Où suis-je ? 

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Les secondes, les minutes, les heures s’écoulaient, depuis combien de temps ? Je ne le saurais pas le dire.

Et puis d’abord, où suis-je ? Qu’est-ce que je fais là ? Pourquoi suis-je venue ici finalement ?
Mes paupières se refermèrent un instant, protégeant mes fragiles globes oculaires derrière leur membrane. Réfléchis bon sang ! Cette journée avait pourtant commencé comme les autres. Je m'étais lever, le dos douloureux et la troisième jambe dans la main. J’avais rejoint la cuisine, m'étais préparé un petit-déjeuner des plus simple et des plus sommaire. Il faut dire que depuis un certain temps, l’appétit me manquait, un peu comme la force. Le poste radio crachoté des informations qui m’échapperont sûrement l’instant d’après, mais son bruit me tient souvent compagnie. J’ai fait ma vaisselle, enfin, il me semble, puis j’ai enfilé l’une de ses tenues qui avait été déposé sur le bord de mon lit. Par qui ? Je ne serais pas vous le dire. Puis j’ai rejoint ce fauteuil, devenu mon acolyte depuis bien trop longtemps. La lumière des images défilant sur la télé laissant leur lueur apparaître sur la peau fine de mon visage. Les présentateurs, les vendeurs, les jeux, si j’avais pu, je vous aurais récité le programme télévisé par cœur. Mais à quoi bon. Je ne sais plus exactement à quel moment, j’ai décidé d’enfiler mon manteau et mon chapeau, toujours supporté par ma troisième jambe. Je voulais respirer l’air extérieur. Ai-je fermé la porte en partant ? J’ai un léger doute. La suite des événements est floue, je ne peux continuer mon récit.

Je vois bien le regard des gens sur moi, il faut dire que le soleil commence à prendre congé. Mais cela n’arrange pas ma situation. Je ne sais toujours pas où je suis. Je glissais les mains dans mes poches, à la recherche d’un indice, mais rien. Puis d’ailleurs, ce banc sur lequel je suis assis, me suis-je déjà posé dessus ? Et cette statue en face de moi, d’où sort elle ? Cette place… Rien à faire, je suis perdu.

Dans mon esprit, tout est flou, comme sur une mauvaise photo. Je commence à penser que ce ne sont pas les miennes… Tout est emmêlé, sombre, absent. L’angoisse commença à monter dans ma gorge sous la forme d’une boule, bloquant ma déglutition, résonnant comme les basses d’une mauvaise musique. Comment vais-je pouvoir rentrer ? Ma femme ne s’inquiète-t-elle pas ? Depuis combien de temps je suis parti ?

Soudain, quelqu’un s’assit avec moi. Je m’y un petit moment à me tourner vers lui. Je lu dans ses yeux de la tristesse et de la compassion… Son visage m’était familier, mais pourtant, j’étais incapable de me rappeler de son identité. Après un lourd soupir, les mots sortirent de sa bouche :

« Papa… Que fais-tu ici ? Tu n’es pas censé sortir seul, tu le sais. Tu dois être accompagné par quelqu’un, le médecin te l’a expliqué. »

Ses paroles firent le tour de mon esprit avant que je me rende compte de la portée de ses mots… Certaine chose me revinrent par bride. Le médecin. La feuille. Le ballet des infirmières chez moi. L’absence de ma femme depuis trois ans sans que je puisse me souvenir si elle est partie dans un autre monde. Les souvenirs qui s’effritent. Ma personne bloquée entre le passé et le futur, sans jamais se souvenir du présent. La maladie… Le temps qui est devenu le pire ennemi de mon bonheur.

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