5/La noire nuit

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« La mort c'est le terrible et secret destin de toute vie, tu es piégé dans un cauchemar dans lequel tu ne cesse de te réveiller. »

POV Kévin

Lorsque mes organes ont commencé à s'arrêter et à exploser cela m'a rappelé la douleur de quand mes os ont été réduits en morceaux en un instant. Le son roque, horrible et instantané accompagné d'une douleur vive parcourant mes membres mon corps s'effondrant lourdement sur le sol. Tandis que la douleur m'a fait hurler comme une bête à l'agonie, plaqué sur le sol chaud et brûlant et incapable de bouger. Alors que mon regard croisait ceux autour de moi qui me prenaient en pitié ou saisit par la peur, faisant de moi une bête dans un Zoo. Sauf qu'au lieu d'un spectacle comique, celui-ci était tragique.

Alors que je voulais leur demander de l'aide, seuls mes cris de douleur étaient capable de sortir. Un moment que je n'espérais plus jamais revivre de ma vie, mais après un long moment d'accalmie c'était au tour de mes organes de me tourmenter.

Le premier organe à exploser étant mon organe génital, je me souviens d'un son comme lorsque la glace se brise. Et  après quelques secondes d'incompréhension mon cerveau a compris ce qui venait de se passer, mon pantalon se remplissant de sang. J'ai alors crié encore plus fort que lorsque mes os se sont brisés tenant mon entre-jambe qui brûlait comme si on me brûlait littéralement avec de vraies flammes. J'ai rassemblé toutes mes forces pour pouvoir cette fois appeler quelqu'un.

"Maman !" Criais-je alors.

Elle accourut et voyant le sang elle comprit sans mal que quelque chose m'arrivait de nouveau. Et appela une ambulance sans perdre la moindre seconde, et je fus hospitalisé. Mes organes lâchant alors un par un sur plusieurs mois provoquant des douleurs que je n'avais encore jamais imaginé. Extrêmement douloureux ? Non, cela allait bien au delà ça, c'était de la torture dans un grand supplice, une agonie qui n'avait pas de fin. Comme si des milliers de coups de couteau m'étaient infligé à chaque seconde provoquant une sensation d’intense brûlure. Irradiant tous mes membres, provoquant des contractions involontaires des muscles pendant des heures et jours entiers. Pourtant, j'ai essayé de garder le sourire pour mes proches pour leur dire que j'allais bien, que j'allais m'en sortir. Mais surtout éviter de les voir pleurer de les voir encore plus souffrir en voyant ma propre souffrance.

Ce supplice pour moi et mes proches a duré 3 longues années au bout desquelles finalement la douleur et les bruits ont cessé, me sentant tomber dans un vide, mes yeux plongés dans le noir me sentant en paix. Mais même dans cette paix mon esprit ne cessait de se questionner, où tombais-je ? Où étais-je ? Pourquoi la douleur et les bruits avait cessé ?

Incapable de voir même mon propre corps, incapable de le mouvoir. Je me suis alors souvenu, des bribes de souvenirs, des voix, des images. J'étais couché dans le lit d'hôpital terrassé par la douleur malgré toutes les drogues qu'ils mettaient dans mon corps pour que j'ai moins mal. Les éveillés et les machines tentant de me maintenir en vie tandis que mes organes me lâchaient un par un provocant une douleur intense à chaque fois. Mais malgré toute cette douleur brisant mon corps et mon esprit luttant contre la douleur. Il y avait quelque chose auquel je pouvais m'accrocher je pouvais sentir la présence de ma mère et de ma soeur.

La chaleur de leur corps, je pouvais les sentir de temps en temps sur moi, des baisers sur le front, coucher sur ma poitrine, la chaleur de leurs mains sur les miennes. Le son de leurs voix me parvenant par bribes, elles me disaient différentes choses : accroche-toi, bats-toi, si tu survie, on pourra sortir, jouer, manger des glaces ensemble.

"Ah, qu'est-ce que j'aimerais aller manger une glace avec vous." Pensais-je.

Mais tout a subitement cessé j'ai alors tenté d'appeler ma mère, mais aucun son n'est sorti. La seule chose qui était à ma portée était le noir et la sensation de flotter, de tomber sans la moindre fin. J'étais piégé dans un lieu où il n'y a ni lumière, ni son, un gouffre obscur dont on ne voit ni les contours ni le fond.

"C'est donc ça la mort."

C'était la conclusion à laquelle j'étais arrivé, mon corps continuant de tomber dans ce gouffre obscur infini. Je me perdis alors dans mes pensées sur ce que j'avais vécu sur ce que j'avais fait subir à ma famille. Peut-être que si je n'étais pas né, ils n'auraient pas autant souffert. Le regard meurtri et les larmes de ma mère et ma sœur, mais je me remémorais aussi en même temps leurs sourires chaleureux et remplis de joie lorsque j'ai été en bonne santé. Le cinéma, ses pops corn et ses films travaillant mon imagination, les sorties surtout celle à l'aquarium où on pouvait marcher sous l'eau tout en observant les poissons. Le sport, avec ma soeur et mes camarades de classe, où je pouvais courir jusqu'à épuisement les joies de la victoire et de la défaite. Tout ces courts moments de bonheur qui ne reviendront pas, moi ne pouvant jamais grandir avec ma famille. Et mon père qui n'avait pas été là pour mes derniers instants préoccupé par le travail plus que de la santé de son fils malade.

Peut-être étais-je un poids trop lourd pour lui, l'un des rares souvenirs que j'ai avec lui étant une promenade dans un beau parc. Où nous avions vu toutes sortes d'animaux et mangé de la barbe à papa assis sur l'herbe fraîche. À la fin de la journée, le soleil se couchant, il me tenait par la main. Alors que ce rare moment, passé avec mon père avait été une bénédiction, je lui ai dit subitement que je l'aimais.

"Je t'aime papa."

Il s'est alors arrêté tandis que la foule se dirigeait aussi vers la sortie, puis il s'est retourné avant de s'agenouiller. Mes yeux se sont ouverts en grand, car face à moi, mon père était en larmes, puis m'a serré fort dans ses bras.

"Je suis désolé, je suis désolé." Dit mon père la voix faible et empli d'une tristesse palpable.

Et c'est ainsi que cette journée, s'est terminée et que mon père, s'est encore plus éloigné de la famille et de moi.

Tout en continuant à sombrer dans tous mes questionnements, tous mes doutes, toutes mes expériences, on fait surface dans ma tête les uns après les autres. Tout a lié et suivi par des souvenirs, des émotions, des sensations, continuant encore et encore. Puis avec le temps, il m'est devenu de plus en plus difficile de me concentrer sur mes pensées et même la notion de temps m'échappant. Sans le moindre repère, le moindre son, sans rien, mon esprit commençait à partir à la dérive peu à peu.

Le temps filant, un temps dont je n'avais plus la moindre notion, je ne savais même pas combien de temps s'était écoulé ici. 1 heure, 1 jour, 1 semaine, 1 mois, 1 an je n'en avais pas la moindre idée et plus cela avançait plus mon esprit sombrait et plus je sombrais plus mon esprit se désordonnait. Dans un réflexe de survie j'ai commencé à compter à faire des additions simples comme :

- Un plus un égal deux.

- Deux plus deux égal quatre.

- Trois plus trois égal six.

- Quatre plus Quatre égal huit.

- Cinq plus Cinq égal dix.

Puis au fur et mesure que je répétais l'opération, cela a commencé à devenir de plus en plus difficile. Chaque calcul aussi facile, soit-il me demandant une concentration inhumaine et au bout d'un long moment ressemblant à une éternité. J'ai commis ma première erreur, une erreur qui est devenue de multiples erreurs. Mon esprit étant maintenant incapable ce qui avant était si facile, et plus j'essayais plus la dérive se transformait très lentement en folie. Un brouillard s'initiant peu à peu dans ma tête, le stress augmentant, tandis que ma concentration et ma vigilance se réduisaient. Tout cela cumulé, une profonde colère s'est manifestée contre moi-même incapable de résoudre des calculs aussi simples. J'ai alors crié de toutes mes forces de rage mais aucun son ne sortit, je criais alors encore plus fort avec le même résultat.
Et cela, s'est répété encore et encore, de la rage je suis passé à la tristesse, mais aucuns de mes sanglots ne pouvaient sortir. Ainsi, j'ai commencé à me lamenter sur mon sort. Pourquoi étais-je ici ? L'avais-je mérité ? La mort n'est-elle pas censé être un repos et non un tourment ?

Et ainsi, j'ai finalement aussi commencé à ressentir l'envie de dormir comme si mon esprit tentait de se protéger de la folie le gagnant peu à peu. Mais c'est là que le pire s'est produit lorsque j'ai réalisé que j'en étais incapable. Malgré le fait d'être plongé dans le noir complet, le sommeil me fuyait comme la peste. Et plus je tentais de dormir en vain plus je sentais que mon pauvre esprit d'à peine 10 ans arrivait maintenant à sa limite.

"Aidez-moi, je vous en prie !"

Mais ici la seule personne qui pouvait entendre mes appels à l'aide, c'était moi-même. Le sommeil, la colère, le stress, la détresse, la solitude et la peur se mélangeant pour former ce qu'on appelle le désespoir.

Et j'ai commencé à hurler, crier, appelant à l'aide encore, encore, encore, encore, encore et encore.

"Aidez-moi ! "Aidez-moi ! Aidez-moi ! Aidez-moi ! Aidez-moi ! "Aidez-moi ! Aidez-moi ! Aidez-moi ! Aidez-moi ! "Aidez-moi ! Aidez-moi ! Aidez-moi !"

Mon esprit, commençant à partir en morceau, les appels à l'aide se mélangeant a des rire nerveux, glaçants et psychotiques.

"Je vous en prie ! Je vous en prie aidez moi ! Ahh ! Ahh ! Ahh ! Que... Ahh ! Sauvez... Moi... Quel est cet enfer ! Que quelqu'un m'aide, je vous en prie."

Mon esprit plongeant dans les méandres du désespoir commençant à embrasser la folie. Et alors une fumée noire, si noire et si épaisse qu'elle pourrait m'asphyxier a commencé à se rassembler devant moi. Au bout d'un moment, elle prit complétement forme formant un être humanoïde me glaçant le sang. Regardant en elle, je me perdais dans la noirceur qui faisait de son être la manifestation tangible d’un délabrement surnaturel. Évoquant l'inconnu, le mystère, l'angoisse, la recherche, l'ignorance, l'angoisse, la terreur, la solitude, et un chaos de ténèbres infinis. Mon esprit brisé était terrifié, mais la folie ayant établi demeure et cette chose étant la seule chose me coupant de la solitude.

J'ai vite accueilli sa présence pesante à bras ouvert et je me suis visualisé mentalement pouvoir la toucher. Levant le bras puis mon index et comme si elle pouvait savoir à quoi je pensais, cette chose fit de même. Nos index se touchant alors les ténèbres obscurs de cette chose se sont déversés en moi. Je pouvais à ce moment là ressentir une chaleur et un froid extrême de choses pourtant bien opposées et à mesure qu'elle se déversait mon corps jusque-là non-visible commença à se matérialiser. C'était comme si elle me créait un tout nouveau corps pour pouvoir exister dans ce vide obscur et sans fond.

Avant que mon corps ne soit complètement reconstitué, j'ai cru entendre une voix, elle était sombre et glaçante et puissante tellement que mon corps se mit à trembler.

"Et ainsi par cette première décente dans l'abîme, l'œuvre noir poursuit son cours." (???)

Le noir a alors lentement disparu alors que mes paupières s'ouvrirent j'ai vu ma mère et ma soeur me regarder d'un air stupéfait alors que leur yeux s'humidifiaient. Me serrant dans leurs bras, dans une douce et chaleureuse étreinte.

13 jours était le temps où j'étais entré dans la mort et quand j'en était sorti.

« L'Éternel fait mourir et il fait vivre. Il fait descendre au séjour des morts et il en fait remonter. »1 Samuel 2:6

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