Chapitre 14 (dernière partie)

5 minutes de lecture

Après une demi-heure de trajet, le conducteur le déposa près de sa destination : le port abandonné. Jack reconnu facilement le hangar du jeune Tobey. Il pria pour que ce dernier soit présent. Il frappa trois coups sur la porte métallique avant d’attendre patiemment. Au grand bonheur de Jack, Tobey ouvra la porte avec un regard enthousiaste.

-M’sieur Goldhand ! Je me disais bien que vous repasseriez ! Vous avez l’air dans un sale état, dites-moi ?

Sans un mot, Goldhand s’aventura à l’intérieur pour s’affaler sur le canapé du jeune homme. Le conducteur de voiture à vapeur fit chauffer de l’eau, tout en observant le détective qui tentait de changer ses pansements.

-Vous allez me raconter alors, M’sieur ?

-Disons que j’ai été pris de court le soir dernier. Je vais avoir besoin de toi.

-Quel est la mission ? dit Tobey, tout excité.

-Nous devons empêcher Sir Isaac Copperfield d’atteindre la mairie le jour des élections.

-Mais c’est dans trois jours ?

-Raison de plus pour réfléchir vite. Cet odieux personnage prépare quelque chose.

-Il faudrait vous reposer avant, m’sieur.

-Je me reposerais quand le cartel et ce charlatan de Sir Isaac seront derrière les barreaux ou mort !

-De quoi les soupçonnez-vous ?

-C’est simple, ils ont orchestré des meurtres contre les partisans de Sir Anthony Thaddeus Newton avant de tenter de m’éliminer à mon tour. Pour le moment, il me pense noyer au fond de la mer.

-Vous êtes un dur à cuire, M’sieur Goldhand !

-Plutôt un homme avec des amis en or…

Après avoir remis en place ses pansements, Jack se leva avant de s’approcher de Tobey. Il posa sa main sur l’épaule de jeune garçon.

-Ce que nous allons faire dans trois jours sauvera notre ville. Si nous échouons, il n’y aura plus de retour en arrière, tu comprends ?

-Bien entendu, M’sieur. Je vous suivrais jusqu’au bout du monde !

Jack sourit devant la bonne volonté du jeune homme avant de quitter la demeure d’un bref signe de la main.

-Vous allez où ? Ils vous cherchent dehors.

-J’ai quelqu’un à retrouver.

Le temps était radieux à l’extérieur et Jack accusait la pression du soleil sur sa peau.

Il n’avait pu que très peu se reposer des blessures qu’il avait subies la nuit dernière mais, il devait encore se mouvoir pour sauver Saltship. Il savait qu’il avait fait une erreur en se jetant dans le repère du cartel de la pieuvre rouge. Cependant, cet échec l’avait amené à découvrir les véritables coupables de toutes ses affaires en plus de lui donner une chance d’écarter du pouvoir le vil Sir Copperfield. Le visage quasiment métallique du personnage avait intrigué au plus haut point le détective. Il n’avait encore jamais vu une personne arborer une telle chirurgie dans la ville enfumée.

A visage couvert, Goldhand marchait vers le quartier du singe volant pour y rencontrer un homme qui avait forgé ses plus grandes armes. C’était un maître de la mécanique qui pouvait créer les plus complexes engrenages comme les plus simples armes de métal. Il vivait dans une ruelle reculée qui se trouvait à quelques lieux du quartier pourpre et du quartier de la locomotive rouillée où vivaient la plupart des marins. Cet homme s’appelait Arthur Parcivald et il ne forgeait que pour les hommes digne de confiance selon lui. La plupart du temps l’adresse de son atelier restait secrète et n’était délivré qu’aux hommes qu’il souhaitait aider ou rencontrer. Jack était un des hommes qui avait intrigué le forgeron. Il avait créé son bras métallique doré mais aussi son revolver mécanique. Arthur créait des pièces d’exceptions qui sans doute, valaient un prix incommensurable. Ses matériaux étaient tout à fait exceptionnel mais nul savait où il se procurait de tels pépites.

Jack arriva dans le quartier le plus éloigné du port : le quartier du singe volant. C’était l’endroit le plus poisseux et malfamé de Saltship. Jack n’aimait pas se retrouver dans cet endroit où il constatait la pauvreté extrême de l’Est de Saltship. Les rues étaient jonchées de détritus en tout genre même parfois de personnes sans toit à peine reconnaissable en tant qu’humain.

Jack avança dans les ruelles d’un pas lent sans tenter de croiser le regard de ces âmes perdues. Certains tentèrent d’attraper son vêtement pour quémander une pièce d’or mais, Goldhand restait impassible. Il finit par atteindre la ruelle sombre du forgeron.

Au travers des insectes et de la fumée nauséabonde, Jack aperçu la porte teinté d’un marteau doré. Il s’empressa d’entrer à l’intérieur sans frapper. La pièce où il se pénétra était sombre. Il y régnait une chaleur insoutenable. De la lumière émanait d’un sous-sol, une lueur rougeâtre accompagnée de coups de marteau et de grincement de métal.

Jack dévala les marches craquantes pour arriver dans l’atelier luisant du forgeron. Le détective était éclairé par les étincelles qu’Arthur Percevald créait en actionnant ses outils. Une grande roue amenaient un liquide doré vers une cuve tandis qu’une établi, où le forgeron travaillait, était parsemé des créations de l’homme.

Arthur était un homme au visage dur mais à l’accoutrement original. Il portait une paire de lunette mécanique retenant ses longs cheveux noirs, ses mains étaient dotées de gants noirs. Il portait une tunique brune qui entrouvrait une vue sur sa musculature. C’était un homme dont il était difficile de deviner l’âge. Jack aimait à dire qu’il avait toujours été là, dans son établi enfoui. C’était une personne de petite taille mais que l’on ne pouvait prendre de haut. En effet, Arthur inspirait la crainte et l’admiration.

Jack s’approcha du forgeron qui avait les lunettes baissées, en plein travail. Le détective s’assit à côté de l’établi du forgeron immortel. Celui-ci finit par ressentir sa présence. Il releva ses lunettes avant d’arrêter le mouvement de ses machines.

-Sir Jack Goldhand ! Commença l’homme d’une voix retentissante. Que faites-vous dans mon atelier ? Cela faisait une éternité que vous n’étiez pas venu ici-bas.

-J’ai eu quelques soucis ces dernier temps. J’ai besoin de ton aide précieuse.

-Tu n’as quand même pas perdu les pièces uniques que je t’ai fabriqué ?

Jack fit une moue qui annonça l’inavouable au maitre forgeron.

-Tu es vraiment quelqu’un d’étourdi ! S’offusqua Arthur. Ne compte pas sur moi pour récréer de tels attirails. Cela m’a pris tellement de temps.

-Je vais les retrouver mais, en attendant j’ai besoin d’outils de rechange.

-D’outils de rechange ?

-Une arme de ton atelier.

-Hé bien, vous m’en direz tant !

Le forgeron enleva ses gants avant d’attraper une boisson sur son établi.

-Je te promets de te la ramener quand tout sera fini, Arthur.

-Une promesse ne me suffit pas, détective. Le tintement de quelques pièces pourrait m’aider à y voir plus clair.

Jack ne chercha pas plus loin. Il envoya quelques écus qui ricochèrent sur la table en métal du forgeron. Arthur, surpris, incita Jack Goldhand à le suivre vers une porte près de l’établi. Il ouvrit l’entrée dans un grincement métallique avant de montrer de la main ce que contenait la salle. Devant les deux hommes étaient rangés de nombreuses armes concoctées par le forgeron. L’une d’elle attira l’œil du détective, une arbalète doré pouvant être fixé à un bras.

-On dirait que tu avais d’autre prototype pour moi, sourit Jack.

-Oh non. Tu n’es pas le seul à qui il manque un bras dans cette ville, Goldhand.

Après quelques essayages, Jack laissa son ancienne prothèse de rechange pour installer l’arbalète à la place. Arthur lui montra comment replier celle-ci pour ne pas avoir l’air trop suspect en ville. L’engin se rétracta alors pour prendre la forme d’un bras normal.

Goldhand remercia le forgeron qui se remit rapidement au travail sans faire attention au départ du détective.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire ErwanJboy ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0