30. La concurrence

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Les ailes sur le dos, en string et soutien-gorge, je charme les habitués. La moitié des chaises sont vides. Je laisse libre court à mes caresses à fleur de peau, sans conviction. Démotivée par l’idée de remonter à la barre, je termine grand écart. La musique cesse, la lumière s’éteint, les applaudissements retentissent, et les néons blancs prennent le relais. Baptiste Chevalier me tend un broc d’eau :

— Toujours aussi magnifique !

Tout en restant en grand écart, je bois sous leurs regards envoûtés. Certains s’offrent un dernier verre, d’autres repartent directement.

Après une demi-heure, il ne reste que Baptiste Chevalier au comptoir. Sachant Jacques très bon à la carabine, je quitte la scène sans craindre de geste inopportun. Je me dirige droit vers l’arrière-cuisine pour prendre un seau d’eau dans le puits. La conversation parvient jusqu’à mes oreilles. Jacques lui fait remarquer :

— Tu restes tard.

— Je me suis fâché avec ma femme. Je ne veux pas rentrer tout de suite, sinon je vais la tuer.

— Dis plutôt qu’elle t’a foutu dehors.

— À toi, je peux le dire.

— C’est bien que tu sois un mec tendre. Je préfère ça à un mec qui cogne à mort sur sa femme.

Chevalier ne répond pas, mais l’évocation muette de la mort de la fille de Jacques me fout des frissons. Chevalier lui confie :

— Tu sais, ça ne la dérange pas que je vienne ici, voir Fanny danser. Mais quand elle a appris que j’étais allé à la Goutte Blanche ! Elle l’a mal pris. Alors que je suis juste allé voir les danseuses.

Je reviens dans la salle, intéressée par la conversation et je m’appuie contre le mur. Jacques soupire :

— Rhabille-toi, la Punaise.

— Attends, ça m’intéresse. C’est à cause de ça qu’il n’y a personne ce soir.

— Là-bas… — Il fait une bouche en cul de poule pour signifier que c’est torride. — C’est différent. Il a mis des néons colorés. Il y a des filles pour tous les goûts et elles dévoilent tout. Dès que tu rentres tu peux payer pour le salon, et elles sont déjà seins nus. Tu les verrais se caresser sur scène puis laisser entrapercevoir leur toison. À chaque instant, tu peux choisir de monter avec l’une d’elles et une autre prend sa place. Tu verrais la petite Carine. Elle ne danse pas longtemps. En plus, elle a de ces seins, pour son âge !

Jacques boit cul sec un verre et pose à nouveau un regard mécontent sur moi.

— Tant pis. Nous aurons moins de clients, mais bien meilleure réputation. Fanny, au moins, elle met une limite décente.

D’un geste de la tête, il me fait signe d’aller m’habiller. S’il suffit d’enlever la limite décente dont il parle, ça ne me dérange pas. Au contraire, je suis plutôt fière de ma silhouette. J’ai sûrement des seins bien plus beaux que ceux de chacune de ces filles, et mon épilation intime est parfaite. Lorsque je redescends pieds nus en sous-robe blanche, Chevalier a disparu, et Christophe a mis la table. Jacques me tend mes billets.

— Deux mille trois cent cinquante francs.

Je m’assois puis les recompte.

— Tu ne me fais pas confiance.

— Si. Je m’entraîne à compter vite.

Jésus bâille et dit :

— Au moins, comme ça, on ferme plus tôt.

— Il va falloir développer un nouveau concept, dis-je.

— Pourquoi ? Quarante-sept client, c’est toujours quarante-sept de plus qu’avant que tu arrives.

— Oui mais il en manque cinquante-trois.

— Pourquoi ? Tu ferais quoi si tu avais cent visiteurs à chaque fois. Les gens se lassent, c’est tout.

— Peut-être que si on ne faisait qu’une représentation par semaine, mais qu’on montait le prix et que je finissais le spectacle en nu intégral…

— Ecoute, la Punaise. Ne prends pas ça pour toi. Mais à partir du moment où t’as des filles avec plus de miches que toi qui se dandineront à poil, tu pourrais léviter complètement nue, ils préféreront toujours aller voir en face.

— J’ai des petits seins, mais ils sont très beaux. Et j’ai un corps de rêve.

— C’est bien possible, mais je ne veux pas que tu le montres.

— Ce que je voulais dire, c’est qu’on pouvait ajouter d’autres éclairages, du vert, du jaune, travailler des costumes, apporter d’avantage d’artistique. Jouer d’autres instruments de musique.

Jacques me remplit mon verre de whisky.

— Ça c’est bien parlé. Faisons de l’art pour faire de l’ombre à la débauche.

— Il faut que le Païen ait une excellente réputation. Une réputation de charme, mais rien de glauque. Ce serait bien de réaménager un peu l’intérieur. Donner un coté luxe.

— Si je fais dans le luxe, je perds tous les bons clients et amis que j’ai.

— Sans monter les prix du reste de l’activité, juste le soir. Une ou deux représentations par semaine seulement, à cent euros !

— C’est quoi cent euros ?

— Je voulais dire cent francs ! Je vais réfléchir à un concept, plus proche des gens, qui tienne la durée. Je vais évidemment danser, mais également animer. Tu sais, genre des jeux d’adresse ou de hasard, et selon le résultat, j’enlève un vêtement.

— Tu sais, moi, à part des idées de recette.

— Ne t’inquiète pas, je suis sûre qu’avec Jésus, nous allons trouver.

— Pour la décoration, j’ai des idées, suggère Christophe.

Nous écoutons sa jeune imagination débridée. Pour la première fois depuis que nous nous connaissons, nous sommes réunis tous les quatre autour d’un même enthousiasme. Auréoler ma prestation d’une note artistique me plairait. Offrir à son établissement une renaissance, intéresse le père et le fils Tardif. Et dépenser de l’argent chez les artisans de Saint-Vaast nous permettra de redorer notre relationnel. Car même si certains désapprouvent les danses érotiques, ils y auront participé indirectement.

Le lendemain, je suis de nouveau de corvée sur le marché avec Christophe. Il est d’un entrain hors du commun :

— Tout ne sera pas prêt avant le bal des soldats. Tous les artisans préparent la fête. Ce qui est dommage, ça ferait beaucoup de soldats qui pourraient te voir.

— Ils reviennent de la guerre ?

— Non, de leur service. De dix-huit ans à vingt ans, tu dois apprendre le maniement des armes pour le cas où il y ait une nouvelle guerre.

— Donc toi, dans deux ans, tu pars.

— Oui.

— Ça va être dur pour Valérie.

— Si son amour est sincère, elle aura la patience.

— Tu ne crains pas que son père la marie ?

— Je compte lui demander la main de Valérie avant de partir.

Ne sachant quoi ajouter, je grimace, heureuse d’avoir grandi dans un monde où la culture a évolué sur ces choses-là. Les paniers chargés, je lui fais remarquer :

— Il ne manque que le pain. Tu passes par devant, je passe par derrière. Le premier qui a les dix pains a gagné.

— Papa m’a dit de ne pas te laisser y aller. — Je soupire. — Je te retrouve au Païen.

Il s’éloigne triomphant vers la boulangerie tandis que je descends les pavés jusqu’à la taverne masquée par un chariot tiré par deux chevaux. À l’intérieur, Jacques explique ses idées de travaux à un colosse barbu aux cheveux longs. Il est à peine plus âgé que moi, mais il fait une tête de plus. Les yeux cernés, les épaules larges, il dégage une virilité d’ours qui m’accroche dans la seconde. Il dit à mon hôte :

— C’est un sacré travail, Monsieur Tardif.

— C’est à ta portée.

— Tout à fait.

Ses yeux bleus me transpercent et un sourire se dessine en coin sur ses lèvres. Je frissonne toute entière.

— La gymnaste, je présume.

— Tout à fait, répond Jacques en prenant sa place derrière le comptoir. Sébastien a repris l’affaire d’ébénisterie de son père qui a quelques soucis de mains. Ils ont un talent à toute épreuve. Toutes les boiseries de la mairie, c’est leur famille.

Ses yeux ne me lâchent pas du regard, bien que sa voix réponde à Jacques :

— Comme je le disais, le projet est intéressant par son côté hors du commun. Mais nous devons monter les estrades pour le bal des soldats, et nous ne pouvons pas promettre d’avoir fini en une semaine.

— Faites au mieux, lui réponds-je. Et on vous offre l’entrée à la première représentation.

Il esquisse un nouveau sourire et il conclut :

— Nous ferons au mieux, et même mieux. Mademoiselle, Monsieur Tardif, je vous chiffre ça et je repasse en fin de soirée.

— Tu veux boire quelque chose avant de partir ?

— Non merci, Monsieur le Maire m’attend.

— À tantôt, Sébastien, répond Jacques.

Le hipster quitte la taverne, il a l’air d’avoir un joli cul sous son pantalon. Jacques se moque de moi :

— Arrête de le dévorer des yeux comme ça, la Punaise.

— Une jeune femme a bien le droit de regarder aussi. Il aurait tout à fait sa place à une barre de pole-dance.

Il rit en silence en se servant un verre à lui-même.

— Tu vois, la Punaise. Quand je ferme les yeux en pensant à ce projet, je me demande ce que ma femme dirait. Certes, elle n’était pas la plus fervente des êvaniques, et je crois qu’elle t’aurait appréciée… Et même si je n’aurais jamais laissé ma propre fille se déshabiller comme tu le fais, j’aurais aimé que vous vous connaissiez. Vous auriez fait de bonnes amies. — Il essuie ses yeux, tandis que je me sens gênée qu’il attise ses souvenirs devant moi. — Regarde-moi. Je m’habille plus élégamment que jamais. C’est signe d’une bonne pente, et je pense que si elles me regardent depuis ce prétendu Paradis, ben, elles sont apaisées. Non ?

— Sûrement.

— Bon ! Au travail.

Il range son verre, puis gagne la cuisine.

Durant le service, les gens nous demandent sans cesse la date du prochain spectacle, Christophe a fait plein de teasing en évoquant de mystérieux travaux de décoration.

Durant le début d’après-midi, je me suis exercée physiquement, pour rester à niveau pendant que Jacques rencontrait les artistes de Saint-Vaast. Je ne me suis attardée que sur les figures les plus complexes, et la lenteur la plus difficile.

Ayant prévu d’aller à la Goutte Blanche, nous venons d’engloutir un dîner frugal, puis j’ai revêtu ma belle robe rayée. Jacques m’attend dans son beau costume gris. Il a attaché son col avec un lacet bleu. Je le charrie :

— Quel bel homme !

— Quoi de mieux pour accompagner sa fille d’adoption en soirée ?

— Un père emmène sa fille dans ce genre de soirée ?

— Je n’y aurais sans doute jamais emmené ma propre fille, c’est certain. Nous te confions la boutique, l’Estropié.

Le soleil est déjà tombé sur la mer, les bâtisses de Saint-Vaast obscurcissent les rues. D’un pas serein, nous montons le long des boutiques closes. Il demande :

— Sinon, comment va le moral ?

— Ça va.

— Pas de carabistouilles avec moi. Nous nous doutons bien que ce n’est pas facile, de savoir qu’on ne reverra pas les siens.

— Je préfère ne pas y penser. Si tu m’en parles, j’y pense, donc en effet c’est moins facile.

— Mais te fais-tu au moins à l’idée d’une vie à Saint-Vaast ?

— Si nous parvenons à rendre le Païen magique, oui. Je sais au moins que l’argent ne manquera pas. Après, évidemment les copines de mon monde me manquent, mais je m’entends bien avec vous. Comme dit Jésus, il faut voir les bons côtés de la vie.

— Lui, c’est un phénomène. Si je ne l’avais pas connu, je ne sais pas si je me serai autant accroché… et aussi, il y avait Christophe.

Il soupire puis observe la porte de la Goutte Blanche, pas certain de vouloir y entrer. J’agite la cloche à sa place en lui disant avec entrain :

— Allons voir ce que fait la concurrence.

— Autrefois, la concurrence, c’était Gilles, pas une maison close.

La porte s’ouvre sur la femme blonde. Elle reste figée sur place et Ernest Paul, non loin, s’en aperçoit. Il vient à notre rencontre :

— Jacques ! Fanny ! Quelle surprise !

— Bonsoir Ernest, grogne Jacques. C’est combien pour les danseuses ?

— C’est quarante francs par personne.

Jacques compte ses billets en me disant :

— Tu me rembourseras à la maison.

— Pas de souci.

Il paie Ernest qui nous invite à le suivre.

— Prenez place, et passez le temps que vous voudrez !

Notre hôte jubile. Nous pénétrons dans le salon. Deux danseuses complètements nues se trémoussent à côté d’une barre fixe, sans vraiment savoir comment l’utiliser. Un pianiste répète une partition sans âme. Jacques me fait signe d’aller nous installer dans un recoin. Les fauteuils sont confortables. Je croise une jambe, et observe mes rivales. La femme la plus proche de nous griffe sa toison en nous plantant un regard provocateur. Ça manque de subtilité, mais elles ont su copier la leçon. Sa lourde poitrine se balance et Jacques me confie en remuant sur son fauteuil :

— Elle me file le tricotin, celle-là.

Nos cultures entrent en collision. Aucune toison n’est taillée, pas même une aisselle, et je trouve ça très hideux. Il interpelle la serveuse. Elle porte une jupe courte et un simple corset aux épaules dénudées.

— Qu’est-ce qui vous ferait plaisir, Monsieur Tardif ?

— Un whisky, ma petite Lucie. Et la Punaise, tu devrais prendre pareil.

— Non merci, pas cette fois.

La serveuse tourne les talons et Jacques me confie :

— Crénom ! Lucie, c’est une gamine, je l’ai toujours connu, je l’ai tenue sur mes genoux, elle a grandi avec ma fille… Je ne savais pas qu’elle travaillait ici.

Alors qu’on lui sert un whisky, et qu’il laisse un billet, un homme invite la danseuse à venir avec lui et ils s’éclipsent par une porte. Rapidement, une autre vient prendre le relais. La seconde danseuse part avec un autre au moment où une quatrième entre. Je fais un constat à voix haute :

— C’est une véritable usine.

Une quarantenaire s’approche de nous en chaloupant, juste vêtue d’un corset, mais le bassin totalement nu. Elle agite sa touffe devant mon ami.

— Tu veux t’amuser un peu, Jacques ?

Elle lui tourne le dos, ondule de ses fesses, exposant une pilosité culière repoussante. Je détourne les yeux et lorsqu’elle s’éloigne je me moque de Jacques :

— Tout le monde te connaît ?

— Crénom ! C’est moi qui l’aie dépucelée dans la grange de mon père. Bon ! J’en ai assez vu !

Comme il se lève, je l’imite. Nous voyant repasser la porte, Ernest Paul s’étonne :

— Déjà reparti ?

— C’était juste pour jeter un œil.

— Et bien bonne soirée.

Il a un sourire insolent sur le visage, car il constate bien au ton bourru que Jacques se sent menacé. Lorsque nous ressortons dehors, il me confie :

— Si tu n’avais pas été là, je crois bien que j’aurais demandé une petite pipe à Henriette. Elle tête mieux qu’un veau au pis de sa mère.

Je pouffe de rire :

— Je constate que tu as eu des expériences bizarres.

— C’est une image, la Punaise.

— Oh, mais je te brocarde ! me moqué-je.

Il secoue la tête, les mains sur les hanches.

— Nous n’arriverons pas à le concurrencer. À côté, nos idées de décoration, c’est de la pisse de veau.

— Pourquoi ? C’est complètement différent, c’est entre les deux.

— C’est bien le problème. Soit nous sommes une taverne, soit une maison close. On ne peut pas être entre les deux. Je vais dire à Sébastien de ne rien faire.

Il se met en marche, alors je lui emboîte le pas en protestant :

— Mais arrête ! Nous n’avons même pas essayé !

— La Punaise. Ici, les gars peuvent à la fois picoler et à la fois se faire dégorger le poireau. Et celui qui veut se rincer l’œil, il a Henriette avec ses nichons à faire tourner la tête, l’autre avec son petit bidon tout gracieux.

— Gras tout court.

— La Punaise ! Il faut que je reste un établissement respectable, capable de rivaliser avec Gilles Gros. Si je deviens un établissement qui doit concurrencer Ernest, c’est fini.

— C’est pour ça qu’il faut voir plus grand ! Il faut que les spectacles que je présente soient pleins de féerie, d’effets lumineux et autre ! Tu dois être un lieu de sensualité où les gens viennent sans se cacher.

— Je… Je ne sais pas, je n’y crois plus, la Punaise. Mais, d’accord, je te fais confiance, nous verrons ce que ça donne.

— Avec le talent de Jésus, ce sera forcément beau.

Nous rejoignons le Païen sans un mot. La salle est plongée dans le noir. Une bougie à l’angle avec le couloir nous guide. Sitôt que nous sommes rentrés, je dépose un baiser sur sa joue et lui dis :

— Allez, la nuit porte conseil.

Je gravis l’escalier en oyant le bruit d’une bouteille qui se débouche. Je ramasse ma bougie, l’allume à celle accrochée au mur du couloir. Une fois la porte fermée, je défais la robe et dénoue le corset maudit.

— Fuck ! Ça fait du bien.

Le soutien-gorge sur le parquet, je baisse ma culotte et m’accroupis près de la bassine. Mon gant écrase la pierre de savon pour en tirer la mousse, passe ensuite sur mon visage avant de frotter mes aisselles. La Goutte Blanche m’a laissé avec une certaine déception. Je m’attendais à y trouver un certain érotisme, mais c’était de la vulgarité pure. Et puis ça serait bien qu’une femme tienne une maison de passe pour femmes. J’imagine le salon avec l’ébéniste nu sur une musique disco. Ça me fait sourire.

Soudain, quelque chose bouge dans la lueur de la bougie. Je sursaute. Un œil me regarde fixement. Je crie de toute mes forces et recule en trébuchant jusqu’à la porte. La créature rampe lentement dans ma direction sur ses trois longs tentacules roses. Jacques entre brutalement, le fusil à la main. L’œil fait demi-tour à toute vitesse et va se perdre dans le bric à brac. Christophe entre à son tour.

— Qu’est-ce qui se passe !

Le souffle court, les fesses trempant dans mon urine, je balbutie :

— Un œil.

— Un œil-serpent ! Cornegidouille, je l’ai vu ! Va chercher une pelle et une autre bougie.

Christophe s’en va et Jésus arrive à ce moment.

— Un œil-serpent ? demande-t-il.

Jacques ne répond pas, aux aguets. Je reste recroquevillée dans mon coin, tandis que Jacques monte la garde, sans avoir posé un regard sur moi.

Christophe revient et son père troque la carabine contre la pelle. Le fils s’inquiète.

— T’es sûr ?

— Il bouge trop vite pour le tirer. Entre. Nous allons le débusquer.

Christophe s’avance en tremblant, une bougie dans une main, le fusil dans l’autre. Il contourne ma couche et éclaire le bazar. Avec le pied, il dégage une vieille chaise.

Soudain, l’œil surgit et fonce sur nous. Le coup de feu part. La pelle fracasse le sol. L’œil s’enroule sur le manche et saute au visage de Jacques qui tombe à la renverse. L’œil roule au sol et passe à côté de moi à toute vitesse.

— Il descend les escaliers ! s’exclame Christophe

— Mais va l’écraser !

Christophe ramasse la pelle et fonce à la poursuite de l’intrus. Jacques reste au sol et grogne en grimaçant de douleur.

— Aide-moi à me relever, la Punaise.

Les jambes tremblantes, je me redresse, lui tends la main, puis le soutiens. Il grimace de douleur. Il scrute brièvement mon corps nu puis conclut :

— Ça a l’air farouche. Pas tellement dangereux. Allons le traquer. Enfile quelque chose.

Il s’éloigne et Jésus le suit. J’éponge le sol, me nettoie puis les rejoins, en pantalon et t-shirt. Le père et le fils scrutent chaque recoin de la cuisine. Mais la bestiole demeure introuvable. La nuit s’annonce longue.

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