4/Kévin

6 minutes de lecture

POV Kévin

Cette phrase a toujours raisonné en moi :

"La vie est sage de nous tromper, car si elle nous disait ce qu'elle nous réserve, nous refuserions de naître."

Je pense que mon enfance est la parfaite expression de tout ceci, remettant en cause ma propre existence souhaitant des fois n'être jamais né. Malade, moqué, violenté, humilié, pris en pitié, mal aimé, trahi, déçu, perdu et pourtant foulant le pas de cette terre. Et il ne faut pas remonter bien loin pour voir où mon calvaire a commencé dès mon enfance.

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Kévin 10 ans

Dans un appartement seul avec sa soeur Kévin toussait sans la moindre accalmie. De sa bouche sortait une importante quantité de sang, le sol et la cuvette des toilettes là où il vomissait déjà remplis de sang.

"Ahhh..." Halta-t-il pendant un bref moment de répit.

"Prends ton temps grand frère. Dit Marie en tentant d'aider son frère.

Tandis qu'une vive douleur le parcouru le faisant se tordre par terre dans son propre sang.

"Ah, Ah ahhhhhh." Se mit à crier Kévin se tenant la poitrine, la bouche en sang.

La douleur était insupportable intenable comme si son cœur lui était arraché ses cris s'intensifiant. Sous le regard tétanisé de sa sœur qui ne pouvait que verser des larmes.

POV Marie

"Grand frère ! J'appelle une ambulance tient bon !" (Marie)

Quelques minutes plus tard un bruit de sirène a résonné et mon frère a été emmené. Après une heure entière à vomir du sang et se tordre de douleur. Bien sûr, il était hors de question que je laisse mon frère seul et je suis monté avec les ambulanciers. Après notre arrivée à l'hôpital, j'ai veillé toute la nuit sur lui, les médecins ayant finalement réussi à le stabiliser.

J'étais maintenant là assise le regardant allongé sur son lit d'hôpital encore une fois. Aussi loin que je me souvienne et de ce qu'on m'a dit sa maladie s'est manifestée vers ses 1 an et cela n'a fait qu'empirer avec le temps. Sa santé se dégradant peu à peu de ses 1 an jusqu'à ses 5 ans il a eu des poussées de fièvre violentes accompagnées de vomissements l'ayant presque tué à plusieurs reprises.

Nous avons tenté de le soigner grâce à un éveillé soigneur mais même un éveillé n'était pas en mesure de le soigner.

"Je n'ai jamais vu une telle maladie, les médicaments, les traitements, les soins par le mana rien n'a fonctionné pour votre fils." Annonça alors le médecin à ma mère qui fondit en larmes.

"Que sommes-nous censés faire docteur..." Demanda alors ma mère.

"La seule solution est de vous préparer au pire, je suis désolé." Dit le médecin en quittant la pièce.

Ces souvenirs ont marqué mon enfance mon frère de 5 ans allongé sur un lit d'hôpital les yeux endoloris malgré les anesthésiques pour qu'ils souffre moins. Ma mère prenant la main de mon frère la mettant sur son visage en pleurs, alors que notre père n'était pas présent pour nous épauler.

"Mon petit Kévin." Dit-elle tremblante voyant son enfant gravement malade.

Ma mère très croyante s'est alors mise à prier c'était le seul refuge et lueur d'espoir qui lui restait. Chaque jour, chaque heure elle dédiait son temps à prier en espérant qu'un miracle sauve son fils adoré.

"Mon Dieu, je suis malade, je suis affaibli, ma langueur envahit mon cœur et mon corps… je suis comme tous les malades : je me cache et je pense bien trop à moi; je me tourmente et masque mon inquiétude… je fais semblant de vivre… Notre Dieu, mon Dieu, délivre-moi de ma maladie. Fais que je n’en ai plus honte, ni peur… Guéris-moi de ma détresse par ta tendresse, afin que je puisse vivre avec ta force dans mes faiblesses Amen"

C'était l'une des prière qu'elle récitait près de mon frère et comme si sa foi et ses prières avaient été entendues mon frère a commencé à se rétablir. A ce moment là ceci pouvait être qualifié de miracle.

S'est suivi une année entière où mon frère s'est rétabli, c'était sa sixième année, un véritable miracle tant bien pour les médecins et surtout pour nous. Le calvaire de mon frère semblant prendre fin, il put enfin aller à l'école pour la première fois. J'ai pu rester et passer mes premiers moments avec lui. Bienveillant, aimant, social, les jeux, les dessins, les histoires au lit que ma mère nous racontait avant de nous endormir. La chaleur de son corps lorsque nous dormions ensemble, les réprimandes de ma mère lorsque nous faisions des bêtises. Les joies de jouer avec notre petit frère Yan avec qui Kévin passait beaucoup de temps à jouer et raconter des histoires. Nous pensions que c'était le bout du tunnel mais la réalité a eu vite fait de nous rattraper.

Après que mon frère eût fêté ses 7 ans et moi mes 6 ans tout a de nouveau basculer, je m'en souviens, j'étais là. Un bel après midi dans la cour de l'école à jouer avec nos autres camarades, mon frère et moi jouant tranquillement au foot. Alors qu'il courait droit vers les cages ballon au pied, je l'ai vu s'effondrer brusquement sur le sol. Plusieurs bruits rauques retentissant avant qu'un cri strident de douleur ne me glace le sang. Mon frère ne bougeant plus, mais hurlant de douleur comme si une bête se faisait égorgée, son corps ayant pris une forme déformée.

Alors que les cris de douleur ont alerté les professeurs qui se sont dirigés vers nous.

"Qu'est-ce qui s'est passé." Demanda l'un deux alors que les cris de Kévin devenaient de plus en plus forts.

Mes larmes, commençant à couler sur mon visage j'ai juste dit ce que j'avais vu.

"Il est tombé et s'est mis à crier." (Marie)

Les professeurs ont alors tenté de bouger mon frère, mais le faisant crier encore plus fort. C'est en appelant les pompiers, qu'on s'est rendu compte de la chose horrible qui lui arrivait, si horrible que les professeurs et les pompiers en sont restés pétrifiés

"Mon Dieu ! Tous... Tous ses os sont brisés !" Dit horrifié l'un des pompiers.

Mon frère fut alors transporté d'urgence à l'hôpital, l'entièreté des bras, des jambes, du torse les os quasiment complétement en miette. Les médecins encore perplexes et incapables de le guérir, il est resté 2 ans allongé sur un lit d'hôpital le temps que ses os guérissent d'eux même. La seule chose qu'il pouvait faire étant de regarder la télé dans sa chambre, ou de nous écouter lui parler. Et malgré tout ce qui lui arrivait, il gardait le sourire et restait toujours avec cet air joyeux à essayer de nous faire rire au lieu de pleurer.

Et un jour pendant un instant alors que ma mère lui faisait une leçon, cette joie a disparu un instant pour demander quelque chose à ma mère.

"Maman, je vais vivre comme ça toute ma vie ?" (Kévin)

"Je ne sais pas."

Les yeux de mon frère s'humidifiant et sa voix ce cassant, il a poursuivi.

"Maman est ce que j'ai mérité ça." (Kévin)

"Non certainement pas." Répondit ma mère maintenant incapable de retenir ses larmes et les miennes non plus.

Alors que nous traversions cette épreuve, notre père était encore absent. Et après les os, ce sont les organes de mon frère qui ont commencé à exploser un par un. Les moins vitaux comme la rate, l'estomac, les organes reproducteurs, le colon, la vésicule biliaire, l'appendice, puis les organes vitaux ont commencé eux aussi à exploser. Les poumons, le foie, le pancréas, les reins, la seule chose maintenant en vie mon frère étant les soins en continu d'éveillés spécialisés couplés à des machines.

Vais-je mourir ? C'était la question qu'il nous avait posé, mais nous gardions espoir et lui disions non tu ne vas pas mourir. Car c'est aussi la seule chose qui nous maintenait aussi en vie. Et au fond de son cœur, je suis sûre qu'il savait qu'on lui mentait.

Puis ce fut autour du cœur de lâcher puis du cerveau et c'est l'année de ses 10 ans que mon frère est mort. Alors que son corps sans vie était allongé là ma mère et moi lui tenant chacun une main nos larmes ne pouvons s'empêcher de couler. Alors que son expression autre fois même sous anesthésique était douloureuse, aujourd'hui il semblait paisible.

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La mort nous est tellement familière mais pourtant nous ignorant tout d'elle nous savons simplement que c'est le terme de la vie, aucune peine ni de bien n'y est entrainé. C'est le noir, la fin de nos maux et tourments terrestres. C'est le commencement d'un repos éternel ou d'une éternelle souffrance. Et en réalité nous ne savons rien car la vérité est au fond de l'abîme et nul mortel n'en est jamais revenu.

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