Chapitre 23 La communauté des égos

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Charles ouvrit le frigo. Il avait faim mais ne savait pas trop quoi manger et puis dans le frigo d'Anaïs, qui était récemment devenue végétarienne il n'y avait pas grand-chose.

Il s'apprêtait à prendre de la salade dans le tiroir du bas lorsqu'il aperçut quelque chose d'inhabituel. Une feuille de papier était pliée et dépassait du tiroir à fromages. Il la prit et son cœur eu un tressault. C'était un message d'Anaïs.

Il semblait mélodramatique, tout ce qu'était Anaïs. Charles pris une grande respiration et se dit, au pire, j'arriverai à lui faire entendre raison.

Il commença la lecture en ouvrant à moitié les yeux, de peur de ce qu'il allait lire.

"Charles, je pense que tu es amoureux du fait d'être avec moi, pas de moi".

Ça commençait bien... Les lettres étaient grosses et penchées, comme si elle se fichait complètement de la forme, tant qu'il y avait un fond suffisamment percutant.

"Je pense que tu ne tiens pas tant que ça à moi si tu es capable de m'envoyer ce mail après que je t'ai seulement reproché des choses."

Il ne s'attendait pas à ça. C'est vrai qu'il lui avait envoyé un mail très froid. Un mail de remise en question de leur relation. Mais Charles l'avait écrit finement, en pensant chaque seconde, si elle me dit que je souhaite rompre, je lui montrerai ce mail en lui expliquant pourquoi ce n'était pas le cas, qu'est-ce que je voulais dire par là, et comment elle l'a complètement mésinterprété dans sa volonté discontinue de drame et de larmes.

"Je pense que tu fuis l'image que je te renvoie de toi-même, et qui en ce moment, est négative. Je crois que tu vis le couple comme une communauté d'égos. " Le mot s'arrêtait là. Elle n'avait même pas signé. Elle n'en avait même pas pris la peine.

Charles ne s'affala même pas sur le canapé. Il posa le mot, s'habilla, se rasa, se mis de l'après-rasage, du parfum, du déodorant, se lava les dents et claqua la porte.

“18 rue des Panoyaux SVP”

“C’est parti !” Le chauffeur tourna son volant à fond pour s’engager sur le boulevard parisien désert de cette fin d’après-midi dominicaine.

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