III

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Mon amoureuse, pas plus bavarde que moi, me montra en silence le cadavre écorché de Bébé. Elle l’allaita une ultime fois, et c’est le corps vermeille maculé d’un liquide d’albâtre que nous le crucifiâmes sur une haute croix de bois. Le douleur emplissait nos coeurs, mais sa sépulture était si parfaite que notre peine en était atténuée. Enterré dans le ciel, caressé par l’air frais du matin, baptisé par la lumière du soleil d’or et de sang.

Les cieux étaient un couvercle de cercueil, cloué à la terre par les dents de satan. Rares sont les élus du divin, mais nous en étions. Nous sommes les enfants du gouffre. Nous sommes les marionnettes du Bien, et le sacerdoce nous devait un respect ainsi qu’un dévouement total.

Par Bébé nous les soumétâmes à un tourment sublime. Ils s’embrasèrent de terreur, arrachèrent leurs cheveux, implorèrent, supplièrent, frappèrent le sol. Je leur présentai alors mon jouet, et ils se plièrent à nos volonté, sauf quelques uns que nous éclaboussâmes. Ils étaient sept hommes et sept femmes.

Les amis fidèles nous suivirent sur les pents des montagnes où nous nous établissâmes. Dans une maison isolée nous leurs imposâmes la loi. Chaque jour que Dieu faisait il priaient Bébé, chaque jour que Dieu faisait ils pleuraient, et chaque jour que Dieu faisait l’homme devait inséminer la femme. “Soyez féconds” !

Les premiers fils de Bébé vinrent au monde neuf mois après notre arrivée. Nous les tuâmes tous et ils se joignirent à leur père dans la sépulture de ciel, nus de peau, gorgé de lait. Ainsi mon amoureuse et moi bûmes aux seins de sept femmes. Mais l’un des hommes se rebella.

La sanction devait être faîtes par un tribunal où nous incluâmes son amoureuse. Elle pleurait lorsqu’elle prononça la sentence, une preuve que son dressage n’avait pas été achevé. Le cain fut chassé, nu, privé des mains avec lesquelles il avait touché la femme, des lèvres avec lesquelles il l’avait baisé et du sexe avec lequel il l’avait violé.

Pouvions-nous laisser de tels monstres au sang impure souiller et violer impunément les femmes ? Nous nous devions de les castrer, cela ne faisait aucun doute. Mais lorsque nous entreprîmes cet acte ô combien nécessaire nous eûmes le malheur de perdre deux de nos amis qui se vidèrent de leur sang. Dans l’horreur de cette situation, déjà assez dramatique, ce fut au tour de leurs deux amoureuses de chuter dans le mal. Elles attentèrent à nos vies.

Avec un immense regret nous les bannîmes de la communauté, les saintes matrices avec lesquelles elle avaient donné vie arrachées. Nous gardâmes précieusement ces reliques. Ainsi notre nombre étaient déséquilibré, quatre hommes pour cinq femmes. Pour y remédier je dû m’atteler à la pénible tâche de féconder ces truies impures qui sans doute aucun nous trahiraient tôt ou tard.

Signe du bien fondé de nos actes les cinq bêtes nous donnèrent les cinq membres qui manquaient à notre communauté, deux filles et trois fils, et cela au bout de sept mois seulement. Nous les élevâmes dans la plus grande pureté qui puisse être. Pour leurs éviter l’ainsanité de la tombe nous creusçames un trou où nous les fîmes vivre, sous terre, et, une fois leurs âge de procréer arrivé, nous leur donnâmes à manger les sexes reliques putréfiées de celles et ceux qu’ils s’apprétaient à remplacer avaient laissé dans la communauté.

J’eut donc le privilège de foutre mes filles. Elles furent peu fertiles et je fût donc mis à l’épreuve, me devant de les pénétrer chaque soir avec une ardeurs que seul le lait de mon amoureuse me permis d’atteindre. Mais une nouvelle lignée naquis et nous pûmes ainsi nous débarrasser des impuretés qui rongeaient encore notre monde, les chassant, le bas ventre vidé.

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