Gerboise avec un petit h : Zoé

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Comme je vous l’ai dit plus haut, Zoé, c’est le petit nom de la première pile à combustible française. En fait, Zoé c’est pour Zéro énergie, Oxyde d’Uranium, Eau lourde. Donc ce n’est absolument pas un prénom, tout comme Véronique. C’est un bête acronyme juste « en forme » de prénom.

Donc c’était quoi cette fameuse Zoé ? Elle était constituée de deux tonnes d’uranium naturel, baignant dans cinq tonnes d’eau lourde, le tout dans une cuve en aluminium entourée d’un mur de près d’un mètre de graphite.

Tout d’abord l’uranium naturel. Il n’est pas enrichi (ben non puisqu’il est naturel…) mais contient une faible proportion d’uranium radioactif qui produit aussi des neutrons et permet de créer cette réaction de fission avec production d’énergie. Ah oui, j’ai peut-être oublié de vous dire ça dans le premier chapitre. L’intérêt de la réaction de fission, c’est pas qu’elle produise des neutrons, à la limite on s’en fout, sauf pour que la réaction se poursuive. Non ce qui fait l’intérêt de cette réaction, c’est la production d’énergie. De chaleur et d’énergie mécanique (onde de choc) pour la bombe et juste chaleur pour le nucléaire civil et les centrales nucléaires. Donc en gros, fission, ça chauffe. Oui, c’est mieux s’il n’y a pas d’onde de choc dans les centrales nucléaires, mais c’est prévu pour comme ils disent…

L’eau lourde maintenant, à quoi cela peut-il donc bien servir ? C’est un ralentisseur. Les neutrons produits (naturellement ou ceux issus de la fission) sont trop rapides. En fait ils vont tellement vite que, sans ralentisseur, ils passeraient à côté des autres noyaux d’uranium sans les voir. Ça serait con quand même... en plus trop rapides, ils sortiraient de la cuve et iraient faire des dégâts à l’extérieur. Donc l’eau lourde (sans rentrer dans les détails techniques qui vous assommeraient), c’est de l’eau avec un hydrogène deux fois plus lourd, donc c’est plus lourd que de l’eau normale. Et comme c’est plus lourd, ça ralentit les neutrons, qui du coup, ont le temps de voir les noyaux d’uranium et d’aller leur péter la gueule et de libérer d’autres neutrons, qui sont eux aussi ralentis, etc.

Et finalement le graphite, c’est pour servir de barrière aux neutrons, pour pas qu’il se barrent à l’extérieur et aillent faire des conneries à l’extérieur (ça fait « un peu » de dommages dans le corps humain par exemple). Et la cuve en alu me direz-vous ? Oh là, c’est tout con... s’il n’y avait pas de cuve, ; l’eau aurait coulé par terre et plus de réaction et plus de pile. Elle aurait même pu être en plastique ou fer blanc cette cuve.

Bon tout ça pour dire qu’ils étaient trois ce soir-là, quand ils ont décidé de se lancer dans la divergence de cette pile. Il y avait Frédéric Joliot-Curie, sa femme Irène (la fille de Marie Curie) et joseph, le balayeur qui avait cassé sa montre et ne savait pas qu’il aurait dû être chez lui depuis bien longtemps :

  • On y va, Irène ?
  • Allons-y Fred, on n’a jamais été aussi près (et prêts aussi mais ça c’est moi qui l’ajoute), Divergeons, mon chéri !
  • Je diverge Irène
  • Oh mon chéri, quel coquin tu fais, tu me dis « verge » ?
  • Oui, ma douce Irène je te le dis !
  • Oh.. ça chauffe on dirait…
  • Oui, quand je dis « verge », ça chauffe, étonnant, non ?
  • Tu m’étonneras toujours mon chéri.
  • Oh et là c’est pas moi qui le dit, Irène, Maintenant c’est Zoé qui le dit.
  • Zoé ? Qui dit quoi ?
  • Ben elle dit « verge » et elle chauffe (La pile à combustible Zoé diverge pour celles et ceux qui n’auraient pas suivi. Regardez à la fin du 1er chapitre pour comprendre de quoi il s’agit…)
  • Tu es trop drôle mon chéri, je t’aime
  • Moi aussi je t’aime Irène, mon petit atome d’uranium radioactif préféré.

Pendant ce temps-là, Joseph ne comprenait rien. Il était un peu crevé (pensez, ça faisait au moins douze heures qu’il balayait alors qu’il n’aurait dû balayer que huit heures). Il s’était assis contre cet espèce de mur rond qu’il y avait au fond du hangar et se roulait une clope. Il écoutait distraitement ce couple se faire la sérénade au-dessus du mur. Ils ne parlaient que de bite ces gens-là vas-y que je te chauffe… Ils attendaient même une autre femme, une certaine Zoé qui ne parlait elle aussi que de verges et qui chauffait également.

Quelle époque, les jeunes ne respectaient plus rien, même pas de faire ça dans un lit, dans le noir, habillés avec une chemise…. Vivement qu’il retrouve sa Paulette ce soir tiens, ça lui avait donné des idées, ces jeunes. Il allait lui dire bite, lui aussi... On verrait si ça ne la chaufferait pas, la Paulette...

N’empêche qu’il était vachement bien, le dos qui commençait doucement à chauffer avec toutes ces verges dans la cuve…. Il ne pensait pas que des bites pouvaient chauffer autant que ça, surtout dans une cuve métallique.

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