Chapitre 2 (dernière partie)

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Jack lança au loin son cure-dent avant de rejoindre la grande place du quartier Pourpre à quelques mètres de lui. Il passa la grande poste avant de fixer son regard sur le restaurant en face de lui : « le Marin aux dents de ferraille ». C'était le repère général du cartel de la Pieuvre Rouge. La couverture de l’établissement permettait de blanchir l'argent de la mafia sans éveiller les soupçons. Jack se devait de rendre une petite visite au maître des lieux. Le détective enrageait des méfaits du cartel. Il devait agir.

Goldhand marcha d'un pas lent dans la grande rue où les honnêtes gens se mêlaient aux pires malfrats de l'Est de Saltship. Certains reconnaissaient le détective mais n'osait pas le détourner de sa route. Il ouvrit la porte en verre du grand restaurant puis la ferma dans un grand fracas sous les yeux étonnés de la salle. Une douce musique résonnait dans la grande salle, éclairée par de grosses ampoules dorées. Le haut du plafond était parsemé d'un brouillard enivrant.

Jack se dirigea alors vers une porte au fond de la grande salle éclairée. Elle indiquait que seulement le personnel pouvait y accéder mais cela ne détourna pas Goldhand de son chemin. Il ne prit pas en compte les avertissements d'un serveur qui lui demandait de rebrousser chemin.

Derrière la porte, s'offrit à Jack un long couloir peu éclairé. Il se mouva vers la porte du fond, l'ouvra doucement. Dans cette autre salle, pas de lumière claire mais une lumière pourpre. Jack passa entre des tables où de jeunes adultes s'occupaient de préparer la poussière de Kraken. La plupart arborait un visage fatigué et craintif ce qui offusquait encore plus le détective. Il allait atteindre le fond de salle quand des claquements de talons résonnèrent derrière lui.

-Jack ? Clama une voix.

En se retournant, il aperçut la personne tant redoutée, le patron du cartel : Sir Dustin.

C'était un homme proche de la retraite au visage marqué de ride. Il souriait au détective, dans un costume luxueux et parfaitement porté. Ses cheveux gominés luisaient par l'éclairage rouge sang de la pièce. C'était un homme connu pour guider son entreprise d'une main de maître et ne tolérer aucun débordement. Il vouait une vraie amitié à ses lieutenants. Son organisation était semblable à une famille pour le patron du cartel. Sir Dustin était l'un des plus puissants dirigeants de la mafia saltshipienne, baignant de nombreux trafics de drogues, d'armes mécaniques mais aussi d'humains. Il possédait un passé douloureux avec Jack Goldhand et avait ordonné à ce dernier de ne jamais retourner dans le quartier Pourpre. Cependant, le détective se trouvait dans le repère de Sir Dustin à nouveau.

Le vieil homme était accompagné de deux gardes du corps au regard vide d'intelligence. Le patron de la mafia s'approcha du détective pour le serrer dans ses bras.

- Quel surprise ? continua l'homme en forçant son sourire.

- Accordez-moi 5 minutes Sir Dustin.

-En l'honneur du bon vieux temps, j'accepte ta proposition. Suis-moi.

Le baron attrapa le détective par l'épaule et l'emmena entre les allées fumantes.

Le bureau de Sir John Dustin se situait deux étages plus haut, loin des agitations du restaurant. Les deux gardes se postèrent à l'entrée de la grande porte du bureau tandis que le patron du cartel de la Pieuvre Rouge proposa à Jack de s'installer en face de son bureau. La pièce était décorée de portraits de famille, mais aussi d'une tête de pieuvre, peinte en rouge. Impressionnante par sa taille, Goldhand esquissa à peine un rictus d'étonnement en passant près de l'animal empaillé.

Derrière le grand bureau de Sir Dustin figurait une majestueuse fenêtre qui affichait une vue sur l'abord du fleuve de la vapeur bleu. En cette belle nuit, l'ouverture semblait recouverte de noire. Le patron de la mafia sortit une bouteille de Rhum de son bureau accompagné de deux verres avant d'en servir un à Jack. Celui-ci ne daigna pas regarder le verre. Sir Dustin l'incita à boire en appuyant son regard. Sous la détermination du patron de la mafia rouge, Jack but son verre d'un seul coup accompagné de Sir Dustin.

-Que me vaut cette visite soudaine, Jack ?

-Une affaire de meurtre.

L'homme costumé semblait étonné par les mots du détective. Il eut même un rictus de dégoût.

-Allons, je sais qu'entre nous, la mort a une place primordiale mais je ne suis pas responsable de tous tes maux. Blessé, oui. Mais tué ? Jamais !

-Tu mens comme toujours.

- De quoi m'accuses-tu cette fois ? demanda Sir Dustin en prenant un cigare dans l'un des tiroirs de son bureau. Il en proposa un à Jack mais celui-ci déclina.

-Lucie Sullyvan. Tu l'as assassinée car elle ne payait pas.

-Lucie Sullyvan ?

Le baron de la drogue semblait chercher aux tréfonds de sa mémoire, l'air pensif puis soudain, il se leva et commença à tourner autour de sa chaise.

-Ah oui ! La petite Lucie ! Très gentille et jolie fille.

Jack Goldhand fit mine de se lever, mais les deux gorilles au fond de la pièce avancèrent au rythme de ses mouvements. Il stoppa son geste avant de serrer son poing nerveusement.

-L'exploiter ne te suffisait pas ?

- Ne fais pas de raccourci. Elle travaillait pour moi.

-Tu ne l'as payait sûrement pas.

-Mais, elle me devait de l'argent ! Elle n'avait qu'à stopper sa consommation de poussière.

-Une accro à ta drogue ?

-Comme beaucoup dans ce quartier malheureusement, ricana Sir Dustin.

-Pourquoi l'avoir tuée ? S'impatientait Jack.

Le patron du cartel de la pieuvre rouge rit de plus belle en posant son cigare dans un cendrier. Après quelques secondes, il reprit son sérieux et ravisa son veston hors de prix.

-Mais Jack, je ne l'ai pas tuée cette gosse. Je sais que ça te ferait plaisir que je sois ton homme pour avoir une bonne raison de m'exploser la tête. Pourquoi je tuerais mes propres employés ? Réfléchis, bon sang !

Alors, Jack perdit patience, sauta par-dessus le bureau avant d'attraper le col de Sir Dustin.

-Tu me fais perdre mon temps ! cria Goldhand.

En un instant, les deux gardes stoppèrent Goldhand avant qu'il ne puisse faire ce qu'il envisageait. A nouveau, ils le posèrent brutalement sur le fauteuil en face du bureau du baron, avant de relâcher leurs étreintes sur les épaules de Jack. Sir Dustin sourit de plus belle en s'asseyant tranquillement sur son fauteuil rembourré.

-Sacré Jack ! Après tout ce que j'ai pu te prendre, tu ne comprends toujours pas la leçon. Tu as pénétré dans mon établissement alors que je te l'avais formellement interdit. Du temps, tu n'en as plus maintenant.

A ce moment-ci, Jack sentit les deux gardes s'approcher de lui. Avant qu'il ne puisse l'atteindre, il bondit hors de leur portée avant d'attraper Sir Dustin de l'autre côté du bureau. Il sortit son revolver d'en-dessous son large manteau mauve et le dirigea sur la tempe du patron du cartel. Il les fixa d'un regard noir tout en approchant le doigt de la gâchette.

-Jack, Jack,Jack... Qu'est-ce que tu t'apprêtes à faire ? Me tuer ? Rit Sir Dustin. Tu sais ce que mes gars vont te faire si tu appuies sur la détente, ce qu'ils vont faire à ton quartier. Tu n'as pas déjà assez perdu ? Il ne te reste plus que tes affaires de détective bidon. Mary ne t'a pas servi de leçon ?

En entendant ce prénom, Jack faiblit quelques secondes. Les deux hommes en face de lui s'approchèrent doucement pour tenter de le désarmer. Jack compris alors la situation délicate qui s'offrit à lui. Avant que les deux gardes ne puissent réagir, il poussa le patron contre eux, examina la fenêtre en verre derrière lui et tira dans celle-ci. Les éclats de verre giclèrent autour de Jack qui sauta au travers de l’échappatoire qu’il avait créé.

La lune admira le spectacle tandis que Sir Dustin et ses deux hommes se relevaient difficilement du choc.

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