Chapitre 6

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Je me redresse en m’excusant pour me retrouver nez à nez, les yeux plongés dans ces Iris émeraude où j’oublie tout ce qui n’est pas ce vert lumineux. Ces yeux, c’est sans aucun doute ce que j’ai vu de plus beau dans ma vie. Je voudrais pouvoir les contempler en permanence. Noyée dans leur reflet végétal, je me rapproche inconsciemment jusqu’à ce que nos nez se cognent. Instantanément, je réalise la situation et mon état en progression rapide.

Si, dans trente secondes, il est toujours allongée sur moi ; je ne pourrais pas lui cacher l’effet physique qu’il me fait. Et sentir son souffle sur mes lèvres n’arrangea pas mes facultés de réflexion. Heureusement pour moi Alexeï qui a suivit son père se dépêche de lui sauté sur le dos et de le chatouiller partout. Je focalise tout mon esprit sur la présence de l’enfant. Nous sommes en pleine semaine et pas un mercredi et à cette heure-ci il devrait être à l’école et moi au bureau.

Je gueule un Merde retentissant auquel Il répond par un baragouinage en russe pour moi totalement incompréhensible. Pierre, peu habitué à m’entendre jurer, me demande ce qui se passe. Je lui assène en vrac une explication succincte, entrecoupé de jurons et de bégaiement de panique, sur le fait que je vais perdre mon travail et que les enfants ont besoin de stabilité. Il explose de rire et me rétorque que leur stabilité c’est nous et ajoute que si mon patron me vire il le vire à son tour et me réengage vu que le principal pour ne pas dire unique actionnaire c’est lui.

J’en tombe sur mon lit les yeux exorbités. J’ai comme l’impression qu’il manipule les ficelles de ma vie depuis le début et que je n’ai jamais réellement fait quelques choses par moi-même. Alexeï le tire hors de ma chambre en riant pour aller petit déjeuner et j’en profite pour m’enfermer dans la salle de bain et pleurer.

C’est désormais une certitude je dois m’affranchir de lui, je ne peux le laisser jouer ainsi avec moi alors que j’ai Matéo. Le comment me vient presque naturellement. Je ne veux pas qu’il sache aussi je sors et appelle d’une cabine publique. Je déballe tout de ma sexualité à ma vie actuelle à une ancienne amie que je sais assez tolérante. Elle me comprend, m’accepte et propose de m’aider à repartir cette fois sans personne derrière moi. Je contacte ensuite l’institution de Matéo et leur indique mon changement de domicile pour le sien dans un premier temps.

Je prépare une lettre de démission manuscrite où j’indique à mon employeur que je leur laisse en dédommagement mon salaire du mois en cours mais que je libère mon poste de suite. J’ai sur moi mes papiers important, je n’ai donc pas besoins de rejoindre le bel appartement parisien où Pierre attend mon retour pour sans doute emmener ses fils dans une ballade en voiture dont il a le secret. Je rejoins la gare où je suis arrivé un an plus tôt et prend le premier train pour rejoindre la ville de mon enfance.

Mon départ est l’exact contraire de mon arrivée et en même temps ils sont si semblables. Je suis partie trahi par ceux en qui j’avais foi et qui était mes repères, je reviens de même. Je suis partie sans rien et sans but, je reviens avec un compte bancaire bien garnis et un but : offrir à mon fils un avenir le plus heureux possible. J’étais partie le cœur en miette et je revenais dans le même état mais pas pour la même personne.

Peut être aurais-je du m’expliquer avec Pierre. Mais je veux m’assumer seul, avec mon enfant. Je sens qu’il ne me laissera pas cette liberté là, il a tout contrôlé de cette étrange année et a bien faillit découvrir mes sentiments. Je n’aurais pas supporté son rejet, je suis parti à temps. Depuis le jour où pour la première fois j’ai vu ses prunelles j’ai perdu ma liberté pour une cage dorée que j’avais ignorée trop naïf où peut être pire, trop heureux d’acheter à ce prix le droit de le voir.

Il ne m’a jamais demandé comment J’en étais arrivé là d’où je venais sans doute parce qu’il s’en fichait. Aujourd’hui cela m’arrange car il ne pourra pas me retrouver. Les parents de mon amie ont une petite entreprise totalement indépendante où une place est vacante si on n’est pas trop difficile sur les horaires de travail et le salaire. Ce sera dur mais cette fois je ne devrais rien à personne j’aurais gagné ma place par moi même. Je sais que je vais devoir affronter parents, famille et amis et que la confrontation sera rude mais je n’ai pas le choix.

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