Je me réveille durant la nuit à plusieurs reprises. Pas de mauvais rêves, mais des insomnies. Je me retrouve dans l'incapacité de trouver le sommeil. Je me tourne et me retourne sans cesse dans mon lit. J'ai tantôt trop chaud, tantôt trop froid. Cette nuit non plus je ne dormirai pas beaucoup. Vers six heures je me rends bien compte que je ne parviendrai pas à me rendormir, alors je me lève. J'enfile un sweat et sors de ma chambre. Je marche sur la pointe des pieds, afin de ne pas réveiller mon frère, dont la chambre est à côté de la mienne. Les cloisons ne sont pas très épaisses.

Je descends les escaliers, qui, bien sûr, grincent à chaque marche. Je me faufile dans l'entrée où je récupère les chaussures que j'avais laissées hier sur le radiateur, afin qu'elles puissent sécher ( il avait beaucoup plu). Elles sont encore un peu humides. J'ouvre la porte pour me rendre dehors ; elle aussi fait un bruit d'enfer. C'est un miracle si je n'ai réveillé personne.

Enfin à l'extérieur, je respire l'air frais de la matinée. Ce sont ces instants de la journée que je préfère, où le ciel est encore rose, l'herbe encore mouillée, et tout le monde encore endormi. C'est là que je goûte à la vraie vie. Rien n'est artifice, tout semble d'une pureté naturelle. Je trouve cela rassurant.

Je ne tiendrai pas le même discours dans quelques heures. Cela fait plusieurs nuits que je me lève avant le jour, et je sens fréquemment dans la journée la fatigue s'emparer de moi. J'ai même parfois des vertiges. Et l'arrivée au lycée ne se fera pas sans heurts. Mais je m'en moque, car dans ces rares moments de joie, je me sens pleinement épanouie. Libre. Et cela vaut bien quelques heures de fatigue.