102. Double ration

10 minutes de lecture

Nos chevaux viennent de marcher toute une journée supplémentaire. Marmiton a l’air prêt à faire quelques kilomètres supplémentaires, tandis que ses cousins équins marquent la fatigue, la tête basse. Cadeau tire la langue, c’est lui qui me fait le plus de peine.

Le soleil commence à prendre une teinte plus jaune que blanche lorsque le sentier longeant un ruisseau nous découvre un petit village. Le shérif nous désigne du menton le panneau sur lequel il y a écrit « auberge » :

— Nous dormirons dans des lits, s’ils ont de la place.

— Mon Dieu ! Faites qu’ils en aient ! soupire Maman.

— Je vous croyais païenne, s’étonne Daniel.

— C’est une expression courante, dit Maman. Héritage d’une époque où la majorité croyait en Dieu. Mais j’ai eu une éducation religieuse, mes parents m’avaient inscrite au catéchisme, et je…

— C’est quoi ? demande Urbain.

— Des cours sur l’histoire de la religion, en plus de l’école laïque. Et je viens d’une culture où on est prudent avec les mots. Je ne crois que ce que je vois, donc je suis prête à reconnaître que Dieu existe.

— Faudrait pas le vexer au cas où il existe, se moque le shérif.

— Croyez-moi, ceux qui y croient le moins sont ceux qui vous disent d’y croire, glisse Léonie.

Les sabots martèlent un pont en bois et nous entrons dans la petite ville de pierre. L’auberge a un moulin à eau qui trempe dans la rivière, et son néon brille sous l’appentis. Jésus suggère :

— Même s’ils n’ont pas de chambre, je suggère que nous y prenions une bonne bière !

— S’ils savent la garder au frais, je suis partante, acquiesce Maman.

Nous mettons pied à terre. Je tends les bras à Jésus puis l’aide à glisser. Nous entrons alors entre les épais murs de l’établissement. Il y fait aussi sombre que frais.

Un homme rond et à la grosse moustache qui me fait penser au sergent Garcia, s’exclame :

— Cornegidouille ! Trois shérifs ! Tant que ça pour remplacer ce bon vieux Fred !

— Nous sommes de passage, répond Apollinaire. Il vous manque un shérif ?

— Il a clamsé de la maladie. Et croyez bien que je le regrette, c’était mon meilleur client. Au moins une bouteille à chaque repas, petit-déjeuner inclus.

— Et personne du village n’a été tenté de prendre sa place ?

— C’est un patelin calme, pas besoin d’un shérif. Tout le monde se connaît, et le curé gère mieux les désaccords que le Maire.

— Le curé aussi est bon client ?

— Il vient manger ici tous les soirs, mais il ne consomme guère d’alcool.

— En ce qui nous concerne, nous consommerons sûrement deux bouteilles ce soir, si vous avez assez de place pour nous autres. Et si vous avez des chambres…

— Les trois chambres sont libres.

— Je pense que nous parviendrons à nous partager. L’une de vous devra dormir sur son tapis, mais…

— J’ai une meilleure solution ! m’exclamé-je.

D’un regard noir, il me coupe dans mon enthousiasme. Il indique au sosie de Garcia :

— Une chambre pour moi et l’Estropié, une pour mes fils, et la plus grande pour ces dames.

— Ah ! ce sont vos fils ! Je me disais bien qu’il y avait une ressemblance.

— L’étoile, sourit Jésus.

Garcia rit et Jésus ajoute :

— Pouvons-nous nous installer pour boire ? J’ai les jambes fatiguées.

— Allez-y ! allez-y !

— Les chevaux d’abord, ils sont fourbus, dit le shérif. Les handicapés, allez vous installer. Je m’occupe des détails avec notre hôte.

— Faites-les passer derrière, nous dit-il. Mon garçon vous aidera.

Nous quittons l’auberge et récupérons les rênes de nos animaux. Derrière l’auberge, les écuries sont propres et sentent le foin frais. Cadeau est le premier à plonger le museau dans un abreuvoir. Je dis à Maman :

— Ne te sacrifie pas pour dormir parterre, je sais où passer la nuit.

— Je crois qu’Apollinaire a bien compris, mais qu’il aime la discrétion.

Un garçon de onze ou douze ans nous accueille.

— Bonjour ! Combien d’animaux ?

— Six, répond Urbain.

Le garçon semble de recompter, puis ouvre un enclos. Une mangeoire présente du foin encore un peu vert.

— Pour vingt francs par bête, je les brosse. Pour cinquante francs, je cure les sabots en plus.

Je cherche deux billets de cent francs et lui tends :

— Pour l’âne et la jument ici, et la noire. Il s’appelle Marmiton, il faut le traiter comme un roi.

— Oui, Madame.

Je récupère mon paquetage et claironne :

— Moi, je vais boire ! Viens, Maman.

Nous rejoignons Jésus et Léonie qui se sont déjà fait servir une pinte.

— Elle est fraîche ? demandé-je.

— Goûte, propose Jésus.

Je trempe les lèvres dans la chope de Léonie puis lève le doigt.

— La même chose !

Le shérif nous rejoint, en même temps que ses fils. Il me dit en s’asseyant :

— Une femme ne commande pas en criant.

— Vous êtes vieux jeu.

Il me regarde fixement. Je ne me démonte pas et j’ajoute :

— Nous serons discrets ce soir, promis. Léonie et Jésus se supporteront comme à Lutèce, vous prenez la petite chambre avec Maman, et moi la grande avec les garçons. Inutile d’attendre que nous soyons endormis pour vous faire des câlins.

Garcia amène les pintes pour tout le monde. Le shérif ne répond pas, mais me lance un regard avec une étincelle de complicité.

Le soir tombe. Quelques habitants viennent manger à l’auberge, dont le curé, un homme plutôt jeune aux petites lunettes ovales. Celui-ci ne nous a pas octroyé plus qu’un regard aimable à son entrée. Il ignore qui nous sommes. Le shérif est plutôt confiant. Même s’il était bon acteur, le temps qu’un message parvienne à Versailles et que l’inquisitrice se mette en route, nous serions déjà arrivés à Puy Indompté.

Comme promis, nous avons écumé trois bouteilles de vin à nous six. Je suis complètement ivre quand nous nous retrouvons seuls dans l’auberge et que nous grimpons les marches pour rejoindre nos chambres. Je suis assez saoule pour trébucher sur la dernière marche, pas assez pour m’effondrer sur le lit sans avoir tenu la promesse faite à moi-même.

Je ferme à clé derrière les jumeaux et me tourne vers eux en me mordant la lèvre. Ils restent tout deux debout, visiblement un peu stressés. Je m’adosse à la porte et leur souris :

— Allez ! Tout nus, messieurs.

Ils échangent un regard pour s’accorder, puis ils se déshabillent. Je patiente, jusqu’à ce qu’ils soient entièrement dévêtus, les témoins de leur désir au garde à vous. Je déboutonne petit à petit ma chemise, leur érection se renforce, cependant leur posture reste raide. Je laisse tomber ma chemise, m’approche d’eux, puis empoigne délicatement leurs phallus. Leurs respirations s’accélèrent. J’embrasse d’abord Urbain, car j’ai décidé que le premier à m’avoir courtisé serait le premier servi. J’embrasse Daniel. Leurs mains osent à peine se poser sur ma peau. La leur sent la sueur des derniers jours. Même s’ils n’ont connu aucune autre fille et que l’élixir de lune empêche toute ovulation, je préfère me protéger. D’autant plus que je n’ai pas moyen de faire une toilette après.

— Parfait, on ne bouge pas.

Je m’accroupis prêt de mon paquetage et en sors deux préservatifs. Je déchire le premier paquet et déroule le latex sur le pénis d’Urbain.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Quelque chose de magique.

Je déroule le second sur le sexe de Daniel, puis je me recule, les admire avec gourmandise. Je réfléchis à comment profiter d’eux simultanément. Ils me sourient, l’air gauche. Je baisse mon pantalon tout en remuant des hanches et je me retrouve coincée à mes bottes. Ils rient alors que je saute à pieds joints pour gagner le lit. Je m’allonge, alors ils saisissent chacun un pied, me déchaussent, puis enlèvent mon pantalon. Puis, ils se statufient à nouveau et me regardent comme si je devais dicter leurs gestes.

— La culotte, gentlemen.

Leurs doigts légers et hésitants tirent délicatement sur mon sous-vêtement. Je repose les fesses sur la couverture, puis les genoux de chaque côté de moi pour leur ouvrir un panorama sur mon intimité. Ils observent ma vulve sans oser y toucher, comme si c’était un artefact extraterrestre.

— Petit cours d’anatomie ? Je ne vous ai pas vu vous laver les mains, alors on regarde seulement. C’est comme une bouche. Il y a les lèvres qui adorent être embrassées avec délicatesse. Et quand le menu est appétissant, je salive. Et c’est important que je salive pour que vous puissiez entrer sans me faire mal. Et ça, c’est ce dont aucune religion, quel que soit le monde ne parle. C’est comme un interrupteur, sauf que c’est pas la lumière que vous allumez.

Je pouffe de rire.

— T’es ivre, regrette Daniel.

— Et ? Tu n’aimes pas mon cours ?

— Si. Je m’attendais à quelque chose de différent, confie Daniel. Un trou, mais pas comme ça.

— Déçu ? m’étonné-je.

— Intrigué.

— Et toi Urbain ?

— Moi, ivre ou pas ivre, je veux passer à la leçon la plus importante : comment te faire saliver.

Je me redresse d’un bond et me love contre lui. Je prends la main de Daniel pour qu’il se colle contre moi. Et alors que la tête me tourne et que je me retiens à eux, je leur murmure :

— Il me faut des caresses, beaucoup de caresses.

Mes mains dans le dos d’Urbain imposent le style que j’attends. Très bons élèves, ils découvrent ma peau, mes courbes. Daniel semble passionné par mes fesses, par leur sillon. Urbain a une main dans mes cheveux et l’autre passe sur mes flancs. Je l’embrasse avant de passer à son frère. Mon excitation flambe tandis que mes doigts parcourent deux bustes à la fois. Ils ont des muscles secs, très fins, mais parfaitement dessinés. Daniel observe mes seins avec fascination, passe un doigt dessus, alors je lui suggère :

— Embrasse-les.

Il se penche pour poser sa bouche sur mon mamelon. Son frère l’imite. Je caresse leurs cheveux simultanément tandis qu’ils s’appliquent, suaves et délicats. Je ne sais pas si je dois me sentir gênée ou amusée d’être dans cette position dominante. Cette situation inédite fait crépiter le désir dans mon ventre. Je pourrais les laisser des heures sur mes seins, mais mon ventre appelle à être comblé.

Je recule, les tire vers le lit et je dis à Urbain :

— Honneur au plus courageux. Toi, reste avec moi.

Je m’allonge, Urbain se place entre mes jambes tandis que Daniel s’assoit à côté de moi. Je tends la bouche vers Urbain pour qu’il m’embrasse. Son corps s’allonge sur moi. Je pose une main sur son flanc, me délecte du baiser, puis de l’autre, je guide son sexe. Il s’interrompt, me regarde dans les yeux. Son sexe m’ouvre lentement. Ses iris pétillent de surprise, sa bouche se fige de désir. Daniel lui demande :

— Ça va ?

— Cornegidouille ! C’est trop bon !

J’éclate de rire, agrippe ses fesses et l’enfonce au plus profond en fermant les yeux de plaisir. Je me redresse en même temps et dis à Daniel :

— Mets-toi derrière-moi.

Il passe une jambe dans mon dos, je m’adosse à lui. Ses mains reviennent à leur passion pour mes seins. J’embrasse Urbain dans le cou et lui ordonne en enfonçant mes ongles de commencer les va-et-vient. Au fur et à mesure, je lui impose la fermeté dans les coups de reins. Il a l’air concentré sur ce qu’il fait, comme un premier de la classe. Le souffle de Daniel flirte sur ma nuque, son buste chaud contre mon dos amplifie mon désir. J’ignore si c’est la concentration ou si c’est l’alcool, mais je trouve Urbain endurant pour une première fois. Une chaleur torride enflamme nos corps oints de sueur. J’aimerais que cet instant dure une éternité. J’ai même une pensée pour Alexandre qui a bien fait de me fuir. Petite vengeance délicieuse qui ne me rend que plus humide. Les gémissements m’échappent et Urbain s’arrête brutalement :

— Ça va ?

— T’arrête pas ! Fuck !

Il reprend alors.

— Vas-y fort !

Urbain poursuit ses coups de reins comme s’il voulait me déloger des bras de son frère. Il halète, sans pudeur. Son corps luit de transpiration. Les frissons incontrôlés s’emparent de mon ventre.

— Fuck ! Fuck ! Fuck !

Un coup de rein plus rapide qu’un autre le surprend. Son corps se tend, son visage se ferme. Puis il soupire, essoufflé. Je lui ordonne.

— Allonge-toi.

Nos sexes se désunissent. Je m’allonge ventre contre lui, embrasse son cou et cherche Daniel à tâtons derrière-moi. Je cambre les reins, glisse mes doigts sur sa verge tendue, puis la place en moi. Je soupire de bien-être. Urbain caresse mes cheveux, je blottis mon visage contre lui et intime à Daniel :

— Vas-y franchement !

Il saisit mes hanches, puis commence lentement des coups des reins, dans un rythme vite maladroit. La position semble lui déplaire, mais je m’en fiche, le moindre aller-retour me rend folle. Je veux jouir !

— Mais allez ! Plus vite !

Il s’allonge au-dessus de nous, augmentant la pression de son pubis sur mon périnée, et plongeant au plus profond. Je gémis pour lui faire comprendre qu’il est sur la bonne voie. Ses hanches accélèrent, rebondissant sur mes fesses. Urbain caresse mes flancs, embrasse mon cou et mon épaule. Je gémis à chaque puissant coup de boutoir, ses bourses tapotant contre mon clitoris.

Le plaisir me poignarde. Je me cambre en couinant. Mon ventre écrase si fort le sexe de Daniel, qu’il se crispe à son tour. Je laisse mes hanches retomber doucement, et écrase Urbain de tout mon poids.

Je garde les paupières closes, emprisonnée entre les deux corps brûlants de mes amants. Mille et une idées pour le futur dessinent des fantasmes colorés et torrides dans mon esprit. J’entraperçois des nuits de chevauchées ininterrompues, des marathons d’orgasmes pour challenge. Daniel brise ma torpeur délicieuse en retirant son pénis.

— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?

Je tourne une épaule vers lui, et comprends qu’il parle du préservatif. Je m’assois, le retire et le noue. Urbain m’imite et je leur dis :

— Il ne faudra pas jeter ça n’importe où.

Ils opinent du menton. Je tapote le ventre d’Urbain et souris :

— Alors, cette première fois ?

— Stressant et grisant.

— Et toi ? Ça t’a plu ? questionne Daniel.

Mes yeux s’arrondissent, surpris que des hommes de ce monde se préoccupe du plaisir de la femme.

— Je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus bref. Je suis super méga contente.

Je le tire à moi et l’embrasse langoureusement. La main d’Urbain en profite pour glisser dans mon dos.

— Allez, on se tasse ! Je veux un câlin !

Urbain se décale. Je m’allonge entre lui et Urbain. Mon ego crie victoire, mon cœur se sent comme dans un conte de fée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire petitglouton ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0