Chapitre XX - La Salle du Trésor

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Le lieutenant envoyé par Shaïtana toqua trois fois à la porte des quartiers de Ludwig.

Ludwig se leva paisiblement, s'attendant à recevoir à tout instant la collation qu'il avait demandée à une de ses domestiques. Telle fut sa surprise quand il vit sur le pas de son bureau le soldat en uniforme rouge.

- Votre Majesté, vous êtes émminemment demandé par le colonnel Meisterhart.

Il n'en demanda pas plus. Si Shaïtana demande ses services à une heure si avancée de la nuit, cela doit être de la plus haute importace. Sans demander plus de détails, le dauphin impérial se saisit de son sabre et de sa sacoche de cuir.

Il passa devant le lieutenant qui referma la porte derrière lui. D'un pas pressé, le soldat passa près de lui, profitant du trajet pour lui exposer la situation. Ludwig se rassura d'avoir prit sa sacoche d'alchimie, et préparait déjà dans son esprit les formules quantiques et les structures des pentagrammes atomiques nécesaires à l'immobilisation de la créature en cavale.

Il resserra son jabot de dentelle immaculé, parfaitement repassé et amidonné autour de sa longue gorge, quelques peu surpris de la tournure des évènements de cette nuit. Ses yeux gris acier fixent le couloir interminable devant lui, et ses bottes de cuir bien cirées résonnent clairement dans le couloir aux grandes fenètres du palais.

Il était bien loin de se douter de la tournure des évènements ...

***

Les trois mercenaires se tendirent d'un seul coup.

Le frottement des bottes de cuir sur le sol de pierre se rapprochait de plus en plus. Shirô risqua un oeil en dehors de sa cachette. Effectivement, un garde impérial marchait tranquillement dans le couloir, la main posée sur son sabre. Un ravissant trousseau de clés se balançait à sa ceinture dans un tintement bien audible.

Le démon n´eut pas besoin de réfléchir plus de quelques secondes. Apres avoir échangé un bref regard complice avec ses coéquipiers, il se volatilisa sans un bruit. On n'entendit aucun bruit, aucune plainte. Le jeune homme revint quelques instants plus tard auprès de ses compagnons, trainant le garde assommé derriere lui. On fouilla discrètement ses poches, et on en extirpa ses clés, son sabre ainsi que sa bourse.

Hotsuki le cala bien contre les alcôves de pierre du couloir, de façon à ce que personne ne puisse remarquer sa présence sans plisser les yeux ni baisser la tête.

Ils avancèrent ainsi vers la porte.

L'imposant panneau de bois mesurait bien trois lètres de haut pour deux de large. Deux gros anneaux de fonte en formaient les poignées, et un peu en dessous, un barillet rouillé en veroullait l'entrée. A chaque côtés du linteau de celle ci, deux gros pilliers portent une énorme gargouille de granit, leurs têtes baissées fusillent les trois visiteurs de leurs yeux vides et froids. Yuki baissa les yeux, ressentant comme un frisson sur l'échine.

Prince d'Opale fouille parmis les clés du trousseau, y cherchant la clé qu'il avait vue dessinnée sur le vélin il y a quelques temps. Quelques instants plus tard, il en dénicha une très ressemblante. Le son se perdit dans un tintement résonnant dans tout le couloir, immense et sombre. Le démon introduisit la clé dans le barillet, un pincement dans les tripes.

Tous trois se regardèrent un instant, échangeant un regard et un sourire complice. La clé rentrait parfaitement dans la serrure. Hotsuki n'attendit pas plus longtemps et la tourna dans l'ouverture. Un cliquetis résonna dans le long couloir derrière eux.

Lentement, Hotsuki poussa le lourd panneau de bois poussiéreux. Un grincement morbide hurlé par les gonds de celui ci accompagna l'ouverture de la porte.

Un courant d'air frais alla carresser le visage de Yuki. Elle ne vit d'abord rien dans l'obscurité palpable de la pièce devant elle. Ses yeux ne s‘ habituant pas totalement a l'obscurité, elle dû attendre quelques minutes avant de pouvoir distinguer l'intérieur de l´immense salle.

Shirô referma derrière eux la porte de la salle, veillant à ce que personne ne les ai vus dans le couloir. Il se dirigea ensuite vers Yuki, à quelques mètres de lui. Elle lui tournai le dos, et plissait les yeux, cherchant à distinguer dans la pénombre les trésors qui s'étalaient dans la pièce. Il lui glissa discrètement quelques mots à l’oreille, ce qui la fit sursauter.

- Tu peux allumer une flamme à présent.

Elle ne se fit pas prier, et claqua des doigts. Une petite flamme se mit à danser au sommet de son index, éclairant faiblement la pièce. La jeune femme eut du mal à retenir un cri d’exitation. À la lueur de la flamme, des centaines de milliers d’atalles luisent à ses pieds. Des tas et des tas de pièces d’or luisent d’un reflet cuivré en tous coins de la salle. Des coffres poussiéreux sont empilés dans les alcôves de granit entre les colonnes, des objets tous aussi précieux les uns que les autres sont laissés à l'abandon.

À sa droite, d´imposantes statues de marbre rose aux dorures délicates exposent leurs courbes graciles à ces visiteurs inattendus. Puis sur la gauche, des kilos et des kilos d'ivoire de rhinocéros et d'élephants, venant du pays d'Ys s'entassent les unes sur les autres. Plus loin, Yuki distingue les reflets d'un rossaire colossal en argent. Des coffrets d´ébène à l'orfèvrerie des plus fines débordent des plus belles pierres, des plus sombtueux bijoux et des plus imposantes parures.

La pyromancienne s'agenouille devant ces monceaux de richesses, hors d'haleine. Elle pourrait vivre toute sa vie sous le soleil de Telmar rien qu’avec un seul de ces splendides tabeaux ! Elle plonge ses mains tremblantes dans les pièces, les laisse couler entre ses doigts fébriles. L’odeur de l’or ...

Elle se perdit bien vite dans les méandres de la salle circulaire, slalomant entre les richesses, les bijoux et les livres aux estampes peintes à la main et à la reliure de cuir. Trouver la sphère de Fàfnir était devenu le cadet de ses soucis. La jeune femme se promenait sans réel but, émerveillée.

Hotsuki et Shirô avaient vu leur amie se volatiliser entre les tas de pièces, suivant la lueur de la flamme du regard, la mine amusée.

- Bien ... Commence Hotsuki. Je te propose de chercher la prophétie et qu'on s’arrache au plus vite de ce coupe gorge.

La furie noire opina du chef.

Ils se séparèrent donc ici, Hotsuki allant vers les étagères et les alcôves sur les murs de la salle, Shirô se chargeant de fouiller chaque coffre, chaque sac, et chaque recoin des tas d’objets qui repose sur le sol de pierres.

Dans un silence des plus pesants, ils commencèrent leurs recherches. Il est bien sûr difficile de trouver du premier coup un parreil objet. Et au bout de plusieurs heures de recherches, personne n'avait réussi à mettre la main sur la fameuse sphère de cristal.

Shirô se sentait observé. Son sixième sens lui criait de fuir d'ici au plus vite. Partagé entre ce sentiment précaire et la fébrilité de trouver enfin la prophétie, il pressa ses gestes et cherchait avec une grande efficacité chaque centimètre carré de la salle.

Hotsuki fouillait les étagères poussiéreuses avec des yeux émerveillés. Il y avait pourtant au fond de son esprit une pointe de haine. Elle resurgissait tout particulièrement lors de découvertes telles que le crâne humain cornu " Un démon bouc " où encore de paires de boucles d'oreilles gravées de runes de transfert, semblables à celles qui pendent à ses oreilles.

Ces bijoux sont fort utiles pour des surnaturels possédant des pouvoirs de transmutation comme les siens. Leurs effets personnels tels que les vêtements et besaces se retrouvaient comme transmutées dans ces bijoux magiques lors de leurs transformations si particulières. Les quatre anneaux et clous qu'il porte à ses oreilles et le piercing qui traverse son arcade gauche lui ont été d'une aide des plus précieuses, et sont des effets d'une utilité indéniable dans son quotidien.

Il se saisit des anneaux d'or gravés devant lui et les fourre dans ses poches rageusement. Il tourne son regard perçant dans la pénombre, à la recherche de la lueur dorée dégagée par la flamme de Yuki. Il la vit vasciller à une cinquantaine de mètres, dissimulée entre les tas de pièces.

La jeune femme était occupée à se choisir de nouvelles boucles d'oreille. Elle hésitait entre de splendides pendentifs d'or sertis de jade et d'imposantes croix d'argent où luisaient deux émeraudes taillées en asscher.

Malheureusement, sa bourse était déjà pleine à craquer de pièces et de bijoux. Elle devait se décider et laisser l'une des deux paires sur place. Elle opta finalement pour les pendentifs de jade et les accrocha à ses oreilles pointues, laissant là les babioles d'acier qui pendouillaient mollement à ses lobes.

Il régnait dans la pièce cette ambiance tendue palpable, mêlée à la sensation bizarre de vivre alors que le temps a l'air figé.

" Shirô ... Presse toi de dénicher ton destin ... Je la sens .... "

Le jeune homme sentit un pic lui traveser l’oeil gauche. Il se tendit sans pour autant arrêter de fouiller. Le poids de l'aura de Himinnin lui écrase de plus en plus les épaules. Il est inquiet.

" L´aspic qui as tranché ton destin rampe vers toi ... Vite ! "

- Que me chantes- tu ... ? De quel serpent me parles-tu donc .... Murmure t-il aux coffres précieux.

Ses mains plongent dans les pièces qui dégringollent des piles, en ressortent de vieux artéfacts, des livres, des étoffes précieuses.

" Concentre toi, déchu à ton nom .... Ressens la dans tes veines... Laisse toi guider par le Galdr. "

Sur le poids de ses épaules s’ajoute le marteau Wag dans sa tête. Le sang tambourine ses tempes, le rend ivre. La douleur que provoque la furie noire le rend comme un pantin. Il vibre, laisse place aux pouvoirs de Himinnin. Il tient sa tête dans ses mains, s’adosse contre une imposante statue de marbre immaculée, attendant que le sol arrête de tanguer.

" Ferme les yeux ..."

Il s’exécute, guidé par les paroles de l'esprit du monstre.

" Ouvre ton esprit ."

Les pulsations du Galdr font vibrer sa tête. L'énergie magique qui se dégage de l'esprit de Shirô s'étend dans toute la pièce, imperceptible. Les ondes violacées dans son esprit vont et viennent, pareilles à un sonar, dans toute la salle, à la recherche de la résonnance de celles de la Sphère de Fàfnir.

Soudain, elles s'arrêtent. Bloquées par un sceau.

- Elle est .

À l'autre bout de la pièce, non loin de la zone de fouille dédiée à Yuki. Dans un coffre d’orichalc.

Shirô avance sans aucune hésitation vers Yuki, le regard interdit. Enfin, il allait pouvoir récupérer ce foutu objet et partir d'ici ...

***

Dans la nuit non loin de là, se tapissent encore les trois dragonniers.

" Elle s'est libérée de ses chaînes .... "

Kurô se redresse d'un seul coup, jurant. Ses gestes précipités font sursauter Yann et Samuel. Tendu comme une corde de citharre, il observe au loin la sihouette inquiétante du palais impérial. Rien, pas une lumière ... Pourtant, il suffirait d'un seul signe pour lui donner le départ...

" Patience mon jeune réceptacle ... Patience ... Souviens toi des mots de ton maître ... "

- "Patience est mère de sûreté ..." Murmure Kurô à l'esprit dans sa tête.

" Ce sont bien là les mots de Styx ... " Ricane Landið.

Les lumières de l'aile est du palais s'allumères. Celles du couloir du rez de chassée. Le dauphin avait été prévenu des incidents de la nuit. Kurô se leva calmement, bien que très tendu.

- Mes chers compagnons ... L'heure est venu d'écrire l'histoire ... Murmure t-il à Samuel et Yann.

Les deux intéressés se relevèrent à leur tour. Samuel fit craquer ses os dans un grognement satisfait. Il termina tranquilement le mégot de sa cigarette, qu'il jeta au sol et écrasa nonchallemment au sol à l'aide de ses rangers. Il se baissa une dernière fois, saisissant la sangle de son sabre. Le fourreau laqué, peint de fleurs de cerisier, de l'imposante arme luisait dans les faibles lumières du palais au loin. Il passa la sangle autour de ses épalues, puis se mit en marche, ouvrant le cortège.

Yann le suivit de près, aux côtés de Kurô. Le jeune homme aux yeux de sang cracha par terre, écoeuré par les résidus de tabac dans sa bouche. Le vent s'était calmé, et la tempène était maintenant bien loin au nord du territoire.

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