1. Neige

4 minutes de lecture

Bianca

Bianca est installée dans son canapé, emmitoufflée dans une grosse couette, elle tente de se réchauffer. Sa maison a beau être bien isolée et ses radiateurs en état de marche, elle a toujours aussi froid. En plus de ça, la brune déteste l'hiver, encore plus que les autres saisons. Il gèle, et puis en plus, il y a Noël, le jour de l'An, toutes ces fêtes stupides que Bianca haït. Son téléphone sonne, elle l'ignore, personne ne l'appelle d'habitude. Il continue pourtant de produire cet atroce son qui l'empêche de suivre sa série. Au bout de trois minutes, elle finit par décrocher.

- Allo ? Bia' ?

- Hum, grommela-t-elle en guise de réponse.

- Je suis vraiment désolée, je pourrai pas faire de course, ni aujourd'hui, ni demain. Il va falloir que tu y ailles toi même, déclare sa soeur au bout du fil.

- Qu...qu...quoi ?

- Je suis à l'hosto, Charline va se faire opérer, je peux pas la laisser toute seule, elle a besoin de moi.

- Je... J'att...atten...tendrai...drai...a...a...alo...lors, bégaye Bianca.

- Hors de question, tu n'avais rien dans ton frigo quand je suis passée hier, va faire des courses. Tout va bien se passer. Et puis, au moindre problème, tu sais que tu m'appelles. Bon, je te laisse, bisous, Bia', fait-elle avant de raccrocher.

Dans un élan de colère, Bianca balance son téléphone sur le fauteuil d'à côté. Elle ne veut pas sortir, elle ne veut pas y aller. C'est impossible, elle n'aime pas sortir de chez elle, elle déteste ça même. Il y a tant de choses que Bianca n'aime pas.

Il est dix-sept heures, quatre heures ont passé depuis le coup de fil d'Alix, quand Bianca se décide à affronter l'un de ses pires cauchemars. Elle prend rapidement une douche brûlante pour se détendre, enfile une chemise blanche à manches longues, un gilet gris foncé et son manteau marron à fourrure. Elle enroule une écharpe grise autour de son cou, se coiffe d'un bonnet noir usé par-dessus son casque Bluetooth et enfile sa paire de baskets noires bon marché. Elle rabat la capuche de sa veste sur sa tête et soupire. La porte de l'appartement refermée, Bianca sort de l'immeuble. Le froid mordant la fouette brusquement dès qu'elle met un pied dehors. La neige recouvre les toits, tombant de temps à autre sur un pauvre passant n'ayant rien demandé.

Après une vingtaine de minutes de marche, Bianca arrive enfin au centre-ville. Bien qu'elle aurait pu faire ce trajet en cinq minutes si elle avait pris le bus, chose qu'elle ne fera sûrement jamais. Les gens se bousculent, les hommes pressés qui regardent leur montre toutes les cinq secondes en grommelant des phrases incompréhensibles, les gamins qui se courent après en se lançant des boules de neige, les vieilles qui cherchent des cadeaux à offrir à leurs petits-enfants, histoire de les gâter bien plus qu'ils n'en auraient besoin. La brune se faufile jusqu'au Carrefour, situé au centre de ce brouhaha insupportable, elle entra et put enfin soufflé. La première étape était réussite, elle commença à parcourir les rayons, elle a décidé de prendre le strict nécessaire pour tenir deux semaines. Une fois que tout est dans le caddie, elle se dirige vers les caisses, alors qu'elle s'apprête à payer, un enfant lui rentre dedans, tombe, se relève et repart, une jeune blonde arrive, essouflée.

- Excusez-moi, il ne vous a pas fait mal au moins ? s'inquiète-t-elle.

Bianca se contente d'hocher la tête puis détourne le regard, la femme repart à la poursuite du petit garçon. La brune paye ses courses dans le plus grand des silences, elle ressort et commence à marcher le long du trottoir. Alors qu'elle est dans ses pensées, elle trébuche contre le bord du trottoir et s'affale de tout son long dans la neige. C'est horrible, c'est froid, cette substance glacée lui coule dans le dos, elle tremble et sanglote. Sa cheville la lance, elle veut seulement rentrer chez elle, mais en est incapable. Sa respiration est saccadée, la crise de panique arrive, elle le sait. Chez elle, elle parvient à les gérer, mais ici, où elle n'a aucun repère, elle ne voit pas quoi faire, et ça ne la fait que paniquer encore plus. Elle ferme les yeux, cherchant dans son esprit à se représenter chaque détail de sa chambre. Soudain, elle sent que deux petits bras l'encerclent, la calmant petit à petit. En ouvrant les yeux, elle découvre la petite bouille adorable de l'enfant qui lui est rentré dedans.

- Faut pas pleurer, Madame, tu sais ? C'est chouette la neige, c'est tout froid, murmure le garçon en la serrant toujours contre lui.

- Me...mer...erci..., souffle Bianca.

Il lui sourit de toutes ses dents et enfonce son bonnet rayé, rouge et jaune, sur sa tête, cachant ses oreilles.

- Andréa ! Qu'est-ce que tu as encore fait ?! s'exclame quelqu'un près d'elle.

- Mais Maman, la madame elle était déjà par terre ! se défend le petit garçon.

La blonde s'approche et attrape sa main, le tirant en arrière. Tout d'un coup, Bianca se sent moins bien, ce garçon lui apportait une chaleur dont elle avait vraiment besoin.

- Oh ! Mais c'est vous ! Andy, excuse-toi ! ordonne-t-elle en s'agenouillant devant eux.

- Pourquoi ? demande-t-il, intrigué.

- C'est cette dame que tu as bousculé tout à l'heure, sans t'excuser.

- Mince, pardon, Madame, dit-il en lui souriant.

Bianca se relève mais retombe aussitôt en gémissant de douleur.

- Vous êtes blessée ? Je vais vous reconduire chez vous, ma voiture est juste à côté, assure la blonde.

- N...n...non...non...ce...c'est...est...b...bon...on...

- Inutile de résister, vous n'allez pas rentrer à pied avec votre cheville !

En temps normal, Bianca n'aurait jamais accepté de monter en voiture avec une inconnue, mais cette fois-ci, elle finit par suivre la jeune femme et le petit garçon. La blonde la tient par la taille, Bianca à son bras autour de ses épaules, le petit Andréa se tient à leur côté et trottine en tournant sur lui-même. Bianca ne sait pas du tout pourquoi elle les suit, mais le simple fait que cette femme n'ait fait aucun commentairesur sa façon de parler, la rassure.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire WriterWoman ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0