mouais... Je crois que je vais rester un peu ici, en attendant que ce soit l'heure..."
Lola :
"Si tu as besoin de moi ce soir, après le taf, tu me fais signe, d'accord ?"
Miss Mystère :
"Oui. Merci beaucoup..."

Elle me sourit et s'éclipse. Je la regarde s'éloigner tout en réalisant, une fois de plus, combien j'ai une amie en or. Je prends une grande inspiration, tout en levant la tête vers le ciel pour profiter de la chaleur réconfortante du soleil sur ma peau. J'essuie mes larmes et je regarde le défilé incessant des employés de bureau qui partent ou reviennent de leur pause déjeuner. À New York, nombreux sont ceux qui achètent à manger sur le pouce chez l'un des nombreux petits vendeurs ambulants. Bon... Je ferais bien de retourner bosser... Ma pause est largement consommée, et plus vite j'aurai terminé, plus vite je pourrai rentrer me terrer chez moi. Les yeux fixés au sol, je ressasse notre conversation avec Mathilde. Les poings serrés, je marche d'un pas décidé.

(Outch !!!)

Je viens de percuter quelque chose, ou plutôt quelqu'un !

Miss Mystère :
"Hey !!! Vous pouvez pas regarder où vous..."

Ma phrase s'étouffe dans ma gorge lorsque mes prunelles croisent celle qui me fixe intensément.

(Oh non ! C'est pas vrai ! Il existait combien de probabilités pour que je tombe sur lui...?! Je ne crois pas au destin, mais là je commence à voir de sérieux doutes ! M'enfin, à choisir, je préférerais gagner au loto la prochaine fois...)

Il pose une main sur mon bras pour m'aider à reprendre mon équilibre. Son contact est à la fois protecteur et ferme...

Miss Mystère :
"Oh... Monsieur Carter... Je suis désolée !"
Monsieur Carter :
"Mademoiselle... Décidément, vous me semblez encore à cran. Serait-ce encore la faute de mon entreprise ?"

(Oh mon.... dieu... Il se souvient de moi...!)

Il faut dire qu'il ne doit pas croiser très souvent des employées qui critiquent ouvertement les installations de sa firme... Je vire au rouge carmin, tout en écrasant les mouchoirs de Lola dans ma main. Je renifle avec le plus de grâce possible. Si tant est qu'on puisse le faire avec élégance.

Miss Mystère :
"Non, monsieur, pas du tout ! Je suis vraiment désolée de vous avoir bousculé."

Il me fixe intensément, à la manière dont on regarde un petit animal perdu que l'on prendrait en pitié. Il doit vraiment se demander d'où je sors... Un instant je pourrais me laisser hypnotiser par ce regard gris envoûtant. Les effluves de son parfum sophistiqué parviennent jusqu'à mes narines.

Monsieur Carter :
"Vous vous sentez bien ?"
Miss Mystère :
"Euh... Oui, oui ! Pas de problèmes, monsieur !"

(Génial... Maintenant, il doit me prendre pour une folle...)

Monsieur Carter :
"Je peux reprendre mon bras, dans ce cas ?"

(Oh !!)

Honteuse, je me rends compte que j'ai posé ma main sur son avant-bras, quand il m'a aidé à me stabiliser, et que je ne l'ai toujours pas lâché.

Miss Mystère :
"Ah... Euh... Oui ! Bien sûr !"

Une lueur éclaire ses yeux malicieux puis il me fait un bref signe d'au revoir, avant de se déplacer jusqu'à la voiture avec chauffeur garée tout près. J'avais vu ce genre de truc dans les films ou dans les livres... Même si on sait que ce genre d'homme existe quelque part, il est rare d'en croiser un pour de vrai...

(Pour le coup, on peut dire que j'attire les situations délicates avec monsieur Big Boss... Sincèrement, je n'avais pas besoin de ça...)

Encore toute troublée par mon échange avec monsieur La-Classe, je surprends Colin et Mathilde en pleine discussion dans notre box. Ils cessent brusquement tout échange lorsqu'ils m'aperçoivent. Voilà qui ne me donne pas du tout l'impression d'être au centre de leur discussion...!

Miss Mystère :
"Salut Colin."

Je ne m'attarde pas sur les politesses et je m'installe devant mon ordinateur. Je tourne l'écran de sorte que je n'aie pas leurs têtes dans mon champ de vision.

(C'est puéril, je sais, mais, en attendant, c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour me donner de la contenance.)

Colin ne s'éternise pas. Je l'entends baragouiner quelque chose à Mathilde. Lorsqu'il passe à côté de moi, il me lance un regard compatissant. Pour une raison que j'ignore, cette marque d'attention me touche. Dans notre petit box, on pourrait entendre une mouche voler. Même si, étant donné l'atmosphère électrique qui règne ici, elle serait déjà morte de combustion spontanée ! J'aimerais tellement que Mathilde me dise quelque chose. Un simple : "Je suis désolée, je me suis comportée comme une idiote, reprends-moi." Serait suffisant. Mais, au lieu de ça, elle semble ultra intéressée par sa tablette graphique, et elle a perdu l'usage de la parole. Sincèrement, je crois que si elle me pose la moindre question, si elle a le moindre geste, la moindre attention à mon égard, j'explose en sanglots !

Gabriel :
"Miss Mystère ?"

Je sursaute et je me retourne nerveusement vers lui !

Miss Mystère :
"Gabriel ! Monsieur Leviels."

Je suis étonnée de voir les deux hommes à l'entrée de mon box. Généralement monsieur Leviels ne fait que des passages éclair et il est rare qu'il soit en compagnie de Gabriel.

Gabriel :
"Nous aimerions te voir dans mon bureau."
Miss Mystère :
"Ah... Euh... Oui, bien sûr !"

Les deux hommes restent impassibles en attendant que je daigne bouger de ma chaise pour les suivre. Je me demande bien ce qu'ils me veulent... Généralement, je fais mes briefings avec Gabriel. À tous les coups ils ont capté quelque chose... Et puis, c'est surprenant qu'ils ignorent totalement Mathilde... Même si, aujourd'hui, j'avoue que ça m'arrange ! Je me lève pour leur emboîter le pas. Ma tête doit être toute boursouflée par les larmes... il ne manquerait plus qu'ils me questionnent et j'explose en pleurs sur les épaules de mes managers ! J'imagine la scène, franchement humiliante, de Gabriel qui le tendrait un paquet de mouchoirs avec sollicitude, et monsieur Leviels qui tapoterait doucement mon dos... Je deviendrai la risée de la firme... La blague qu'on se raconterait le Premier de l'an en citant les "10 pires boulets" de l'année ! Miss Mystère, première place ! Je leur souris timidement, en ajoutant maladroitement mes vêtements, et leur emboîte le pas. J'entre, un peu tremblante, dans le bureau de Gabriel, en serrant mon petit bloc-notes entre mes mains. Qu'on se le dise, je ne fais pas la fière ! Ce dernier referme la porte derrière moi et s'avance vers son bureau.

Gabriel :
"Tout va bien, Miss Mystère ?"

(Tu veux dire après m'être fait larguer par ma meuf, ou après m'être ridiculisée devant le big boss...?)

Oui, c'est ce que j'aurais voulu répondre. À la place, j'inspire calmement et je fixe Gabriel, rassemblant tout ce que me reste de volonté pour lui faire un beau sourire de courtoisie.

Miss Mystère :
"Oui, tout va bien. Qu'est-ce qui se passe ?"
Gabriel :
"Assieds-toi, je t'en prie."

(Tant de politesse pour me porter le coup fatal, c'est trop d'attention...!)

Miss Mystère :
"Merci..."

Pas franchement rassurée, je m'assieds avec grâce, tout en ajustant nerveusement mes cheveux.

Gabriel :
"Alors, pour tout te dire, c'est un peu particulier. Nous ne faisons pas cela en général, ici, à Carter Corporation..."

(Vous faites pas quoi ? Virer les employés qui s'envoient en l'air au sous-sol ?)

Je crois que mon sourire doit ressembler de mon en moins à un sourire. Ce doit même être flippant.

Monsieur Leviels :
"Gabriel me vante souvent les mérites de votre petite équipe, mademoiselle. Et surtout de vous. Votre implication pour la firme est remarquable."
Miss Mystère :
"Oh merci, monsieur, mais je ne fais que mon travail."
Monsieur Leviels :
"Gabriel m'a aussi expliqué le sérieux dont vous avez fait preuve pour pallier l'absence de votre collègue de travail, la semaine passée. C'est de ce genre de collaborateur dont avons besoin. Ceux qui voient plus loin, qui pensent pour la firme, qui s'implique pour son développement. Ceux qui laissent de côté leurs aspirations personnelles et qui pensent corporate."

(Mon coco, si tu m'avais vue quelques minutes plus tôt, je peux te dire que le "corporate" il me passait à des kilomètres au-dessus de la tête...!)

Gabriel :
"Nous avons convenu d'une augmentation."

Monsieur Leviels jette un bref coup d'œil à Gabriel, sensiblement agacé de s'être fait voler l'effet d'annonce à la dernière seconde.

Monsieur Leviels :
"Généralement, nous n’octroyons pas d'augmentation aux jeunes recrues, mais nous souhaitions souligner et encourager votre effet."
Miss Mystère :
"Oh ! Et bien merci beaucoup !"

Je ne sais pas vraiment quoi dire. Je pensais plutôt que j'allais devoir trouver un job en sortant de cette réunion ! Je crois qu'ils cherchent un plongeur chez Felipe...

Miss Mystère :
"Eh bien, je... je vais faire en sorte que vous ne le regrettiez pas !"
Gabriel :
"Il n'y a pas d'inquiétude là-dessus."

Mark me fait signe de tête entendue. Son téléphone sonne.

Monsieur Leviels :
"Excusez-moi, je dois prendre cet appel."

Je me lève par politesse et je le vois quitter la pièce en refermant la porte derrière lui. Lorsque je me retourne, Gabriel est tout près de moi. Il est appuyé contre la tranche de son bureau et fait tournoyer sa chevalière sans cesser de m'observer.

Gabriel :
"Je te trouve fatiguée en ce moment. Tu es sûre que tout va bien ?"

C'est très gentil à Gabriel de s'inquiéter pour moi, mais je me vois mal raconter à mon patron mes problèmes de couple existentiels...

Miss Mystère :
"Oui, ça va Gabriel. C'est gentil."

Il n'a pas franchement l'air convaincu et continue de me fixer comme s'il sonder mon esprit. Il quitte son bureau pour en faire le tour et s'asseoir sur sa chaise design en cuir.

Gabriel :
"Écoute, pourquoi ne prendrait pas ton après-midi ? Je peux te conseiller un spa dans lequel nous avons de très bons prix pour nos collaborateurs."

Je n'en reviens pas ! Une augmentation et maintenant un spa ! À ce stade, ce n'est pas qu'il a anguille sous roche mais plutôt baleine sous gravillons !

Miss Mystère :
"Je ne voudrai pas abuser..."
Gabriel :
"Pas du tout enfin ! Je te le propose ! Tu as besoin de repos, c'est évident."

(Alors là ! Sois-je suis tombée dans la firme la plus cool de l'année, soit mon manager m'aime bien ! Ou alors ce que la firme me donne, je devrais le rendre au centuple...)

Si cette dernière option me paraît la plus crédible, je préféré largement la première ou même la seconde ! Et cette proposition tombe très bien. Elle me permettra d'éviter Mathilde pour le reste de la journée...

Miss Mystère :
"D'accord ! Merci beaucoup, Gabriel !"

Il m'adresse un léger signe de tête, avant de prendre un appel. Je quitte la pièce bien plus confiante qu'à mon arrivée ! Je traverse l'open Spa, non sans une certaine fierté. Cette journée n'est pas complètement pourrie, finalement ! Mais ce sentiment léger est rapidement anéanti lorsque j'arrive dans mon bureau et que mon regard croise celui de ma belle brune. Je range nerveusement mes affaires en m'efforçant d'ignorer le regard insistant de Mathilde. Je ferme mon ordinateur sans ménagement et je fais une petite pile avec mes dossiers.

Mathilde :
"Tu vas où ?"
Miss Mystère :
"Je prends mon après-midi. J'ai besoin de repos."
Mathilde :
"Oh..."

Elle me regarde tristement, puis elle détourne ses yeux des mains, nerveusement. Pourquoi est-ce que j'agis comme une vraie garce ? Je déteste cette vilaine ambiance entre nous... Si seulement elle me laissait entrer dans sa vie, nous n'en serions pas à nous parler comme deux simples collègues.

Mathilde :
"Pourquoi Mark et Gabriel voulaient te voir ?"
Miss Mystère :
"J'ai eu une augmentation. Ils ont souhaité me l'annoncer tous les deux !"
Mathilde :
"C'est génial !"

Son visage s'éclaire et je lui souris un instant. Mais, rapidement, l'atmosphère se fait plus lourde. Nous savons pourquoi, toutes les deux : nous ne la fêterons pas ensemble.

Miss Mystère :
"Oui, c'est génial."

Sans un regard de plus, je tourne les talons et je me dirige vers l'ascenseur, le cœur meurtri. Mon cœur d'éternelle romantique espère secrètement qu'elle me rattrape, qu'elle entre avec moi dans le petit élévateur, qu'elle me dise qu'elle est folle de moi et qu'elle m'embrasse passionnément... Mais je sais bien que je ne suis pas dans un film et que je vais juste partir d'ici comme je suis venue... Dans l'ascenseur je triture la carte du spa que m'a conseillé Gabriel. Je la regarde sans vraiment la regarder.
Alors que je passe l'accueil, Lola m'apostrophe.

Lola :
"Miss Mystère !"

Elle s'approche de moi, une main sur son oreillette pour masquer notre conversation.

Lola :
"Ce soir, je viens chez toi avec des petites choses à grignoter ?"
Miss Mystère :
"Oui, si tu veux... Ça me fera du bien !"
Lola :
"Ok. Tu prends ton aprèm ?"
Miss Mystère :
"Oui, Gabriel m'a proposé d'aller me reposer... Il m'a parlé de ce Spa."
Lola :
"Ah oui, il est sympa dis donc !"

Elle me fait un clin d'œil, tout en regardant la carte que je tiens dans la main. Quelqu'un lui fait signe à l'accueil. Elle me sourit et me fait un signe d'au revoir. Mathilde est une femme exceptionnelle. Je veux être là pour elle, sans la forcer pour autant. Elle me parlera quand elle sera prête. Douloureusement, je me remémore cette cicatrice que j'avais découverte lors de week-end dans les Catskill. C'est excessivement difficile pour moi de l'imaginer gravement blessée, inconsciente dans sa chambre d'hôpital. Je repense à ce fameux soir où j'avais retrouvé Mathilde à l'hôpital, inquiète pour son frère. J'imagine que ce moment a dû être doublement douloureux pour eux deux. Je sais enfin ce qui les lie. Daryl l'a visiblement beaucoup aidée pendant cette épreuve, et Mathilde lui est très reconnaissante.

Miss Mystère :
"Lana..."

Je murmure ce nom comme s'il avait un quelconque pourvoir magique. Alors c'est elle qui me tient éloignée de ma belle brune depuis le début...C'est elle qui la plonge dans ces moments de doute et de mélancolie. C'est elle qui l'empêche d'avancer. À sa mémoire, elle met mon cœur entre parenthèses... Lorsqu'elle m’a crié qu'elle avait tué son ex... J'ai tout de suite pensé qu'il s'agissait d'un accident. Elle ne ferait jamais de mal à personne. Jamais. C'est quelqu'un de bien. Sans doute la personne la plus droite que j'ai rencontrée jusqu'à présent... Les courses illégales, les combats clandestins, le gang... toutes ces mauvaises fréquentations... C'est du passé. Cette femme-là n'existe plus. Je sais qu'elle a changé, qu'elle a décidé de prendre sa vie main, de faire face à ses erreurs. Et puis, c'est sans doute idiot, mais je me sens en compétition avec une fille qui n'est plus là. Une fois à l'extérieur, je relâche la pression. Je ferme les yeux un instant et j'inspire doucement. Je me sens tellement en colère. C'est trop injuste. Pourquoi m'a-t-elle tout caché ? Pourquoi avoir commencé quelque chose avec moi si c'est pour vivre dans le passé ? Je suis tombée amoureuse d'elle, et elle m'annonce maintenant qu'elle n'est pas prête à tomber amoureuse d'une autre femme ? Les larmes menacent. Je souffle, les lèvres tremblotantes. J'appelle un taxi. Je n'ai pas encore décidé ce que je vais faire... Je décide de me rendre au spa. Même si je ne suis pas en état d'en profiter pleinement, peut-être cela me détendra-t-il. Gabriel a raison.
Calé dans mon sofa, la tête de Topaze sur ma cuisse, je vérifie mes messages pour la énième fois. Aucun signe de vie de Mathilde, pas un seul texto ni message. C'est calme plat. J'ai eu tout le loisir de repenser à notre conversation, au fait qu'elle ait besoin de prendre de la distance pour faire le point. Je sais que je dois être patiente, je ne dois pas la brusquer. C'est terrible ce qui lui est arrivé. Elle m'a livré sans doute la chose la plus traumatisante de sa vie. Je lui en veux d'avoir poussé Mathilde à l'emmener sur sa moto et à conduire comme une folle. Je lui en veux de l'avoir laissé avec ce drame sur la conscience. C'est celle qui reste qui souffre. Pas la personne qui part. J'en viens presque à la détester, alors que ce qui lui est arrivé est horrible...

Miss Mystère :
"Quel genre de personne je suis, Topaze ?"

Il m'accorde l'effort maximum d'un petit grognement, après avoir à peine ouvert un œil. Visiblement mes problèmes existentiels sont bien loin de le perturber. Surtout lorsqu'il a le droit de s'installer sur le canapé et de se coller à sa maitresse. Je comprends que ce n'était pas facile pour elle de m'avouer ça. Il y a des choses si terrifiantes, si destructrices, qu'on préfère les laisser au fond du lac... Je me souviens de ce m'avait dit Daryl : "Il a des choses si douloureuses qu'elles doivent rester dans l'ombre, parce qu'elles la détruiraient, si elles resurgissaient dans sa vie..."

Miss Mystère :
Pfffff Topaze ! MA vie est tellement compliquée ! On échange ?"

Nouveau petit grognement et regard en diagonale. J'attrape ma petite couverture et j'allume la télévision pour m'abrutir et tenter de m'endormir. Je décide de zapper sur une comédie américaine. Même si je ne suis pas d'humeur à rire, j'ai vraiment besoin de légèreté ce soir ! Quelque chose me dit que la journée de demain va être une épreuve !

Ce matin je me suis réveillée très tôt et je n'ai pas réussi à me rendormir. J'ai passé beaucoup de temps dans la salle de bain pour cacher mes cernes. De toute évidence, Gabriel sera déçu. Ce n'est pas une après-midi de repos qu'il me faut, mais une année !!!
Sur le chemin, je me demande comment va se passer la journée... Travailler avec Mathilde... Voilà une perspective qui m'effraie. Une nouveauté ! Arrivée à mon bureau, elle est déjà là. Elle se lève rapidement pour me faire face.

Mathilde :
"Salut."
Miss Mystère :
"Salut..."

Elle s'avance vers moi pour me faire la bise. Je ne peux pas supporter trop de proximité avec elle sans craquer. J'évite soigneusement son invitation en lui tournant brusquement le dos pour déballer mes affaires.

Mathilde :
"Euh... Gabriel veut qu'on aille le voir dans son bureau. Il a parlé d'un dossier..."
Miss Mystère :
"Ok."

Je voudrais être plus loquace, mais je ne sais pas comment me comporter avec elle. Je ne peux pas lui parler comme si de rien ne s'était passé... Ou pire, comme si nous étions que des collègues. Nous emportons de quoi noter et nous dirigeons dans un silence religieux vers le bureau de notre boss. Dès que nous entrons, Gabriel me sourit.

Gabriel :
"Salut."
Miss Mystère :
"Bonjour Gabriel."
Gabriel :
"Tu te sens mieux ?"

Je sens Mathilde se crisper à côté de moi. Primo, elle doit se sentir coupable et deuxio, elle ne doit pas apprécier que Gabriel me dorlote. Je lance un regard très froid à Mathilde pour bien lui faire comprendre à qui je dois ma tête déterrée. Puis je me retourne vers Gabriel, un sourire forcé sur le visage.

Miss Mystère :
"Oui, merci."
Gabriel :
"Bien. Asseyez-vous."

Nous prenons place sur les petits sièges visiteurs en face du bureau.

Gabriel :
"Nous avons un dossier important à boucler pour la fin de semaine. Je voudrais que vous mettiez les bouchées doubles là-dessus."

(Oh... C'était donc pour ça le spa... Je me disais aussi...)

Gabriel :
"Ce client pourrait bien nous aider à récupérer un plus gros poisson s'il est satisfait du travail, alors je compte sur vous !"
Mathilde :
"Le délai est serré quand même..."
Gabriel :
"Je pense que vous pouvez assurer..."

(Voilà le genre de phrase qu'on pourrait aisément traduisent par : "T'es gentil, mais t'as pas le choix, alors tu fais ce que je te demande. Merci. Bisous." )

Miss Mystère :
"Je vois pas le problème sur le délai."

Je fixe les yeux de Gabriel, les mains sagement posées sur mon bloc-notes. Je n'ose pas la regarder Mathilde.

Mathilde :
"Mais on doit faire les recherches, leur soumettre le projet, attendre leur retour pour pouvoir bosser sur la version finale ! C'est chaud pour la fin de semaine ! Je suis vraiment la seule à m'en rendre compte ?!"

Je n'en reviens pas qu'elle parle sur ce ton, surtout face à Gabriel. De toute évidence, elle n'a pas dû beaucoup dormir cette nuit, elle non plus.
Miss Mystère :
"Quatre jours, ça me paraît amplement suffisant."
Mathilde :
"Ok ! Si Miss Mystère le dit, alors y a pas de problème !"

Gabriel nous fixe, dubitatif. Notre échange est vif. Il y a de la tension dans l'air.

Gabriel :
"Ok. On fait un point dans deux jours. Au boulot."

Nous nous levons et nous manquons de nous percuter, car nous décidons, toutes les deux, de passer au même moment entre les deux chaises, pour sortir. Mal à l'aise, nous hésitons à plusieurs reprises à passer l'une avant l'autre, pour enfin trouver notre chemin. Si Gabriel ne se doute de rien après ça, nous aurons de la chance...! Mais tout me dit qu'il sait déjà et qu'il y a simplement la courtoisie de ne rien dire...
Je ne m'arrête pas à notre box comme le fait Mathilde. Je balance mon bloc-notes sur mon bureau et je fonce en salle de pause, histoire de reprendre mes esprits. Il va falloir que nous nous calmions, toutes les deux, si nous voulons garder notre job. Nous ne pouvons pas faire une scène de ménage devant notre manager ! Je m'installe sur un tabouret, j'appuie les coudes sur la table et je passe mes mains sur mon visage. Je souffle : c'est évident, ça va être très compliqué de travailler avec elle !

Colin :
"Miss Mystère... ça va ?"

Je passe les mains le long de mes joues en soupirant et je l'observe en diagonale.

Miss Mystère :
"Mais oui, super !!! Ça va SUPER bien !!"

Il y a comme quelque chose qui sonne faux, là-dedans... Il me fixe, je crois qu'il s'inquiète pour moi. Je ne sais pas trop... À vrais dire entre les uns et les autres, je me demande s'il existe encore des gens sincères dans ce monde !

Colin :
"Tu veux un café ?"
Miss Mystère :
"Oui, je veux bien !!"

Il se déplace silencieusement jusqu'à la machine. Il jette quelques regards autour de lui avec nonchalance. Je me mets à rire nerveusement.

Miss Mystère :
"Franchement ? Qu'est-ce qui tourne pas rond dans ma vie...? J'veux dire... Je m'y prends comment pour me mettre dans des situations pareilles ?"

Colin s'approche, presque prudemment, bien conscient que je suis autant sous pression qu'une marmite prête à exploser.

Colin :
"Je sais qu'avec Mathilde ça va pas fort."

(C'est le moins qu'on puisse dire...)

Miss Mystère :
"Et comment tu sais ça ?"
Colin :
"Parce qu'elle me parle de toi à peu près tous les jours et que j'suis pas aveugle."

Je le regarde en faisant la moue, en croisant mes bras contre ma poitrine.

Colin :
"Écoute... J'aime pas me mêler de vos histoires, mais... j'sais que pour elle c'était hyper dur de te parler de... l'accident. Elle en a vraiment bavé avec ça, tu sais..."

Miss Mystère :
"Je ne lui en veux pas pour ça... C'est juste que... je ne comprends pas pourquoi elle refuse mon aide."
Colin :
"Elle a besoin de temps... Avec ce qu'il s'est passé l'autre fois chez son frère, elle a peur de te perdre."
Miss Mystère :
"Je sais..."

J'observe avec mélancolie le ciel de New York à travers la baie vitrée.

Colin :
"Tu sais... J'l'ai jamais vu tenir à une fille comme elle tient à toi..."

Mon cœur se serre. Je ne peux m'empêcher de penser à Lana, à la fille avec qui elle voulait faire sa vie. Il pose sa main sur la mienne. Je suis surprise par la douceur de ce geste.

Colin :
"Faut que tu lui fasses confiance. Dans ces moments-là, elle ne pense pas bien et elle peut dire des choses... qu'elle ne pense pas vraiment."

Je le fixe, pleine de reconnaissance. Il n'est pas obligé d'être aussi gentil et compréhensif avec moi. Mathilde avec raison : c'est un mec bien.

Miss Mystère :
"Pourquoi est-ce que tu fais tout ça ?"
Colin :
"J'sais pas. J'aime pas vous voir souffrir tous les deux, c'est tout."

Nous nous observons un instant, les yeux dans les yeux. J'ai presque envie de me blottir contre lui, juste un câlin. Il se racle la gorge et recule d'un pas. Il boit une dernière gorgée de son expresso corsé avant de jeter le gobelet à la poubelle.

Colin :
"Si t'as besoin de te changer les idées, je serai à la salle de concert habituelle ce soir."

Il m'adresse un faible sourire puis disparaît dans le couloir. Alors que je me redresser pour retourner à mon bureau, mon téléphone vibre dans ma poche.

Daryl :
"Mathilde est passée chez moi hier soir... Tout va bien entre vous ? D."

Malgré nos différends, l'attention qu'il me porte me touche.

Je tape : "Difficile. Elle m'a expliqué pour l'accident et Lana. Elle a besoin d'être un peu seule."

Encore une fois je constate que Daryl n'est pas le sombre connard que j'imaginais.
Je repense à cette soirée chez lui... Quel dommage qu'il cultive cette image de bad boy collectionneur de bimbos ! J'attends un petit peu, dans l'éventualité de sa réponse, tout en regardant l'horloge. Cela doit faire un quart d'heure que je suis en pause... Si Cassidy le savait, elle prendrait un malin plaisir à m'humilier. Sa réponse ne se fait pas attendre.

Daryl :
"Ok. Si tu as besoin tu appelles."

Je lis son message plusieurs fois. Je me demande toujours si je peux lui faire confiance. Lui parler si j'ai besoin ? Sincèrement j'ai surtout besoin de l'oublier ! Je range mon téléphone en répétant tout haut son message. Je n'en reviens toujours pas ! Alors que je m'engage dans le couloir, je surprends une conversation entre Cassidy et Mark. Ils ne m'ont pas remarquée, absorbés par leur échange.

Cassidy :
"J'aurais simplement apprécié d'être consultée !!!"
Monsieur Leviels :
"Gabriel et moi avons jugé que ce n'était pas nécessaire."
Cassidy :
"Je suis la responsable RH de ce service, Mark !"

Elle se tient droite comme un i, les lèvres pincées. Elle fait tournoyer sa main devant le nez de monsieur Leviels, comme si elle chassait une mouche invisible.

Monsieur Leviels :
"Écouté, mademoiselle a été largement sollicitée ces derniers temps, c'est simplement le moyen de la motiver dans son travail."

(Quoi ?! Ils parlent de moi ?)

Cassidy :
"Oh s'il te plaît, Mark ! Tous nos collaborateurs sont rudement sollicités ! Combien de négociation je vais devoir gérer si votre faveur venait à s'ébruiter ?!"
Monsieur Leviels :
"Je dois y aller... J'ai du travail."

Je les vois repartir chacun de leur côté, Cassidy dans l'open space et Mark dans l'ascenseur. Mon cœur s'est accéléré et le venin de la colère s'insinue en moi ! La garce ! La voilà qui trouve à redire pour mon augmentation !!! Pour sûr que ça a dû la mettre dans tous ses états d'apprendre la nouvelle !! Je ne compte pas lui donner le plaisir de m'énerver contre elle ! Elle serait trop heureuse d'aller rapporter mon comportement à mes supérieurs ! Lorsque j'arrive à mon box, Cassidy a disparu. Je la cherche du regard, mais rien. Pas de vipère en vue.

Mathilde :
"Tu cherches qui ?"
Miss Mystère :
"Cassidy."
Mathilde :
"J'crois qu'elle est dans le bureau de Gabriel."

Ni une ni deux, je déboule dans le bureau de Gabriel après avoir rapidement frappé à la porte. Gabriel me regard, un peu surpris. Cassidy, elle, affiche une moue dégoûtée.

Gabriel :
"Tu tombes bien. Mademoiselle Sparke voulait te féliciter pour ton augmentation."

Les traits de la garce se tendent. Sa respiration se bloque. Dans son regard on peut lire un condensé de toute la haine qu'elle éprouve pour à mon égard.

Gabriel :
"Cassidy...?"

Elle me lance un regard hautain, devant l'insistance de Gabriel. Sa voix est mielleuse, mais son visage est assassin.

Cassidy :
"Félicitations, mademoiselle."

Sans plus de considération, elle quitte le bureau en tortillant du cul. Je jubile devant la déculottée qu'elle vient de se prendre. Gabriel me regarde d'un œil brillant. De toute évidence, il n'est pas homme à se laisser sermonner.
Aujourd'hui nous devons rendre le dossier à Gabriel. Ce soir c'est enfin le week-end. Ces quelques jours ont été une réelle torture pour moi... Travailler toutes les deux, en faisant comme si de rien n'était, mais en sachant pertinemment que rien n'est comme avant, m'a simplement épuisée. Nous sommes vendredi soir et le travail que nous avons fourni ne me satisfait pas. Il reflète l'état de notre relation. Il nous reste pourtant encore un peu de temps pour tenter de limiter la casse... Nos collègues de bureau ont déjà déserté les box depuis plus d'une heure. J'observe les visuels de Mathilde sur mon écran...

Miss Mystère :
"Tu peux venir voir s'il te plaît ?"

C'est bien la première fois que je pourrai lui reprocher de changer l'intégralité de son visuel. Rien ne va sur cette image !!

Mathilde :
"Ouais..."

Elle se lève et fait le tour du bureau pour venir se poster à côté de moi, les bras croisés.

Miss Mystère :
"Je viens de regarder ton visuel pour la mise en situation numéro 6. Tu ne trouves pas que cette couleur ne met pas en valeur l'ensemble ?"
Mathilde :
"J'sais pas"

Voilà l'intensité de nos échanges depuis que nous travaillons sur ce dossier... La nonchalance de Mathilde pour ce travail commence à me courir sur le haricot.

Mathilde :
"Tu veux quoi ?"
Miss Mystère :
"J'en sais rien ! C'est toi la graphiste, non ?"
Mathilde :
"Ah c'est moi la graphiste, maintenant ? J'ai fait ce que j'ai pu avec le temps que j'avais. C'est toi qui a décidé des délais, je te rappelle..."
Miss Mystère :
"Mais non, nous pouvons assurer les délais."

Elle prend une voix haute perchée pour tenter une pâle imitation de notre réunion dans le bureau de Gabriel. Je pourrais sincèrement la laisser planter là elle ses visuels, et rentrer chez moi. Mais si je veux éviter de foutre en l'air ma carrière, en plus de ma vie sentimentale chaotique, je ferais bien de prendre sur moi. Je me contente de fermer les yeux en inspirant et en expirant calmement.

(Je devrais songer à retourner à mes cours de yoga.)

Miss Mystère :
"Tu veux passer la nuit ici...?"

Une pensée lubrique passe furtivement dans mon esprit. Et quelque chose me dit que c'est réciproque. Et nous savons, tous les deux, oh combien cela aurait pu être amusant d'explorer les bureaux de Carter Corp. de nuit... Elle se racle la gorge pendant que triture nerveusement ma souris.

Mathilde :
"Bon..."

9

Tout à coup, elle se penche contre moi, derrière ma chaise. De sorte que sa poitrine touche ma nuque et que chacun de ses bras m'entoure. Elle pose une main contre la tranche du bureau d'un côté et l'autre main sur la souris en effleurant la mienne. Tout mon corps réagit à cette proximité soudaine. Son odeur si agréable envahit mon espace et son souffle chaud caresse doucement mon épaule. Mon cœur s'est accéléré. Je fixe l'écran de mon ordinaire pour me donner de la contenance.

Mathilde :
"Je peux changer ça ici. Je pense que ça permettra de donner plus de lisibilité."

Elle entoure rapidement la zone en faisant tournoyer le curseur de la souris. Sa bouche frôle mon front. Un instant, je réalise que je me contrefous de l'écran et que j'ai bloqué sur son beau visage. J'ai tellement envie de la prendre entre mes petites mains... Lorsque ses yeux noisette se posent sur les miens, je dévie nerveusement mon attention à nouveau sur l'écran.

Miss Mystère :
"Euh... Ok..."

Je suis complètement troublée. Mon corps ne réclame que sa présence, alors que ma raison sait très bien que ce n'est pas possible. Lorsqu'elle s'éloigne, et que le contact de son corps me quitte, c'est comme si je me retrouvais propulsée dans le vide. Un vide béant et glacial. Mon cœur se serre si fort qu'une boule se forme dans ma gorge. Elle se rassied à son bureau pour se remettre au travail. Comment fait-elle ? Il s'est clairement passé un truc entre nous. Elle ne peut pas faire semblant ! Moi, je ne veux pas ! Brusquement, je me lève de ma chaise. Elle roule derrière moi. Je me tiens droite, les bras ballants. Déjà affolée par ce que je m'apprête à dire.

Miss Mystère :
"Ce n’est pas possible. Je ne peux pas continuer comme ça."

Elle relève la tête de sa tablette graphique et me fixe, interrogateur.

Miss Mystère :
"Demain je demande à Gabriel de changer de box."
Mathilde :
"Quoi ?"
Miss Mystère :
"Je peux plus faire semblant ! Je ne peux pas travailler avec toi comme s'il ne s'était rien passé !"

Son beau visage se déforme, elle se lève à son tour pour me faire face. Elle pose son stylet.

Mathilde :
"Mais..."
Miss Mystère :
"J'peux pas..."

Les yeux embués, je regarde dans le vide et je secoue doucement la tête de gauche à droite. Je ne peux pas continuer comme ça. Elle passe une main dans ses cheveux en bataille. Même ce simple geste me plaît chez elle. C'est juste impossible pour moi d'être à la fois si proche d'elle et si loin.

Mathilde :
"Tu ne comprends pas que... que j'ai juste besoin de temps ?"
Miss Mystère :
"Est-ce que tu penses à ce que je peux ressentir...? Tu me laisses dans l'incertitude... Je ne sais même pas ce que tu veux pour nous ! Comprends que ce ne soit pas évident pour moi !"
Mathilde :
"Oui... Je comprends..."

(Elle comprend... Mais elle ne cherche pas à me retenir, à me garder près d'elle...)

Cette fois les larmes montent et je n'arrive pas à les retenir.

Mathilde :
"Non, ne pleure pas... S'il te plaît..."

Elle s'approche doucement de moi, elle prend mes épaules entre ses mains et plante ses yeux dans les miens.

Mathilde :
"Princesse..."
Miss Mystère :
"Laisse-moi t'aider..."

Mais elle recule, le regard triste. Elle fixe le sol.

Miss Mystère :
"Pourquoi tu m'as fait ça...?"

Je ne lui laisse pas le temps de me répondre ; à vrai dire ce n'est pas vraiment une question.

Miss Mystère :
"pourquoi tu m'as laissée m'attacher à toi...?"
Mathilde :
"Je..."
Miss Mystère :
"Est-ce que tu sais au moins à quel point je souffre de cette distance entre nous ? À quel point je t'aime ?"

Je reste interdit, je mets la main devant ma bouche entrouverte, la respiration coupée. Je viens de me mettre à nu, je viens de lui livrer mes sentiments pour elle. Elle me regarde fixement. Je voudrais qu'elle me prenne dans ses bras, qu'elle me dise qu'elle m'aime elle aussi, que nous allons traverser ça ensemble... Mais au lieu de ça, elle ne fait rien. Rien du tout. J'aurais dû m'en douter, avec ce qu'elle m'a avoué concernant Lana... J'aurais dû savoir qu'elle ne partageait pas les mêmes sentiments que moi... Mon cœur se déchire. Cette fois, je manque littéralement d'oxygène ! De rage, je passe mon avant-bras sur mon visage pour essuyer mes larmes et j'attrape mon sac sans ménagement.

Miss Mystère :
"Je te laisse déposer le dossier sur le bureau de Gabriel. Je m'en vais !"
Mathilde :
"Miss Mystère..."

Je cours presque jusqu'à l'ascenseur en ignorant son ton plaintif. Je n'en peux plus. Je dois quitter cet endroit, quitter cette femme avant de me perdre moi-même...

J'ai passé mon samedi à penser à elle et à ma décision... Lola m'a sortie de ma torpeur et m'a presque ordonné de la rejoindre en ville.

Elle m'a dit, je cite : "Arrête de craquer ! T'as besoin de te sortir la tête de tout ça !"

Je l'attends à notre bar habituel, à l'une de nos tables préférées. Mais le cœur n'y est pas. Lorsqu'elle arrive, elle me sourit chaleureusement.

Lola :
"Salut !"

Elle ne relève pas mon tient pâle et mon air dépressif. Au lieu de ça, elle s'approche de moi pour me faire un câlin. J'inspire doucement et j'esquisse un merci au-dessus de l'épaule de mon amie.

Lola :
"Allez, ma belle... On va passer une bonne soirée, tu vas voir !"

Je la vois lancer un regard désapprobateur à un type, dans l'angle, qui a décidé de nous mater.

Lola :
"À trop nous papouiller, y en a qui s'imaginent déjà des scénarios, là-bas !!!"

Je parviens à lâcher un petit rire devant l'air mutin de Lola.

Lola :
"Tu prends quoi ?"
Miss Mystère :
"Je m'en fiche, je prendrai comme toi..."

Elle me fixe un instant, dubitative.

Lola :
"Bon, écoute ma poulette, il faut que tu te reprennes ! Tu vas me faire une déprime ?"
Miss Mystère :
"Je sais plus quoi faire... Je vais peut-être demander à changer de collègue."
Lola :
"Comment ça ?"
Miss Mystère :
"Lundi, je vais aller voir Gabriel pour lui demander de changer de box... Je ne peux pas continuer à travailler avec Mathilde..."
Lola :
"Je comprends... Mais donne-toi un peu de temps, non ?"
Miss Mystère :
"Je te promets que cette semaine était horrible... Pendant un meeting, on s'est même un peu accroché, devant Gabriel..."
Lola :
"Ouais... Je comprends..."

Le serveur vient prendre notre commande, tout sourire. Tout à coup, mon portable se met à sonner dans mon sac. Je l'attrape en me demandant qui ça peut bien être. Je fais de gros yeux ronds lorsque je le lis l'identité de l'appelant : Mathilde !!

Miss Mystère :
"Allo...?"
Mathilde :
"C'est moi. Tu es disponible ?"
Miss Mystère :
"Je suis avec Lola, on boit un verre."

Lola me demande tout doucement de qui il s'agit. Je lui articule silencieusement les lettres du prénom de Mathilde. Son visage s'éclaire. Elle s'approche de moi pour écouter.

Mathilde :
"Je voudrais qu'on se voie."

Son ton est doux, presque suppliant. Mon cœur se met à battre la chamade.

Miss Mystère :
"Qu'on se voie...?"

Lola me fait un gros ouiiii de la tête.

Miss Mystère :
"Où ?"
Mathilde :
"Je t'envoie l'adresse sur ton mobile. C'est sur les hauteurs de la ville. Tu peux prendre un taxi ?"
Miss Mystère :
"Euh... Oui, bien sûr."
Miss Mystère :
"Tu...Tu veux que je vienne quand ?"
Mathilde :
"Maintenant. Enfin... si tu peux."
Miss Mystère :
"Ok. Je... j'arrive."

Je raccroche, les mains tremblantes. Je fixe mon téléphone, pas bien sûre que tout ça soit bien réel.

Lola :
"Tu vas me lever tes fesses d'ici et tu vas aller la retrouver illico presto !!! Fonce !"
Miss Mystère :
"Tu... Tu crois...?"
Lola :
"Mais oui !! C'est sans doute le bon moment pour arranger les choses !! Elle fait un pas vers toi, ma belle ! File prendre un taxi ! Ne t'inquiète pas pour moi, je boirai à ta santé !"

Je me lève et j'embrasse mon amie sur la en ajoutant un "je t'adore", avant de me jeter dans le premier taxi venu, auquel je donne l'adresse indiquée par Mathilde. Le taxi s'arrête dans une grande montée, sur le bas-côté. Le chauffeur semble aussi surpris que moi de me déposer ici, au milieu de nulle part. Lorsque je l'aperçois, adossé à sa moto, je reçois une vive décharge. La ville, calme et lumineuse, s'étend sur des kilomètres derrière elle. Le taxi repart et nous restons quelques secondes à nous observer. Lorsque je la vois ainsi, magnifique, au crépuscule, c'est comme si je recevais une bouffée d'amour. Notre échange est silencieux, mais il est loin d'être muet. Il y a tellement de choses que l'on peut se dire, juste avec un regard. Je suis amoureuse de cette femme. J'en suis même complément accro... L'émotion est tellement vive, tellement forte que je laisse tomber mon sac au sol et je me précipite dans ses bras.

Miss Mystère :
"Mathilde !!!!"

J'entoure mes bras autour de son cou et mes lèvres s'écrasent contre les siennes. Elle me soutient par la taille d'une main et de l'autre elle presse ma nuque pour m'embrasser plus profondément. Je pousse un petit gémissement libérateur au contact de sa langue contre la mienne. J'ai tellement besoin d'être contre elle, d'être dans ses bras, de respirer son odeur... C'est comme si je retrouvais mon oxygène. Ses cheveux sont doux, elle sent bon... Le contact de sa peau diffuse une douce chaleur dans tout mon être... Au loin, on entend que les faibles bruits de la ville et ceux des insectes nocturnes. Lorsque je me défais de ses bras, elle me regarde amoureusement.

Mathilde :
"Tu m'as manqué..."
Miss Mystère :
"Toi aussi, tu m'as tellement manqué..."

Je pourrais rester des heures, juste ici, contre elle. Il me suffit de sentir sa présence, ses bras protecteurs, pour que mon cœur s'apaise.

Mathilde :
"Tu ne me demandes pas pourquoi je t'ai fait venir jusqu'ici ?"

Mes mains glissent le long de ses bras puis se posent sur les siennes. Je les tiens et les embrasse. Elle me regarde avec une tendresse infinie. Ce que je lis dans ses yeux me suffit, je n'ai pas besoin de lui demander pourquoi nous sommes ici. Je me contente de me perdre dans son regard et de lui sourire.

Mathilde :
"Tu sais... je n'ai jamais voulu te blesser..."
Miss Mystère :
"Je sais..."
Mathilde :
"C'est ici."

Elle me montre le grand virage qui longe le bas-côté. Je comprends tout de suite ! Mon cœur se serre immédiatement ! C'est ici que l'accident a eu lieu !!!

Miss Mystère :
"Oh... Mathilde..."

Elle me regarde si tristement qu'il m'est difficile de rester forte. Elle m'a demandé de venir ici pour me livrer sans doute la chose la plus douloureuse de sa vie. Cette preuve de confiance et d'amour me bouleverse. Je ne sais pas quoi dire... Doucement, elle se tourne de l'autre côté et fixe la route qui redescend.

Mathilde :
"On arrivait de, par-là..."
Miss Mystère :
"Tu n'es pas obligé de faire ça..."
Mathilde :
"Si. C'est important."

Je la suis doucement, pendant qu'elle fait quelques pas pour me montrer le chemin qu'elles avaient pris à moto.

Mathilde :
"Tu vois tous ces graviers, là ?"

Elle me montre un petit amas de petits cailloux, qui longent le virage.

Mathilde :
"de si petites choses et, pourtant, hein ... ?"

Je la regarde tendrement. Et, avec un sourire contrit, je l'encourage à poursuivre sa reconstitution.

Mathilde :
"Elles sont toujours là... Même des années après l'accident..."

Elle souffle tristement avant de se tourner vers le bas-côté.

Mathilde :
"La moto a glissé ici et elle partit par là. J'ai glissé avec elle et je suis allée cogner contre ce rocher."

Je fixe le rocher comme si c'était mon pire ennemi. Je pourrais le désintégrer sur place.

Miss Mystère :
"Tu as eu peur ?"
Mathilde :
"Bien sûr... Quand j'ai percuté le rocher, je me suis dit que c'était fini, et j'ai tout de suite pensé à Lana. Mais j'ai vite perdu connaissance. Tu sais... C'est hallucinant, toutes les choses auxquelles tu peux penser, toute ta vie qui défile, alors que tout se déroule en quelques secondes..."

Je me suis toujours demandé ce que maman a ressenti avant de partir. À quoi elle a pensé avant son dernier souffle... Si elle a eu peur, si elle a eu mal. Il m'entraîne doucement pour regarder le bitume. Son beau visage se déforme. Je vois les muscles de sa mâchoire tressauter...

Mathilde :
"Lana, elle est tombée de la moto très vite. J'ai senti ses mains se défaire de ma taille avant qu'elle percute le sol."

Je sens que cette douloureuse sensation est ancrée dans sa mémoire et dans toutes les terminaisons de son corps. Elle frissonne.

Mathilde :
"Elle a glissé sur la voie opposée... là où le camion arrivait..."
Miss Mystère :
"Tu n'es pas obligé de continuer à me raconter tout ça...C'est déjà très courageux de m'avoir emmenée ici et de tout m'expliquer."
Mathilde :
"Je ne sais pas si c'est du courage... Je viens ici chaque année, à la même date, pour honorer sa mémoire. C'est quelque chose, qui me relie à elle. Tant que je pense encore à venir ici, je sais qu'elle est toujours là, dans mon cœur."

Je passe ma main contre son dos pour lui témoigner ma sollicitude.

Miss Mystère :
"Tu sais, je n'ai jamais eu le courage de retourner dans la chambre de maman, à la maison.

Elle se tourne vers moi. Ses yeux humides fixent les miens, attentifs.

Miss Mystère :
"Je n'ai jamais eu le courage de ranger ses affaires, de sentir l'odeur de son parfum... C'était trop difficile parce que ça voulait dire que j'acceptais son absence. Alors oui, ce que tu fais ici, c'est du courage."

Elle regarde si amoureusement que l'émotion me prend tout entière.

Mathilde :
"Détrompe-toi. Tu es la fille la plus courageuse que j'aie jamais rencontrée. Toi, tu as la force d'avancer. Si je viens ici, chaque année, je sais qu'en réalité c'est parce que j'ai peur de l'oublier et de trahir sa mémoire."
Miss Mystère :
"Tu te sens responsable de ce que lui est arrivé, alors tu n'arrives pas à la laisser partir... En revenant ici, tu t'assures de ne jamais oublier aucun détail."

Les yeux de Mathilde se posent sur moi, comme si j'avais lu en elle.

Mathilde :
"Il faut que tu saches... Je tiens énormément à toi..."
Miss Mystère :
"Je..."
Mathilde :
"Attends. Laisse-moi finir."

Je me tais et la fixe, les yeux gonflés d'amour.

Mathilde :
"Je n'ai jamais ressenti quelque chose d'aussi fort pour quelqu'un... même pas avec Lana."

Je crois que je suis en train d'éclater du trop-plein d'émotions... Si elle continue, je fonds en larmes...

Mathilde :
"Je l'aimais, mais... avec toi, c'est différent. C'est comme une évidence, tu vois ?"
Miss Mystère :
"Oui... C'est... ce que je ressens aussi..."

Je peine à la regarder dans les yeux. Je me sens presque intimidée.

Mathilde :
"Tout ce que je ressens pour toi... ça va bien au-delà de tout ce que j'ai connu... C'est un truc de fous..."

Tout doucement, avec une tendresse incroyable, elle embrasse mes lèvres. Je ferme les yeux pendant cet instant voluptueux où le temps semble s'être arrêté.

Mathilde :
"Je t'aime, princesse."
Miss Mystère :
"Je t'aime aussi."

Je ne suis plus qu'une boule d'amour, d'émotion et de joie. Un sanglot m'échappe. Elle prend doucement ma tête entre ses mains et embrasse une larme qui perle sur ma joue.

Mathilde :
"Quand tu as débarqué dans ma vie, je n’ai pas tout de suite compris ce qui m'arrivait... Après j'ai lutté et puis... Le soir où ce type a posé ses mains sur toi, j'ai tout compris. Mais longtemps j'ai hésité à te laisser entrer dans ma vie... parce que..."

Elle marque un temps d'arrêt. Je suis pendue à ses lèvres.

Mathilde :
"Parce que j'avais l'impression de trahir la mémoire de Lana. Je me sentais coupable d'aimer à nouveau... Si je ne veux pas te prendre sur ma moto c'est parce, j'ai trop peur de te faire du mal. J'ai peur de te mettre en danger. J'ai déjà perdu celle que j'aimais une fois, je ne supporterais pas de te perdre, toi."
Miss Mystère :
"Tu ne vas pas me perdre ! Je suis là, ici, avec toi."
Mathilde :
"Je sais... Mais lorsque j'ai réalisé à quel point je t’avais mise en danger avec les histoires avec mon frère, le gang, la course... Tout est remonté à la surface... Que mes conneries passées me mettent en danger, je m'en fous. Mais toi, c'est hors de question ! Je dois te protéger."
Miss Mystère :
"Arrête de vouloir me protéger comme si j'étais une petite chose fragile ! Je sais très bien ce que je fais en m'engageant avec toi. Je n'ai pas peur."

Elle se tait un instant et fixe la ville. La brise du soir fait délicatement flotter ses cheveux. Elle est tellement belle ! Si belle que je pourrais l'admirer des heures durant, sans jamais me lasser.

Mathilde :
"Tu sais... je ne suis pas la princesse charmante... Avec moi, tu n'auras jamais la vie dont tu rêves. Je n'ai rien de cette gentille fille..."
Miss Mystère :
"Alors ça tombe bien, car figure-toi que je ne cherche pas la princesse charmante ! Le sourire Colgate, cheval blanc et coiffure au gel, ce n’est pas mon truc."

Elle me sourit et m'embrasse tendrement.

Miss Mystère :
"On devrait rentrer maintenant."

Je lance un coup d'œil à sa moto. Elle suit mon regard. Je n'arrive pas à déchiffrer son expression.

Mathilde :
"Je vais t'appeler un taxi."
Miss Mystère :
"Je veux monter avec toi."
Mathilde :
"Ça a été difficile de te parler de tout ça, ce soir... J'ai besoin de rentrer et d'être un peu seul."

Je la regarde tristement.

Mathilde :
"On se voit lundi au travail, d'accord ?"

Je fais la moue, déçue qu'elle me laisse en plan ici. Je n’ai pas envie de repartir sans elle...

Mathilde :
"Tu ne changes pas de box, hein ?"

Elle me fait un signe craquant. Je ris nerveusement. Cette idée n'est plus d'actualité.

Miss Mystère :
"Si je peux encore me jeter dans tes bras et t'embrasser quand, bon me semble, j'accepte de te garder comme collègue."

Elle me prend doucement par la taille et me soulève un peu du sol. Je passe mes mains autour de ses épaules et j'enfouis mon nez dans son cou. Je l'entends chuchoter un "je t'aime" à mon oreille.
Lorsque j'arrive chez moi, Topaze me saute littéralement dessus pour me faire des léchouilles. Pendant que je prends sa tête poilue dans mes mains, je repense à tout ce qu'elle m'a dit. J'aurais aimé qu'elle aille jusqu'au bout et qu'elle me raccompagne sur sa moto. Mais je sais que ça va lui demander encore du temps. Je sais aussi que le jour où elle y parviendra, elle aura fait un grand pas en avant. En attendant, je regarde les messages de Lola sur mon téléphone. Elle semble excitée comme une puce ! Je décide de l'appeler.

Lola :
"Alooooooooors ?!"

Pas de préambule, elle attaque directe !

Miss Mystère :
"Alors elle m'a fait une déclaration d'amour en me disant qu'elle m'aimait... Elle m'a emmenée sur les lieux de l'accident et elle a tenu à tout me raconter..."
Lola :
"Wow... Du coup, vous ne passez pas là, ensemble ?"
Miss Mystère :
"Non... Elle avait besoin de se retrouver seule après m'avoir tout dit."
Lola :
"Ouais, normal..."
Miss Mystère :
"Oui, je la comprends, même si j'aurais vraiment aimé passer la nuit avec elle..."
Lola :
"Chaque chose en son temps, ma belle ! Elle va te revenir."

Devant mon soupir, mon amie poursuit.

Lola :
"Et je suis sûre que, quand ça va être le cas... ce sera carrément torride...!"

Je ne peux m'empêcher de rigoler devant l'esprit mal placé de Lola.

Miss Mystère :
"Lola..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Ose me dire le contraire peut-être !!!"
Miss Mystère :
"Mmh..."
Lola :
"Ouais merci ! Merci de me rappeler qu’il y a une fille super canon, complètement dingue de toi, qui va t'emmener au septième ciel, probablement très bientôt... Pendant que moi je me suis coltiné un mec relou en buvant mes verres..."
Miss Mystère :
"Je suis désolée pour ce soir. Désolée de t'avoir plantée comme ça..."
Lola :
"Tu plaisantes ? Encore heureux que tu sois partie la rejoindre. Je crois que si tu ne l’avais pas fait, je t'y aurais traîné par la peau du cul !"
Miss Mystère :
"J'ai de la chance de t'avoir, tu sais ça ?"
Lola :
"Je sais ma chérie, je sais... Enfin bref... T'es chez toi ?"
Miss Mystère :
"Ouais..."

Tout à coup, j'entends cogner trop à porte.

Miss Mystère :
"Euh... je dois te laisser, on tape à ma porte."
Lola :
"Oh bordel ! J'en connais une qui va s'envoyer en l'air !"
Miss Mystère :
"Lola !!!"

Je l'entends rire comme une imbécile à l'autre bout du fil ! Mon cœur se met à battre la chamade.

Miss Mystère :
"Je raccroche..."
Lola :
"C'est ça... Amusez-vous bien..."

Je rigole nerveusement en posant mon téléphone sur le meuble de ma cuisine. Je me déplace doucement vers la porte d'entrée, fébrile. Il se pourrait que ce soit Mathilde... Lorsque j'ouvre la porte, mon cœur rate un battement. Ma bouche se fige en un "o" silencieux. Elle se tient dans l'encadrement de la porte. Elle tient une rose à la main. Son regard est juste absolument éblouissant.

Mathilde :
"Salut."

Je bredouille quelque chose d'incompréhensible. Je n'en reviens pas qu'elle soit là, devant moi. Je m'attendais à la revoir, lundi seulement !

Miss Mystère :
"Euh... Ne reste pas là... Entre... Entre..."

Je lui laisse le passage pendant qu'elle pénètre dans le petit espace de mon salon. Évidemment Topaze l'accueille gaiment en lui réclamant des papouilles.

Mathilde :
"Hey ! Mon gros ! Comment tu vas ?!"

Je profite de leurs retrouvailles pour enlever discrètement des affaires qui traînent çà et là ! Elle se tourne dans ma direction, tenant toujours sa rose à la main.

Miss Mystère :
"Il ne fallait pas..."
Mathilde :
"Une princesse, ça apporte des roses, non ?"

Elle me fait un clin d'œil et s'approche de moi. Plus elle s'avance, plus je perds de l'assurance et plus mes jambes me lâchent. La dernière réflexion de Lola tourne dans ma tête et je rougis devant ma petite conscience polissonne. Elle me tend la fleur tout en passant une main contre ma taille.

Mathilde :
"Je suis désolé de t'avoir laissée comme ça tout à l'heure..."

J'attrape nerveusement la rose et je respire son odeur pour me donner une constance. Je ne comprends pas pourquoi je suis nerveuse, tout à coup !

Miss Mystère :
"Il va te falloir un peu plus qu'une rose pour te faire pardonner..."

Je lui lance un petit regard provocant, tout en faisant glisser les pétales de la fleur sur ma bouche. Ses yeux se posent lentement sur mes lèvres, puis descendent le long de mon cou, avant de revenir se plonger au fond de mes prunelles. Son regard est devenu plus sombre. Elle n'a pas besoin de parler, je devine déjà ses intentions.

Mathilde :
"J'ai très envie de toi, Miss Mystère."

Cette simple phrase, dans sa bouche, après toute cette interminable attente, achève de me faire perdre pied. Elle s'approche de moi et attrape ma nuque pour me pousser contre ses lèvres. Son baiser est d'abord délicat puis se fait plus dur. Ma peau frisonne lorsqu'elle passe ses mains le long de mes cuisses pour les enrouler autour de mes hanches. Elle me presse brutalement contre le mur de la pièce. Ses mains continuent de palper ma peau et sa langue s'insinue insatiablement autour de la mienne. Nos souffles sont cours ; j'étouffe de petits gémissements lorsqu'elle se presse encore plus contre moi.

Miss Mystère :
"Mathilde..."
Mathilde :
"Je sais... Ta peau m'a tellement manqué... C'est si bon de te sentir contre moi..."

Je pourrais me laisser aller contre elle jusqu'à l'extase, simplement en l'écoutant me dire l'effet que je lui fais... Elle me rend complètement folle. Elle m'a laissée en manque, en, attente. Et voilà que mon corps se nourrit d'elle, impatient, avide. Elle soulève mon tee-shirt puis se presse à nouveau contre moi. Ses mains parcourent chaque centimètre carré de mon corps qui s'offre à elle. J'attrape doucement le tissu de sa veste et je la fais glisser le long de ses bras pendant que je l'embrasse dans le cou. Je continue avec son tee-shirt que je fais passer au-dessus de sa tête, sans cesser de poser quelques baisers sur la peau hâlée de sa poitrine. Elle lâche un petit gémissement lorsque j'embrasse avec vigueur le creux de son cou. Lorsque la peau de ses seins touche les miens, c'est comme une libération, comme si elle venait combler un manque. Je l'embrasse avec une passion dévorante, comme si ma vie en dépendait, comme si je l'embrassais pour la dernière fois. Je glisse mes petites mains friponnes le long de ses hanches pour enlever ce qui reste de tissu. Elle en profite pour faire de même avec mon short. Désormais, nous sommes toutes les deux l'une contre l'autre, haletantes et brûlantes de désir. Je ne veux rien d'autre qu'elle, elle qui prend possession de moi qu’elle me comble tout entière.

Mathilde :
"Je t'aime, ma princesse..."

Elle fait remonter mes cuisses autour d'elle et, lorsqu'elle me possède enfin, je me laisse aller à la volupté de l'instant. Je perds toute notion du temps et de l'espace. Plus rien ne nous sépare, on ne fait plus qu'un. Il n'y a plus rien que nous deux, que nos deux corps prêts à s'aimer toute la nuit...
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

Pourquoi écrivez-vous ?

par plaisir
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