Partie IX

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Malgré tout curieux, Eddy s'approcha prudemment de lui et jeta un regard ahuri aux gribouillis du brun.

— Bordel ! C'est trop cheum ! Mais tu sais même pas dessiner ! s’exclama-t-il le plus bas qu'il pu, en arrachant presque des mains d'Isidore la feuille qu'il tenait.

— Et d'abord, c'est quoi ça ? Un nuage ? Une mare de boue ? poursuivit-il en tournant la feuille dans tous les sens, jetant des regards effarés à Isidore.

— Un lama... J'aime bien dessiner des animaux, répliqua ce dernier, visiblement vexé.

— C’est quoi ce truc ? On dirait pas une bête ton machin. C'est comme les gribouillages des gamins : t'es trop naze en dessin, marmonna Eddy en hochant la tête, signe qu'il s'agissait d'une évidence imparable.

— Un lama, c'est un peu un genre de chameau croisé avec un mouton. Rends-moi mon dessin maintenant. Tu n'as visiblement aucune notion artistique, affirma Isidore en tapotant légèrement avec son stylo sur le paquet de feuilles qu'il tenait.

— Un chameau, ça ? demanda Eddy — confus — en pointant l'œuvre du doigt.

— Un lama ! insista Isidore en secouant la tête.

— C’est pareil, ça y ressemble pas dans tous les cas ! ronchonna le châtain en levant les yeux au ciel.

— Non, mais ça n'a strictement rien à voir ! marmonna le brun en appuyant sur chacun de ses mots.

— On s'en branle ! chuchota Eddy en balançant la feuille au visage d'Isidore. Toute façon, je vois même pas pourquoi on parle de conneries comme ça alors qu'on a plein de conversations importantes à avoir !

— Tu dis ça parce que tu serais pas capable de faire mieux... grommela l'aîné en se replongeant dans le griffonnage de son lama.

— Rah le bail à la con ! Mais t'es grave un gamin ma parole ! s’étonna Edouard.

Isidore ne répliqua guère et prit un air extrêmement sérieux. Armé d'un des stylos favoris d'Eddy, il faisait comme si de rien était. Il dessinait, imperturbable ; ignorant royalement son hôte.

— Disquette ! Le cevi ! Si tu l'prends comme ça, aboule une feuille. J'vais te montrer c'que c'est qu'un vrai dessin, persifla Eddy en prenant deux trois éléments sur son bureau et en venant s'installer lui aussi sur son lit.

Le brun lui tendit une feuille que le châtain posa soigneusement à plat sur son manuel d’histoire. Il s'appliqua alors à dessiner lui aussi ce qu'il imaginait être un lama. Peu à peu, Isidore tourna la tête vers lui, cherchant à observer le résultat.

Un éclair plus lumineux que les autres, suivi de très peu par un coup de tonnerre assourdissant firent sursauter Eddy. Il prêta alors attention à son invité, qui lorgnait sans discrétion sur sa feuille.

— T’as un problème ? le questionna-t-il.

— Fais voir, dit Isidore, sans plus de cérémonies.

Edouard lui tendit son dessin inachevé sans un mot. Le brun se pencha dessus, se mit à pouffer et balança sa sentence.

— Tu crois qu'il suffit de traits, de ronds et de crayons de couleurs pour savoir dessiner ? Franchement, tu manques d’ambition, de vision !

— Au moins, c'est plus beau que ta merde, et on voit que c'est un lama, affirma Eddy, sérieux.

— Non, on dirait un âne, répliqua Isidore en secouant la tête.

— Va te faire foutre, marmonna le plus jeune en récupérant toutes les feuilles, tous les stylos et crayons ainsi que tous les manuels pour aller les déposer sur son bureau. Maintenant on arrête de jouer ! Faut qu'on...

Un éclair l'interrompit, un coup de tonnerre l'assourdit et son petit monde se trouva tout aussi brusquement que la veille plongé dans les ténèbres les plus complètes.

— C’est marrant, ça fait comme hier ! chuchota Isidore en riant doucement.

— C’est pas drôle du tout… ronchonna Eddy, flippé.

Incapable de faire le moindre mouvement, le châtain ne cessait d'imaginer des monstres mouvants, des créatures infernales venant lui grignoter les pieds. Puis Isidore qui était là, qui peut-être allait vraiment en profiter pour lui faire du mal, cette fois. Tentant de se contrôler le plus possible, Eddy amorça des gestes lents et mesurés pour atteindre un coin de son lit proche d’un mur. Un autre éclair le fit sursauter mais lui permis de constater que le brun n'avait pas bougé d'un poil, se contentant d'observer la fenêtre comme s'il attendait d'apercevoir quelque chose.

Tâtant de ses mains sa table de chevet, le plus jeune mit les doigts sur son téléphone portable ; ce qui lui permit d'éclairer la pièce. Un peu moins apeuré, il alla alors s'installer là où il se sentait en sécurité.

— T’es quand même un sacré froussard ! ricana Isidore.

— Casse-toi ! balança Eddy, vexé.

Le brun gloussa encore. Exaspéré, son hôte rangea son téléphone dans sa poche, songeant qu'il ferait mieux d'économiser la batterie car il ne savait pas ce que la nuit lui réservait, d'autant plus en si pitoyable compagnie. Vraiment, les situations les plus étranges s'enchaînaient, et il semblait qu’il n’y soit pas pour rien, lui non plus — personne ne l’avait contraint à convier son voisin, ce soir-ci !

— Tu veux que je te console encore une fois ? demanda Isidore, hilare.

— Sors de chez-moi, baragouina Eddy, mal à l'aise et vexé par les moqueries de l'aîné.

Attentif au moindre bruit, le plus jeune se braqua en sentant le brun approcher de lui.

— Dégage, murmura-t-il rapidement.

— T’es gêné ? demanda Isidore d'une voix basse.

— J’ai pas envie que tu t'approches de moi, répliqua Eddy en s'éloignant quelque peu, se calant tout contre le mur, comme s’il essayait de s’enfoncer dedans.

— Parce que je t'ai embrassé tout à l'heure ? soupçonna le brun, immobile.

— Ouais, entre autres, lui certifia son hôte en fronçant les sourcils, chose dont l'aîné ne pouvait pas réellement se rendre compte.

Dehors, le bruit de la forte pluie résonnait jusqu'à leurs oreilles, tandis qu'à l'intérieur de la pièce, un silence lourd s'installait.

— Je suis désolé. Je pensais que je pouvais, chuchota Isidore au bout de longues minutes, pendant lesquelles l'un comme l'autre s'étaient sentis de plus en plus tendus.

— Putain mais ça va pas ! T’as cru t’étais mon genre ? Mais quelle horreur ! pesta Eddy, choqué — voire outré ou offusqué — et offensé que le brun ait pu penser qu'il ne serait pas gêné à l'idée que ce zouave l'embrasse.

La chambre replongea dans le silence.

— Tu pleures ? demanda le châtain après quelques instants, sentant un léger cas de conscience l'envahir.

— Non, répondit Isidore d'une voix calme.

— T’as envie de pleurer ?

— T’es con, affirma l'aîné, tout aussi posément.

— Si j'veux, j'peux tout balancer. T'auras encore plus la honte, dit le plus jeune dans un chuchotement hargneux.

— Si ça t'amuse... murmura le brun.

Se sentant stupide au possible, Eddy la boucla pendant un moment.

— Suis gavé. Ai envie de pioncer, bailla-t-il plus tard, dans une volonté de faire passer la puérilité de ce qu'il avait pu dire auparavant.

Tâtonnant, il se glissa sous les couvertures sans enlever ses vêtements de trop, de crainte qu'Isidore ne l'observe — il avait toujours eu la désagréable sensation comme quoi il était le seul à ne rien voir dans l’obscurité. Il mit un certain temps à y parvenir, s'aidant des éclairs qui illuminaient la pièce pour esquiver le brun de loin.

— Je vais peut-être rentrer chez-moi, dans ce cas, dit Isidore.

— Ouais, répondit Eddy en étouffant un bâillement.

Cependant, Isidore ne bougea pas, ce qui agaça le plus jeune.

— Tu t'barres, oui ? Tu connais le chemin je crois, râla-t-il, déjà à moitié endormi.

Le brun remua enfin, se levant doucement, un soupir aux lèvres. Un nouvel éclair fit encore sursauter Eddy. De l'autre côté de la pièce, un grincement se fit entendre.

— Hey, je crois qu'il y a quelqu'un debout chez-toi, souffla Isidore en s'éloignant de la porte de la chambre, qu'il venait pourtant d'atteindre.

— Merde ! Viens par ici. Va sous le lit. J'crois que c'est mon frère et si c'est lui il va venir ici. Grouille ! marmonna précipitamment le plus jeune, la peur au ventre.

Tant bien que mal, Isidore fit ce que lui demandait Eddy. Une tripotée de secondes plus tard, on frappait de discrets coups à la porte et sans attendre, on entrait.

— Je t'entends faire du bruit. Tu dors toujours pas ? demanda bêtement Vincent en éclairant le visage d'Eddy avec son propre téléphone portable.

— Pas encore. J'étais au téléphone avec Anthony, mentit son petit frère, un énorme nœud à l'estomac. Pourquoi tu rentres maintenant ? poursuivit-il tandis que Vincent s'approchait un peu plus et venait s'asseoir sur son lit.

— Une prise de tête avec ma meuf. Eh putain, t'as vu le temps de dégueulasse ? On voyait que dalle sur la route ! C'est la galère en plus, y a plus de courant à la maison. Je voulais me prendre une douche, mais là, ça va pas être possible, débita Vincent.

— Ah... ben moi, j’veux pioncer, avoua malhabilement Edouard.

— Tu fais ta poule ? Dis moi plutôt pourquoi tu m'as appelé à propos de l'autre con, déclama son grand frère.

Eddy se sentit d'autant plus mal. Son nœud à l'estomac s’intensifia. Du nombril, il lui remontait jusqu'à la gorge et lui descendait jusqu'aux couilles. Il imaginait sans peines Isidore attentif à tout ce qu'ils pourraient dire et souhaiter régler ses comptes après coup.

— C’est rien. Je l'ai juste croisé, répondit le plus jeune, tentant d'avoir l'air sûr de lui.

— Il a ouvert sa grande gueule je parie.

— Euh... ouais, un peu, certifia Eddy, gêné.

— Faut pas que t'hésites à la lui fermer la prochaine fois. C’est une tapette. Quand j'étais au lycée, en sport, on se foutait tous de sa gueule, c'était une brêle ! dit Vincent en éclatant de rire.

— Ouais... j’y penserais... marmonna Eddy, d'autant plus mal à l'aise.

— Bon, t'as l'air mort. Je vais te laisser dormir, fit Vincent en tapant sur l'épaule de son frère et en se levant.

— Mmh... se contenta de répondre le plus jeune, attendant que son frère quitte la chambre et referme la porte.

Quelques secondes plus tard, Eddy attrapa son téléphone portable et se leva, se mettant à plat par terre pour s'adresser au brun, soigneusement caché sous son lit.

— Eh, c'est bon, tu peux sortir maintenant ! dit-il en l'éclairant à l'aide du téléphone, songeant qu'à la place d'Isidore, il n'aurait personnellement jamais pu se cacher sous un lit — l’effet des monstres, encore — ni dans un placard, réflexion faite.

L'invité bougea doucement, rampant tranquillement pour se dégager de sa cachette. Eddy se sentit vraiment stupide. Il avait toujours l'impression d'être dans une de ces séries à la con. Il fallait dire que depuis la veille, les faits les plus étranges qui soient s'étaient enchaînés. Le châtain n'était pas à l'aise avec toute cette bizarrerie. Ce genre de choses n'arrivait pas à des gens normaux, ni à des gens anormaux. C'était le genre de bêtises qu'on ne faisait pas. Quoique dans le fond, savait-on réellement ce qui se passait chez les autres ? Aux vues des évènements et des bruits qui couraient, Eddy avait plutôt tendance à penser que tous les gens — ou presque — étaient ravagés, dans le secteur.

— C’est pas si propre que ça finalement, chez-toi. J'ai trouvé un mouton sous ton lit, marmonna Isidore une fois sorti de sa cachette, sans regarder Eddy dans les yeux.

— Désolé pour mon frère, des fois il est con, reconnut le plus jeune.

— T’en fais pas, je connais le personnage, et puis… j’ai cru comprendre que c'était de famille, non ? répliqua le brun en se levant, son acolyte en faisant de même.

Ce dernier secoua la tête, tout en coupant la lumière de son téléphone.

— On fait quoi maintenant, du coup ? demanda Isidore un instant plus tard, en se tournant vers Eddy.

— Sais pas, répondit le châtain, traînant encore sa boule d'angoisse dans la gorge.

Le téléphone de nouveau dans la poche d'Eddy, seuls les éclairs leur permettaient de voir correctement.

Isidore posa à nouveau ses fesses sur le lit, suivi de près par son hôte qui n'avait plus l'air de savoir comment agir. Pendant quelques minutes, ils écoutèrent la pluie, pensifs. Puis le brun se décida à briser le silence.

— J’ai l'impression de pouvoir entendre ton cœur battre. T'as un problème ? C’est moi ?

Eddy ne répondit pas. Pour avoir un problème, ça, il sentait bien qu'effectivement, il en avait un. Perdu, tel était le mot. Terrorisé, aussi. Eddy se sentait perdu et avait peur. Toute cette situation l'effrayait au plus haut point, le paniquait, le désappointait. Il ne savait plus réellement ce qu'il voulait, ou du moins ne parvenait plus à lier qui il était vraiment, qui il était aux yeux des autres et qui il voulait être. Il ne savait même plus si le verbe à employer était bien vouloir et non devoir. Trop d'émotions et d'évènements le submergeaient. Il ne savait plus où donner de la tête. Il voulait y voir clair, et à ses yeux il devait avant tout voir clair dans le jeu des autres pour être en mesure de voir clair dans son propre jeu. Les rumeurs, les « qu'en dira-t-on ? » et autres histoires de coin de rue, il tenait à les vérifier. Sa vie s'était trop longtemps basée là dessus. Sur les autres, leurs opinions, ce qu'il fallait faire. C'était important, c'était primordial.

Maintenant, qu'apprenait-il ? Que ce qu'il pensait des autres était basé sur des sornettes dont ils n'avaient même pas vent dans la plupart des cas ! Les autres étaient-ils des gens aussi droits que lui et dans ce cas, on ne faisait que médire sur leurs dos ? Eddy eut une brève pensée pour ses voisins soit disant sadomasochistes qui, peut-être, ne l'étaient pas du tout, probablement qu'ils n'en savaient rien et certainement qu'ils prenaient pour de l'honnêteté l'attitude hypocrite des gens à leur égard. Ils ne savaient sans doute pas que tout le monde se fichait d'eux dans leur dos.

Puis même si ça s'avérait être la vérité. Qui était cette mauvaise langue qui avait osé déballer l'intimité de ces gens ? Soupirant, Eddy se rendit compte à quel point Anthony pouvait avoir raison. Il comprit pourquoi il avait eu l'air tellement préoccupé l'autre jour. Il comprit aussi à quel point l'inverse pouvait se valoir elle aussi. Peut-être qu'on racontait n'importe quoi sur lui. Peut-être la vérité, aussi. Dans tous les cas, il avait l'air d'autant plus stupide à s'efforcer d’agir le plus normalement possible, puisque dans le fond, tous étaient des mauvaises langues. Tout le monde inventait des histoires, tout le monde en colportait, tout le monde fouinait pour deviner de sombres — ou moins sombres — secrets. Chacun y allait de sa patte, ajoutant son grain de sel à la mixture. Le tout dans des manœuvres plus ou moins subtiles où chacun finissait par se trouver à la fois bourreau et victime.

Comme dans un jeu de piste géant, Eddy se posait la question de savoir qui était vraiment qui, au-delà des apparences et au-delà de ce que l'on pouvait dire et entendre. Il sentit simplement qu'il en avait besoin, ne serait-ce que pour trouver sa vraie place et être moins bêtement naïf qu'il ne l'avait été jusqu'alors ; ça ne lui disait plus rien d'être mené en bateau par tout le monde et d'être le roi des cons. Il voulait bien être con, mais il voulait en avoir conscience et être capable de l'être moins quand il le faudrait.

Et cet abruti d’Isidore qui éludait toutes ses questions…

Une main se posa sur son épaule, et le jeune homme tourna la tête vers le brun, le distinguant à peine dans la pénombre. Eddy savait qu’il comprenait bien plus de choses que lui. Il aurait aimé qu'il l'éclaire, seulement le jeune homme ne semblait pas avoir particulièrement envie de l'aider à élucider le mystère.

— Tu vas bien ? T'as l'air d'angoisser... dit Isidore, ôtant sa main de l'épaule du plus jeune maintenant qu'il avait obtenu son attention.

La respiration lourde, Eddy se contenta d'entortiller un bout de son couvre-lit entre ses doigts, le stress et la peur le rongeant.

— Hey ! fit le brun en le secouant légèrement.

— C’est rien. Juste... suis perdu, marmonna Eddy en passant une main maladroite dans ses cheveux.

— C’est à cause de moi ? demanda Isidore, étonné.

— C’est tout ça. Tout ce qui arrive, répondit Eddy, mentalement surmené.

L'aîné mit sa main sur le dos du plus jeune en appliquant un mouvement qui se voulait rassurant.

— Pourquoi tu m'pelotes ? Tu me kiffes vraiment ? reprit le châtain en soupirant, plus largué que jamais.

— C’est un geste de réconfort, répliqua sèchement le brun, cessant toute action.

Edouard ne dit plus rien. Alors Isidore reprit lentement son geste de réconfort. Eddy soupira de nouveau et en réponse, la main de son invité remonta sur sa nuque et lui ébouriffa les cheveux.

— Arrête de me décoiffer, ronchonna son hôte, en esquivant la main d'un mouvement de tête, de plus en plus mal à l'aise.

Ricanant et moqueur, Isidore laissa glisser sa main sur la joue du châtain.

— Putain ! T'es ouf ! râla Eddy en sursautant, dégageant brusquement la main d'Isidore.

Il se tut, de peur d'avoir fait trop de bruit. Cependant, rien ne vint les troubler dans la chaleur tendue de la pièce, et il se sentit malgré tout un peu plus soulagé.

— T’as la peau douce, chantonna doucement Isidore.

— Ta gueule, bouffon, répliqua le châtain, outré.

— Et tu es si gentil, si aimant, poursuivit le brun, amusé.

— Tu recommences à me foutre le seum, souffla Eddy, saturé.

Puis il mit un coup de coude à son invité, juste pour faire taire ses gloussements agaçants.

— Aïe ! fit ce dernier en massant ses côtes endolories.

Le silence qui s'ensuivit ne dura pas assez longtemps pour que le plus jeune retourne s’enfermer dans ses pensées.

— T’as peur, affirma Isidore.

— C’est pas vrai, marmonna Eddy en fronçant les sourcils.

— C’était pas une phrase qui nécessitait une réponse de ta part, répliqua le brun. Je sais que t'as peur et moi aussi j'ai peur. C'est normal.

— J’ai pas peur et de toutes façons tu comprends que dalle, grommela Eddy, de mauvaise foi.

De pouvait-il bien avoir peur ? C’était lui, le psychopathe, dans l’histoire.

— C’est moi qui te fais peur, là. Si ça peut te rassurer, je me fais peur aussi, chuchota l'aîné.

— Ben ça m'rassure pas, dit le plus jeune, nageant dans l’incompréhension la plus complète.

Isidore sembla réfléchir un moment, pendant lequel Edouard attendit, se doutant bien que la suite n'allait pas spécialement lui plaire.

— Qu'est-ce qui te fais le plus peur : ce qu'il y a dans ta tête, ou bien moi ? demanda-t-il après mûre réflexion — essayant de formuler une phrase simple, car il avait bien compris à qui il s’adressait.

— Euh... toi... y a carrément pas photo, t'as vu ce que tu fais ? s’étonna Eddy.

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