Chapitre 14 Sara a un petit copain

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Sara avait grandi. Elle s'était même habituée à Paris. Elle sortait avec Tanguy depuis sept mois maintenant, un jeune commercial rencontré à une soirée de débauche parisienne dans le septième arrondissement, un soir pluvieux d'octobre. Cette relation n'avait pas toujours été de tout repos mais de toute évidence, les choses se gâtaient.

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"Voilà, se disait elle. Toutes mes difficultés sont passées, maintenant je suis libre. Je suis en pause avec Tanguy mais ça ne me fait rien. Je suis même ragaillardie par cette absence de contact.

Rémi, l'ami de Tanguy grâce auquel nous nous sommes rencontrés il y a 9 mois, ne me contacte plus mais il me répond encore, c'est déjà ça. Son amie Anne Audrey que j'ai rencontrée l'autre jour sur le pont de l'Alma est plutôt sympa, je l'aime bien. On pourrait se marrer tous les trois.

Mais Rémi ne semble pas être d'accord avec cela. Il ne me répond que des "K" par SMS, ne me propose plus jamais rien et m'a ignorée toute la soirée du pont de l'Alma. Peut être que si ça ne colle pas entre Rémi et moi, c'est parce qu'il ressent quelque chose pour moi ? Non. Je ne peux prétendre une telle chose. Ce serait tellement arrogant, même si c'est ce que les filles me disent.

A propos des filles et de ce qu'elles pensent, j'ai eu tort de leur dire à toutes que j'avais un deuxième entretien chez Deloitte. Ils mettent beaucoup de temps à me répondre pour un troisième, je ne suis pas du tout sûre d'avoir ce job et je suis sûre que certaines personnes comme Marie, par exemple, seront contente d'apprendre que je ne l'ai pas eu. Au téléphone lorsque je lui ai appris mon admission au second entretien, qui présageait de bonnes choses sans les affirmer totalement, elle m'a dit "j'ai eu une réunion chez Deloitte cette année, ils étaient incompétents. Ils ont diminué dans le classement, en plus". Encourageant. Ce qui me fait dire qu'elle ne serait pas vraiment contente pour moi si je l'avais.

Peu importe, j'irai travailler en septembre dans un petit cabinet comme One Consulting qui reste relativement prestigieux et je sortirai avec Alexandre d'Arméjac. Tanguy m'aura larguée d'ici là car je l'aurai trop fait tourner en bourrique, j'aurai été chiante à l'excès et il s'en sera lassé.

Alexandre a évoqué son envie de partir quelques jours avec moi en Bretagne, au conditionnel, "j'aurais bien aimé…" Sous entendu si je n'étais pas en couple. Mais il s'est ravisé et en Août je n'ai aucun moment pour moi.

Du coup, maintenant que les choses s'enveniment avec Tanguy, c'est à dire depuis qu'on s'est disputés jusqu'à l'idée de "pause relationnelle" pendant une semaine, je reconsidère l'évasion avec Alexandre en me disant, est ce tromper si je sais que ma relation avec Alexandre est vouée à l'échec ? Oui, c'est une fuite en avant hypocrite d'un amoralisme cuisant.

Ceci étant, voici ce qu'il s'est passé hier matin.Tanguy et moi discutions sur Messenger alors que j'étais aux trays chez mon amie Sybille et sa famille, avec son copain Jean relativement cool (ils sont médecins) et Solenne, l'éternelle intellectuelle.

Enfin nous discutions. Moi, je n'avais rien envoyé. J'étais contente de passer quelques jours avec mes amis que je voyais rarement, contrairement à lui. Il m'envoie donc une photo de lui, flanqué de son ami José fraîchement débarqué du Mexique, tout sourire et surplombant une quelconque vallée du sud de la France, une des seules sans doute qu'il n'avait pas explorées.

Plusieurs choses m'ont énervée. Le fait que j'avais sacrifié mon week end de trois jours du 14 juillet pour trouver un téléphone à ce garçon joufflu et poilu qui parle trop fort en était la moindre.

Je suis un peu perdue, dans mes amours comme dans mon travail. La fin des études me mène vers quarante ans de cotisation ni plus ni moins mais je sais que je vais bientôt disrupter dans le mauvais sens, ne pas choisir et choisir tout en même temps. L'excès de choix me mène vers un tout qui est indéfini et indéfinissable.

Ceci étant, même si je ne sais pas ce que je veux, j'ai toujours la fureur et la démangeaison de vivre."

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