Mockba

2 minutes de lecture

J’étais à Moscou, au Ninety Bar, au quatre-vingt-dixième étage de la tour Federatsi. J’étais au bar avec un certain Ivan – évidemment : tous les Russes s’appellent Ivan –, nous avions une vue imprenable sur l’équivalent de la city moscovite, c’était absolument géant. J’avais été envoyé là par notre nouveau chef de département, pour discuter de différents aspects techniques d’un modeste contrat pour une usine de démantèlement en Fédération de Russie. Très honnêtement je ne savais pas trop ce que je faisais là car je n’étais pas du tout spécialiste du démantèlement, mais il est vrai que j’apportais une touche technique à notre délégation autrement purement managériale et politique. Je m’y connaissais un peu en technique mais j’étais surtout disponible en fait, c’est rare de trouver du monde en plein mois d’août, oui je crois que c’était surtout pour ça que j’étais là. Inutile de dire que j’étais passablement bourré après de nombreuses vodkas dans le nez. Ivan avait sous doute pour mission de me saouler pour me faire parler, mais le pauvre ne savait pas que je ne savais rien et qu’il n’y aurait donc rien à tirer de moi. La vodka était bonne, l’air était frais, la fenêtre était ouverte – chose rare dans un bâtiment de tant d’étages. Enfin je dis la fenêtre, mais c’était plus une baie vitrée. Oui, c’était vraiment super stylé. Je ne sais plus trop pourquoi on parlait de ça – sans doute Ivan espérait-il enfin tirer quelque chose de moi – mais bref, nous parlions du refroidissement au sodium liquide envisagé pour la Génération IV (j’étais contre, il était pour). (Je ne sais pas pourquoi je dis « envisagé » car la technologie avait en réalité depuis longtemps été déployée.) Le fait est que je n’y connaissais pas grand-chose au sodium, enfin pas grand-chose de niveau spécialiste, mais quelque part j’étais tout de même un ingénieur qui côtoyait vaguement ces sujets et je n’étais pas totalement une burne en thermodynamique non plus, j’étais donc capable malgré la vodka de calculer de tête le nombre de Prandtl et de prédire ses effets sur la couche limite thermique et sur le profil de vitesse en proche paroi, bref je n’étais pas non plus si bête que ça.

Annotations

Vous aimez lire Sam Fralk ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0