"Est-ce que tu ressens le bonheur qui se dessine à l'horizon ? Est-ce que tu ressens la chaleur ?"

Sara écoutait la radio, qui passait du son français visiblement. Une musique entraînante et douce. Elle s'arrêta sur un banc et s'assit.

Elle n'en revenait pas d'avoir croisé Djilal. Ceci étant, le parc n'était pas loin de chez lui, elle le savait.

Elle ouvrit son portable sur Morgane en fond d'écran. Elle posa la doigt sur les SMS récents.

"Hey, j'ai retrouvé ton numéro au fin fond de mon portable. N'hésite pas si tu as besoin de moi. Bise, Alexandre".

Relevant la tête, elle aperçut sur l'allée principale du parc un homme jeune, voûté et sale, hurler des choses aux passants.

Elle cliqua sur "appeler".

***

Sara est au téléphone et fait des blagues pour faire rire Morgane. Elle est rentrée chez elle et pose les jambes sur son bureau alors que c'est maintenant le cours d'anglais qui a commencé au lycée Condorcet. En cette fin d'après-midi, elle était rentrée chez elle guillerette d'avoir eu autant de chance. C'est comme si après toutes ses épreuves du passé, la vie lui souriait enfin. De si petites choses mais si importantes, une flatterie, le sourire d'un garçon, la clochard bourré que personne ne regardait et qui a fini par se faire prendre en charge par une dame qui lui a fait un sermon sur sa jeunesse et le fait qu'il y avait toujours du travail our les jeunes bras. Tout cela étaient des choses qui faisaient gagner à Sara sûrement quelques minutes d'espérance de vie.

Sara lui racontait sa journée.

"On sortait de français et là, je l'ai vu il était dans le couloir devant la porte de sa classe avec ses potes. Il était tellement beau...comment les mecs font-ils pour être si beaux sans maquillage ? Je me suis passée la main dans les cheveux même si c'était un moment où je ne me trouvais pas trop moche - j'avais fait du sport la veille et mangé équilibré, en plus j'avais un nouveau sac - et pile en passant devant lui, je me pète la gueule. Je trébuche comme une cassos. J'ai fait style c'était la faute du sol et je me suis retournée avec l'air énervé en mode putain qui a mis ce sol parfait et lisse ici."

Sara écoutait, Morgane était difficile à ne pas écoutait, c'est d'ailleurs pour ça qu'elles s'entendaient bien car Sara se lassait assez ite si on ne lui racontait pas des choses avec des faits forts, et avec une forte autodérision. Sans cela, elle faisait semblant d'écouter. Et elle détestait faire semblant d'écouter.

Après avoir raccroché pour continuer sa dissertation sur Montesquieu, car il fallait bien travailler à un moment ou un autre, elle repris sa partie sur League of Legends. Puis elle arrêta le jeu et mis un film "Arthur ou la Légende du Roi" qu'elle avait téléchargé en Haute définition. la boîte de Schokobon finie, elle entama des tartines aux rillettes de thon qu'elle étale sur toute la surface. Puis des yaourts. Puis elle retourna devant le frigo et pris tout ce qu'il restait pour se le mettre dans la bouche. Puis du saucisson, puis du fromage. Tout le fromage.

Puis elle finit le film et pleura. Elle faisait cent pas dans l'appartement et continua à pleurer en évitant les miroirs et tout les reflets que pouvaient comporter chaque objet de la maison de sa mère. En bas, par la fenêtre, elle aperçu la voisine du rez-de-chaussée aux cheveux rouges et aux nombreux animeaux qui fumait sa cigarette avachie au-dessus du trottoir et observait les passants avec une moue salvatrice.

Dans un élan de négativité, elle ne réfléchit plus : elle pris ses baskets, un legging qu'elle n'avait même pas ecore eu le temps de laver et un pull, et partit courir en ne s'étirant pas. Elle couru vingt-cinq minutes avant de revenir, elle était passée devant les terrasses de cafés fleurissant de femmes minces oréolées de tables, de chaises, et d'hommes harmonieux. Elle avait respiré beaucoup de pollution même en essayant le plus possible d'inspirer par le nez. Elle se sentait mieux. Pourvu que cela dure.