Chapitre 1

5 minutes de lecture

"Un monde inconnu aux yeux de quelqu'un est un monde plein de richesses aux yeux d'un autre"

-Moi, à priori

ʚϊɞ .࿚. CHAPITRE UN

Le soleil se levait au même rythme que les habitants du royaume d'Atulïnn. Le vent habituel caressait avec légèreté les bourgeons de ce début de printemps, et les insectes voletigaient dans les airs. L'eau claire de la mer faisait résonner ses vagues contre le sable froid du village. Le bruit de voix s'élevait petit à petit sur le port parmi les paysans et les pêcheurs marchandant les quelques poissons pris avant l'aube. Les nouvelles tombaient vite entre les oreilles indiscrètes, ici, au royaume d'Atulïnn; la reine venait de donner naissance.Le cri du bébé faisait écho dans tout le château, obligeant toutes les femmes de ménages à courir du premier étage au dernier afin de subvenir aux besoins de la nouvelle mère. Une petite fille aux cheveux d'or, une paire d'yeux aussi claire qu'une clématite, pleurait à chaudes larmes au dépit des servantes et de leurs idées pour calmer l'enfant -toutes en vain-.

  • Comment souhaitez-vous la nommer, ma dame ? osa demander l'une des chambrières, une plume encrée dans la main gauche.

La reine dirigea ses yeux clairs vers ceux foncés de son mari, qui semblait ému. Ils se mirent d'accord en un hochement de tête.

  • Évangeline.

Le bébé éclata de rire.

Remplie de joie et d'éclats lumineux dans ses prunelles, Évangeline grandit telle une princesse digne de ce nom, au plus grand plaisir de ses deux parents et souverains.
Mais pour elle, sa vraie vie commença à la fin.


Le dix-neuf ème printemps après sa venue au monde venait de pointer le bout de son nez. Et pour une fois depuis une décennie, elle sortit du château pour découvrir l'extérieur. Elle remarqua, depuis son interdiction de pouvoir voir le ciel et ressentir ce vent si habituel dans son royaume, que pas grand-choses n'avait changé. Ses jeux d'enfance traînaient près de sa vieille balançoire, rendue abîmée par le temps. Le petit labyrinthe juste à côté débutait à peine à retrouver ses feuilles vertes, ce qui permettait une vue bien plus nette à son travers. Évangeline eu des projections d'elle-même étant fillette, courant dans le grand jardin pendant les heures d'été, et seulement celles d'été, jusqu'à ses neuf ans où elle n'eut plus le droit de poser un seul pied dehors. Évangeline baissa la tête, seulement un court instant avant de la relever fièrement comme une princesse est censée le faire.

Elle suivit sa mère, déjà avancée loin à travers le village, faisant attention à ne pas salir ses chaussures en verre. La souveraine Hannah Garcia-Hall aimait particulièrement son royaume, contrairement à Drystan Hall, son mari. Depuis le début, elle se baladait entre les maisons paysannes tous les matins, à huit heures piles. Ce n'était désormais plus un secret pour personne, la dame Garcia-Hall aimait marchander contre des trésors perdus avec certains pêcheurs de la côte, et aimait par-dessus cela transformer ses récupérations en magnifiques bijoux. Elle sortait souvent du château, ce qui l'avait empêché à voir sa jeune fille grandir. Évangeline avait évolué, après sa "mise en prison", aux côtés de son père et avec la vue de sa mère s'enfuyant tôt les matins et revenant tard les soirs. Elle avait mûri au milieu des règles royales et des leçons afin d'être une princesse parfaite, donnée par un roi souvent très prit par ses pensées. Elle avait apprit à avancer la tête droite et à manger avec les bons couverts, mais aussi à détester sa génitrice, qui avait la liberté qu'elle ne put avoir. Alors, lorsqu'elle la vit une nouvelle fois prendre la porte, la princesse évita les regards minutieux des gardes et s'enfuya à son tour avant que le grand accès ne se referme.


Hannah Garcia-Hall discutait avec un marchand de fromage lorsque sa fille râla une nouvelle fois à cause de la terre mouillée par la pluie de cette nuit. Elle n'avait pas comprit pourquoi Hannah s'était changée avec des vêtements si pouilleux pour sortir et être à la vue de tous, mais désormais la lumière vint dans son esprit; la propreté de ses belles robes. Évangeline grimaça et prit sa robe rosée dans ses mains avant d'avancer jusqu'à trouver un chemin de graviers, non loin de la mer.
Mais soudainement, elle s'arrêta. Elle était dehors, mais pour quel but ? Elle voulait la liberté car on le lui avait interdite. Mais désormais qu'elle l'avait, que faire ? Elle voulait reprendre pleinement sa responsabilité, et maintenant qu'elle l'avait obtenue, qu'allait t-il se passer ? D'un geste de culpabilité, elle tritura son pendentif en or. Son chignon parfaitement coiffé commença à lui faire mal au crâne, ce qui ne lui était jamais arrivé. Elle fixa un point dans le vide, hésitante. Devait-elle retourner au château, en prenant la peine de recevoir les éclairs du roi ?

  • Tu as l'air perturbée.

Une voix féminine et joueuse la sortit de sa torpeur. En tournant son visage vers son interlocutrice, la princesse choquée par ce tutoiement non négligeable découvrit une jeune femme métisse, à l'allure contradictoire. Son regard émeraude désignait une pointe de malice, qui était accentuée par un sourire en coin. Sa tenue concoctée d'une chemise beige sale rentrée dans un pantalon brun tenu par des bretelles constrastait avec ses magnifiques boucles d'oreilles en forme de serpent.

  • Vous êtes une pirate.
  • Et tu es perspicace.

La blonde tourna les talons, soupirantes. Elle parti dans une direction au hasard, refusant de converser avec une femme comme les méchants pirates qui apparaissaient dans ses livres d'histoire. Toujours souriante, l'étrangère continua à la suivre, jusqu'à ce qu'Evangeline souffle d'exaspération.

  • N'avez-vous donc rien d'autres à faire que de me suivre ?! N'êtes-vous pas censée festoyer avec votre petite bande à épée ?!

La pirate esquissa un nouveau sourire.

  • Ils sont vraiment fatiguants, tu sais ? J'avais besoin d'une autre compagnie.. Et tu étais seule. Sa voix était exagérément mielleuse. Je m'appelle Keyah. La princesse ne répondit pas. Et toi ?
  • Et en quoi cela vous intéresse ? Elle croisa les bras. À quoi cela sert-il de répondre à quelqu'un qui ne sait même pas qui je suis !
  • Et je suis censée connaître le prénom de la princesse qui n'est pas sortie de sa chambre pendant dix ans ?

Touchée. Évangeline baissa la tête. Cette petite peste avait raison. En observant autour d'elle, la blondinette n'observa que des regards assommés posés sur sa personne. Ces paysans auraient voulu sans doutes revoir une demoiselle plus jeune, plus souriante, plus éclatante,.. Mais comment pourrions nous être ce genre de personne, si notre âme s'était faite enfermer par un être aimé ?

  • Ne t'en fais pas.. Je n'en parlerais à personne.. murmura la pirate, touchant du bout des doigts le pendentif de la princesse.

Évangeline s'apprêtait à reculer d'indignation, avant de voir une ombre fonçant à toute vitesse sur elles.

  • Attention !

Elle poussa si brusquemment l'inconnue qu'elle en tomba à son tour, en plein dans la terre. Elle n'eut à peine le temps de voir l'ombre approcher, un poignard à la main, qu'elle ressentit une douleur à la tête, autre que celle que son chignon lui procurait. Elle sombra dans la seconde.

Annotations

Vous aimez lire Emylbt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0