Chapitre 19 Fulmination interne d'Anais qui comprend mieux le passé

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Anaïs est révulsée. Quand elle repense à ce dîner.... Deux mois avant la découverte, elle a dîné avec Charles chez des amis communs, ceux grâce auxquels ils se sont rencontrés. Au détour d'une conversation Charles parle de son meilleur ami avec qui il a été en colocation, ils sont devenus amis suite à leur stage ensemble dans une grosse entreprise de construction. Là, le meilleur ami lâche un truc et cela part en eéclat de rire, Anaïs n'a pas entendu, ni mireille, la femme notaire, chiante comme un dimanche parès-midi pluvieux à écouter du michel polnareff. Ils ne veulent pas répéter mais ça parle d'un truc qu'ils ont fait pendant la colocation. Ils ne veulent pas dire. Vu leur promiscuité, leurs blagues de cul récurrentes et leur blagues trop tournées vers l'homosexualité, elle s’imagine le pire. Puis elle demande, après le dîner, le soir. Lui plaisante en disant "oui, oui voilà je suis gay". La bouteille d’eau. La bouteille d'eau minceur qu'elle a aperçue un jour dans sa voiture au début de leur relation, elle a fermé les yeux. Quelle conne. Leur proximité à tous les deux. Tous les indices étaient là. Cinq ans de relation, de construction, d’abnégation: il avait des défauts mais il était bon, donc elle fermait les yeux. Elle voulait un homme bon.

Fatima, elle, se fait plaisir. Elle la voit à l'autre bout de l'open space, discuter avec le petit jeune. Cela fait quelques mois qu'il vient de temps en temps. Son mari étant violent, lunatique et sans emploi, elle aime rentrer tard le soir et prendre un bouquin après ses heures.

C'est ça qui lui a fait parler avec ce client qui restait toujours tard. Anaïs la voit draguer, empêtrée dans son malheur. Elle l’envie, elle et sa gaieté permanente. Elle était gaie elle aussi, du moins avant de savoir que Charles était gay. Il ne lui est arrivé que des merdes, peut être était elle prédestinée ? Ou alors elle a une volonté inconsciente d’attirer les merdes ? Le fait d’être enfant unique n’a peut être pas aidé à la responsabiliser, la rendue plus erratique.

Ceci étant elle ne peut s'empêcher de ressentir une forme de soulagement. Charles est fini, c'est une page tournée de son histoire désormais et elle est libre d'en écrire une autre, comme bon lui semble. Un vague sentiment de liberté la traverse alors que les clients passent devant elle comme si de rien n'était aujourd'hui, sans la regarder.

Elle relativise, c'est vrai après tout, elle a un job,, elle a bossé dur pour pouvoir créer une SCI avec Fatima et louer ce local, pour proposer un service de gestion de co-working. Accueillir les entrepreneurs en herbe, les indépendants et les franchisés s’était révélé un plaisir. Elle a remarqué qu’ils avaient tous le même type de profil : gentils, mais il ne faut pas leur poser des questions, pas les emmerder, même pas faire de remarque sur ce qu’ils font même si c’est pour leur proposer de l’aide. Mais là, avec Charles dans la tête, avec cette image de ce mec qui saute Charles comme un mouton, ce mec qu’elle a rencontré il y a quelques années et qui était censé être un runner, entrepreneur viril à succès, n’était en fait qu’un homme simple : il aimait se faire sauter par derrière.

Elle fut tirée de ses rêveries par une cliente qui lui demanda par dessus son écran et tout doucement s’il y avait des livres de sade.

"De ? Pardon ?"

Elle répéta, embêtée. « Oui, je vais vous montrer » comme si de rien n’était, pour ne pas gêner encore plus la jeune fille. Coupe au carré et cardigan, elle avait l’air propre sur elle. Goguenarde, ANaïs l’emmena à la petite bibliothèque dont elles disposaient Fatima et elle et qui contenait une centaine de livres, répartis par ordre alphabétique. « Et dites-moi, est-il possible de disposer d’une salle cette après-midi ? » elle avait une voix rauque, très différente de son visage. « Non malheureusement tout est booké mais je crois que j’ai des places jeudi. » « Alors c'’est parfait. De 14 à 18 heures s’il vous plaît ». Elle avait l'air plus autoritaire qu'au premier abord. « C’est possible, il me faut juste votre nom ». Anais retourna à son bureau. Personne ne réservait plus de deux heures en général, elle se demanda ce que cette fille au regard perdu pouvait bien y faire tout ce temps.

Fatima revint de son déjeuner guillerette. Anais ne lui avait toujours pas raconté son problème. « Qu’est ce que c’est que cette tête, tu as enterré ton chien? »

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