Chapitre II -Les pierres de Tibradden

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Le soleil déclinait à vue d'œil dans le ciel, enflammant l'horizon de teintes rosées et orangées, parant d'or et de cuivre le feuillage qui subsistait encore sur les doigts crochus des branches. Les derniers oiseaux migrateurs piaillaient dans les cimes des arbres, faisant ployer leurs branches sous leurs poids.

Le bruit lourd et régulier des sabots des chevaux tambourina soudain dans une vaste clairière tapie de mousses, de bruyères et d'aubépines. Les oiseaux s'envolèrent, affolés, dans une cacophonie de cris et de bruissement d'ailes. Au centre d'un puits de lumière, dorées par les rayons du soleil couchant, se dressaient fièrement les pierres de Tirbradden, un ancien lieu de cérémonie et de prière de l'Ancien Culte.

Les surnaturels aiment à y se reposer. Les mégalithes leur offrent le calme, la protection et la source d'énergie nécesaire à leur repos. Les pierres comme celles ci dégagent une certaine aura magique, permet un peu aux Surnaturels de refaire leur réserve d'énergie, et sont peu visitées par les hommes. Ce sont des lieux tabous et païens pour eux, ils ont peur de ces roches gravées géantes millénaires, craignant que quelques fantômes ou entités malveillantes viennent tourmenter leurs vies.

Yuki posa enfin le pied à terre. Plus de six heures qu'ils voyageaient à cheval, et la jeune femme n'avait pas eu le confort qu'une selle pouvait apporter à la chevauchée. Son postérieur avait été malmené et lui lançait terriblepment. Des fourmillements parcouraient ses cuisses depuis un bon bout de temps déjà, et une halte allait être salutaire.

Les quelques secondes de calme qui avaient soualgé les oreilles de la pyromancienne furent de courte durée. Les deux mercenaires mirent eux aussi pied à terre, non sans qu'une tempête d'injures ne vole jusqu'à la jeune femme. Heureusement, tous ces mots doux ne lui étaient totalment destinés.

- Putain ! Grommela le démon. On était censés faire profil bas, et j'ai tout fait foirer !

Dans sa colère, le dragon bleu balança sa besace au sol en vociférant. Celle ci alla s'écraser dans la mousse, près d'un dolmen, dans un fracas métallique de tasses et casseroles cabossées. Elle s'ouvrit en laissant s'échapper quelques babioles.

Pendant ce temps, le colosse à la carrure de taurreau était aussi descendu de cheval, et était occupé à délester sa monture, dont on devinait aisément qu'il y tenait comme la prunelle de ses yeux. Le cheval de guerre posa son nez contre la tête de son cavalier en soufflant, avant de s'éloigner tranquillement pour brouter l'herbe, à quelques pas de là. L'homme, quand à lui, ne trouva rien à dire, et se contentai de monter le campement pour la nuit. Le soleil déclinait nettement dans le ciel.

- En fait tout ça, c'est de ta faute ! Hurla l'autre en pointant la jeune femme d'un doigt accusateur.

Yuki sursauta. elle, s'était désintéressée des deux inconnus, et était très occupée à recompter ses saucissons, au cas où elle en aurait perdu pendant la cavalcade. La jeune femme ne comptai pas s'éterniser ici. Elle comptait remercier les deux mercenaires pour l'avoir aidée à fuir Colchic, puis repartir au plus vite sur les sentiers menant à la capitale. Elle entendit enfin le garçon brailler, et lui répondit d'un ton las et désintéressé.

- Pardon ?

- Si cette connasse avait été plus discrète, on serait loin à l'heure qu'il est ! Hurlait-il à son compagnon, occupé à rassembler des rochers pour en faire un foyer. Celui ci ne daigna même pas lever les yeux vers son compagon. Il se contenta de grogner, tout en sortant de la besace près de lui une pierre à feu. Il ne prêta pas non plus attention à Yuki, qui avait très mal pris qu'on la laisse en plan, et qu'on l'accuse de faits qu'elle n'avait pas commit.

- Sérieusement Shirô ! Elle a la grâce d'une brique et la délicatesse d'un éléphant !

Il n'obtint cette fois ci qu'un regard noir méprisant de la part du prénommé Shirô. Il fallait bien s'en douter. Le jeune homme n'était pas bavard, et c'était encore plus rare qu'il gaspille sa salive pour rien.

- Raaaaah ... Merde ! Jura le premier en shootant dans une motte de terre.

Le silence revint quelques instants dans l'atmosphère rougissante. Yuki le brisa, les mains sur les hanches, les sourcils froncés. Des gosses. Elle était tombée sur des enfants !

- C'est bon ? T'as fini de te plaindre ? Je te signale que je vous ai sauvé la vie. Sans moi, tu ne serais même pas là à m'insulter de connasse, marchand de tapis ! Il faut que je te crame les noix à toi aussi pour qu'on me foute la paix ?!

Hors d'elle, épuisée par tant d'émotions, la jeune femme s'était redressée, et avait balancé sa besace sur son épaule. Elle amorça une marche décidée vers l'extérieur de la clairière. Elle ne resterai pas une minute de plus avec ces personnages. Une main lui saisit l'épaule, c'était le démon.

- Hep là ! Tu ne penses pas pouvoir t'en tirer si facilement ?

- Qu'est ce qui me retient de me barrer ?

Elle se dégagea rageusement l'épaule, bouillonnante. Prenant bien soin de camoufler son bras gauche, elle se retourna et commença à marcher d'un pas plus déterminé que jamais. Pas de temps à perdre. L'hiver arrivait à grands pas, et Saryn était encore loin. Elle aurait aimé atterrir à la capitale avant la chute des premières neiges.

Le démon dragon n'insista pas. Il baissa son bras, soudainement déçu. Elle allait réellement partir, après tout ça ? Il resta planté là, les sourcils froncés et ses yeux en amande jetant des éclairs.

Derrière lui, une voix inconnue aux oreilles de Yuki s'éleva dans la clairière.

- Ton bras ...

C'était la voix du mystérieux Shirô. La jeune femme poussa un soupir d'exaspération et se tourna, faisant face au collosse brun, maintenant perché sur un menhir, à une dizaine de mètres d'elle. Il surveillait vraisemblablement les environs, maintenant affairé à tendre la corde d'un petit arc.

- Comment as-tu fait pour tous les brûler avec aussi peu de carburant ?

Il était étonnemment perspicace. Effectivement, en temps normal, une déflagration de l'ampleur de tout à l'heure nécessitait une grande quantité de pétrole. Hors, le pétrole, c'est cher, mais genre ... TRES cher.

- J'ai pas besoin de carburant.

Il tiqua. Plantant son regard dans celui de la jeune femme, Shirô se laissa tomber au sol avec une rare souplesse pour son corps imposant. Il avança vers elle. Un oeil aussi noir que tous les maux du Hellheim la pénétra alors violemment. Un frisson parcourru irrésistiblement l'échine de Yuki, aussi inexpliquable que désagréable. Elle baissa les yeux. En quelques secondes qui lui parurent un instant, le colosse était devant elle, la dépassant de deux bonnes têtes.

Il tendit une large main vers son visage, et entremêla ses longs doigts dans les mêches folles de la jeune femme, comme pétrifiée devant lui. Tout son esprit lui hurlait de se dégager des mains de Shirô, mais son corps tétanisé refusait de bouger. Deux petites oreilles en pointe apparurent entre les cheveux de feu. Elle se reprit finalement, et fit un pas en arrière.

Un peu plus loin, l'autre garçon ouvrit des yeux ronds aux pupilles fendues. Il se rapprocha un peu, sa colère redescendant sous un palier raisonnable.

- Oh ... Constata-t-il. Tu serais ...

- Une pyrokinésiste. Termina Shirô, la main toujours enroulée dans ses cheveux.

Il continuait de laisser errer son regard sans fond dans celui de Yuki. Un éclair de lucidité perça sa sontemplation, elle s'arracha à l'emprise du colosse. Finalement, Yuki fit demi tour sans mot dire, plantant là les deux hommes, ce même frisson descendant dans son dos. Elle sentait toujours ce regard froid, étrangement familier... peser sur elle.

- A ... Attends !

- Je n'ai pas envie de m'étaller. Je ... j'ai d'autres choses à faire. Baffouilla la pyrokinésiste, fixant obstinément le sol recouvert de mousses à ses pieds.

Elle s'éloigna sans se retourner vers le petit chemin de terre, rabattant sa capuche en peau de lapin sur sa tête. La nuit tombait, et il lui fallait trouver un endroit tranquille et sûr où passer la nuit. Ils ne voulaient pas d'elle parce qu'elle n'était qu'un éléphant avec la grâce d'une brique ? Très bien. Elle était partie seule, et elle terminerai son périple seule. Ces deux merlus ne lui seraient de toute façon pas d'une grande aide. Elle ne savait réellement même pas comment atteindre l'Organisation, alors comment ces deux là, aussi recherchés, mis à prix et surnaturels qu'elles soient ils, pourraient lui indiquer l'emplacement d'une guilde qu'elle ne connaissait même pas ? Derrière elle, on entendait la voix de l'homme au dragon. Il réfléchissait de vive voix et à toute allure, mais Yuki ne prêtait pas attention à ces mots. Elle aurait dû.

Pour Yuki, l'incident était déjà clos. Le temps lui manquait terriblement pour rejoindre Ambre avant les premières neiges, et Saryn. " En priant bien évidemment pour qu'elle soit sur place le moment venu .... "

- HEY ! Hurla une voix derrière elle.

Une fois de plus, la pyrokinésiste souffla fortement pour évacuer ses envies de meutre, se retourna, et vit le démon lui courir après, Shirô lui emboîtant le pas tranquillement, un peu plus loin derrière lui. " Calme Yuki ... Calme ..."

- Où comptes-tu aller comme ça ? Les routes ne sont pas sûres et ...

Hotsuki se tût quand il se rappela de quoi cette femme était capable. Elle avait calciné en une fraction de secondes et sans aucun effort dix soldats de l'armée impériale. Ce n'était pas anodin. Il tressaillit en se rappelant de la chaleur ardente des flammes qu'elle avait lancé. Elles lui avaient léché le dos et fait dresser ses poils sur la nuque. Il est vrai qu'elle pouvait très bien se débrouiller toute seule, personne de sensé n'aurait essayé de tenir tête à une pareille furie. Il la détailla de pied en cap.

Son visage rond était couturé de cicatrices pâles et minces, une sur le front, l'autre sur le nez, encore une autre balafrant sa joue .... Un oeil borgne, son gris terne contrastant avec l'acide vif de son regard, perçait sa face. Un rictus d'agacement restait obstinément scotché à son visage, qui, sans de telles séquelles ni une humeur aussi massacrante, aurait été plaisant à contempler. Mais rien qu'à sa dégaine, éborgnée, couturée de cicatrices, à son expression dûre, aux mucles noueux de son bras et de son corps, que l'on devinait sous ses vêtements, on savait que la vie n'avait pas été tendre avec elle. Et qu'elle non plus n'avait pas laissé la vie décider de son sort. Et ce bras ... Le démon frissonna.

- Je pars retrouver une connaissance.

Le démon dragon retrouva ses esprits. L'expression d'Hotsuki s'adoucit, prit de compassion pour celle qui l'expaspérait quelques minutes plus tôt.

" Ton ambivalence me surprendra toujours .... "

- Yuki ... Le compté tout entier est à ta recherche, et tu veux voyager seule ? Tu viens de brûler vifs des soldats impériaux ! Toutes les forces disponibles du compté veulent te tomber dessus, c'est du suicide. On finira par te voir brûlée sur la place publique.

- Et bien justement. Si ces charmants messieurs de la garde impériale de mon cul pouvaient m'amener sur la place publique de Saryn dans les plus brefs délais, ça ne ferait que m'arranger ...

" Je trouverais bien un moyen de m'arranger et de m'échapper le moment venu ... "

- Tu vas à Saryn ?

- Mais qu'est ce que ça peut bien vous foutre ? Vous commencez à sérieusement me courrir sur le jambonneau.

Elle tourna une énième fois les talons et s'en alla d'un pas décidé, mais Shirô lui saisit ferment le bras. Frissonnant de plus belle à ce contact, elle soupira, essayant de ne pas céder à l'envie de fuir ou de cramer un truc. Exaspérée, elle décida de leur donner une dernière chance.

- Bon ... soupire t-elle, contenant difficilement une colère sourde. Je vous écoute trente secondes et pas une de plus ! Si il y a un mot de travers, je vous carbonise la cervelle et je me casse. J'ai pas que ça à faire.

Elle serra le poing. Pour la première fois depuis longtemps, Shirô esquissa un sourire. Il avait senti quelque chose.

- Nous allons à Saryn.

Il la lâcha doucement. Au plus profond d'elle, elle trouva la force d'affonter cet oeil noir. Relevant la tête, elle s'apperçut que la sensation désagréable avait disparu. Au contraire, il avait l'air chaleureux, bienveillant.

Yuki ne partit pas au bout des trentes secondes. Elle lâcha encore un soupir.

Finalement, les Dieux lui avaient octroyé leur protection. Elle ne l'admettrai évidemment jamais, mais elle était soulagée de ne plus devoir voyager seule. Entre l'angoisse de perpétuellement se sentir en danger, la solitude, sans personne à qui parler, écouter, ect ... ou encore les nuits entières à devoir marcher pour ne pas geler sur place à cause du froid ... Partager ce périple avec des compagnons, certes, apparemment peu amicaux ni très agréables, la comblait.

Le grand brun lui bloqua la route en passant devant elle, montrant manifestement un enthousiasme que même Hotsuki ne lui connaissait pas. Soufflé par le comportement de son compagnon, celui ci restait les bras ballants, ne sachant trop quoi dire ou comment réagir, à la manière d'une carpe dans un sceau à poissons.

- Si tu veux trouver l'Organisation, tu ferais mieux de venir avec nous.

Sa voix, grave, chaude, fit de nouveau frissonner Yuki. Cependant, ce frisson n'était le résultat d'un mal aise ressenti ou d'un courant d'air. Ne sachant trop comment réagir, elle tenta de baffouiller un phrase sans succès, avant de les remercier sommairement, ses paroles étant à peine audibles. Cela lui arrachait la gorge de devoir remercier deux inconnus, et deux hommes, qui plus est.

- Allez, la soupe ne vas pas se faire toute seule....

Le colosse joignit le geste à la parole, et s'en alla vers les taillis, en quête d'une belle perdrix pour en faire leur repas. L'arc dans la main gauche, il scrutait les branches dénudées des arbres plus haut dans le ciel.

***

Le feu ronronnait langoureusement dans le foyer creusé dans la terre gelée. Les lueurs dorées des flammes léchaient les parrois des pierres taillées de Tirbradden. On distinguait dans le granit les rainures gravées au burin, représentant des animaux, divinités et des symboles de l'Ancien Culte, le tout accompagné d'une légende en runique.

Yuki les contemplait avec une certain intérêt. Elle connaissait la langue, mais n'arrivait pas à la lire. Alors, pour essayer de comprendre les légendes gravées sur la roche, elle se référait aux gravures des bas reliefs, sans grand succès.

L'activité la gonffla au bout de quelques minutes. elle soupira, et se tassa un peu plus dans ses couvertures, la mine déconfite.

- Quelque chose ne vas pas ?

Hotsuki était très occupé à sculpter un petit morceau de bois. Il n'avait pas levé les yeux, mais très bien entendu les soupirs d'exaspération de la jeune femme. Pas besoin de chercher très loin pour savoir que quelque chose l'avait contrarié.

Il la laissa se servir du café dans une de leurs vieilles tasses de feraille cabossée. Après tout, elle leur avait partagé des céréales et du lard pour en faire la pitance qu'ils avaient mangé. Elle prit bien le temps de se réchauffer les mains avant de lui répondre, encore méfiante.

- Je n'arrive pas à lire les runes ... Répondit elle en baissant les yeux vers sa tasse fumante.

- Mais ... Je t'ai entendu parler le runique, non ?

- Oui mais ... Je n'ai jamais été une flèche en langues mortes. Je n'ai jamais compris grand chose aux runes en fait ... Pas mon truc.

Hotsuki ricana. Un ricanement au goût amer. Un comble de posséder une puissance aussi colossale en ne sachant pas les formules de base. Il frissonna en songeant à la puissance qu'elle pourrait dégager en le sachant.

- T'es pas une flèche ça, ça se voit ! Oh ! Je rigole !!

Yuki avait esquissé un geste pour se lever et essayer de le frapper. Il y échappa de peu.

- Je ... Tu veux que je te les lise ? Il tourna la tête vers les gravures du dolmen. Pour me faire pardonner ...

La jeune femme fronça les sourcils.

- Je parle le runique. Depuis que je suis tout petit.

la pyromancienne lui fit des yeux ronds. Elle se redressa contre la pierre. Jamais elle n'aurait pensé qu'un homme ou tout autre être vivant en cette époque puisse parler cette langue morte couramment.

- C'est ma langue maternelle à vrai dire.

Elle faillit en recracher son café. Pardon ?! Mais qui parle encore cette langue éteinte depuis plus de quatre siècles ?!

"Quoi que ..." Réfléchit-elle. " C'est sans doute de là que vient ce léger accent du nord ..."

En voyant l'expression dubitative de la jeune femme, il décida de ne pas lui bourrer la tête de notions plus pointutes en matière de langue. Il se pencha un peu plus sur le panneau de pierre.

- Ils parlent des Anciens Dieux. " La naissance de Ragnar ...

Hitsugi, Maître du Hellheim, voulait un guerrier fier et courageux comme second fils. Mais le renard ne pouvait rêver d'un tel enfant. Alors celui ci partit à sa recherche sur nos terres, désespérant de trouver ce qui donnerait existence à ce fils qu'il n'aurait certainement jamais.

Sur son chemin de misère, il trouva une chèvre, aveugle, pourrie, agonisante. Elle était rongée par le Mal. Des flammes rongeaient l'intérieur de son corps, qui ne pouvait guérir, dévorée vivante par les vers.

Pris de pitié pour cet être qui lui rappela sa souffrance, Hitsugi lui dit : Donne moi ta carcasse, et je t'offre le repos éternel. L'animal ne refusa point, et s'en alla près de Drann première fille de la Mort et des trois Lunes. Le Dieu souffla alors sur le corps de la pauvre bête, et tous les vers qui brûlaient sa chair disparurent. Ces vers, c'étaient ceux des Maux du monde, de la guerre qui déchirait les peuples de Körangar.

Ainsi, le Renard prit son oeil gauche, et le donna à la carcasse de la chèvre, pour qu'ainsi, même dans le Hellheim, elle puisse voir son monde. Il fit ensuite couler son sang sur le coeur de l'animal, pour apaiser la souleur de son âme maintenant défunte. Il plaça sa carcasse au coeur de la forêt, sous une roche couchée, à l'abris des Maux.

Trois jours plus tard, la carcasse se releva. Le Psychopompe était né. La chèvre avait fait dont de son corps pour donner vie à ce fils dont Hitsugi avait toujours rêvé. Il se rendit aux frontières du Monde, et demanda à Jormündgandr de le laisser descendre saluer son père, dans le Hellheim.

Mais le grand Serpent ne voulut pas. Jamais il ne laissera passer un mortel par delà le monde. Mais le Psychopompe n'en resta pas là. Il usa de ruse pour passer derrière le grand Serpent, et se rendit au Hellheim. Il s'agenouilla devant son père, qui le récompensa d'un arc et d'un carquois de flèches.

Désormais tu seras Ragnar, mon Fils, le dieu de la Guerre, protecteur des guerriers, celui qui veille avec mon regard sur le Monde Mortel."

- Vous vous intéressez aux Psychopompes ?

Yuki et Hotsuki sursautèrent. Shirô était descendu de son perchoir, ayant fini son tour de garde. Personne ne l'avait entendu se faufiler ente les mégalithes. Il avait trouvé surprenant de voir son compagnon conter les histoires du Spelt Blink aux étrangers.

- Hotsuki, c'est ton tour de garde.

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