Chapitre 6

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Dès que le soleil pointa, Maddie et Joanna se présentèrent devant la porte du manoir Blake.

- L'enquête n'attend pas ! se justifia la détective face au regard mi-assoupi, mi-surpris de Nina.

Une fois à l'intérieur, Joanna demanda :

- Nous ne vous dérangerons pas tout de suite. Nous aurions besoin de nous entretenir avec votre cuisinière, serait-ce possible ?

- Agissez tel que vous le souhaitez, bailla l'espagnole, mais je ne pense pas qu'elle pourra vous aider dans vos recherches.

- Allons-y, nous pourrons en juger par nous-même, insista Maddie ne voyant sa coéquipière traîner du pied.

Comme la veille, elle traversèrent un dédale de couloirs lambrisé, passèrent pas une demi-douzaine d'escaliers vernis et furent enfin conduite dans la cuisines. Plutôt modeste en comparaison de la taille du château, elle était emplie de bonnes odeurs de viande rôties, de légumes mijotés et de gourmandises à peines cuites. Et au beau milieu des ustensiles et des fours, s'agitait une toutes petite dame, à peine haute d'un mètre cinquante. A vrai dire, elle devait mesurer encore moins que ça, car elle semblait compenser sa taille minuscule par des cheveux frisés extrêment volumineux.

Maddie s'éclaircit la voix, pour attirer l'attention de la grand-mère, et elle se retrouva face à face avec deux énormes yeux globuleux, grossis par des verres de lunettes larges comme des loupes. Puis, sans remarquer la visite, la minuscule créature se détourna en marmonant quelques paroles incompréhensibles.

« C’est-y pas le l’foutu piaf il a volé la carottes, hein ! L’oiseau de malheur qui vient me tourner la bourrique, hein ? Parce qu’y a des arc-en-ciels sur les murs maintenant, c’est-y pas vrai ? »

Joanna se retourna vers Nina avec un air stupéfait. Quel était donc ce charabia ?

- Voyez-vous, elle a toujours été comme ça, expliqua la maîtresse de maison. Elle est totalement sénile, vous ne pourrez rien en tirer. Les seules choses dont elles se souvient sont les recettes de sa mère, et encore, il lui arrive d'en oublier certaines.

- Pourquoi garder cette vieille cinglé ? s'étonna la jeune blonde.

- Du temps où elle avait encore toute sa tête, elle a souvent pris soin d'Augustus, lorsque qu'il était enfant. Il l'aimait tendrement.

- Venez, Mrs. Mapple, appela Joanna. Nous ne pourront pas avancer dans notre investigation ici.

- Eh bien, vous vous trompez lourdement, clama Maddie d'une vois triomphante en pointant la cuisinière du doigts. Téléphonez à la police de Dandee, qu'il viennent arrêter cette femme au plus vite !

Éberluée, Joanna fixa l'enquêtrice avec des yeux rond.

- Voyez là, continua-t-elle sans prêter attention au saisissement général. Sur le plan de travail, entre les courgettes et les blettes. C'est l'arme du crime !

En effet, en regardant attentivement, on pouvait reconnaître des brins de ciguë, très semblable aux fanes de carottes sauvages, avec ses petites ombrelles blanches.

- Voilà le déroulement du crime, expliqua la femme. Augustus passe voir sa cuisinière adorée, qui lui sert d'une façon ou d'une autre le poison. Sûrement par erreur, vu la correction de ses lunettes. Augustus va à sa chambre, avale la ciguë et paf ! il meurt.

Elle accompagna son discours d'une violente claque sur la table, qui fit sursauter la pauvre Nina Blake.

- Mais enfin, cette dame, contra Joanna qui retrouvait ses esprits, est complètement folle. Allez-vous faire enfermer une pauvre vieille de cette façon ?

- Ce ne sera pas à moi d'en décider. J'ai simplement découvert qui a commis le crime, pourquoi et comment.

C'est ainsi qu'en une heure à peine, la petite grand-mère fut emmenée par les gardiens de la paix au commissariat de Dandee. Nina, paniqué par le fait que sa propre domestique soit l'autrice du meurtre de son mari, fut laissé au bon soin de Joseph, à qui d'ailleurs Maddie glissa un avertissement face aux fraudes financières. Elle regagnèrent paisiblement l'hôtel, satisfaites d'avoir conclu cette affaire en moins de vingt-quatre heures.

- Fichtre, s'écria soudain Maddie. J'ai oublié mon carnet au manoir Blake. Joanna, ne bougez pas d'ici, je vais le chercher. Je ne serai pas longue.

Une fois qu'elle fut partie, Joanna remarqua une lettre qui leur été addressée.

Chère Mrs. Mapple, Chère Ms. Green,

J'ai suite à votre télégramme demandé à l'agent de police Harry Hughes de réunir quelques informations sur le scientifique Mr. Walsh. Sachez qu'il a mon entière confiance, et qu'il a pu entrer directement en contact avec votre cible pour écrire ce rapport.

" Mr. Walsh est un éminent scientifique, venant de publier un thèse fantastique sur la génétique. Il reconnait avoir côtoyé Mr. Blake lors de ses cours passages à Dandee, mais je ne pense pas qu'il ait pu commettre le crime, pour la simple et bonne raison qu'il se trouvait jusqu'à hier à Paris (pour la publication de la-dite thèse). J'ai en effet pu réunir des preuves de son voyage en France (bail de location, tiquets de trains, additions de restaurants, etc..). Reste l'hypothèse fort improbable qu'il ait commandité le meurtre. Cependant, il a rendu public ses travaux avant votre victime, ce qui rend votre mobile (jalousie face à la réussite de Mr. Blake) désuet. Vous avez donc mon avis sur la question [...] qui est que Mr. Walsh n'est pas impliqué dans le crime. "

En esprérant que le compte-rendu de Harry Hughes vous sera utile,

Très cordialement,

J. Evans.

Bien que l'enquête eut déjà mis le scientifique hors de cause, Joanna fut apaisée. Ce rapport confirmait que la cuisinière avait agi seule, et sûrement involontairement.

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