Chapitre 5 - Un passé arraché

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L’effet qu’il produisit fut instantané. Tous les membres du Conseil avaient beau se concentrer, les yeux clos et la main devant eux, ils durent se rendre à l’évidence: il était impossible de détecter quoique ce soit dans l’âme et la physionomie de Ashan. Ce qui amusa un peu ce dernier.

- Mmm… tout à fait remarquable, cela est, affirma Maître Yoda, son regard perçant scrutant celui d’Ashan.

A quoi pouvait penser un être rempli d’une telle sagesse? se demanda ce dernier. Maître Yoda poursuivi :

- Et comme extrêmement rare ce cas apparaît. Comment une telle maîtrise un homme des rues peut-il bien atteindre, demanda t-il à Ashan. Mmmh ?

Ashan craint de paraître prétentieux en affirmant qu’il avait réussi très tôt à dissimuler le pouvoir qui l’habitait. En fait, il ne se souvenait même pas l’avoir appris. Il le faisait… Naturellement.

  • Je me suis beaucoup entraîné pour atteindre ce niveau de maîtrise, prétendit-il d’une voix mal assurée.

Maître Yoda le fixa avec amusement.

  • Lire en toi, nous pouvons, prévint-il.
  • Alors inutile d’essayer de nous mentir, ajouta Windu d’un ton où planait la menace.

Ashan se figea, stupéfait de la facilité avec laquelle les Maîtres arrivaient à percer ses pensées. Il regretta aussitôt son manque de franchise.

  • Oui… J’ai toujours su camoufler ma présence dans la Force, avoua t-il. C’est comme… Naturel pour moi. Je ne sais pas pourquoi. Au début, je n’avais même pas conscience que je le faisais. C’est en étudiant les holocrons laissés par mon père que j’ai compris ce que c’était.

Windu fronça les sourcils.

  • Votre père ? Qui est-ce ?
  • Je ne sais pas. Je ne l’ai pas connu. Il est mort avant que je ne le puisse. Je sais seulement que c’était un jedi de l’Ordre qui périt en mission.

Les maîtres se regardèrent les uns les autres. Certains chuchotaient entre eux. Pour la première fois, ce fut Ashan qui posa une question :

  • S’il vous plaît, j'aimerais savoir… Comment mon père est-il mort ?

Le silence se fit dans la salle. Windu et Yoda se fixèrent intensément, comme s’ils communiquaient par la pensée.

  • Même si votre père était un jedi,nous ne le connaissions pas. Nous ne savons pas comment il est mort. Malheureusement il arrive souvent que l’un des nôtres meurt au cours d’une mission. Désolé.
  • Il doit bien y avoir un moyen de savoir, insista Ashan. N’avez-vous pas un registre ?
  • Pourquoi accorder tant d’importance à un homme que vous n’avez jamais connu ? lança brutalement Maître Windu.

Ashan fut perturbé par cette question. Il réfléchit un instant et déclara :

  • Je l’ai connu par ses messages dans les holocrons qu’il m’a laissé. Il m’a tout appris sur les jedi et la Force. Il est normal que je veuille en savoir plus à son sujet.
  • Nous empêcher d’avancer le passé peut, déclara Maître Yoda. Concentre-toi sur le présent et les gens qui t’entourent, car ce sont eux qui ont besoin de ton attention. L’oublier, tu ne dois pas.

Ashan se tut. Il ne changea pour autant pas d’avis sur la question. Il voulait savoir ce qui était arrivé à son père, cet homme à qui il devait presque tout son savoir sur la Force.

  • Têtu, tu es, gronda Maître Yoda. Néanmoins, impressionnantes sont tes capacités. Des questions, nous avons à te poser, si tu le veux bien.

Ashan serra le poingt. Il commençait à trouver franchement agaçante cette violation de son esprit.

  • Allez-y. Mais cessez de scruter mes pensées je vous prie.

Les maîtres se regardèrent une nouvelle fois et hochèrent la tête.

  • Nous respecterons ta volonté. Mais nous attendons de l’honnêteté de ta part.

Les Maîtres lui posèrent tour à tour tout un tas de questions auxquelles Ashan répondit avec honnêteté. Ils l'interrogèrent sur son enfance, ses amis et sa famille. Enfin, lorsqu’ils en eurent fini, ils lui demandèrent d’attendre 5 minutes devant l’entrée. Lorsqu’il revint, il remarqua que certains membres du Conseil paraissaient mécontents, ce qui l'inquiéta.

Maître Windu se leva, l’air grave.

  • Ashan, commenca t-il, le Conseil s’est mit d’accord sur le fait que les questions que nous vous avons posé ne suffisent pas à vous juger. C’est pourquoi nous voudrions que vous nous donniez votre accord pour fouiller votre esprit et pénétrer vos souvenirs. Nous savons que nous vous en demandons beaucoup, mais sachez qu si vous acceptez et que nous vous en jugeons digne, nous vous autoriserons à commencer une formation de jedi au Temple.

Ashan hésita. Il avait fait des choses tout au long de sa vie qui n’étaient pas en accord avec la philosophie jedi. Il avait dû voler longtemps lorsqu’il était enfant. Pour survivre. Il tenta de se rassurer. Le Conseil est magnanime, se dit-il. Ils comprendront. Il demanda malgré tout pour la forme :

  • Et si je refuse ?
  • C’est votre droit, déclara la voix grave de Windu. Mais vous devrez alors rentrer chez vous. Quelqu’un vous y ramènera.

Il se résigna.

  • Très bien, j’accepte.

Les Maîtres se levèrent et firent cercle autour de lui. Maître Windu posa sa main sur la tête d’ Ashan pour fouiller son esprit, tandis que les autres membres se tinrent la main, l’un d’eux ayant un contact physique avec Windu. Cette chaîne leur permit de voir ce que voyait le maître jedi, et donc Ashan.

  • Ouvrez votre esprit. Lachez prise.

Ashan eut la désagréable impression que son esprit ne lui appartenait plus. Windu fouillait dans son esprit et lui fesait revoir de nombreux instants de son existence.

Il revit sa détresse lorsque des policiers étaient arrivés chez lui pour lui expliquer que sa mère était en prison et que, étant dorénavant dans l’incapacité de payer le loyer, il devait quitter les lieux immédiatement pour ne plus jamais revenir. Il se revit pleurer de longues heures sous la pluie, marchant au hasard. Il se revit ensuite fouiller les poubelles parce que la faim le tenaillait. C’est alors qu’un garçon, âgé de deux ans de plus que lui et donc de douze ans, le menaça avec une arme. Ashan plongea alors dans une espèce de transe.

    Il tend sa main devant lui, comme un réflexe de survie. Il est terrifié. Le garçon est projeté à plusieurs mètres devant lui et s’écrase au sol. Il ne comprend pas ce qu’il s’est passé et reste tétanisé. Le garçon se releve et voit qu’il a affaire à un gamin. Apparemment impressionné, il lui demande comment il a fait ça.Ashan lui répond qu’il ne sait pas, que c’est venu tout seul.

Ils sympathisent. Le garçon, Camlen Javis, est très interessé par ses pouvoirs et il lui finit par lui faire une démonstration de ce qu’il sait faire : déplacer pendant quelques secondes de petits objets. Camlen l’encourage. Il lui explique que ses pouvoirs vont leur être profitables à tous deux. Il l’aide à s’améliorer en le motivant et en lui faisant faire des “exercices”. Soulever une peau de banane, une canette, puis, le temps passant, des objets plus lourds. Camlen détourne l’attention de petits commerçants tandis qu’Ashan utilise la Force pour voler discrètement de la nourriture, puis, des objets plus variés : des lampes de bureau, des coussins, des piles, un briquet et enfin, sa plus belle prise; un matelas.

Des années plus tard, alors qu’il a 13 ans, Camlen lui annonce qu’il lui a trouvé un emploi, un “job de rêve” : un poste d’assistant médical. Il se révèle être doué : à l’écoute des patients et habile de ses mains. Ces aptitudes lui valent l’affection de son employeur. Un an plus tard, il devient l’apprentis du médecin. Il vole de temps en temps un peu de nourriture sur son lieu de travail pour son ami Camlen, qui de son côté survivait grâce au trafic et autres activités illégales, faute de trouver un véritable emploi.

Un jour qu’ils devaient se voir, Camlen ne vint pas. Il apprit plus tard que son ami avait été tué lors d’une bagarre entre gangs. Il avait perdu son seul et unique ami, à qui il devait tout.

Autre flash : il a seize ans. Le cabinet dans lequel il travaillait à fermé et il se retrouve de nouveau dans la rue, mais cette fois seul. C’est alors que l’un de ses contacts, Gnarsh Laston, le prend en pitié. Il l’embauche dans sa boutique de droïdes et l'y herberge. Ashan fait beaucoup d’efforts et apprend vite. Bientôt, ses compétences dépassent celles de Gnarsh et grâce à lui, la boutique se releve de ses difficultés. Elle devient même populaire et les clients affluent toute la journée. Encore un flash : Ashan a acheté son propre appartement. Il commence la construction de son droïde, Ashla, grâce aux pièces que Gnarsh lui fournit gratuitement. Enfin, il se revit à 19 ans, en train d’assembler les dernières pièces du droïde. Ashan l’allume. Ashla prend vie sous ses yeux émerveillés. Elle devient alors sa seule famille.

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