Sara se baladait au parc des Buttes Chaumont. Les hanses de son sac lui faisaient mal à l'épaule droite tellement elles étaient fines et longues. Mais ce déplaisir compensait le plaisir de l'Ecole Buissonnière... quel bonheur ! Rien de mieux que de savoir qu'elle était dehors en plein bac blanc de français. Elle savait qu'elle le paierait cher, mais rien n'est plus agréable que ce moment de pure liberté dés qu'on sait qu'il est lié à un ate de pure ilégalité scolaire.

Ce qui l'ennuyait cependant, c'est qu'elle était seule.Surdouée, elle avait eu du mal à se faire de vrais amis, pas ceux qui rient aux blagues mais ceux qui sont loyaux. Même parmi ses amis elle se sentait un peu en trop, du moins depuis le départ de son père et le divorce de ses parents, que certains de ses amis avaient semblé sous-estimer, puisqu'eux l'avaient "bien vécu, je ne comprends pas pourquoi tu en fais tout un plat, ma mère s'est remariée trois fois".

En fait, elle se demandait parfois si ses amis étaient ses amis parce qu'elle faisait souvent des soirées chez elle, parce qu'elle était pro-active dans l'organisation d'événements. Mais qu'importe, les jeunes qu'elles fréquentaient étaient brillants, c'est ce qui importait à ses yeux, et puis ils étaient plûtot drôles.Surtout les filles. Elle préférait être amie avec des filles. Les garçons étaient si peu fins et si confiants en eux, si peu à même de montrer leurs vulnérabilités que c'en était fatiguant, que c'était comme si on ne pouvait jamais parler sérieusement et qu'on devait faire des blagues 24 heures sur 24.

Elle s'arrêta au kiosque et posa son livre sur le comptoir "l'Atlantide" de Pierre Benoît. Elle prit une crêpe au nutella et repartit après avoir ressenti le lourd jugement dans le regard de la jeune femme derrière elle dans la file d'attente.

Elle s'arrêta net. Elle reprit ses esprits. Djilal était là, assis dans l'herbe à quelques mètre d'elle avec des amis, il ne l'avait pas vue.