Véronique avec un petit h : filoguidage en Algérie

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Le projet Véronique n’était resté que quelques mois au Cardonnet, plaintes des voisins, incendie déclenché dans la garrigue lors d’un lancement raté, on ne savait pas.

Mais du coup, ils avaient été tous envoyés en Algérie, à Hammaguir, en plein milieu du Sahara. Au moins, pas de risque d’incendie, le sable ne brûle pas) et très peu de voisins, à part quelques nomades qui avaient été priés d’aller « nomadiser » ailleurs.

Echanges lors du montage de Véronique P6 (P6, c’était son « prénom » …. En fait c’est P pour « poudre », carburant solide, et 6 pour 6 mètres, elle mesurait 6 mètres de long et non pas l’altitude espérée... ça, c’était à Suippes et c’était 3 mètres, voir les chapitres précédents). Le modèle P6 était en plus filoguidé, une première pour Véronique :

  • Bon, alors c’est quoi le principe de ce filoguidage ?
  • Ben voilà : la fusée est reliée à son pas de tir par ces fils et nous on est en lien avec le pas de tir via cette boite et on guide la fusée avec ces manettes
  • Et tous les ordres passent par ces fils ?
  • Voilà…
  • Et on la guide avec ces manettes
  • Oui, c’est ça…
  • C’est pour ça qu’on appelle ça filoguidage
  • Voilàààà… (Eh ben, il n’a pas la lumière à tous les étages celui-là)

Véronique, plus belle que jamais, d’une hauteur de six mètres et pesant une tonne. Elle attendait sagement sur son pas de tir que Paulo veuille bien appuyer sur le bouton « déclenchement ». Oui, c’est le même Paulo qu’à Suippes, celui qui a un sale caractère. Mais c’est celui qui appuie le mieux sur le bouton « déclenchement », donc ils l’ont gardé et il est arrivé au Cardonnet dans les bagages de Véronique.

  • Attends Paulo, on va attendre !
  • Attendre quoi, on est prêts, là, non ?
  • Oui, oui, je sais mais on va avoir un invité supplémentaire pour le lancement.
  • Un invité ?
  • Oui, le ministre va venir, il veut voir ça !
  • Il nous fait chier ce ministre, on n’a pas que ça à foutre, de l’attendre…
  • Je sais Paulo, mais c’est une question de minutes.
  • Bon, je vous préviens, si c’est plus de temps que ma clope pour se consummer, j’appuie quand même sur le bouton.
  • Oui, Paulo, ça va être court, c’est promis.

Et Paulo alla se rouler une clope en grommelant (enculés de ministres, etc… vous ne voulez pas savoir…). Il l’alluma et la fuma tranquillement. Au bout de 7 minutes 30 (faut être précis, on est dans l’aérospatiale quand même), il revint avec un sourire goguenard :

  • Alors, il est où ce ministre de mes couilles ?
  • Il arrive Paulo, encore deux petites minutes.
  • Nan !
  • Comment nan ?
  • J’ai dit Nan ! Quand j’avais fini ma clope on déclencherait.
  • Oui, je sais Paulo, mais attendez encore quelques minutes, il ne va plus tarder…
  • J’en ai rien à péter de ce ministre de mes deux, c’est l’heure. Avant l’heure, c’est pas l’heure, après l’heure, c’est plus l’heure. Et là, eh ben, c’est pile l’heure. Et donc, on y va, mes cocos…

Et d’un pas décidé, il se dirigea vers le pas de tir et le fameux bouton « déclenchement ». Robert essaya de le rattraper mais peine perdue, il était grand Paulo et avec ses longues jambes, ses enjambées en valaient deux de Robert. Il arriva sur place et sans sourciller appuya (bien, il faisait ça très bien quand même, il faut lui reconnaitre cette qualité, à Paulo) sur le déclenchement.

La fusée s’éleva rapidement dans les airs avec le bruit sourd des propulseurs à poudre. Le fil du filoguidage se déroula…. Se déroula… et puis ne se déroula plus, on était au bout. À environ 180 m, la fusée arrêta brusquement sa course. Dans un dernier sursaut d’énergie, elle arracha le filoguidage et commença sa chute. De plus en plus vite (la loi de la gravité… gagnant dix mètres de seconde de vitesse à chaque seconde… oui, 10 mètres par seconde à chaque seconde, j’ai arrondi. Ok, 9,81 m.s-2 pour être tout à fait exact, mais c’est vraiment pas important…).

Elle finit sa course sur la voiture du ministre qui venait (enfin, c’est pas trop tôt) d’arriver. Il avait assisté à l’atterrissage (de très près, de très très près même) et pas au décollage de Véronique. La voiture, une belle traction Citroën 15-6 toute neuve avait un grand trou dans la cabine, juste à la place du chauffeur. Quelques secondes après, le reste de la poudre de propulsion avait explosé… Il ne restait plus rien du ministre, de son chauffeur et de sa voiture.

Pour le plus grand soulagement de Robert, le ministre n’avait pas pu venir et avait envoyé un de ses conseilleurs, ouf… le ministre était sain et sauf à Paris avec une grippe.

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