Un jour tu comprendras

On est le 4 novembre 2022 et je t'écris à 20h51

J'écoutes Save Yourself de KALEO, je le mentionne mais j'espère sincèrement

que je ne retrouverai pas cette musique sur l'une de tes stories ou partagée

à certains de tes copains.

j'ignore quand tu liras ces mots et sûrement qu'avec le temps je regretterai

mais je m'efforce de plus en plus à être sincère avec ce que je ressens.

C'est en partie grâce à Daniel, chaque jour je prenais le train et par la

fenêtre je regardais de l'autre côté du quai en souvenir de quand tu m'y

attendais pour me faire un dernier signe de la main.

Sur le trajet j'écoutais de la musique et je pleurais, je me demandais

comment je pourrai partir et si j'arriverai à trouver la force de

m'en sortir. Ensuite j'arrivais au travail, je m'installais au bureau

et j'allumais le pc les larmes aux yeux, c'était le moment de la journée

le plus dur je pense, quand mes collègues arrivaient au fur et à mesure,

que je devais dire bonjour et répondre que ça allait avec le sourire

quand j'avais juste envie de chialer, donc souvent je partais, je me

refugiais dans les toilettes et je pleurais avant de revenir en

prétexant que j'allais chercher de l'eau.

J'ai essayé de m'intégrer mais tu me connais... Ma pause de 13h je la

prenais rarement avant 13h30 et si je m'éclipsais avant ça faisait parler.

Le midi je mangeais seule en dépit de ne pas "m'intégrer à l'équipe"

c'est à ce moment que j'appelais Daniel, on avait toujours cette discussion

sur comment je pouvais me sortir de là et qu'il n'était plus question

d'un caprice mais d'une nécessité...

A 14h je retournais travailler et je priais pour que mon train ne soit

pas en grève ou annulé...

Quand la journée se finissait j'allais à la gare et je passais devant

ce parking ou tu étais venus me chercher en août, je te revoyais venir

me prendre dans tes bras et m'aider quand je n'arrivais même plus

à avancer tellement ma vision était trouble et mouillée. Je te revoyais et

là encore, je pleurais...

Quand j'arrivais chez moi, quand je me retrouvais seule dans ma chambre

je fixais le sol assise sur les meubles ou depuis le sol, parfois ces

moments de vides duraient une heure puis j'allais dans mon lit et je pleurais

comme un enfant sans pouvoir m'arrêter, j'étais arrivée à un point où

j'appelais sos suicide.

J'ai démissionné fin septembre, je reste chez moi en pyjama, je me lève tard,

je fais un frappuccino quand j'en trouve la force, ensuite je fais du tft et

je regarde netflix pour faire passer ma journée en faisant des allers

retours entre le frigo et mes enfants.

Ce qui m'a poussé à franchir le cap, c'était de penser comme je t'en avais

parlé, que je pouvais toucher le chômage, tu auras compris que je m'étais

trompée, le jour où je l'ai compris j'étais tétanisée, je m'en voulais

mais je me dis que c'est pas si grave, qu'en ayant su ça je serai toujours

dans cette start up à me demander pourquoi je m'inflige ça.

Daniel a arrêté de me parler, j'ai l'impression que rien ne va chez moi

d'être une hypersensible antipathique, une aromantique.

J'espère toujours me faire des amis ou trouver cette personne qui me fera

ressentir quelque chose de plus authentique mais rien n'y fait, je suis

bloquée et avide d'émotion de ce type, soit je fais mal les choses soit on ne

prend pas en compte ma volonté et je me retrouve seule.

Il est aussi dur pour moi de l'écrire que pour toi de le lire car je sais à

quel point tu auras de la peine à la suite de ces prochains mots mais

n'y voit pas du négatif, c'est à mes yeux la plus belle preuve d'amour

et de sincérité que je puisse te faire: tu es mon meilleur ami, sincèrement

quand je repense à nous y'a des fois ou je me dis que c'était flagrant,

que j'étais pas bien et que tu t'en prenais pleins la gueule pour rien,

que tu savais pas t'y prendre avec moi mais comme je te l'ai déjà dis je te

blâme pas, je suis compliquée et tu faisais de ton mieux et puis j'y

repense et me dis qu'on était bien, nos soirées à manger devant netflix, à

quel point t'as pu me faire rire ces dernières années, merci pour ça, ta

bienveillance, ta patience sans nom avec moi, merci pour la façon dont

tu m'aimais chaque jour. On a fait des erreurs mais j'ai un doute quant au

fait qu'un jour quelqu'un m'aimera aussi fort que toi.

Il y a quelques semaines j'ai appris à connaître un garçon avec qui je

jouais parfois à lol avec ses amis au confinement.

J'ai hésité à l'écrire car te connaissant je sais que tu vas te faire des

films et c'est épuisant autant pour moi que pour toi tu penses pas? C'est

aussi dégradant à mon égard quand on y pense.

J'aurai tendance à dire, de ce que j'ai vu, que c'est l'équivalent de Salomé

et toi, bien que parfois j'y pense et me dis qu'il se passera probablement

quelque chose entre vous un jour donc c'est peut-être biaisé.

Depuis toi c'est la personne qui m'a fait le plus rire, je désesperais si tu

savais, je parlais avec des gens mais j'étais ennuyée et attristée de me dire

que je ne rigolerais plus comme j'ai pu le faire auparavant.

C'est toujours aussi dur, je redoutais de me retrouver seule, je redoutais

cette solitude et cet ennui qui me guettait déjà avec un 35h et

des projets à côtés. Aujourd'hui je ne vois plus le temps passer les journées

se ressemblent et je n'ai plus la notion du temps.

La moindre action devient toute une épreuve, je sors uniquement le samedi mon

père insinue constamment que je suis une branleuse, ce soir il s'est emporté et

j'ai cru que mon coeur allait exploser une fois de plus, c'est de pire

en pire, même lui va me lâcher j'ai même plus de mutuelle, je repousse

constamment en disant "je le ferai demain".

C'est tellement dur, je pleure moins et souris plus mais je me demande

constamment quel est le sens de la vie comment je pourrai tenir toute une vie

si je redoute ne serait-ce que les prochaines 24h. Je suis tout de même

reconnaissante, soulager de voir une partie de moi s'affirmer enfin, prendre

du recul et distinguer désormais des choses que je ne veux plus voir dans ma vie.

ça fait un moment que je voulais t'écrire un mot comme tu as pu le faire

mais j'en trouvais pas la raison ni le bon moment pour y arriver, c'est du fin

fond de mon lit enfermée depuis 18h et en crisse d'angoisse que j'ai trouvé du

réconfort, à lire quand ça n'ira pas, à tavoir même si tu n'es plus près de moi.

J'espère que tu vas bien, un jour tu comprendras.

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