Briefing : Rassemblement

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Le syntha de la cafeteria dépose la tasse de café avec précision. Noir, sans sucre, exactement comme Skyline l’adore. La vue est majestueuse : entourée par plusieurs massifs tombants, la terrasse offre un panorama de Marineris sans pareil. Les tours d’or jaillissent des lacs forestiers, entourés des bulles formées par les dômes transparents. Une merveille de l’ingénierie coloniale, la fierté de Mars. Au loin les deux falaises titanesques disparaissent sous l’horizon et la poussière.

L’ancien enquêteur des forces de sécurité profite, depuis quelques années déjà, d’un repos bien mérité. Après les troubles de 81 et, bien sûr, la guerre, il avait privilégié le calme. Malgré ça, quelqu’un lui a envoyé un énigmatique message. Une nouvelle affaire ? De ce qu’il en a saisi, un enfant, Mickael Norway, manque à l’appel et une petite équipe discrète est demandée pour le retrouver. La disparition ne date que d’une heure. Sont joints un code de sécurité – émis par les autorités martiennes – et quelques informations sur les autres membres de l’équipe. Le message n’indique ni moyen de réponse, ni coordonnée : comme si son expéditeur était assuré de sa participation.

Alors qu’il s’apprête à déguster son breuvage favori, un autre message lui parvient : une demande de communication temps réel. L’émetteur, un certain Downlink, ne lui dit rien, si ce n’est que son nom figure dans la courte liste des membres de l’équipe. Skyline envoie la confirmation et deux avatars apparaissent devant lui : un jeune homme et une femme.

Le premier est un cliché vivant de héros de manga. En plus de porter un kimono d’un orange vif, ses cheveux raides, coiffés en brosse, luisent d’une lumière dorée. Décalant l’unique mèche tombante de ses cheveux, il se présente de ce qui pourrait être sa voix la plus grave : « Bonjour, ici Downlink. Vous avez demandé un spécialiste ? ».

L’autre soupire en s’asseyant sur la chaise en face. Son avatar est beaucoup plus détaillé et présente les traces d’usures et petites imperfections qui laissent penser qu’il pourrait s’agir de son apparence réelle. Elle porte une veste longue formant quelques angles trahissant la rigidité de ses renforts. Ses cheveux violets sont pratiquement la seule touche cosmétique dans ce qui ressemble à une enveloppe pragmatique et optimisée. Brisant le silence laissé par l’introduction maladroite de Downlink, elle reprend : « Appelez-moi Razors. Apparemment, quelqu’un a besoin de nos services. Quelqu’un qui ne veut pas impliquer les forces de sécurités.

– Et plutôt bon pour planquer son cul sur le réseau, la coupe l’homme aux cheveux dorés.

– Quitte à faire les présentations, moi c’est Skyline, reprend l’ancien enquêteur. J’ai bossé pas mal de temps avec les forces de sécurité. J’avoue que cette histoire a l’air louche. Sans offenses, mais j’ai déjà eu assez d’affaires avec les Phobos’ Heights pour me méfier de ce genre de mission douteuse et apprendre à les refuser.

– Ça va sans doute vous surprendre, mais, en général, ce genre d’affaire éveille plutôt ma curiosité, rétorque Razors qui déploie un certificat sur la table.

– Oh bordel ! Une wardner, s’exclame Downlink. »

Une Solar Wardner pour être plus exact. S’il existe un groupe indépendant suffisamment prestigieux et puissant pour pouvoir enquêter sur les affaires les plus glauques des corporations, c’est bien celui-ci.

« Là, ça m’intéresse, reprend l’ancien des forces de sécurité. Voyons, un ex-enquêteur, une cyber-sam’ et un decker ?

– Comment t’a deviné mec ? s’interroge le super guerrier en orange.

– Vu nos pseudos, c’est pas compliqué, explique Razors avec nonchalance.

– Ok, se reprend le decker, on commence par quoi ?

– Si j’étais encore en service, je commencerais par la scène de crime ou le domicile de la victime, répond Skyline. Il habite où ce Mickael ?

– Ha ! Facile. Dôme Horman, dans les anciens quartiers diplomatiques, expose Downlink tout en projetant un plan tridimensionnel du fameux dôme sur la table. Tour deux, vingt‑et‑unième étage.

– On se retrouve là-bas alors, propose la cyber-samouraï.

– Il faut juste que je passe par chez-moi, objecte l’enquêteur. Quelques affaires à y prendre.

– Ça marche ! À toute ! », termine le decker.

Les deux avatars disparaissent. Terminant son café, Skyline se remémore quelques vieux souvenirs de ses opérations pour HIARTech. La journée va être encore plus intéressante que prévu.

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