Enquête : Visite inopinée

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L’entrée de l’appartement ressemble à celle de tous les autres de l’immeuble, même interphone, même panneau technique, même façon de les pirater. Mais aujourd’hui, avec le certificat donné par leur mystérieux commanditaire, ce ne sera pas nécessaire. Dommage.

Razors est passée devant et Skyline lui a emboîté le pas. Le decker, resté à l’entrée, les suit à travers la réalité augmentée. Deux écrans virtuels exposent leur champ de vision partagé et de ce qu’il peut en voir, l’appartement est sens dessus dessous. En entrant, Razors a dégainé son sabre. Par mimétisme, Downlink a lui aussi sorti son pistolet shock. Ça ne fera pas autant de dégâts que le joujou de la dame, mais ça suffira si quelqu’un tente de sortir, ou d’entrer, sur cette scène de crime.

Skyline lui semble absorbé par ses observations : « Vu le désordre, ceux qui ont fouillé l’appartement n’y ont probablement rien trouvé. ». L’enquêteur continue d’explorer le logement dont le sol est recouvert d’affaires éparpillées, contenu des différents rangements vidés hâtivement. Armé de son logiciel de reconstitution, il tente d’établir la chronologie de toutes ces perturbations.

De son côté, Downlink pénètre dans le réseau de sécurité de l’appartement. Après une rapide analyse des sauvegardes, le decker annonce « Vous allez rire, mais il manque une partie des enregistrements.

– C’était prévisible, personne n’est assez bête pour fouiller un appartement sans désactiver la sécurité, ironise Skyline.

– J’crois pas non, contredit Downlink. Celui qui a foutu le bordel, là, c’est pas ceux qui enlevé le môme.

– Développe ? l'interroge Razors.

– Bah, les enregistrements du kidnapping ont été effacés ; pas ceux du fouineur qui est passé après, complète le decker. Et je te confirme qu’il est reparti bredouille. Attendez, l’ascenseur vient de s’arrêter à notre étage et… oh, il y a du monde dedans. Armés !

– Merde ! Downlink, rejoint nous dedans, vite ! », ordonne Razors en se rapprochant de l’entrée du logement.

Écartant son interface virtuelle, le decker se précipite dans la suite. Activant son camouflage, la cyber-samouraï disparaît devant ses yeux. Par réflexe, Downlink prend couverture derrière le canapé de la salle. Mais avec les armes des nouveaux venus, autant se cacher derrière un rideau.

Du couloir proviennent les bruits de pas d’une unité de commandos qui se déploie. S’introduisant à nouveau dans le réseau de la sécurité de l’immeuble, le decker essaie de rétablir son accès aux caméras de leur étage. Un bruit étouffé et plusieurs chocs retentissent mais aucun coup de feu. Seul le son du métal percutant le sol et celui de lames franchissant l’espace à des vitesses prodigieuses lui parvient. Ça y est, l’accès est rétabli : dans le couloir Razors se tient debout, visible. Les six unités robotisées venues les intercepter gisent au sol, certaines en plusieurs morceaux.

Rengainant son sabre, la cyber-samouraï reprend le contact : « Ceux-là ne représentent plus un danger. Downlink, c’est à toi de jouer.

– J’arrive. La vache, tu leur as carrément roulé dessus ! », s’exclame-t-il.

Le decker examine le robot le moins endommagé. Il ressemble à ceux de la sécurité, mais son identification a été offusquée. Ouvrant délicatement le centre informatique, Downlink extrait le stockage principal : une petite carte de moins d’un centimètre carré de surface. L’intégrant dans sa console, il lance une série de tests pour en vérifier l'état. Une fois assuré que rien de dangereux n’y est caché, il commence l’exploration des données.

De son côté, Skyline poursuit ses observations, imperturbable. S’approchant de l’entrée, il intervient alors : « J’ai quelque chose !

– Quoi donc ? demande Razors.

– Un mouchard planqué au-dessus de la porte d’entrée. Vu qu’il a grillé, il a déjà émis son signal. Il faut sans doute s’attendre à des renforts.

– Nah, objecte Downlink. C’est le fouineur qui déclenché le signal. Genre un quart d’heure avant qu’on arrive. Et ceux qui ont été découpés en rondelles étaient en mode autistique : ils n’ont rien émis.

– Donc ils ne savent pas qu’on existe… Ça nous donne un sacré avantage ça, constate la Solar Wardner.

– Oui, et devinez quoi ! Dans la mémoire de celui-là, continue le decker, il y a son point d’origine. Ils crèchent dans un hangar du spatioport… Zone de fret ? Hé ! C’est un môme bordel !

– Logique, acquiesce Skyline en sortant de l’appartement. Les commanditaires ont certainement employé les Phobos’ Height. Ils ont leurs accès dans la zone de fret. Après tout, leur spécialité, c’est le marché noir. Par contre, j’ai aucune idée de ce que ce fouineur faisait ici.

– Notre priorité reste Mickael, recentre Razors. Downlink, tu as les coordonnées de ce hangar ?

– Oui, je vous les passe, confirme-t-il.

– En route, lance froidement la cyber-samouraï.

– Et les corps ? demande le decker sur un ton plaisantin.

– Laissons la sécurité faire le seul travail qui soit encore dans ses compétences. », termine‑t‑elle sur un ton sarcastique.

Direction le spatioport donc. Et dire que quelques heures plus tôt, Downlink débarquait d’une navette suborbitale depuis Elysium. Retour à la case départ donc ? Rangeant sa console dans sa poche intérieure, il referme son manteau. Puis, enjambant un torse robotique, il entre dans l’ascenseur.

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