Le dîner était servi, tout le monde vint mettre ses pieds sous la table. Sara et Anaïs attendaient avec impatience l'excuse que leur présenterait Charles face à son absence de ce matin au rendez-vous de la société d'oenologie auquel il avait pourtant dit qu'il assisterait.

Sara mettait de la sauçait ses pâtes lorsque des bruits des clefs se firent entendre, suivis du claquement de porte métallique.

"Quel journée d'enfer."

Sara soupira, contente de ne pas avoir à dîner seule avec sa mère. Charles débarqua dans la salle à manger.

"Que se passe-t-il ?" commença Anaïs en le servant.

"La France est atteinte d'une réunionite aiguë. J'ai enchaîné aujourd'hui. J'espère qu'il reste du Parmesan."

Anaïs attaqua.

"Celui avec Saint John s'est bien passé ce matin ?"

Silence. Charles mettait du temps à finir sa bouchée de pâtes comme s'il réfléchissait à quelque chose.

"Oui, ça n'était pas passionnant mais ça allait" finit-il par lâcher pour donner un os à ronger à sa conjointe.

Voyant que ce n'était pas suffisant, Charles continua.

"Ils nous proposent une stratégie à rebours de ce à quoi je m'attendais, je pensais qu'ils n'avaient pas autant de fonds".

Décue qu'il puisse mentir si facilement, elle passa à un autre sujet tout en se jurant de commencer à l'observer sérieusement.

De toutes façons, si je lui demandais frontalement, il ne me dirait pas la vérité. Pourquoi Charles, fils de pasteur, homme honnête et qui l'a tant prouvé, mentirait-il ? Peut-être se trame-t-il quelque chose dans sa vie dont il n'ose pas assumer la prise en charge... Peut-être a-t-il des enfants cachés, une femme cachée ? Non, Charles est trop créatif pour une simple liaison, cela doit être autre chose.

Le dîner se déroula sans accroc et quelques heures après, dans leur lit commun, Anaïs eu une idée. L'écran de son portable lui affichait : "Alors ??", un SMS envoyé 2 heures avant par Fatima.

"Il a dit qu'il les a vus. Sers-toi de ton sommeil pour penser à un plan et tu me le diras demain. De mon côté j'ai une idée."

Elle voulait mettre leurs deux cerveaux à l'épreuve pour résoudre le problème Charles. L'enjeu était trop gros : le bien-être de sa fille déjà grandement perturbée par l'adolescence, l'absence d'un vrai père et plein d'autres choses, son bien-être à elle, qu'elle avait trop longtemps négligé avec les hommes.

La lune éclairait le quartier bienveillant du sud-ouest de la capitale et leur appartement sombra dans la pénombre lorsque le dernier téléphone fit disparaître ses pixels. La journée du lendemain allait être pleine de surprises.