Chapitre 17

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 Je mets un point final a ma conclusion sur le bilan financier d’Inter & Co fière du travail que j’ai accompli. Je n’ai pas dormi de la nuit pour pouvoir le terminer, mais au moins je suis persuadée que Roger va être satisfait. Je suis venue exprès une heure et demie plus tôt pour pouvoir être sûre que je n’ai rien oublié. Cette fois, je ne le laisserai pas me descendre en flammes, pas question.

Dîner avec Kieran m’as permis de me sentir mieux, étrangement dès que je suis a ses côtés mes ennuie s’envole. Je dois avouer que j’ai passé une agréable soirée. Lui et Greg m’ont amenée dans une petite pizzeria près de l’hôpital. Au premier abord elle ne payer pas mine, je me suis même demandé si je n’allais pas trouver des cafards grouillant sur le carrelage collant.

Toute seule jamais je me serai approchée, surtout qu’à l’intérieur les deux hommes aussi opulents l’un que l’autre faisait plus penser a des tortionnaires qu’à des restaurateurs. Quand ils m’ont vue entrée dans leurs établissements, tous les deux m’ont examinée de la tête aux pieds jusqu’à ce que Kieran et Greg viennent les saluer. Aussitôt, l’ambiance fut plus détendue, presque conviviale.

Forcément, Kieran n’a pas su s’empêcher d’être taquin avec moi tous le long de la soirée. Il n’a pas arrêté de me lancer des regards, s’assurant que j’avale toute la part de pizza dans mon assiette. Être assis à côté de lui, n’a pas éteint le feu ardant qu’il a déclenché en moi, bien au contraire. Plusieurs fois, nos bras se sont frôlés, m’électrisant. Heureusement que Greg était là pour me faire revenir sur terre. Il n’a pas cessé de parler, captant l’attention de tout le monde.

— Dans la phrase, « termine le dossier avant ce matin » qu’est ce que tu ne comprends pas ? tonne Roger en faisant irruption dans la pièce.

Face à la haine qui métamorphose son visage, je me lève en rangeant tous les papiers dans la pochette pour le lui donner.

— Je l’ai fini, j’ai juste voulu m’assurer que tout était parfait avant de te le…

Je n’ai pas même pas le temps de terminer ma phrase qu’il m’arrache les documents de la main et s’approche dangereusement de moi.

— Manger avec la racaille tu peux, mais par contre pour clôturer le dossier comme je te l’ai expressément demander c’est au-dessus de tes forces ! Tu n’as rien à foutre de perdre ton travail ! se met-il a hurlé.

J’ai du mal à assimiler les propos de ce qu’il vient de me dire. Je ne l’ai jamais vu aussi énerver, il presse si fort la pochette qu’il est déformé. Attend comment il peut savoir que j’ai était au restaurant avec Kieran, je recule et le dévisage perplexe. Une vague glaçante me submerge en comprenant qu’il m’a suivie hier. Depuis combien de temps cela dure.

— Tu es un détraqué, soufflé-je terrorisé par sa confession.

— Ne dit pas ça ! vocifère-t-il en agrippant mon avant-bras.

— Ne me touche pas !

Je me dérobe instantanément de son emprise et le pousse de toutes mes forces. Surpris, il perd son équilibre. Un cri de douleur s’échappe de sa bouche lorsqu’il heurte de plein fouet le bord de mon bureau. Le regard qu’il a ce moment est indescriptible, il me terrifie. Je dois m’éloigner de lui au plus vite, je ramasse vite mes affaires, mais aussitôt il me l’arrache des mains pour le balancer dans le couloir. Je tente de ne pas faire attention à lui et le contourne pour sortir sauf qu’il m’attrape le bras pour m’empêcher d’avancer.

— Tu prends combien pour écarter les cuisses, sale pute !

D’un geste rapidement la paume de ma main s’abat sur sa joue. Ma gifle est si violente que la marque rougeâtre de mes doigts est dessinée sur son visage. Je n’attends pas qu’il réagisse et m’enfuit en récupérant mon sac au passage. Je détale dans la rue, les larmes aux yeux. Qu’est-ce qu’il vient réellement de se passer, ce n’est pas possible, ça ne se peut pas. C’est un véritable cauchemar.

Essoufflée par ma course, je m’arrête sur la jetée épuisée. Je m’assois sur le sable encore humide du rosé matinal et observe les vagues. Le calme paisible de l’endroit contraste avec mon esprit tourmenté. Je ne peux plus supporter ça. Je fouille dans mon sac main à la recherche de mon téléphone portable, j’ai besoin de parler à ma mère. J’essuie du revers de ma manche les larmes qui ruissèlent sur mes joues et appuie sur la touche appel. Au bout de quelques sonneries, sa voix retentit enfin.

— Bonjour, ma chérie, tu ne travailles pas aujourd’hui ?

L’entendre me procure un bien fou. Mère me manque énormément, tout comme mon père et ma sœur. J’ai passé des années a 515 miles quand j’étudier a San Diego, pourtant je ne suis jamais sentie aussi loin d’eux qu’à San Francisco. Je lutte contre mon propre corps pour calmer mes sanglots, je ne veux pas qu’elle comprenne que je pleure.

— Je suis en pause, mentis-je la voix enrouée.

C’est plus fort que moi je n’arrive pas a lui dire la vérité, j’ai si peur de la décevoir. J’ai l’impression que c’est de ma faute si la situation a autant envenimé avec Roger.

— Es-tu sûr que tu vas bien ?

— Oui, je suis un peu malade.

J’ai envie de lui crier tout ce que j’affronte ici, de la supplier de me laisser revenir près d’eux, mais je ne peux pas. C’est au-dessus de moi. J’ai était élevé pour être une femme forte, indépendante et non comme une fillette qui baisse les bras a la moindre épreuve.

— Tu vas pouvoir te reposer à la maison, me rassure-t-elle d’une voix douce, ton père va être heureux de te revoir.

— Moi aussi maman.

J’ai oublié que je lui avais promis de passer le week-end entier avec eux. Je suis tellement obnubilée par tout ce qui mes arrivées ses dernières semaines que j’ai oublié tout le reste. C’est ironique sachant que j’ai toujours étais quelqu’un de très organiser. J’étais le style de personne qui marque toutes les dates sur un calendrier pour être sûre de ne rien négliger. À l’université, j’avais un tableau en liège qui était rempli de posthites et mémos. J’étais celle qu’on venait voir pour vérifier les partiels ou pour les devoirs à rendre. Cette période me manque.

— Je dois te laisser ma chérie, j’ai mes clients qui ne devraient pas tarder à arriver.

— Oui moi aussi je dois aller retourner travailler, à samedi maman.

En raccrochant, un vide s’empare de moi, je suis de nouveau seule. Tant pis si désormais mes vêtements son humide, que mes yeux sont rouge et que mon maquillage a du couler. Je n’ai plus le choix, Andréa doit connaitre toute la vérité. Cette situation avec Roger a assez duré. Je me redresse déterminer et enlève avec mes mains le sable qui colle a mon jeans.

Le cœur serrer j’avance vers le cabinet, à l’heure qu’il est Andréa et Ethel doivent être arrivés. Je ne serai plus seule avec lui. J’expire et inspire profondément face à la devanture pour calmer l’angoisse qui me prend aux tripes. À peine je franchis le pas de la porte qu’Ethel lève les yeux de son écran pour me lancer un regard inquiet.

— Andréa, attends dans son bureau, me prévient-elle.

Je lui réponds d’un simple signe de tête et commence à emprunter l’escalier, mais me crispe instantanément en entendant la suite.

— Roger est avec elle.

Je monte les marches à reculons. Je m’en doutais que j’allais devoir l’affronter de nouveau, mais ce n’est pas pour autant que je ne suis pas soudainement prise de panique. Une boule dans la gorge j’avance jusqu’à la porte du bureau d’Andréa, celle-ci étant ouvert je tombe directement sur elle, installer sur son fauteuil en cuir. Son regard dur se tourne aussitôt vers moi et d’un geste sec elle m’invite à rentrer. Je sers la bandoulière de mon sac et commence a vouloirs m’assoir sur la chaise en face d’elle, mais elle me stoppe immédiatement.

— Ne vous asseyez pas, ça ne va pas prendre longtemps, prononce-t-elle abruptement.

Moi qui pensait qu’elle serait de mon côté je suis estomaquée devant son comportement hostile envers moi. Mes yeux se tournent vers Roger qui semble parfaitement à l’aise, il est assis confortablement, sa cheville droite poser sur son genou gauche, ses mains sont jointe. J’aimerais tant lui faire avaler ce satané sourire qu’il a sur les lèvres, seule la marque rougeâtre sur sa joue me remonte le moral.

— Je vais faire court et circonscris, commence-t-elle en me jaugeant, ce qui se passe dans l’enceinte de mon entreprise est intolérable, je suis d’ailleurs extrêmement déçu de ne pas avoir était au courant bien avant.

Sa voix tranchante a au moins le don de faire perdre sa bonne humeur à Roger. Il se rassoit convenablement sous le regard accusateur d’Andréa. Peut-être que Roger a fini par tout lui dire, mais cela m’étonne énormément venant de lui, peut-être que c’est Ethel qui est intervenu. Il suffit qu’elle soit arrivée plus tôt ce matin sans que moi ou Roger ayons fait attention et qu’elle ait tout entendue de notre échange.

— J’ai longuement hésité à vous renvoyer. Néanmoins après mûre réflexion, j’ai décidé de vous laisser une dernière chance, reprend-elle. Cependant si j’apprends que votre comportement inadmissible refait surface, qu’un membre de l’équipe se plaint de vous, vous serez mis à la porte dans la seconde qui suit.

Un énorme point s’envole de mes épaules entendant ses mots. S’ayez, l’enfer dans lequel m’as entrainé Roger est enfin terminer. J’aurai du tout raconté à Andréa dès la première fois qu’il a outrepassé ses droits. Au moins maintenant, je ne vais plus arriver la boule au ventre et vue ce qu’elle vient de dire je suis persuadée qu’il va se tenir a carreaux. Je me demande tout de même s’il va continuer à superviser mon travail.

— Suis-je clair Camélia ?!

Tous le sang dans mon corps s’évapore fasse a ses mots, je suis incapable d’arrêter de la fixer. Mon cerveau a encore du mal a assimilé est pour moi, mais pour moi. Je ne comprends pas, comment cela peut-il être possible. Je tourne la tête vers Roger ayant une soudaine envie de meurtre.

— Je ne peux pas tolérer qu’on manque de respect a Roger, surtout lorsqu’il refuse tes avances.

Un rire forcé s’échappe de mes lèvres devant les propos qu’elle tient. Tous les deux me lancent un regard ahuri comme-ci je devenais folle, peut-être que je le suis en fin de compte. Ce n’est pas possible, j’ai l’impression d’être dans un sketch.

— Vous trouvez ce que je te dis est drôle ?

— C’est une caméra cachée ?

— Je vous demande pardon ?

— Depuis que je suis arrivé ici, Roger n’a pas cessé de draguer et fasse à mon refus il a commencé a me harceler sans relâche. Ce matin, il m’a insulté ! crié-je au bord des larmes.

— Avais-vous des preuves ?

— Non, mais..

— Donc si je comprends bien c’est votre parole contre la sienne ? Pourquoi vous ferais-je confiance alors que je collabore avec Roger depuis plus de sept ans sans le moindre problème, surtout que lui a une marque au visage, rétorque-t-elle calmement en joignant ses mains.

Je me tourne vers le principal concerner, le suppliant des yeux d’avouer, mais il semble n’avoir aucune empathie envers moi. Il pivote simplement la tête vers Andréa refusant de me faire face. Je suis seule, personne ne va m’aider ou me soutenir.

— Je dis la vérité, murmuré-je apeurée.

— D’ailleurs si cela dure depuis si longtemps pourquoi n’êtes vous pas venue me voir avant.

— Je..

Mes mains se crispent sur le dossier du siège en face, je serre si fort qu’elles me font mal. Incapable de retenir une seconde de plus, mes joues se retrouvent une nouvelle fois humides.

— Donc voilà comment ça va se passer à partir d’aujourd’hui, Camélia vous être en période de probation, le moindre écart et vous pouvez faire vos cartons. Durant cette période, vous serez affecté aux archives, ils ont un grand besoin d’un rangement et d’un classement. Si je vois de votre part une amélioration significative de votre comportement au cours des mois à venir, vous pourriez reprendre votre place, est-ce que cela vous convient-il ?

Est-ce que j’ai réellement le choix... Soit, je refuse et garde ma dignité, mais cela veut dire perdre mon travail. Je ne suis pas certaine de pouvoir en retrouver un rapidement, et encore moins dans un cabinet d’Audit. Je pense qu’Andréa se fera un malin plaisir à saboter toutes mes chances. Tous mes efforts auraient été vains.

Je devrais sans doute retourner vivre chez mes parents pour ne pas finir à la rue. Soit, j’accepte de travailler dans un endroit qui a un impact nocif sur ma santé. Je ne peux pas me permettre de le perdre et décevoir ma famille. C’est mon père qui m’a trouvé cet emploi, il a dû jouer avec ses relations et moi j’abandonnerai au bout d’un mois et demi à cause d’un sale type. Il ne m’a pas élevée pour baisser les bras aussi vites.

— Oui, acquiescé-je a contrecœur.

— Parfait, dans ce cas il ne reste plus qu’à présenter vos excuses à Roger pour clore ce sujet.

Je me tourne vers lui avec dégoût, malgré son regard indéchiffrable je perçois pendant une nanoseconde un rictus victorieux orne ses lèvres. Je me mords l’intérieur de la joue pour taire l’envie irrépressible de lui sauté dessus pour le frapper encore et encore jusqu’à ce qu’il me supplie d’arrêter le visage ensanglanter. Je dois prendre sur moi, j’enfonce mes ongles dans la paume de ma main et d’une voix étranglée je m’excuse.

— On oublie tout, maintenant on ne peut repartir que sur de bonnes bases, me lance-t-il en se levant.

— Je l’espère bien, ça serait vraiment dommage de vous perdre Camélia.

Sa remarque sonne plus comme une menace déguiser a mes oreilles, elle m’a fait très bien comprendre que je suis sur la sellette et qu’elle n’hésitera pas a appuyer dessus. Fatiguer de parler je réponds d’un signe de tête et essuie mes larmes, la gorge serrée. Au moins la bonne chose dans tout ça c’est que je ne suis plus obligée de devoir supporter Roger pour les mois à venir.

Je descends aux sous-sols où des étagères remplies de paperasse envahissent le moindre centimètre carré de l’endroit. Je ne risque pas de m’ennuyer ici et en plus je suis au frais et au calme, personne pour venir me déranger. Même l’odeur de renfermé de la pièce ne me gêne pas, tant que je suis loin de lui tout me va.

J’avale un comprimé pour mon mal de tête, surement du a ma crise de larmes et m’attaque au dossier. Tellement concentrée par ma tâche, je ne vois pas les heures défilées. Je ne prends pas la peine de remonter pour la pause déjeuner, de toute façon je n’ai pas d’appétit. Refusant d’affronter Roger ou Andréa, je reste cloitrée en bas jusqu’à ce que je sois certaine qu’ils ne sont plus là, tant pis si je ne suis pas payée pour l’heure supplémentaire. Généralement, ils s’enferment dans leurs bureaux pour faire un compte rendu des dossiers au cours une fois que tout le monde est parti.

C’est à dix-neuf heures passées que je sors enfin de ma cachette, à cette heure-là je ne risque pas les croiser dans le hall d’entrée. Je sais que je ne pourrais pas les éviter indéfiniment, mais le plus tard possible sera le mieux. Je m’échappe du cabinet telle une voleuse.

Je vais rentrer, prendre une douche et aller me coucher pour tenter d’oublier cette journée horrible. Mon jeans est sali de sable, et comme tous mes vêtements, il l’odeur de la cave les a imprégnés. Mon maquillage s’est fait la malle et ce qui reste à coloré ma paupière inférieure, c’est sans parler de mes joues marquées par les larmes.

Je sors le trousseau de mon sac à main mollement en approchant de ma porte d’entrée. Je regrette de ne pas mettre arrêter au magasin pour acheter une bouteille d’alcool, c’est ce qu’il m’aurait fallu cette nuit pour oublier. Tandis que je glisse ma clé de la serrure, je m’aperçois qu’elle est déjà déverrouillée. Je suis sure d’avoir fermé à double tour, comme je le fais chaque matin. J’entrouvre la porte angoisser de découvrir mon appartement saccagé une nouvelle fois, je n’ai pas besoin de ça se soir.

Je suis sidérée de voir Kieran assis sur l’un des tabourets, entrain de pianoter sur son portable. Des sacs en papier sont posés devant lui, cachent une partie de son torse.

— Tu as tardé à rentré, je croyais que tu terminé a dix-heure heure, tu devrais vraiment investir dans un verrou plus sur. Balance-t-il en levant les yeux vers moi.

Son sourire charmeur disparait instantanément en me regardant, alors qu’il s’approcher de moi je recule.

— Qu’est-ce que tu fichez là, marmonné-je

— Il t’ait arrivé quoi ?

— Pourquoi es-tu chez moi ?

— Je t’ai ramené à manger, prononce-t-il plus doucement.

C’est plus fort que moi, mon corps me lâche et les larmes resurgissent. Je crois que tout mon être ait fatigué et qu’il n’en peut plus. Je me mets à craquer devant lui sous ses yeux inquiets. Il avance un pas après l’un vers moi, telle une panthère sur sa proie.

— Je n’ai pas faim, bredouillé-je tremblante, va t’en s’il te plaît.

Malgré mes supplications il continue sur sa lancée, au moment où ses doigts frôlent ma peau j’ai un mouvement de recule. Aussitôt, il prend mon avant-bras pour m’attirer vers lui. Je me cogne contre son torse alors que ses bras m’entourent. Une de ses mains se retrouve sur mon crâne a me caresser les cheveux tandis que l’autre emprisonne mon bassin pour que je reste collée a lui.

— Pleurs autant que tu veux, mais je ne partirai pas d’ici avant que je sois sure que tu ailles bien.

À bout de force je l’enlace et sanglote silencieusement, mon visage niché contre son cou. Il m’enveloppe comme pour ériger une barrière de protection. J’inhale le parfum qui se dégage de lui. La chaleur de son corps apaise mes larmes. Je pourrai rester des heures ainsi, c’est tellement agréable. Je pourrai m’endormir. Pourtant je dois m’éloigner de lui, c’est à contrecœur que je recule de lui et du réconfort qu’il m’offre.

— Je suis désolée, murmuré-je fébrilement en essuyant mon visage trempé.

— Tu devrais aller prendre une douche chaude pour te détendre et moi je m’occupe de réchauffer la nourriture.

Je résiste à fermer les paupières lorsque ses doigts se glissent sur ma joue, d’un geste délicat il caresse ma peau.

— Kieran, je n’ai vraiment pas d’appétit.

— Je ne te laisse pas le choix, susurre-t-il en plantant ses yeux d’ébène dans les miens.

Un vide s’empare de moi lorsqu’il enlève sa main, je décide de faire ce qu’il m’a dit et me dirige vers mon armoire pour retirer des vêtements propres. Je verrouille la porte de la salle de bain et me déshabille pour aller rejoindre la chaleur de l’eau. Je ferme les paupières, laissant mon corps se détendre.

Je me lave rapidement et sors pour me sécher. Je n’ai pas envie de faire attendre Kieran plus longtemps, et cela n’a rien à avoir avec le fait que dès que je m’éloigne de lui il y a un manque qui se crée en moi. J’enfile un vieux pantalon de sport noir et un tee-shirt ample. J’essuie le reste de maquillage sur mon visage et démêle mes cheveux. En passant le pas de la porte, l’odeur alléchante qui vient de la cuisine. Je pars m’installer sur le tabouret me sentant beaucoup mieux.

— Goûte-moi ça et dis que ce ne sont pas les meilleurs hamburgers que tu es dévoré de toute ta vie, sourit-il en posant devant moi une assiette remplie à ras bord.

— Le meilleur, rien que ça, me moque-t-je en prenant une frite.

— Mange et tu verras.

Je lui obéis et croque dans le sandwich en essayant de ne pas m’en mettre partout. Les saveurs réveillent mes papilles, il a raison, il est délicieux. J’avale une deuxième bouche puis une troisième devant le regard amusé de Kieran qui déguste le sien plus lentement.

— Une vraie affamée, ironise-t-il quand je le termine, alors j’avais tort ?

— Ça va, il n’est pas si mauvais que ça.

Il est hors de question que je lui dise que j’ai adorée, il n’arrêterait pas se moquer de moi.

— En tout cas sans moi tu n’auras rien eu dans l’estomac ce soir, ton réfrigérateur est vide.

— Je n’ai pas eu le temps de faire les courses, ces derniers temps je suis assez occupée.

— Tu veux m’en parler.

— J’ai juste des soucis avec mon travail, avoué-je le cœur serré au moins toi tu es tranquille.

Je regrette mes mots à l’instant qu’il sorte de ma bouche, mais qu’est ce qui m’a prise de lui dire ça. Je lève les yeux affolés vers lui, cependant il ne semble pas contrarier et c’est sur un ton détendu qu’il me répond.

— Je pense que niveau stresse je te bats sans problème.

J’hésite un instant a lui poser la question qui me brûle les lèvres depuis que je les rencontrais. J’aimerais faire abstraction, mais une partie de moi, mort d’envie de savoir.

— Pourquoi as-tu commencé ?

— C’est évident non, l’argent facile, finit-il par dire avec nonchalance, il me fallait du fric rapidement pour pouvoir subvenir au besoin de Maisy. Les parents de Megan avaient déjà mal financièrement et les miens ne voulaient même pas en entendre parler.

Sa confession me touche plus qu’elle ne devrait, je le trouve encore plus beau maintenant que je sais ça. L’envie de me réfugier dans ses bras, d’embrasser ses lèvres, son cou, ses pectoraux vient traverser mon esprit. Il faut que je calme mes ardeurs avant qu’il le remarque. Heureusement, la sonnerie de son portable me coupe dans mes pensées. Il jette un rapide coup d’œil à l’écran et le ranger.

— Je dois te laisser, lance-t-il en se levant, demain soir c’est toi qui invites.

— Je suis assez grande, répliqué-je en le suivant du regard.

— Je sais, sourit-il en me faisant un clin d’œil avant sortir de mon appartement.

Étrangement, il a le don de m’agacer et m’apaiser. J’aime l’effet qu’il a sur moi et mon corps. Ce soir, il a été la boule d’oxygène qu’il me fallait, mais maintenant qu’il est parti je me sens vide.

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