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Alors que je m'apprêtais à en appeler un pour te suivre, trois policiers me sont tombés dessus en demandant mon attestation de rue. "Ne faites pas l'innocent monsieur, vous savez très bien que l'État d'urgence sanitaire a été décrété, toute personne se déplaçant dans un lieu public doit disposer d'une attestation.

- Mais la rue est à tout le monde !

- Non monsieur, elle est à l'État.

- Mais l'État c'est moi !... Enfin c'est nous, nous tous, donc je voudrais déambuler au moins un petit peu, au prorata de ce que je représente pour le pays.

- C'est un argument valable, vous avez trente secondes.

- C'est tout ? Ma part n'est pas plus grande ? Et lui, là, il est dehors depuis au moins une heure!

- Oui mais il est indispensable.

- Et moi ?

- Je n'ai pas envie d'être désobligeant… disons que vous êtes différent. Nous le sommes tous. C'est beau la différence, c'est le sel de la vie.

- Qu'est-ce que vous me ferez si je m'enfuis en courant ?

- Moi rien, mais ma matraque, elle, ne sera pas très tendre.

- Mais si c'est une fuite passionnelle, réalisée pour sauver un amour ?

- L'amour ça peut se faire sur Internet, et le wifi est gratuit tout le mois, alors ce n'est pas une excuse valable.

- Oui mais des excuses c'est justement de ça qu'il s'agit. Je ne peux tout de même pas les présenter en ligne.

- Bien sûr que si ! Un message clair et court, la partie importante en gras au cas où la personne n'ait pas envie de tout lire, un petit visage triste pour montrer votre contrition... Attendez voir, vous jouez à quoi là ?

- Comment ?

- Je vois très bien ce que vous êtes en train de faire !

- Pardon ?

- Vous me faites parler pour pouvoir grappiller quelques secondes de plus dans la rue. Rentrez chez vous sur le champ !

- Mais...

- Écoutez, je suis navré pour votre naufrage sentimental, ça arrive même aux meilleurs d'entre nous. J'espère que vous trouverez la solution appropriée. Au revoir.

- Mais monsieur !

- Ne me forcez pas à utiliser ma matraque surprenante !

- Elle surprend ?

- En fait on n'a plus le droit de dire "électrique" depuis les derniers petits incidents.

- Monsieur, comprenez-moi, elle m'a quitté !

- Eh ben elle ne sait pas ce qu'elle perd. Rentrez chez vous sur le champ !"

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