Chapitre 7 Ne pas se voiler la face

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Anaïs souhaitait entendre : "le rendez-vous avec Charles était bien prévu, mais plus tôt dans la matinée".

Elle entendit "ma chérie, je suis désolée de te dire ça mais à moins que ton homme soit fasse l'aller-retour en Angleterre du sud-ouest dans la journée, il t'as menti."En entendant cela, elle soupira et traversa la pièce pour rejoindre un groupe qui semblait déranger ses voisins. Elle les réprimanda. Les jeunes allaient probablement la considérer comme une vieille chiante mais elle n'en avait cure. Elle se sentait toujours un peu patronne en faisant cela, comme si l'espace lui appartenait. La politique du co-working était plus inclusive que celle des autres espaces de travail en commun de la ville; ici, non seulement on travaillait dans le calme mais on oeuvrait aussi pour la tranquilité des autres. Chacun devait une fois par semaine réaliser une tâche d'ordre ménager, informatique, intellectuelle, bref, donner un peu de son temps pour aider. Malgré cela, il y avait parfois des discordes. Mais le fort caractère de Fatima ainsi que la bonne volonté des heureux observateurs du conflit suffisait pour apaiser les situations. Ancienne avocate, Fatima avait le ton et le verbe pour remettre à leur place les clients récalcitrants des bonnes pratiques et valeurs de l'agence. En contrepartie, les deux femmes soignaient leur clientèle ; elles organisaient souvent des soirées en offrant la nourriture et la boisson, dés qu'il y avait un succès dans la communauté des indépendants.

Ce succès au demeurant, déteint sur l'espace qui est vu comme un des piliers dans le chemin du succès, une des explications de la réussite d'une entreprise, d'un homme ou d'une femme de l'espace, selon elles. Les deux femmes savaient qu'elles en bénéficiaient d'une manière ou d'une autre, de cette joie de leurs clients, et qu'elles ne donnaient pas sans recevoir d'une quelconque autre manière. Elles avaient beau être aimables et chaleureuses avec leur clientèle, ceux-ci restaient des clients. Certains s'impliquaient beaucoup et répondaient à leurs sourires, d'autres ne s'impliquaient pas vraiment, envisageant l'espace et ses membres comme de simples collègues, et Fatima et Anaïs comme des employées.

"Que me conseilles-tu de faire ?" Anaïs était chamboulée mais déterminée à ne pas se laisser aller à l'inaction et à l'aveuglement, cette fois-là. Cela faisait 5 ans qu'elle et Charles étaient ensemble, mais elle ne souhaitait pas ternir cette relation en fermant encore les yeux lorsque quelque chose apparaissait comme anormal chez son partenaire, alors que déjà peu de ses précédentes relations avaient réellement et sainement fonctionné. Ses amis se moquaient d'elle pour cela, plus jeune, on disait qu'elle changeait de mec tous les six mois.

Elle était pourtant du style à fermer les yeux sur certaines choses lorsque tout le reste se passait bien dans le couple, se disait-elle. Alors que ces certaines choses pouvaient être précisément celles qui font naufrager une relation.

"Laisse couler". Tiens donc.

""Ou alors demande-lui ce soir ce qu'il a fait ce matin, il te dira sûrement que ça a été annulé et qu'il est allé au SPA à la place."

Elles rièrent : la présumée homosexualité refoulée de Charles était souvent un sujet de plaisanterie entre elles, Anaïs ne le défendant qu'à demi-mot, avec le sourire, mais ça ne la faisait pas vraiment rire. Depuis quelque temps, ça l'inquiétait.

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