Lorsque j'étais petite, vraiment petite, j'ai été victime d'un enlèvement. Je ne me souviens quasiment de rien, à part que l'endroit ou j'étais enfermée était étroit, sombre et froid. Il n'y avait aucune fenêtre. Maman dit que c'est de là que viennent mes crises. Celles liées à l'angoisse de l'enfermement. Dans ces cas-là, il faut que je respire de l'air frais, ça devient urgent si je ne veux pas devenir folle. L'homme qui m'a enlevée, mon agresseur, s'appelait John Zerman. J'ai été libérée au bout d'un certain temps, puisque mes parents avaient versé une rançon conséquente. Ils n'ont pas eu le choix. Mon père possède une grande entreprise de textiles. Il est relativement riche. J'ai donc été enlevée pour l'argent. Toujours l'argent. C'est l'hypothèse qui paraissait la plus plausible. C'est celle qui a été retenue.

John Zerman n'a jamais été attrapé par la police. Il s'est rendu lui-même, a signé des aveux, a fourni les preuves, et tout. Personne n'a jamais compris pourquoi. Par cette conduite considérée comme exemplaire, la peine était diminuée à 10 ans de prison ferme. Mes parents étaient à son procès. J'y étais aussi, après tout j'étais la victime. Encore une fois je ne me souviens pas de grand chose, cela remonte à 10 ans, sauf de son regard perçant lorsque le verdict a été prononcé et qu'il a été condamné, je me souviens qu'il m'a regardée, il m'a regardée, et il a ri. Son rire a hanté nombre de mes cauchemars. J'essaie maintenant d'oublier tous mes souvenirs liés à lui, mais je n'y parviendrai jamais. J'aurai toujours cette peur de l'enfermement. Cette peur des endroits sombres, étroits et humides. Je me réveillerai toujours en sueur en entendant son rire. Je vais garder les séquelles à vie.